Version de la méthode ASSIMIL L’alsacien sans peine réécrite en graphie ORTHAL (plus proche de l’allemand).

 

 

 

Sommaire

1 2 3 4 5 6 7

8 9 10 11 12 13 14

15 16 17 18 19 20 21

22 23 24 25 26 27 28

29 30 31 32 33 34 35

36 37 38 39 40 41 42

43 44 45 46 47 48 49

50 51 52 53 54 55 56

57 58 59 60 61 62 63

64 65 66 67 68 69 70

71 72 73 74 75 76 77

78 79

 

 

 

Èrschta (1.) Stund

 

Buschur!

1 - Buschur, Herr Maire! ②③

2 - Buschur, Büe, wia heisch dü?

3 - Schoseph, Herr Maire, Schoseph Làng.

4 - Àh, dü heisch Seppala?

5 - Nei, Herr Maire, nìt Seppala, Schoseph.

 

 

Bonjour !

1 — Bonjour, Monsieur [le] Maire !

2 — Bonjour, [mon] garçon. Comment [t’]appelles-tu ?

3 — Joseph, Monsieur [le] Maire, Joseph Lang.

4 — Ah, tu [t‘]appelles Seppala?

5 — Non, Monsieur [le] Maire, pas Seppala, Joseph.

 

 

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Notes

 

Les Alsaciens ont toujours aimé emprunter des mots au français. Mais ils durent souvent en modifier la prononciation et l’accentuation. Pour plus de précisions, voir N. 2, note 2 de la leçon 7 (leçon de révision).

 

Au début d’un mot devant une voyelle, h représente toujours un souffle fort venant du fond des poumons, lèvres écartées. Il doit faire vaciller la flamme d’une bougie devant la bouche.

 

En français, après « Monsieur » ou « Madame », les titres et noms de métiers prennent l’article défini « le », « la » ou « les ». En alsacien, ce n’est pas le cas.

 

En écrivant les noms communs, nous les faisons commencer par des majuscules, tout comme les noms propres.

 

Le -e de Büe est atone (inaccentué), mais pas muet ! Il en va de même des deux e atones de Sèppele et de beaucoup de e non accentués. Au nord de l’Alsace, et presque jusqu’à Colmar, on les prononce à mi-voix, comme en allemand. Plus on va vers le sud, plus on se rapproche de Mulhouse, plus il devient « a », simplement très court. C’est pourquoi nous le transcrirons ainsi sèbala.

 

 

 

 

Exercice 1 – Iawung Traduisez

Heisch dü Josef?

Ja, Josef!

Heisch dü Joseh Làng?

Ja, Joseph Làng.

Heisch dü Seppala?

Nei, Herr Maire.

Josef, nìt Seppala!

 

 

Corrigé de l’exercice 1

T'appelles-tu Joseph ?

Oui, Joseph !

T’appelles-tu Joseph Lang ?

Oui, Joseph Lang.

T'appelles-tu Seppala ?

Non, Monsieur le Maire.

Joseph, pas Seppala !

 

 

 

Exercice 2 – Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt Complétez

Comment t’appelles-tu ?

… heisch dü?

 

Je m’appelle Joseph.

Ìch heiß …..

 

Heisch .. Seppala?

 

Non, Monsieur le Maire.

Nei, …. Maire.

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Wia  Josef    dü    Herr

 

 

 

 

Zweita (2.) Stund

 

Jung un àlt

1 – Ja, ja, Herr Maire:

2   Ìch bìn jung, àwer groß.

3 - Àh so, dü bìsch groß, Seppi?

4   Un ìch, bìn ìch aui groß?

5 - Ja, Herr Maire, àwer aui àlt un dìck!

6 - Oh, dü Wàckes! Wàrt numma!

 

 

Jeune et vieux

1 - Ben (oui), oui, Monsieur [le] Maire :

2  Je suis jeune, mais grand.

3 — Ah bon (ainsi), tu es grand, Seppi?

4  Et moi, suis-je également grand ?

S— Oui, Monsieur [le] Maire, mais également vieux et gros !

6— Oh, (toi) galopin ! Attends un peu (seulement) !

 

 

Notes

 

Le ja ja redoublé avec accent sur le second sert à renforcer l’affirmation qui suit, non sans un petit zeste d’arrogance, du moins de la part d’un gamin.

 

En alsacien, beaucoup de prénoms sont fréquemment remplacés par des formes familières un peu rudes finissant en -i comme Seppi (mais aussi Chari (Charles), Robi (Robert), etc.), ou par des diminutifs en -ala plutôt destinés aux enfants, comme Seppala, Charala, Robala (Pensez à Riton, Dédé et autres).

 

 

 

Iawung

Heisch dü Seppala?

Nei, ìch heiß nìt Seppala.

Heisch dü Seppi?

Nei, ìch heiß aui nìt Seppi.

Bìsch dü àlt und dìck?

Nein ìch bìn nìt àlt un bìn nìt dìck.

Ìch bìn jung, àwer ìch bìn aui groß.

 

Corrigé de l’exercice 1

T'appelles-tu Seppala ?

Non, je ne m'appelle pas Seppala.

T'appelles-tu Seppi ?

Non, je ne m'appelle pas non plus (aussi pas) Seppi.

Es-tu vieux et gros ?

Non, Je ne suis pas vieux et ne suis pas gros.

Je suis jeune, mais je suis également grand.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

Comment t'appelles-tu ?

Wia ...... dü?

 

Je m'appelle Joseph.

Ìch ..... Josef.

 

Je ne suis pas gros.

Ìch bìn ... dìck.

 

Mais je suis grand.

.... ìch bìn ..... .

 

Es-tu maire ?

…. dü Maire ?

 

Non, je ne suis pas non plus maire.

Nei, ìch bìn .. ... Maire.

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

heisch  heiß  nìt   Àwer – groß    Bìsch  aui nìt

 

 

 

 

 

Le Wackes est une espèce particulière d’Alsacien : Milhüser Wàckes, c’est ainsi que les Strasbourgeois appellent volontiers les Mulhousiens, ces anciens paysans devenus ouvriers par suite de l’explosion industrielle du XIXe siècle.

 

 

 

Drìtta (3.) Stund

 

Brot

1 - Wàs bliabt, Maidla?

2 - Brot, Màdàm Beck, Wissbrot.

3 - A Laib oder a Wecka?

4 - A Wecka, Màdàm Beck, wenn’s bliabt.

5 - A Pfundwecka oder a Kilowecka?

6 - A Kilowecka un zwei Weckla, Mìlchweckla oder Siaßweckla.

 

 

[Du] pain

1 - Que désires-tu (Que convient), [jeune] fille ?

2 — [Du] pain, Madame Beck, [du] pain blanc (blanc-pain).

3 — Une miche ou un pain long (pain-long) ?

4 — Un pain long, Madame Beck, s’il [vous] plaît (convient).

5 — Un pain d'une livre (livre-pain) ou un pain d'un kilo (kilo-pain) ?

6 — Un pain d'un kilo et deux petits pains (pains-petits), [des] petits pains au lait (lait-petits pains) ou [des] petits pains sucrés (sucré-petits pains).

 

 

Notes

 

En français, la préposition « de » sert à désigner une partie d’un tout (c’est pourquoi on parle du « partitif ») : « du pain », « de l’eau ». En alsacien, ce partitif s’indique sans préposition ni article : Brot ([du] pain, Wàsser ([de l’]eau). Il en va de même pour l’indéfini pluriel : Litt ([des] gens, Hiiser ([des] maisons).

 

Maidla (jeune fille) est le diminutif en -la d’un ancien Maid, disparu de l’usage pour cause de mauvaise réputation : « chipie » ou « fille légère » (notons que le mot français « fille » s’est effacé devant « jeune fille » pour des raisons analogues). Pour désigner une « fillette », on emploie un suffixe diminutif renforcé -ala d’où Maidala. De même Büe (garçon) peut être dérivé en Biawla (petit garçon) et Biawala (tout petit garçon). Le même suffixe s’applique à l’emprunt au français Màmsell (mademoiselle) d’où Màmsellala (petite demoiselle) et Wecka (pain long) pour former Weckla et même Weckala (petit pain), ce qui permet d’insister sur la dimension souvent fort réduite, lorsque, dans les pâtisseries chics, la taille est inversement proportionnelle au prix.

 

Et voici notre premier mot composé. Beaucoup d’autres suivront. Comprenez-en bien le mécanisme, une fois pour toutes. Wiss (blanc) précise le type de pain désiré : Wissbrot (du pain blanc) est une sorte de pain (au froment).

 

Restons dans le pain pour dire que, il n’y a pas si longtemps, les Alsaciens achetaient des miches, Laib, d’un ou deux kilogrammes et des pains longs, Wecka, d’une ou deux livres. Or, avec le progrès, la taille de ce pain est restée à peu près la même tandis que le poids a été divisé par trois voire par quatre. Comme souvent les applications ont, elles, survécu et l'on voit des clients acheter des « kilos » de 300 grammes.

 

Les Mìlchweckla et Siessweckla restent des Weckla, mais il est précisé, d’abord, qu’ils sont au lait, Mìlch-, ou doux, sucrés : siaß. Retenez que la précision vient en premier.

 

Les Siaßweckla sont cuits attachés les uns aux autres, c’est pourquoi on les appelle souvent « tranches ».

 

 

 

Iawung

Wàs bliabt, Herr Maire?

Wàs bliabt, Josef?

A Wecka oder a Laib?

A Pfundwecka, wenn’s bliabt.

Un a Weckla, Maidala?

Ja, a Mìlchweckla, Màdàm.

 

 

Corrigé de l’exercice 1

Que désirez-vous, Monsieur le Maire ?

Que désires-tu, Joseph ?

Un pain long ou une miche ?

Un pain d'une livre, s'il vous plaît.

Et un petit pain, fillette ?

Oui, un petit pain au lait, Madame.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Que désirez-vous ?

... bliebt ?

 

Une miche d’un kilogramme

A ....-laib.

 

Un pain [long] d’une livre

A Pfund-……..

 

Deux petits pains au lait.

.... Mìlchweckla.

 

Du pain, s'il vous plait.

Brot, ....‘s bliebt.

 

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Wàs  Kilo    wecka    Zwei     wenn’s

 

 

 

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Viarta (4.) Stund

 

Schokàlà un Bumbum

1 - Wàs noch?

2 - Vìllìcht a Tafala Schokàlà, Mìlchschokàlà.

3 - Ìsch’s àlles, Màmsellala?

4 - Nei, noch a Packla Bumbum.

5 - Ìch glàuib, dü schlacksch gaarn!

6   Àdié, Maidala, morna wìder.

7 - Nei, morna nìt, denn morna màch i Réschim. ③④

 

 

[Du] chocolat et [des] bonbons

1 — Et avec cela (Quoi encore) ?

2 - Peut-être une tablette [de] chocolat, [du] chocolat au lait (lait-chocolat).

3 - Est-ce tout, [ma] petite demoiselle ?

4 - Non, encore un paquet [de] bonbons.

5 - Je crois [que] tu aimes les friandises (tu lèches volontiers).

6 Adieu, fillette, à demain (demain de-nouveau).

7 - Non, pas demain (demain pas), car demain, je fais (fais-je) régime.

 

 

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Ìsch’s àlles? (Est-ce tout ?) est mis pour Ìsch dàs àlles? (Est ceci tout ?), impossible en français. Contentons-nous, pour l’instant, de noter que le pronom démonstratif dàs (ceci) connaît une forme réduite et atone où ne subsiste que ‘s. Notons encore que cette forme ne vient pas forcément après le verbe (position dite enclitique) mais peut parfaitement arriver en tête de phrase : ‘s ìsch àlles! (C’est tout !) pour Dàs ìsch àlles. Remarquez que les formes élidées française et alsacienne (soulignées) se prononcent rigoureusement de la même manière. Amusante coïncidence, non ?

 

Là où le français dit « aimer faire » quelque chose, l’alsacien dit le « faire volontiers », ce dernier adverbe se disant garn. Voilà un de ces cas où toute traduction mot à mot est impossible.

 

Pour dire „je“, pronom personnel sujet, l’alsacien dispose de ìch, généralement placé avant le verbe et de -i, toujours inaccentué, le plus souvent placé après celui-ci. Un trait d’union relie ce type de sujet bref et atone au verbe qui le précède (sujet enclitique).

 

Tel un important problème de société, la prononciation de ìch partage l’Alsace en deux à la hauteur de Colmar. La moitié Sud, correspondant en gros au département du Haut-Rhin prononce cH tout groupe ch ou presque. Ce son pose problème aux francophones, qui ne l'ont point dans leur langue maternelle et produiront, dans le meilleur des cas, une sorte de r fortement grasseyé. Bref, un raclement de gorge. Les « Nordistes », alias Bas-Rhinois, utilisent le même son quand ch vient après à o ou ou. Mais après i,e,u etc., ils prononcent un son carrément impossible. Car essayez donc de prononcer notre « ch » français avec un large sourire ! Si vous y arrivez c'est bon vous êtes doué(e) ou d'origine allemande. Quant aux Strasbourgeois, ils font, comme souvent, bande à part. Ils emploient tout simplement le ch à la française, et ce sans aucun complexe. Mais attention : ce n'est pas une raison pour que vous renonciez à la prononciation haut-rhinoise pour raison de facilité… ou pour le prestige de notre capitale européenne.

 

 

 

 

Iawung

Wàs noch, Màdàm Beck?

Wàs noch, Herr Beck?

A Tafala Schokàlà?

Ja, àwer Mìlchschokàlà.

Un noch a Packla Bumbum ?

Nei, morna vìllìcht.

 

Corrigé de l’exercice 1

Et avec cela, Madame Beck ?

Et avec cela, Monsieur Beck ?

Une tablette de chocolat ?

Oui, mais du chocolat au lait.

Et encore un paquet de bonbons ?

Non, demain peut-être.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Et avec cela ?

Wàs .... ?

 

Un paquet de bonbons.

A Packla ...... .

 

Une tablette de chocolat.

A ...... Schokàlà.

 

Tu aimes manger des friandises

Dü schlacksch .....

 

Demain, je fais régime.

Morna ....-i Régime.

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

noch   Bumbum   Tafala    garn   màch

 

 

 

Fìmfta (5.) Stund

 

A Vèlo

1 - Wàs ìsch dàs?

2 - Dàs ìsch a Vèlo, ‘s ìsch mi Vèlo.

3 - S Vèlo hàt zwei Reeder. ④⑤

4 - Ja, a Ràd vorna un a Ràd hìnta.

5 - S Ràd vorna geht rachts un lìnks.

6 - Àwer s Ràd hìnta geht numma gràd-üs.

 

 

Un vélo

1 — Qu'est-ce que c'est ? (Qu'est ceci ?)

2 — C'est (Ceci est) un vélo, c’est mon vélo [à moi].

3 — Le vélo a deux roues.

4 — Oui, une roue devant et une roue derrière.

5 — La roue avant (devant) tourne d droite et à gauche (va à droite et à gauche).

6 — Mais la roue arrière (derrière) va uniquement tout droit (droit-dehors).

 

 

 

L’alsacien possède trois genres, le masculin, le féminin et le neutre. Mais l’article indéfini singulier est le même pour tous les noms : e (un, une), souvent prononcé a vers le sud de la région, comme les e atones à la fin des mots ou des syllabes. (Voir leçon 1, note 5.)

 

En alsacien, beaucoup de questions débutent par des mots interrogatifs commençant par w-, comme wàs (que). A wàs répond dàs (ceci), un démonstratif.

 

Le démonstratif dàs peut être remplacé par es, pronom personnel neutre, moins accentué, donc moins insistant, et même par ‘s : dàs ìsch (ceci est) = es ìsch = ‘s ìsch (c’est). Notez encore que le pronom es est souvent prononcé ès dans le Bas-Rhin, contre as dans le Haut-Rhin.

 

Voici le premier article défini, neutre singulier : s. Il a même forme que le pronom personnel de ‘s ìsch. Mais tandis que le pronom se suffit à lui-même (pour être sujet, par exemple), l’article s précède un nom de genre neutre.

 

On aura compris que Reeder est le pluriel de Ràd des lignes suivantes. Ce pluriel est formé de façon complexe, à la fois changement de la voyelle et suffixe -er (voir leçon 17, note 4).

 

Pour une fois, nous allons montrer une variante de l’extrême sud de l’Alsace (le Haut-Sundgau, qui parle haut-alémanique, comme nos voisins Suisses allemands). L’équivalent de « mais » y est aber. Notre àwer est le même mot. A la différence près que – entre deux voyelles – b y est devenu w. En bas-alémanique, autrement dit sur la plus grande partie de l’Alsace, beaucoup d’anciens -b- ont subi le même sort entre voyelles.

 

 

 

Iawung

Ìsch dàs a Vèlo?

Ja, dàs ìsch a Vèlo.

Ìsch mi Vèlo groß?

Nei, as ìsch nìt groß.

Ìsch’s àlt?

Ja, ìch glàuib, ’s ìsch àlt.

 

 

Corrigé de l’exercice 1

Ceci est-il (Est ceci) un vélo ?

Oui, ceci est un vélo.

Mon vélo est-il (Est mon vélo) grand ?

Non, il [n’] est pas grand.

Est-il vieux ?

Oui, je crois [qu'| il est vieux.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Ceci est un vélo.

... .... a Vèlo.

 

la roue avant (devant)

s Rad .....

 

la roue arrière (derrière)

. ... hìnta

 

La roue arrière va tout droit.

S Ràd hìnta geht .... ...

 

 

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Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Dàs ìsch  vorna    s Ràd    gràd üs

 

 

 

Sechsta (6.) Stund

 

Ìch fàhr garn

1 - Geht dr Guidon aui rachts un lìnks?

2 - Ja, nàtirlig, àwer dr Sàttel blibt gràd.

3 - Fer wàs hàsch dü di Vèlo?

4 - Ìch fàhr garn, ìch fàhr garn schnall.

5 - Ìch fàhr nìt aso garn, ìch làuif liawer.

6   Denn Vèlofàhra ìsch gfahrlig un màcht miad! ④⑤

 

 

J’aime rouler (Je roule volontiers)

1 - Le guidon va-t-il (Va le guidon) aussi à droite et à gauche ?

2 - Oui, naturellement, mais la selle reste fixe (droite).

3 - Pourquoi (Pour quoi) as-tu ton vélo ?

4 - J'aime rouler (Je roule volontiers), j’aime rouler vite.

5 - [Moi,] je n’aime pas tellement rouler. Je préfère marcher (marche plus-volontiers).

6  Car aller à vélo (vélo-rouler) est dangereux et fatigue (fait fatigué).

 

 

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Voici l’article défini masculin singulier der d’r. Comme de nombreux mots techniques, Guidon est emprunté au français. Mais comme l’alsacien n’a pas de voyelles nasales (« an », « en », « in », « on » et « un »), il prononce un simple o : guido. C’est ce qu’on appelle une adaptation phonétique. Remarquez aussi que la syllabe accentuée n’est pas la dernière, comme en français, mais la première. C’est le résultat d’une adaptation accentuelle.

 

Pour bien parler, il est important de bien prononcer, mais également de bien accentuer. Il existe une hiérarchie entre les syllabes d’un mot. Celles que nous mettons en caractères gras – souvent au début des mots, comme pour toutes les langues germaniques – doivent être prononcées plus intensément que les autres. Mais il existe aussi une hiérarchie accentuelle entre les mots d’une même phrase, le dernier l’emportant sur les autres : Ìch fàhr. Ìch fàhr garn. Ìch fàhr garn schnall. (nos anciens disent encore gschnall).

 

L’adverbe garn (volontiers) a un comparatif irrégulier : liawer (plus volontiers, de préférence) ; liaber en haut-alémanique (voir leçon 5, note 6).

 

Dès la leçon 2, nous avons rencontré des noms composés : Kilowecka, Mìlchweckla, etc. Ici, nous avons un verbe composé, vèlofahra (vélo-rouler), qui signifie bien rouler (se déplacer à l’aide d’un véhicule, rouler), mais dont le premier élément, vèlo, précise le type de véhicule utilisé.

 

Au a haut-rhinois (plus rare que à, puisqu’on ne le rencontre guère que dans les pluriels, comparatifs, diminutifs ou autres dérivés) correspond souvent un è bas-rhinois. On aura ainsi, au nord de l’Alsace, gern pour garn, schnell pour (g)schnall (vite) ; gefährlich pour gfahrlig (dangereux). De même, un i bas-rhinois – ich (je) – correspond souvent au é haut-rhinois tel que nous l’avons rencontré dans ìch (je).

 

 

 

Iawung

 

Ìsch vorna a Ràd?

Ja, vorna ìsch a Ràd.

Ìsch hìnta aui a Ràd?

Ja, ìch glàuib.

Fàhrt ‘s Vèlo schnàll?

Nei, as fàhrt nìt schnall.

 

Corrigé de l’exercice 1

Y a-t-il une roue devant (Est devant une roue) ?

Oui, devant, il y a (est) une roue.

Y a-t-il aussi une roue dernière (Est derrière aussi une roue) ?

Oui, je crois.

Le vélo roule[-t-il] (Roule le vélo) vite ?

Non, il [ne] roule pas vite.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Tu as deux roues.

Dü …. …. Reeder.

 

Ton vélo est vieux.

.. Velo ìsch … .

 

Le guidon n’est pas droit.

.. Guidon ìsch … gràd.

 

Je roule vite.

Ìch fàhr ……..

 

Ce vélo n’est pas dangereux.

... Velo ìsch nìt ……

 

Oui, j'aime rouler vite.

.., ìch fàhr …. schnall.

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

hàsch zwei      Di – àlt      Dr – nìt       schnall      Dàs – gfahrlig   Ja - garn

 

 

 

 

Sìwwata (7.) Stund

 

 

 

Révisions et notes

 

Voici votre première leçon de révisions. Il y en aura une à chaque multiple de sept. Ces leçons seront des pauses au cours desquelles nous reviendrons sur les principales situations et difficultés rencontrées au cours de la semaine écoulée. Ce sera l'occasion de faire le point en systématisant les informations reçues sur le vif et au compte-goutte. Que les termes grammaticaux ne vous effraient pas car ils sont tous expliqués et surtout démystifiés dans un glossaire spécial en fin de volume. Vous comprendrez vite qu'il s'agit de notions simples mais qui vous seront très utiles.

 

 

La prononciation

 

D'une langue à l'autre les sons utilisés varient énormément et passé l'âge de sept ans, il est difficile de s'approprier certaines voyelles et consonnes d'une langue autre que la sienne. C'est avant tout une question d'oreille. Aussi ne saurait-on en vouloir aux personnes âgées de d’alsace de prononcer le français de manière un peu étrange pour ne pas dire « étrangère ». C'est qu'elles ont appris notre langue nationale sur le tard. Inversement, prononcer l'alsacien quand on est francophone pose certains problèmes qui ont au moins le mérite de rendre modeste. Nous en avons déjà évoqué certains comme e atone (voir leçon 1 note 5), h- devant une voyelle (leçon 1 note 2) et le pronom ìch (leçon 4 note 4).

En voici deux autres :

 

 

Les deux „a“ de l’alsacien

 

Comme en Suisse, en Bavière, en Autriche et en Saxe, bref, partout dans le sud, le « a » naturel de l'alsacien, de loin le plus fréquent, se prononce à, un son un son qui n'existe pas en français mais qui ressemble assez au o dit ouvert de « porte » et de « robe ». Présent en anglais dans « small », « broad », etc et dans les langues scandinaves, il s'émet les lèvres projetées en avant, formant une moue ouverte. L'autre est moins courant, même s'il se prononce, comme en français, tout simplement a. C'est qu'il est dû à une altération du précédent, ce qu'on appelle une métaphonie, provoquée par la présence d'un suffixe signe de pluriel, de comparatif ou encore de diminutif.

Voilà pourquoi nous l’affectons d'un signe diacritique l'accent grave : « à » (dans la méthode initiale, pas dans ce document)

 

 

 

Les consonnes occlusives

 

On s'est souvent gaussé de ces Alsaciens qui confondent b et p, d et t, g et k : Il n'y a que le premier bas qui goutte ! Nos grands auteurs français de vaudevilles ont largement tiré sur cette grosse ficelle comique, se couvrant d'ailleurs eux-mêmes de ridicule, puisque pas un seul d'entre eux n’a été en mesure d'analyser vraiment le phénomène. Non, les Alsaciens ne mettent pas b pour p, p pour b etc. Comme tous les autres Alamans - du col de Saverne à celui de l’Arlberg en Autriche - ils n'ont aucun des 6 sons ci-dessus, mais, correspondant à chacune des paires énumérées, une seule consonne intermédiaire. Tentons de les décrire :

- un p nettement affaibli ou b sourd sans vibration des cordes vocales.

-un t nettement affaibli ou d sourd sans vibration des cordes vocales.

- un k nettement affaibli ou g sourd sans vibration des cordes vocales.

C'est par commodité que nous les notons respectivement b, d et g, mais attention à leur prononciation ! Nous nous réservons les signes de consonnes « fortes » p, t et k pour transcrire quelques emprunts effectivement prononcés pour des consonnes fortes. (Voir Packla (paquet) à la leçon 10).

 

 

 

Les emprunts au français

 

L'alsacien est une langue germanique. Mais même avant le rattachement de l'Alsace à la France, le prestige de celle-ci d'une part, sa proximité géographique et, surtout, affective, d'autre part, ont conduit les Alsaciens à emprunter de nombreux mots à la langue française Depuis que celle-ci est même devenue langue officielle enseignée à l'école et exclusivement pratiquée par l'administration et les très nombreux francophones venus d'outre-Vosges, le mouvement ne fait que s'accentuer, au détriment des mots typiquement alémaniques, qui se perdent petit à petit. Le phénomène est plus net dans le sud (Haut-Rhin) que dans le nord (Bas-Rhin), en ville qu’à la campagne. Il a fallu adapter les sons et l'accentuation du français à ceux de l'alsacien. Si bien qu'il en résulte boum-boum (bonbon), chogàlà (chocolat), mais aussi dàdist (dentiste), grèyo (crayon), bumbié (pompier) et bàrabli (parapluie), dont l'évolution s'est arrêtée à mi-chemin puisqu'il a gardé son accent en fin de mot, à la française (voir leçon 1, note 1 et surtout leçon 6, note 1).

 

 

 

Les articles

 

L'alsacien possède trois genres grammaticaux, masculin, féminin et neutre. Logiquement, ce dernier devrait s'appliquer aux objets, idées et autres « choses », les deux premiers étant, par définition, réservés aux êtres vivants pourvu d'un sexe, humains, autres animaux et, à la rigueur, certaines plantes sexuées. Nous verrons que, s'il reste des traces de cette répartition logico-biologique, les genres grammaticaux sont répartis de façon assez arbitraire, en alsacien comme en français.

Un article est un petit mot précédent un nom commun ou substantif et jouant, auprès de lui, un triple rôle. D'abord il est censé indiquer le genre grammatical du nom (masculin, féminin, neutre) et son « nombre » grammatical (singulier ou pluriel). Ainsi dr Sàttel (la selle) est masculin singulier, s Vèlo (la bicyclette) est neutre singulier.

Ensuite, l'article sert à préciser si l’être désigné par le nom est connu, identifié (défini) ou non (indéfini) : a Ràd désigne une roue quelconque, s Ràd (la roue) une roue bien précise dont il a déjà été question par exemple ou que l'on a sous les yeux.

 

 

 

Les articles indéfinis

 

Au singulier

Pour des noms ayant un singulier et un pluriel,

a pour les trois genres :

 

A Herr (un monsieur)

A Màdàm (une dame)

A Ràd (une roue)

 

-          Pour les noms de matières (article partitif)

Rien (aussi dit « article zéro)

 

Schokàlà (du chocolat)

Mìlch (du lait)

Brot (du pain)

 

Au pluriel,

-          Pour tous les noms communs

Rien (aussi dit « article zéro ») :

 

Herra (des messieurs)

Màdàma (des dames)

Reeder (des roues)

 

 

 

Les articles définis

(pour tous les noms communs)

Au singulier,

 

Masculin : dr

Dr Büe (le garçon)

Féminin : d

D Màdàm (la dame)

Neutre : s

S Packla (le paquet)

 

Au pluriel,

(pour les trois genres) : d

D Reeder (les roues)

 

 

 

Commentaires :

1 La réalité est moins riche en forme distincte qu'on ne s'y attendrait. Il en faudrait douze (3 genres x 2 nombres x 2 pour la définitude) et il n'y en a que cinq, y compris l'article zéro, qui est significatif en tant que tel (partitif singulier et indéfini pluriel).

2 Le genre grammatical n’est nettement distinct qu’au singulier de l'article défini. Aussi est-ce avec leur article défini singulier qu'il vous faudra apprendre les noms communs, pour retenir aussi leur genre en même temps.

3 L’article défini féminin du singulier et l'article défini du pluriel des trois genres et le même : d, anciennement die, prononciation que l'on entend que l'on entend encore souvent dans le Bas-Rhin.

4 On remarquera que (presque) tous les diminutifs sont des neutres, même lorsqu'ils désignent, par exemple, une fillette : s Maidala ou une jeune fille : s Maidla. Seuls les petits garçons ont droit au masculin : dr Seppala.

Le langage est souvent révélateur de mentalités remontant à la nuit des temps. Ici nous avons la trace évidente d'une tradition éminemment sexiste. Heureusement les temps ont bien changé.

 

 

Quelques expressions à retenir

 

 - Wia heisch dü?

 - Ìch bìn jung, àwer groß.

 - Oh, dü Wàgges!

 - Wàrt numma!

 - Wàs bliabt?

 - Wenn’s bliabt.

 - Wàs noch ?

 - Ìsch’s àlles ?

 - Àdié, morna wìder.

 - Wàs ìsch dàs?

 - Ìch fàhr garn.

 

 

Tout cela est un peu nouveau ? Pas d’inquiétude ! Bientôt tout sera plus clair.

 

 

 

 

Àchtschta (8.) Stund ①

 

Hallo!

1 - Hallo! Wer ìsch’s?

2 - Ìch bìn’s, Màma, dr Jean-Paul. ③④

3 - Àh, dü bìsch’s, Büe?

4 - Wia geht’s, Màma?

5 - Jo, ‘s geht aso, merci.

6 - Dàs ìsch natt, Màma.

 

 

Allô !

1 —  Allô ! Qui est-ce ?

2 — C’est moi (je suis-ce), maman, (le) Jean-Paul.

3 — Ah, c’est toi (tu es-ce), [mon] garçon ?

4 — Comment ça va (va-ce), maman ?

5 — Bah, ça va à peu près (ça va ainsi), merci

6 — Ca[, c’]est bien (joli), maman.

 

 

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Notes

D Stund, nom féminin, signifie, en réalité « heure ». Mais c’est aussi le seul mot courant que connaît l’alsacien pour « leçon ». Il est vrai que, jadis, les leçons duraient une heure. Il n’y a pas que le pain qui s’allège !

 

Après wàs? (que ?), pronom interrogatif neutre (voir leçon 3 et suivantes), voici wer? (qui ?), son équivalent masculin. Le premier, wàs, sert aux questions sur les « choses », au sens large : Wàs ìsch dàs? (Qu’est ceci ?), mais aussi Wàs bìsch dü? (Qu’es-tu ? au sens de « Que fais-tu ? », comme métier, par exemple). Le second, wer, se rapporte à l’identité d’une personne : Wer bìsch dü? (Qui es-tu ?).

 

Dans Ìch bìn’s (c’est moi), le verbe s’accorde avec le pronom à la première personne (mot à mot : moi suis-ce).

Il en est de même à la ligne suivante pour la deuxième personne du singulier : Dü bìsch’s (c’est toi, mot à mot : toi es-ce).

 

Voici une spécificité bien dialectale : les noms propres, prénoms, titres, etc – y sont précédés de l’article défini : dr Jean-Paul ((le) Jean-Paul), dr Herr Maire ((le) Monsieur (le) Maire), d Màdàm Beck ((la) Madame Beck). Voilà qui fait penser à certains usages ruraux français, tel « le Claude », ou à la manière italienne d’appeler les personnages célèbres : « La Callas ». L’article s’omet dans deux cas seulement :

1)      En attribut après le verbe heißa ([s’] appeler : Ìch heiß Josef Lang (Je [m’] appelle Joseph Lang).

2)      Au vocatif, quand on s’adresse à la personne : Buschur, Herr Maire (Bonjour, Monsieur [le] Maire), Àdié, Màma! (Adieu, maman !).

 

Le haut-rhinois Dàs ìsch natt (C’est bien) devient Des isch nett en bas-rhinois. Cela reste compréhensible, avec un peu d’habitude. Et surtout, quelle richesse dans ces nuances… géolinguistiques.

 

 

 

Iawung

 

Bìsch dü dr Jean-Paul?

Nei. ìch bìn dr Josef.

Bìsch dü a Maidla?

Nei, ìch bìn a Büe.

Geht’s, Büe?

Ja, Màma. mèrci.

 

 

Corrigé

 

Es-tu (le) Jean-Paul ?

Non, je suis (le) Joseph.

Es-tu une [jeune] fille ?

Non, je suis un garçon.

Ça va, [mon] garçon ?

Oui, maman, merci.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Qu'est-ce ?

… ìsch dàs?

 

Qui est-ce ?

… ìsch das?

 

Est-ce Maman ?

Ìsch-’s . …..?

 

Est-ce Jean-Paul ?

…’s .. Jean-Paul ?

 

Est-ce toi ?

….. dü’s ?

 

Est-ce moi ?

… …’s ?

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Wàs   Wer    d – Màma     Ìsch – dr    Bìsch    Bìn ìch

 

 

 

 

Niinta (9.) Stund

 

Kummissiona

1 - Dü, Màma, ìch màch gràd Kummissiona: brüüchsch ebbis? ①②

2 - Ja, a bìtzi Brot, àwer numma-n-a Pfundwecka. ③④

3 - Wàs noch, Màma?

4 - A Litter Mìlch un a Trànscha Jàmbung.

5 - Noch ebbis?

6 - Nei, sunscht nit meh; ‘s ìsch àlles fer hìtta, merci.

 

 

 

[Des] courses

1 - Dis (Toi), maman, je fais justement [des] courses : as [-tu] besoin [de] quelque chose ?

2 - Oui, un peu [de] pain, mais seulement un pain d'une livre (livre-pain).

3 - Quoi d'autre (quoi encore), maman ?

4 — Un litre [de] lait et une tranche [de] jambon.

5 - Autre chose (encore quelque-chose) ?

6 — Non, rien d'autre (autrement rien plus) ; c'est tout pour aujourd'hui, merci.

 

 

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Notes

 

Le pronom sert ici à attirer l’attention de l’interlocutrice sur ce que l’on va dire. « Toi » le rendrait mal en français, sauf dans « Hé, toi », qui serait trop familier. Nous dirons donc, un peu librement, « Dis, maman, … ».

 

Nous avons déjà vu gràd (droit) (leçon 6, ligne 2) : ici l’adverbe prend le sens temporel de « à l’instant ».

 

A Bìtzi (un peu) peut être nuancé en a Bìtzala (un petit peu). En bas-rhinois, on aurait e Bìssel. Le groupe indique une quantité et est donc suivi d’un partitif sans préposition ni article audible. Il en va de même de a Liter Mìlch (un litre [de] lait) et a Tràncha Jàmbung (une tranche [de] jambon), deux lignes plus bas.

 

L’oreille hypersensible des Alsaciens supporte mal le télescopage de deux voyelles d’un mot à l’autre (hiatus). Aussi, quand numma (seulement) est suivi de l’article a (un, une), on intercale, entre les deux mots, un -n- purement euphonique, comme, en français, le « -t- » de « Où va-t-il ? » ou encore le « -s- » de « Va-s-y ! ». En alsacien, c’est toujours -n-, et il est très fréquent. Nous ne le marquerons pas toujours, pour ne pas entraver la compréhension. Mail il pourra toujours se prononcer entre deux voyelles appartenant à deux mots successifs. Vous l’entendrez même parfois sur l’enregistrement, sans qu’il ne soit indiqué dans le texte.

 

Vous remarquerez à quel point nous essayons de respecter l’orthographe des mots venus du français, car l’œil reconnaît, tel un visage familier, l’image graphique du mot, même si la prononciation en est totalement modifiée : Tràncha dràcha (tranche) Jàmbung (chàmboung) et, surtout, Jean-Paul chà-bol.

 

Le pronom ebbis (quelque chose) est le contraire de nit ou sa forme plus longue nichs (rien).

 

 

 

Iawung

 

Wàs màcht dr Jean-Paul?

Dr Jean-Paul màcht Kummissiona.

Brüücht d Màma Brot?

Ja, d Màma brüücht a Wecka.

Brüücht d Màma noch èbbis?

Nei, d Màma brüücht hìtta nit meh.

 

Corrigé de l’exercice 1

Que fait (le) Jean-Paul ?

(Le) Jean-Paul fait [des]courses.

Maman a-t-elle besoin de pain (nécessite la maman pain) ?

Oui, maman a besoin d'un pain long.

Maman a-t-elle encore besoin d’autre chose ?

Non, maman n’a plus besoin de rien aujourd'hui.

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Maman a besoin de jambon.

. Màma …… Jàmbung

 

Jean-Paul fait des courses.

.. Jean-Paul ..... Kummissiona.

 

Joseph n'a besoin de rien.

.. Josef brüücht ....

 

Monsieur le Maire n'est pas vieux.

.. Hèrr Maire ìsch ... àlt.

 

Je n'ai besoin de rien aujourd’hui.

Ìch ..... hìtta ...

 

Tu fais vite des courses.

.. màchsch ....... Kummissiona.

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

D – brüïcht     Dr – màcht     Dr – nit     Dr – nìt    brüüch – nit  (ou nichs)   Dü - schnall

 

 

 

 

Zehnta (10.) Stund

 

Dr Facteur

1 - Buschur, Facteur, ìsch’s kàlt dussa?

2 - Buschur, Màdàm Kurtz; nei, as ìsch nìt aso kàlt às geschtert.

3 - Un? Wàs ìsch? Hàn i hìtta Poscht?

4 - Ja, a Briaf üs Pàris, a Briaf üs Itàlia un sogàr a Briaf üs Àmerikà!

5 - Ho je! Dàs sìn jo drèi Briafa! Merci, Facteur!

6 - Wàrta, ‘s ìsch nonìt àlles.

7   Do sìn noch viar Poschtkààrta un a Packla.

 

 

 

Le facteur

1 - Bonjour, facteur, fait-il (est-ce) froid dehors ?

2 — Bonjour, Madame Kurtz, non, il [ne] fait (est) pas aussi froid qu'hier.

3 — Alors (et) ? Voyons (Qu'est) ? Ai-je [du] courrier (poste) aujourd’hui ?

4 - Oui, une lettre de Paris, une lettre d'Italie et même une lettre d'Amérique !

5 – Oh, là, là ! Mais cela fait (ce sont mais) trois lettres ! Merci, facteur !

6 — Attendez, ce [n'] est pas encore tout.

7  Voici (ici sont) encore quatre cartes postales (poste-cartes) et un colis (paquet).

 

 

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En alsacien, ce nom est accentué sur la première syllabe (voir leçon 6, note 1).

 

En toute logique, l’alsacien emploie le verbe sìì (être), là où, curieusement, le français utilise « faire » : as ìsch kàlt (il fait froid), as ìsch wàrm (il fait chaud).

 

Pour comparer deux qualités, on emploie aso (aussi, tant, autant) ou nìt aso (pas autant, moins) suivis, l’un et l’autre, de às (que) : As ìsch hìtta nìt aso wàrm às geschtert (Il ne fait pas aussi chaud aujourd’hui qu’hier).

 

Le mot Poscht peut désigner, certes, l’institution, comme le français « La Poste », mais également le « courrier » que l’on reçoit ou que l’on expédie.

 

La préposition üs marque l’origine (avec une petite nuance d’extraction : « hors de »). Elle est facile à employer avec les noms géographiques dépourvus d’articles, comme les villes, les villages et la plupart des pays et continents (voir leçon 21, N.6).

 

Voici un bel exemple de formation de pluriel : dr Briaf (la lettre) / d Briafa (les lettres) : le suffixe -a suffit. Mais nous avions déjà s Ràd / d Reeder, où la formation du pluriel nécessite à la fois un suffixe, -er, et une altération de la voyelle du radical (voir leçon 5, note 5).

 

Packla, emprunté assez récemment, donc pas encore entièrement assimilé, se prononce avec un p- dur au début, ce qui est exceptionnel.

 

 

 

Iawung

 

Wàs brüücht d Màma hìtta?

D Màma brüücht Brot un Mìlch un Jàmbung.

Wer hàt Poscht hìtta?

D Màdàm Kurtz hàt Poscht hìtta.

Sìn d Briafa üs Àmerikà?

Ja, d Briafa sìn üs Àmerikà.

 

 

Corrigé de l’exercice 1

[De] quoi maman a-t-elle besoin aujourd’hui ?

Maman a besoin [de] pain et [de] lait et [de] jambon.

Qui a [du] courrier aujourd'hui ?

Madame Kurtz a du courrier aujourd'hui.

Les lettres viennent-[elles] (sont-elles) d'Amérique ?

Oui, les lettres viennent (sont) d’Amérique.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Le facteur s’appelle-t-ii Joseph ?

Heißt .. ....... Josef?

 

Non, le facteur s'appelle Jean-Paul.

..., dr Facteur ...... Jean-Paul

 

Qu'a le facteur ?

… ... dr Facteur?

 

Le facteur à trois lettres.

.. Facteur ... .... Briafa.

 

Madame Kurtz a un paquet de Paris.

D Màdam Kurtz hàt . ...... .. ..... .

 

Ce sont quatre cartes postales d'Italie.

.. … .... Poschtkàrta .. Itàlia.

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

dr Facteur     Nei – heißt    Wàs hàt..   Dr – hàt drèi   a Packla üs Pàris    Dàs sìn viar - üs

 

 

 

 

Elfta (11.) Stund

 

Hàsch Durscht?

1 - Dü, ìch glàuib, ìch hàn Fiawer.

2  Mi Müül ìsch gànz trucka.

3 - Hàsch Durscht? Wìtt a Glàs Wàsser?

4 - Nei, s Wàsser ìsch nàss, un as ìsch z’kàlt.

5   Ìch brüüch ebbis Wàrms.

6 - Hàsch liawer a Tee oder a Kàffee?

7 – Gì(b) mìr a Tàssa Kàffee…

8   àwer aui a Gleesla Schnàps.

 

 

 

As[-tu] soif ?

1 — Dis (toi), je crois [que] j'ai [de la] fièvre.

2 Ma bouche est toute sèche.

3 — [Tu] as soif ? [Tu] veux un verre [d’]eau ?

4 — Non, l’eau est mouillée, et elle est trop froide.

5 J'ai besoin [de] quelque chose (quelque-chose) [de] chaud.

6 - [Tu] préfères (as de-préférence) un thé ou un café ?

7 — Donne-moi une tasse de café...

8  mais aussi un petit verre [d’] eau-de-vie.

 

 

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Notes

 

Ìch hàn Durscht (J’ai soif) et Ìch hàn Hunger (J’ai faim) sont des constructions proches de celles du français. De même, D Màma hàt kàlt (Maman a froid) et Dü hàsch wàrm (Tu as chaud).

 

Généralement, les verbes, comme ici (avoir) s’emploie avec un sujet, nom ou pronom. Ainsi, au présent de l’indicatif : ìch hàn (j’ai) – dü hàsch (tu as) – d Màma hàt (Maman a). Mais, à la deuxième personne du singulier, le pronom sujet est très souvent omis : Hàsch Durscht?

Cela s’explique par le fait que, à la deuxième personne, le verbe se termine systématiquement par -sch, forme parfaitement univoque, ce qui rend le pronom sujet inutile.

Seule exception, le verbe wälla (vouloir) n’a pas -sch à la deuxième personne : Wàs wìtt? (Que veux[-tu] ?) – voir ligne 3 de la présente leçon.

 

Z (trop) est un adverbe « appréciatif ». Et comme si cela ne suffisait pas, il en existe une forme accentuée insistant encore davantage sur l’excès dénoncé, züe : Bìsch züe àlt! (Tu es bien trop vieux !).

 

Rappelez-vous l’adverbe garn et son comparatif liawer : Dü fàhrsch garn, àwer ìch làuif liawer (Tu aimes rouler, mais [moi,] je préfère marcher) – voir leçon 6 note 3.

Avec le verbe (avoir), garn forme l’équivalent du verbe français « aimer » : D Màma hàt garn Kàffee (Maman aime [le] café). Et avec liawer, forme celui de « préférer » : Dr Facteur hàt liawer Schnàps (Le facteur préfère [l’]eau-de-vie).

 

Vous avez évidemment remarqué que s Glàs, phrase 3, et s Gleesla, phrase 8, sont parents, le second étant le diminutif du premier, avec suffixe et changement de voyelle, comme pour certains pluriels (voir leçon 10, note 6).

 

 

 

Iawung

 

Sìn d Poschtkàrta üs Itàlia?

Ja, d Poschtkàrta sìn üs Itàlia.

ìsch s Packla üs Pàris?

Nei, ’s Packla ìsch nìt üs Pàris.

Hàt dr Facteur liawer Tee oder Kàffee?

Dr Facteur hàt liawer Schnàps.

 

 

Corrigé de l’exercice 1

 

Les cartes postales viennent-elles (sont-elles) d'Italie ?

Oui, les cartes postales viennent d'Italie.

Le paquet vient-il de Paris ?

Non, le paquet ne vient pas de Paris.

Le facteur préfère-t-il du thé ou du café ?

Le facteur préfère de l'eau-de-vie.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

As-tu soif, Maman ?

Hàsch …. , Màma?

 

Oui, j'ai un peu de fièvre.

Ja, …. hàn . ….. Fiawer.

 

Aimes-tu [le] café ?

….. …. Kàffee?

 

Non, je préfère un verre [d’]eau.

Nei, ìch hàn ….. . …. Wàsser.

 

Veux [-tu] un petit verre d’eau-de-vie ?

.… a ...... Schnàps ?

 

Non, plutôt une tasse [de] thé.

Nei, liawer . ..... Tee.

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Durscht     ìch – a Bitsi     Hàsch garn     liawer a Glàs     Wìtt – Gleesla    a Tàssa

 

 

 

 

Zwälfta (12.) Stund

 

Dr Hund un d Kàtz

1 - Wàs hàsch dü liawer, a Hund oder a Kàtz?

2 - A Hund, denn ar loost mìndeschtens. ②③

3   Un ar hiatet aui s Hüss oder d Wohnung.

4 - Ìch hàn d Kàtz liawer.

5   Ìch weiß, sa folgt nìt garn.

6   Sa màcht numma, wàs sa wìll.

7   Àwer sa fàngt àls a Müüs oder sogàr a Ràtta.

8 - Gàr kè Tiar ìsch aui a Leesung, denn a Hüsstiar kummt hìtta tiir.

 

 

Le chien et le chat

1 — Que préfères-tu, un chien ou un chat ?

2 - Un chien, car [lui] il obéit (écoute) au moins.

3  Et il garde également la maison ou l'appartement.

4 — [Moi] je préfère le (la) chat.

5  Je sais [qu']il (elle) [n°] aime pas obéir.

6  Il (elle) fait uniquement [ce] qu'il (elle) veut.

7  Mais il (elle) attrape parfois une souris ou même un (une) rat.

8 — Pas d'animal du tout est également une solution, car un animal domestique (maison-animal) revient cher de nos jours (vient aujourd'hui cher).

 

 

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Notes

 

Pour désigner les animaux sans en préciser le sexe nos langues ont ce qu'on appelle des termes épicènes. Ainsi en français, « le chat », « le chien », « la souris » et « le rat ». Les uns sont masculins, les autres féminins, de façon arbitraire. Il n'est donc pas étonnant que leur genre diffère d'une langue à l'autre En alsacien, dr Hund est bien masculin comme « le chien », mais d Kàtz, est féminin alors que « le chat » est masculin en français. D Müüs est féminin comme « la souris », mais d Ràtta l’est également, alors que « le rat » est masculin en français. Rien n'est simple.

 

Les pronoms personnels sujets de la troisième personne du singulier varient selon les trois genres. Nous avons ici ar (il) pour le masculin. En bas-rhinois er se prononce èr (N.2).

 

Le verbe losa signifie d'abord « écouter », puis « obéir », car qui écoute est enclin à obéir. Losa ne s'emploie que dans le sud. Plus au nord, on utilise horiche. Curieusement, losa est parfois jugé « vulgaire » sous prétexte qu'il n'aurait pas de correspondant en allemand standard, ce qui est faux (lauschen).

 

Le pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier féminin est, dans sa forme accentuée, sìe (c’est elle qui), sinon, ce serait plutôt sa (elle), parfois prononcé si par endroits, surtout dans le Sundgau, partie la plus méridionale de notre belle province.

 

Nous connaissons déjà le pronom interrogatif neutre wàs?. Voici son homonyme wàs, pronom relatif, également neutre. Il s'utilise sans nom antécédent et nous le rendrons par « [ce] qui » où « [ce] que » selon qu'il sera sujet où complément d'objet d'un verbe.

 

Avec (pas de), et sa forme insistante et tonique kei (pas du tout de), nous avons une sorte d'article indéfini négatif. Observez bien ceci : à la question Hàsch dü a Hund (as-tu un chien ?), on peut répondre soit par Ja, ìch hàn a Hund (oui, j'ai un chien), soit par Nei, ìch hàn kè Hund (Non, je n’ai pas de chien). C'est donc bien à l'article indéfini a que se pose et se substitue (ou kei). Nous verrons plus tard que, en présence d'un article défini, la négation s'exprime de façon toute différente.

 

 

 

Iawung

 

Ìsch di Hund groß?

Ja, ar ìsch a Bìtsi groß.

Ìsch d Kàtz àlt?

Nei, sa ìsch nonìt aso àlt.

Hàsch liawer a Hund oder a Kàtz?

Ìch hàn liawer gàr kè Tiar!

 

 

Ton chien est-il grand ?

Oui, il est un peu grand.

Le chat est-il vieux ?

Non, il n'est pas encore tellement vieux.

Préfères-tu un chien ou on chat ?

J'aime mieux pas d'animal du tout.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Ton chien garde-t-il ta maison ?

…. di Hund .. … ?

 

Non, car je n’ai pas de maison.

Nei, …. ìch hàn .. Hüss.

 

Que fait ton chien ?

Wàs ….. di Hund?

 

Mais je n’ai pas de chien du tout.

Àwer ìch hàn … .. Hund!

 

Préfères-tu un chien ou un chat ?

Hàsch ….... a Hund .... a Kàtz?

 

Je préfère n’avoir aucun animal.

Ìch …. liawer ….  ….. Tiar.

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Hiatet – di Hüss     denn – kè    màcht    gàr kè     liawer – oder      hàn – gàr kè

 

 

 

Drizehnta (13.) Stund

 

Trìnka d Kàtza nit?

1  Hìtta ìsch’s nìt wia friahier:

2  D Hunda un d Kàtza frassa kè Raschtla meh. ②③

3  Fàscht a jed Gschaft verkàuift Làda un Bìchsa fer d Hunda un d Kàtza.

4  ‘s gìtt Fleisch un Gmias fer jeder Gschmàck; sogàr Dessert!

5  Numma nichs z’trìnka: kè einziga Flascha un kè einzig Fàss.

6  Kè Wii fer dr Hund, kè Biar fer d Kàtz un kè Schnàps fer d Küeh.

7  Wagadam sìn d Tiarer aui nia voll!

8  ‘s ìsch wohr: Sìe han nia kè Kìschta.

 

 

Les chats [ne] boivent [-ils] rien ? (boivent les chats rien)

1 Aujourd’hui, ce n’est plus (pas) comme jadis :

2 Les chiens et les chats [ne] mangent plus de restes (pas de restes plus).

3 Presque (un) chaque magasin vend des boîtes en carton et des boîtes en fer blanc pour les chiens et les chats.

4 Il y a (ça donne) [de la] viande et [des] légumes pour chaque goût ; même [du] dessert.

S Mais (seulement) rien à boire : pas une seule (une-seule) bouteille, (et) pas un seul (un-seul) fût.

6 Pas de (pas-de) vin pour le chien, pas de bière pour le chat, (et) pas d’eau-de-vie pour la vache.

7 Voilà pourquoi (à-cause-de cela) les animaux ne sont jamais ivres (pleins) !

8 C’est vrai : Ils n'ont jamais de cuite (caisse).

 

 

 

Notes

 

Cette phrase commence par le verbe, car c’est une question. Comparons plutôt : D Kàtz trìnkt (le chat boit) et Trìnkt d Kàtz? (le chat boit il ?). Nous ne saurions avoir la même construction interrogative en français (sauf, dans un contexte différent : Il viendra - Viendra t il ?). En alsacien, toute question totale (qui attend ja (oui) ou nei (non) en réponse) commence par le verbe.

 

Voici encore deux pluriels marqués comme tels par le suffixe -a (comme Briaf(-a), leçon 10, note 6). Ici, il s'agit d'un masculin et d'un féminin, mais, au pluriel, ils se confondent. Cette parité-là fonctionne depuis des siècles !

 

Ce diminutif en -la est dérivé de dr Rascht (le reste) évidemment adapté du mot français. Les Bas-Rhinois ont Rescht et Reschtle.

 

Pour désigner une boîte, l’alsacien recourt à des mots différents suivant le matériau dont elle est faite : d Làda (boîte en carton), d Bìchsa (boîte de fer blanc). S’y ajoute d Kìschta (boîte en bois ou caisse), mot utilisé au sens figuré à la ligne 8.

 

Mot à mot, l'expression ‘s gìtt signifie « ça donne » ; mais il faut la prendre au sens de « il existe » ou « il y a » ou encore « il y aura » (au menu). Ici, il s'agit de l'offre commerciale à l'étalage. En réalité, rien n'y est donné (voir leçon 21, N 3).

 

Pour l’usage de et de sa forme insistante kei, voir leçon 12, note 6.

 

Logiquement, nia (jamais) et (pas de) devraient s'annuler et la phrase signifier que les animaux sont toujours ivres. Il n'en est rien. Ils ne le sont jamais. Où est la supériorité des humains ? Plus sérieusement : une double négation ne s'annule pas en alsacien.

 

 

 

Iawung

 

Frassa d Kàtza hìtta noch Raschtla?

Nei, sa frassa kè Raschtla meh.

Frassa d Hunda garn Fleisch?

Oh, ja, sa frassa garn Fleisch.

Trìnkt a Tiar Biar oder Wii?

Nei, as trìnkt liawer Wàsser oder Mìlch.

 

 

Corrigé de l’exercice 1

Les chats mangent-ils encore [des] restes, de nos jours ?

Non, ils ne mangent plus de restes.

Les chiens aiment-ils manger [de la] viande ?

Oh, oui, ils aiment manger de la viande.

Un animal boit-il de la bière ou du vin ?

Non, il préfère boire de l’eau ou du lait.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Que bois-tu aujourd’hui, [mon] chat ?

… trìnksch ...., Kàtz?

 

Je n'aime pas boire du vin.

Ìch trìnk ... .... Wii.

 

Préfères[-tu] une bière ?

Hàsch liawer . .... ?

 

Non, je ne bois pas non plus de bière.

Nei, ìch ..... aui .. Biar.

 

Maman aime bien les restes.

D Màma .... …. Raschtla.

 

Joseph préfère un petit verre d'eau-de-vie.

Dr Josef ... ...... a Gleesla Schnàps.

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Wàs - hìtta     nìt garn      a Biar    trìnkt – kè    hàt garn    hàt liawer

 

 

 

Viarzehnta (14.) Stund

 

Révisions et notes

 

 

Vous voici au terme de votre deuxième semaine.  Si vous avez tenu bon jusqu'ici le plus dur est fait. La répétition incessante vous permettra de consolider les notions nouvelles.  Les explications qui suivront vous y aideront puissamment puisqu'elles vous permettront de mettre de l’ordre et de la logique dans tout cela. Nous tenons à vous donner des notions grammaticales et linguistiques utiles mais strictement cohérentes.  Si elles vous paraissent un peu ardu rassurez-vous et relisez-les plusieurs fois. Car en réalité elles sont fort simples à l'usage ayez confiance en nous… et en vous !

 

 

La numération

 

Il serait temps que vous appreniez à compter vous n'avez sûrement pas manqué d’observer les numéros de page pour les nombres cardinaux, les numéros des leçons pour les nombres ordinaux

Les premiers désignent des quantités les seconds indiquent un rang une position dans une série.

 

 

 

 

Les nombres cardinaux

 

Voici les douze premiers nombres

Pourquoi douze ?

Parce qu’à chacun de ces nombres correspond un nom spécifique

Cela provient d'une époque où la douzaine était la base de calcul pratique (pour vendre des œufs des mouchoirs…).

Quand on se contente de compter, ces nombres se disent ainsi

 

1 eins   2 zwei   3 drèi   4 viara    5 fìmfa   6 sechsa    7 sewena   8 àchta   9 niina   10  zehna   11 elfa   12 zwälfa

 

Allons ne soyons pas mesquins et poussons jusqu'à dix-neuf ; mais cette fois vous reconnaîtrez nettement des mot composé sur base de la dizaine :

 

13 drizehna    14 viarzehna   15  fufzehna   16 sachsehna  17  sewezehna   18 àchtzehna  19 niinzehna

 

Voilà pour les nombres utilisés seuls.

 

 

Mais attention : lorsque ces nombres sont suivis du nom des objets ou être comptés, ils subissent, tous ou presque, de légères modifications :

1 perd -ns, devenant la forme tonique de l'article indéfini : ei Kàtz (un chat).

2 et 3 ne changent pas : zwei Büewa (deux garçons), drèi Maidla (trois jeunes filles).

Les autres perdent leur a final : viar Briafa (quatre lettres), elf Hunda(onze chiens) sauf ceux se terminant en -zehna (10 et de 13 à 19 qui perdent -na : niinzeh Reeder (dix-neuf roues).

 

 

 

Les nombres ordinaux

 

Ils vous sont sans doute familiers puisqu'ils figurent en tête de nos leçons

En principe, ils se forment en ajoutant le suffixe -ta (-ième) au nombre cardinal parfois un peu modifié : erschta (premier), irrégulier, donne le mauvais exemple, mais zweita (deuxième) est correct ; drìtta (troisième), fait bande à part, mais les suivants sont assez réguliers : viarta (quatrième), fìmfta (cinquième), sechsta (sixième), sìweta (septième), àchschta (huitième), qui s'approprie le suffixe -schta, que nous retrouverons à partir de vingt, niinta (neuvième), zehnta (dixième), etc.

 

 

 

Les verbes sìì (être) et hàà (avoir)

 

Dans beaucoup de langues, les verbes les plus fréquemment employés sont aussi les plus irréguliers. C'est qu'ils s'emploient depuis toujours et sont très usés.

Même en français, certains verbes que nous utilisons tous les jours sont fait des vestiges de plusieurs anciens verbes, d’où leurs formes aussi diverses (je suis, tu es, nous sommes, je fus ou je vais, nous allons, j'irai).

 

 

 

Les pronoms personnels sujets

 

Il ne saurait être question de conjuguer sans connaître les pronoms personnels sujets.

Ils ont tous plusieurs formes suivant le degré d'insistance, de « je », atone, à « moi, je », et « c'est moi qui ».

Nous en avons déjà rencontré quelques-uns :

Au singulier d'abord :

1) ìch (je, moi…) et sa forme réduite le plus souvent enclitique i.

2) dü (tu), souvent ramené à da et même fréquemment omis (voir leçon 11, note 2).

3) A la troisième personne apparaissent les trois genres : ar (il) ou ‘r pour le masculin, sìe (elle) ou sa pour le féminin et, enfin, as (cela) ou ‘s pour le neutre.

Au pluriel ensuite :

1) Mìr ou m’r (nous)

2) ìhr (vous) ou ‘r.

3) sìì (ils, elles, eux…) ou sa (comme au féminin singulier, pour les trois genres confondus, car, contrairement au français (ils / elles), l’alsacien ne distingue pas les genres au pluriel).

 

Tous les pronoms personnels atones peuvent se trouver en position enclitique après leur verbe auquel les relie un trait d'union.

 

 

 

L’indicatif présent de « sìì »

 

1 ìch bìn (je suis)

2 da bìsch (tu es)

3 m. ar ìsch (il est)

  f. sa ìsch (elle est)

  n. ìsch (c’est)

1 mìr sìn (nous sommes)

2 ìhr sìn (vous êtes)

3 sa sìn (ils / elles sont)

 

Constatons que, au pluriel, le verbe ne présente qu'une seule forme aux trois personnes, sauf dans quelques endroits reculés comme le Sundgau ou les fonds des vallées vosgiennes, qui conservent une ancienne forme pour la deuxième personne : ìhr sèid.

 

 

 

 

L’indicatif présent de « ha »

 

 

 

1 ìch hàn (j’ai)

2 da hàsch (tu as)

3 m. ar hàt (il a)

  f. sa hàt (elle a)

  n. as hàt (ça a)

1 mìr han (nous avons)

2 ìhr han (vous avez)

3 sa han (ils / elles ont)

 

 

N.B. : Attention au changement de voyelle entre le singulier et le pluriel ! On rencontre souvent ìch bì et ìch hà sans -n à la première personne du singulier, notamment devant les mots commençant par une consonne.

 

 

La place des mots dans la phrase

 

Dans une phrase, l'ordre des éléments n'est pas indifférent.

Il faut connaître et respecter des règles élémentaires.

Sinon il peut se produire deux incidents regrettables : ou bien la phrase devient incompréhensible, ou bien elle suggère un sens qu'on n'a pas voulu lui donner, source de malentendu.

Qu'est-ce qu'un « élément » ?

Ce peut être un mot isolé, comme un verbe, un adverbe, un pronom, un nom propre, un nom de matière, un adjectif attribut, etc.

Mais ce peut aussi être un groupe constitué d'un nom et de son article, d'un nom et d'un adjectif, même d'une proposition subordonnée tout entière. Dans Ìsch / dàs / a Vélo ? (Est-ce un vélo ?), A Vélo / ìsch / dàs ? (C’est un vélo, ceci ?), ou encore remplacer Wàs / ìsch / a Vélo ? (Qu’est-ce qu’un vélo ?).

 

 

 

 

La place de l’élément verbal

est significatif en début de phrase ou en deuxième position :

En début de phrase cela peut avoir essentiellement deux significations :

1)      Une question réclamant une réponse par ja (oui) ou par nei (nei) : Heisch dü Joseph ? ([T’] appelles-tu Joseph ?)

2)      Un ordre ou une demande si le verbe est à l'impératif : Frìss, Kàtz ! (Mange, [mon] chat !)

En deuxième élément la phrase en devient énonciation, affirmation ou négation :

1)      Simple affirmation : Dr Facteur / hàt / Durscht (Le facteur a soif).

2)      Négation en kè : Dr Facteur / hàt / kè Durscht (Le facteur n’a pas soif).

3)      Négation en nìt : Dr Briaf / ìsch /nìt / üs Itàlia (La lettre ne vient pas d’Italie).

 

 

 

 

La place des éléments autres que verbaux

 

Ici, la règle est un seul élément avant le verbe et tous les autres après lui.

Une certaine liberté permet à ce niveau de nuancer le sens de la phrase, d'insister sur tel élément plutôt que sur tel autre : Mi Vèlo hàt zwei Reeder (mon vélo a deux roues) est la réponse à Wiavìel Reeder hàt di Velo? (Combien de roues a ton vélo ?) / Zwei Reeder hàt mi Velo (C’est mon vélo qui a deux roues) est la réponse à Wàs hàt zwei Reeder? (Qu’est-ce qui a deux roues ?). La tendance est de placer ce qui est déjà connu au début et ce qui est nouveau, l'information essentiel - ici le cœur des réponses aux questions - vers la fin.

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser

 

- Wia geht’s?

Comment ça va ?

 

 - ‘s geht aso, merci.

Ca va à peu près, merci.

 

 - Dàs ìsch natt.

Ca, c’est bien (ou joli).

 

 - ‘s ìsch àlles fer hìtta.

C’est tout pour aujourd’hui.

 

 - ‘s ìsch nonìt àlles.

Ce n’est pas encore tout.

 

 - Ìsch’s kàlt dussa?

Fait-il froid dehors ?

 

 - Dü, ìch glàuib, ìch hàn…

Dis, je crois que j’ai …

 

 - Wìtt a Glàs Wàsser?

Veux-tu un verre d’eau ?

 

 - Ìch brüüch ebbis Wàrms.

J’ai besoin de quelque chose de chaud.

 

 - Sa màcht, wàs sa wìll.

Elle fait ce qu’elle veut.

 

 

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Fufzehnta (15.) Stund

 

Wàs màcha mìr morna? ①②

1 - È je, hè, morna ìsch schu wìder Sàmschtig? (N.1)

2 - Wàrt, hìtta ìsch Fritig un morna schàffa mìr nìt. ④⑤

3 - Ja un, wàs màcha mìr morna un àm Sunntig?

4 - Mìr schlofa, mìr schlofa wìder amol üs!

5 - Jo, z’Morga, àwer wàs màcha mìr z’Mìttàg?

6 - Z’Mìttàg spìela mìr Kàrta, oder mìr lüega d Tele àà.

7 - Oder mìr fàhra Vèlo.

8 - Nei, liawer Auto, denn as ìsch dàto kàlt dussa.

 

 

Que ferons-nous (faisons-nous) demain ?

1 — Oh là, hein, demain sera (est) encore (déjà de nouveau) samedi ?

2 — Attends [voir], aujourd’hui, [c']est vendredi, et demain nous [ne] travaillerons pas (demain travaillons nous pas).

3 — Et alors (Oui et), que ferons-nous (faisons-nous) demain et dimanche ?

4 - Nous dormirons (dormons), nous referons la grasse matinée, pour une fois (dormons de nouveau une-fois jusqu'au-bout).

5 — Ouais, le (au) matin ; mais que ferons-nous l'après-midi ?

6 — L'après-midi, nous jouerons (jouons nous) aux cartes, ou nous regarderons la télévision (regardons la télé à).

7 — Ou nous ferons du vélo (roulons [à] vélo).

8 — Non, plutôt [de la] voiture, car il fait froid dehors, actuellement (c'est actuellement froid dehors).

 

 

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Notes

 

Le verbe màcha (faisons) est au présent, mais la phrase a un sens de futur grâce à l’adverbe morna (demain). Nous eussions pu traduire par le très familier « Qu’est-ce qu’on fait demain ? ». Nous opterons donc, par la suite, pour d'autres présents traduit par des futurs. Vous en trouverez l'explication détaillée plus loin, à la leçon 42, N.1.

 

Cette phrase a quatre éléments (voir leçon 14, note 3) ; Wàs / màcha / mìr / morna? , mais l'ordre de ces éléments est figé, pour une fois car :

-          L’interrogatif wàs (que) est obligatoirement au début (comparez au français parlé très familier, où il est souvent à la fin ces temps derniers : On fait quoi ?).

-          Le verbe màcha (faisons) ne peut pas se trouver au-delà de la deuxième place.

-          Le pronom personnel sujet mìr (nous) Doit être le plus près possible du verbe. Atone, il se « colle » au verbe (sujet enclitique).

-          L'adverbe de temps morna (demain), seul libre, est donc forcément à la fin.

 

Ici, le même adverbe, morna, prend sa revanche par rapport au titre : il est en tête de Morna / ìsch / … / Sàmschtig (demain est … samedi). Mais où est donc passé le sujet de ìsch (est) ?

Car s'il était en tête, nous aurions : As ìsch Sàmschtig… morna (C'est samedi demain) ou As ìsch morna Sàmschtig (C’est demain samedi). Sujet « impersonnel » ou « apparent », Parce que de pure forme et vide de sens il a, à la ligne 1, laissé sa place à l'adverbe, et en a profité pour s'éclipser. D’où la règle : le sujet impersonnel (ou apparent) as (c’) n’est exprimé que s'il est en tête de phrase.

 

Wàrt! (attends !) est l'impératif du verbe wàrta (attendre). L'impératif se forme généralement en ne conservant que le radical du verbe. Nous avons déjà rencontré l'exemple frìss! (mange !) (pour un animal ou quelqu'un que l'on méprise). Nous aurions aussi bien làuif! (marche !) ou fàhr! (roule !).

 

Ici comme plus haut, à la phrase 1, le sujet arrive après le verbe. Pourquoi ? Toujours parce que le verbe doit être en seconde position. En effet, un (et), conjonction, ne compte pas : morna (demain) occupe donc la première place ; schàffa (travaillons) vient bien en second ; et mìr (nous), sujet du verbe, arrive immédiatement après celui-ci ; enfin, pour finir, nous avons nìt ([ne] … pas).

 

Voici le verbe schlofa (dormir), et son proche parent, üsschlofa (dormir jusqu'au bout). Nous dirions « faire la grasse matinée ». Ce verbe a un comportement particulier. Dès que vous le reliez à un sujet (ìch, , d Màma, etc.), le préfixe accentué üs va se loger en fin de phrase : D Màma schloft üs (Maman dort tout son saoul), mais aussi D Màma schloft morna üs (Maman dort demain tout …) D Màma schloft morna nìt üs (Maman ne dort demain pas tout …), etc. üs sera toujours le dernier ! Cela semble bien compliqué, mais, comme c'est très, très fréquent, vous vous y ferez vite. Quant à üs, nous l'avons déjà rencontré comme préposition marquant l'origine (voir leçon 10, note 5).

 

Z’ nous est déjà familier. Nous l’avons rencontré dans z’kàlt (trop froid) (voir leçon 11, note 3). Mais cette préposition a d’autre emplois, notamment pour situer un événement :

-          dans l’espace : z’Stroßburg (à Strasbourg), z’Kolmer (à Colmar), z’Milhüsa (à Mulhouse) et même z’Pàris (à Paris).

-          dans le temps : z’Morga, z’Mittàg, z’Owa (le soir) et z’Nàcht (la nuit).

 

Voici encore un verbe à préfixe accentué. Le verbe lüega (regarder), lui-même uniquement utilisé sans complément, sert de base à àà-lüega (regarder quelque chose ou quelqu'un). Bien entendu, le préfixe se loge à la fin – mìr lüega d Tele àà – comme pour mìr schlofa üs à la note 4. Mais pourquoi, direz-vous, dans cette seconde moitié de phrase, le sujet mìr (nous) vient-il soudain avant le verbe lüega … àà (regardons) ? Parce que la conjonction oder (ou bien) remet le compteur à zéro pour la place du verbe, car elle introduit une nouvelle proposition indépendante.

 

Avec dàto (actuellement), nous avons un mot que tout le monde emploie, mais dont personne ne se rappelle l’origine. Or c'est tout simplement le latin « dato » (à la date d’aujourd'hui), du nom latin « datum » (date). D'ailleurs, les Alsaciens en ont aussi conservé le nominatif, s Dàtum (la date). Dans le même ordre d'idée, le français « en », mis pour « en l’an », se dit en alsacien ànna, qui vient du latin « anno », de « annus » (an) : ànna Zweitàuisig (en 2000). Pour un peu, on se demanderait lequel, du français ou de l'alsacien, est d'origine latine !

 

 

 

Iawung

 

Ìsch hìtta schu Sàmschtig?

Nei, hìtta ìsch Fritig.

Morna ìsch Sàmschtig.

Schlofsch dü morna üs?

Nei, ìch spìel morna Kàrta.

D Màma schloft morna üs.

 

 

Corrigé

Sommes-nous déjà samedi aujourd'hui (est aujourd'hui déjà samedi) ?

Non, aujourd'hui nous sommes (est) vendredi,

Demain sera (est) samedi.

Feras (fais)-tu la grasse matinée demain ?

Non, je jouerai (joue) [aux] cartes demain.

(La) Maman fera (fait) la grasse matinée demain.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Aujourd'hui, Maman n'a pas de courrier.

Hìtta ... d Màma .. Poscht.

 

Car il fait trop froid dehors.

…. as ìsch . .... dussa.

 

Et nous sommes dimanche.

…. as ìsch ……..

 

Le facteur fait la grasse matinée.

Dr ….... schloft ...

 

Je crois qu’il a un peu de fièvre,

Ìch ....., ar hàt a ...... Fiawer

 

car il a soif.

denn .. ... Durst.

 

 

 

Corrigé

hàt – kè      Denn – z – kàlt    Un – Sunntig    Facteur – üs     glàuib – Bìtzi    ar hàt

 

 

 

 

Sachzehnta (16.) Stund

 

Ìwermorna

1 - Ìwermorna ìsch Sunntig.

2 - Wàrt amol, hìtta ìsch Frittig, un morna ìsch Sàmschtig.

3 - Hè, ìch hàn Racht?

4 - Ѐ jo ammel, dü hàsch àllawil Racht. (N.2)

5 - Un wàs màcha mìr àm Sunntig? ③④

6   Màcha mìr ebbis oder màcha mìr nichs?

7 - Àm Mantig, àm Zischtig, àm Mìttwuch, àm Dunschtig un àm Fritig…

8   do han mìr kè Problem, denn mìr schàffa wìder.

 

 

Après-demain

1 — Après-demain [c’]est dimanche.

2 — Attends voir (une-fois), aujourd'hui est vendredi et demain sera (est) samedi.

3 — Hein, j'ai raison ?

4 — Bien-sûr, tu as toujours raison.

5 — Et que ferons-nous dimanche (faisons-nous au dimanche) ?

6  Ferons-nous quelque chose (quelque-chose) ou [ne] ferons-nous rien ?

7 – Lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi… (au lundi, au mardi, etc.)

8  là, nous [n’]aurons (avons) aucun problème, car nous travaillerons (travaillons) de (nouveau).

 

 

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Notes

 

Nous connaissons morna (demain) ; avec ìwer (au-delà), il forme ìwermorna. Profitons-en pour rappeler deux autres adverbes de temps : hìtta (aujourd’hui) de la leçon 9, phrase 6, et geschtert (hier), de la leçon 10, phrase 2.

 

Dans Racht hàà (avoir raison), la partie verbale est hàà (avoir). C'est elle qui se conjugue, donc est placé en seconde position. Quant à Racht, il sera normalement à la fin de la phrase, un peu comme üs de üsschlofa, récemment rencontré (voir leçon 15, note 6). Le nom s Racht (le droit) et ta rapprocher de rachts (à droite) (voir rachts un lìnks, à la leçon 5).

 

On pourrait s'étonner de trouver le verbe màcha en troisième position, ce qui serait une hérésie. En réalité, il faut savoir que les conjonctions comme un (et), àwer (mais), oder (ou bien) et denn (car) ne comptent pas pour la place du verbe ; il en est de même des interjections com ja, jo, , etc., tellement fréquentes en alsacien (voir leçon 15, notes 5 et 8).

 

Les jours de la semaine sont masculins (dr Sunntig), car -tig vient de dr Tàg (le jour), pluriel d Tag (par changement de voyelle). Pour situer un événement un jour donné, le français n’use d'aucune préposition ni d'aucun article : je travaille lundi. L'alsacien utilise àm (au), contraction de àn (à) et de l'article ‘m : Ìch schàff àm Mantig (Je travaille (au) lundi).

 

Avec cette énumération, notre liste des jours de la semaine est complète. Trois d'entre eux, Zischtig (mardi), Dunschtig (jeudi) et Sàmschtig (samedi) nous donnent l'occasion de parler de la prononciation typiquement dialectale du groupe st scht. Nous l'avons plusieurs fois rencontré, déjà, dans des mots comme erschta (première), Stund (leçon, heure), mìndschtens (au moins), geschtert (hier), Poscht (courrier), Durscht (soif) et Raschtla (petits restes).

 

Dans cette longue phrase, le verbe, han (avons), est le treizième mot ! Mais il n'en est pas moins le second élément, car les douze mots qui le précèdent ne forment qu'un seul élément, à savoir le complément de temps.

 

 

Iawung

 

Hìtta ìsch Frittig.

Jà, dü hàsch Ràcht.

Wàs màcha mìr morna?

Morna schàffa mìr nìt.

Schàffa mìr ìwermorna aui nìt?

Nei, denn ìwermorna ìsch Sunntig.

 

 

Corrigé

Aujourd’hui, nous sommes (est) vendredi.

Oui, tu as raison.

Que ferons-nous demain ?

Demain, nous [ne] travaillerons (travaillons) pas.

[Ne] travaillerons-nous pas non plus (aussi pas) après-demain ?

Non, car après-demain sera (est) dimanche.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Ma bouche est sèche.

Mi .... ìsch ......

 

Veux-tu un verre d’eau ?

Wìtt a .... ...... ?

 

Non, l'eau est trop froide.

Nei, . Wàsser ìsch z .....

 

Aimes-tu [le] café ?

….. dü .... Kaffée?

 

Non, je préfère [le] thé.

Nei, ... hàn ...... Tee.

 

Mais je bois aussi de l'eau-de-vie.

.... ìch ..... aui Schnàps.

 

 

 

Corrigé de l’exercice 2 – Mots manquants

Müül -trucka     Glas Wàsser    s – kàlt      Hàsch – garn   ìch – liawer    Àwer - trìnk

 

 

 

 

Sìwwazehnta (17.) Stund

 

Dr Hìmmel

1  Z’Nàcht ìsch dr Hìmmel gànz dunkel un sogàr schwàrz. ①②

2  Z’Morga friaih wìrd’r làngsàm a Bìtzi wiss ìwer em Schwàrzwàld.

3  Un ungfahr a Stund speeter wìrd’r heiter, rosarot un gaal.

4  Andlig geht d Sunna uf, un dr Hìmmel wìrd scheen blàui.

5  Oder as sìn Wulka dràà, wia dàto un dr Hìmmel blibt gràui.

6  Z’Owa geht d Sunna hìnter da Vogesa wìder unter.

7  Dernoh ìsch dr Hìmmel mangmol gànz rot.

8  Un boll ìsch’s wìder spot un Nàcht, un dr Mond schiint.

 

 

Le ciel

1 La nuit, le ciel est (est le ciel) tout sombre et même noir.

2 Le matin tôt, il devient lentement un peu blanc au-dessus de la Forêt-Noire (du Noir-forêt).

3 Et environ une heure plus tard, il devient (devient il) clair, rose et jaune.

4 Enfin, le soleil se lève (va le soleil en-haut), et le ciel devient [d’un] beau bleu.

5 Ou bien il y a des nuages (ce sont nuages après), comme actuellement, et le ciel reste gris.

6 Le soir, le soleil se recouche derrière les Vosges (va le soleil... de nouveau dessous).

7 Alors, le ciel est (est le ciel) parfois tout rouge.

8 Et bientôt il [se] fait (est) de nouveau (de-nouveau) tard et [il fait] nuit, et la lune luit.

 

 

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Notes

 

Pour le sens temporel de z’, voir leçon 15, note 7.

 

L’adjectif dunkel (sombre, obscur) s’oppose à heiter (clair), phrase 3. L’un et l'autre entrent en composition avec les adjectifs de couleurs comme ceux que nous avons dans cette leçon : dunkelblàui (sombre-bleu = bleu marine), heiterblàui (clair-bleu = bleu azur), dunkelrot (bordeaux), etc.

 

Nous venons de rencontrer ìwermorna (après-demain) à la leçon 16 ; ìwer-em est constitué de la préposition ìwer (au-dessus, au-delà) et de l'article défini masculin, car, contrairement au français, « la forêt », dr Wàld (forêt) est masculin. Et c'est ce nom qui sert de base au composé Schwàrzwàld (Noire-Forêt), qui n'est d'ailleurs pas une forêt, mais une chaîne de montagne symétrique aux Vosges par rapport au Rhin.

 

Speeter (plus tard) est le comparatif de l’adverbe spot (tard) de la phrase 8. Il y faut le désormais classique suffixe -er, mais aussi un changement de voyelle, comme pour certains pluriels (voir leçon 5, note 5).

 

Notez bien la construction de Andlig / geht / d Sunna / uf. Comme très souvent, la phrase commence par une indication de circonstance, ici adverbe de temps, puis vient le verbe, forcément en second, suivi de son sujet, et enfin le préfixe accentué détachable uf du verbe uf-geh, tout comme pour üs-schlofa (leçon 15, note 6). Plus bas dans le texte, à la phrase 6, nous aurons, de même, le verbe unter-geh. La base des deux verbes est geh (aller), uf précisant la direction ascendante, unter le mouvement contraire jusqu'à sombrer comme un navire en perdition.

 

Les adverbes dràà (phrase 5) et dernoh (phrase 7) ont tous deux quelque chose de démonstratif, le premier exprimant une nuance spatiale (attaché à cela), le second une idée temporelle (après cela). Il en existe beaucoup d'autres : drìwer (au-dessus de cela) – drunter (en dessous de cela) – dermìt (avec cela), etc. Une affaire à suivre (voir leçon 20, note 6, et leçon 24, note 4).

 

 

 

Iawung

 

Ìsch d Katz rot oder blàui?

D Katz ìsch gànz schwàrz.

Ìsch di Hund aui schwàrz?

Nei, mi Hund ìsch wiss.

Àwer dr Kaffee ìsch schwàrz.

Un d Mìlch ìsch aui wiss.

 

 

Corrigé

Le chat est-il rouge ou bleu ?

Le chat est tout noir.

Ton chien est-il également noir ?

Non, mon chien est blanc.

Mais le café est noir.

Et le lait est également blanc.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

La nuit, le ciel est sombre.

Z ..... ìsch dr Hìmmel .......

 

Le matin, le ciel devient clair.

Z’Morga .... dr Hìmmel ......

 

Les nuages sont gris et blancs.

D Wulka ... ….. un wiss.

 

Le soleil se lève le matin tôt.

D Sunne …. z Morga frieih ...

 

Le soir, il (elle) se couche.

Z ... geht sa ......

 

Ensuite, le ciel devient rouge.

…… wìrd dr Hìmmel ....

 

 

 

 

Corrigé

Nàcht - dunkel     wìrd – heiter    sìn gràui   geht – uf     Owa – unter     Dernoh - rot

 

 

 

 

Àchtzehnta (18.) Stund

 

S Annala bikummt a Bubbala

1 - Buschur, Màdàm Beck. Weißt Sa s Nèischta? ②③

2 - Buschur, Màdàm Wolf. E nei, wuhar? Wàs gìtt’s Nèis? (N.3)

3 - S Annala bikummt a Bubbala.

4 - Wàs? S Mayer Annala wàrtet uf ebbis Jungs?

5  Ja, ìsch’s eigentlig ghirota?

6 - Jo, schu-n-a Johr oder zwei.

7  Si Mànn ìsch ebbis Bessers, Ingénieur oder aso ebbis.

8 - E àwer nei! Wìrd’s artscht a Maidala oder a Biawala?

 

 

(L’) Annette va avoir (reçoit) un bébé

1 - Bonjour, Madame Beck. Savez-vous la nouvelle (le plus nouveau) ?

2 — Bonjour, Madame Wolf. Mais non, pensez-vous (d'où ?). Qu'y a-t-il (Qu’est-ce que ça donne) de neuf ?

3 - Annette va avoir (reçoit) un bébé.

4 - Quoi ? Annette Meyer (la Meyer Annette) attend un bébé (sur quelque-chose de jeune) ?

5 Mais est-elle mariée, au fait (au-fait mariée) ?

6 — Ouais, depuis (déjà) un an ou deux.

7  Son mari a une bonne situation (est quelque chose de-meilleur), ingénieur ou quelque chose comme ça.

8 — Ce n’est pas vrai ! (oh, mais non) Ce sera (Devient ce) (je-me-le-demande) une fillette ou un petit garçon ?

 

 

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Notes

 

En Alsace, on reçoit les bébés ! Car tout le monde sait que la cigogne, dr Stork, les livre personnellement à domicile ou en maternité. Plus loin, Annette attend le bébé (phrase 4) ou, plutôt, elle attend sur lui. Souvent utilisé en français, ce régionalisme, calqué sur le dialecte, amuse beaucoup les francophones. Mais quand ceux-ci comptent sur nous, ils trouvent cela tout naturel. Allez comprendre… Du reste, « attendre sur » se dit également sur le versant ouest des Vosges, certes francophone, mais assez proche pour être contaminé par le voisinage germanique.

 

Le verbe wìssa (savoir) et irrégulier : ìch weiß, dü weisch, ar weißt et, au pluriel, wìssa, comme à l’infinitif. Ce genre d'alternance des voyelles entre singulier (ai) et pluriel (ì) n'est pas rare. Cependant, la grande originalité est, ici, la troisième personne du singulier féminin employé comme forme de politesse ! (N.4)

 

Beaucoup d’adjectifs et d’adverbes ont un comparatif en -er (plus) et un superlatif en -schta (le plus). Ainsi, l’adjectif nèi (neuf, nouveau) a pour comparatif nèier et pour superlatif neutre singulier s Nèischta. A propos, pensez au Nèier Siasser (vin nouveau, dit « bourru », mot à mot : « nouveau sucré »).

 

Ebbis Jungs (un bébé ; mot à mot « quelque chose de jeune ») est une autre façon pudique de désigner un nouveau-né. Nous avons vu ebbis Wàrms (quelque chose de chaud) à la leçon 11, phrase 5. Aussi bien ebbis (quelque chose) que nit ou nichs (rien) peuvent être suivis d’un adjectif commençant par une majuscule (substantivé) et se terminant en -s (signe du neutre). Plus loin (phrase 7), nous aurons ebbis Bessers (quelqu’un de bien situé ; mot à mot : « quelque chose de meilleur »). Dàs ìsch nit Nèis (ce n’est rien de nouveau) se dit aussi d’une manière imagée et familière : Dàs ìsch kàlter Kàffee! (c’est du café froid).

 

Dans ghirota, un g (préfixe signalant le participe passé) rencontre un h et le résultat est un c (ou k) dur. Nous retrouverons d'ailleurs souvent le son c (ou k) en début de mot devant une voyelle.

 

Le petit mot artscht est presque impossible à prononcer et totalement intraduisible en français. Il sert à renforcer le caractère interrogatif d’une question. Il joue le même rôle que eigentlig (au fait) de la phrase 5, à une nuance près : ce dernier signale que l’interlocuteur est censé connaître la réponse, le premier sous-entend que non. A notre connaissance, le français ne possède nulle subtilité de cette espèce.

 

 

Iawung

Wàs trìnksch dü àm Mantig ?

Àm Mantig trìnk i Wàsser.

Un dü, was trìnksch dü garn?

Z’Morga trìnk i àllawil Mìlch.

Àwer z’Owa trìnk i garn a Glàs Wii.

Schnàps trìnka mìr numma àm Sunntig.

 

 

Corrigé

Que bois-tu lundi ?

Lundi, je bois de l’eau.

Et toi, qu'aimes-tu boire (que bois-tu volontiers) ?

Le matin, je bois toujours [du] lait.

Mais le soir, j'aime boire (bois-je volontiers) un verre [de] vin.

[De l’] eau-de-vie., nous [n'en] buvons que dimanche.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Aimes-tu jouer aux cartes ?

Spìelsch .. garn ..... ?

 

Oui, mais seulement samedi soir.

Ja, .... numma .. Sàmschtig z’....

 

Et aimes [-tu] regarder la télévision ?

.. ………….. garn d Tele .. ?

 

Oui, seulement dimanche après-midi.

Ja, numma .. ...... z Mìttàg.

 

et que faites-vous mercredi ?

Un wàs .....-.-.. àm Mìttwuch?

 

Mercredi, nous travaillons.

.. Mìttwuch schàffa ...

 

 

Corrigé

dü - Kàrta    àwer – àm - Owa    Un lüegsch - àà   àm Sunntig    màcha-n-ìhr  Àm - mìr

 

 

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Niinzehnta (19.) Stund

 

Dr Fernand fàhrt

1 - Wàs ìsch los, Fernand? Triibsch dü Sport? ①②

2 - Wiaso? Wàs fer a Sport?

3 - È, dü fàhrsch doch Vèlo, z’Morga un z’Owa.

4 - Làch mi nìt üss, denn Vèlofàhra ìsch gsund.

5   ‘s ìsch güet fer d Gsundheit, un ‘s ìsch güet fer s Porte-monnaie.

6   S Benzin wìrd àllawiil tiirer, un Autofàhra ìsch ungsund un gfahrlig.

7 - Sàg, Fernand, fàrsch dü garn d Vogesa-n-uffa? (N.5)

8 - Nei, denn uffafàhra ìsch schwar; àwa geht’s vìel besser!

9   Àwer ‘s ìsch aui gfahrliger, denn as geht z’schnall!

 

 

Fernand roule

1 - Que se passe-t-il (qu'est détaché), Fernand ? Pratiques-tu [un] sport ?

2 — Comment cela ? Quel (quoi pour un) sport ?

3 — Ben, tu roules pourtant [à] vélo, le matin et le soir.

4 - Ne te moque (ris) pas de moi, car faire du vélo (vélo-rouler) est sain.

5  C’est bon pour la santé et c'est bon pour le porte-monnaie.

6  L’essence devient toujours plus chère, et aller en voiture (auto-rouler) est malsain et dangereux.

7 — Dis, Fernand, tu aimes monter dans les Vosges (rouler les Vosges en-haut) ?

8 - Non, car monter est difficile (lourd) : vers en bas, cela va beaucoup mieux,

9  Mais c'est également plus dangereux, car cela va trop vite.

 

 

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Notes

 

Sur la base du verbe los sìì (se passer, littéralement, être détaché), on a Wàs ìsch los? (Que se passe-t-il ?), qui est à retenir absolument, car c’est la question que l’on pose à tout propos. Retenons également As ìsch ebbis los (Il se passe quelque chose, il y a de l’ambiance ou il y a du choix). As ìsch nit los (Il ne se passe rien) et, moins sévère, As ìsch nìt vìel los (Il ne se passe pas grand-chose).

 

Voici une observation subtile : quand on parle de lui, on dit dr Fernand ; quand on s’adresse à lui, on l’appelle Fernand ! Or il n'y a pas que l'article qui disparaît, mais aussi la place de l'accent qui change. On observe le même phénomène avec tous les prénoms de plus d'une syllabe, y compris au féminin : s Odile devient Odile

 

Très courant, Wàs fer a …. ? (quel ?) peut poser la question de l'identité : Dr Fernand? Wàs fer a Fernand? (Fernand ? Quel Fernand ?) ou celle de la qualité ou du type A Bubbala ? Wàs fer a Bubbala : a Maidla oder a Biawala? (Un bébé ? Quelle sorte de bébé : une fillette ou un petit garçon ?). Sans l’article a pour les matières et au pluriel : Wàs fer Brot? (Quelle sorte de pain ?), Wàs fer Briafa? (Quelles lettres ?). A retenir et à utiliser souvent.

 

Le verbe composé vèlofàhra (rouler à vélo) fonctionne exactement comme üsschlofa (faire la grasse matinée, voir leçon 15, note 6). Nous pourrions donc avoir ici : fàhrsch z Morga un z Owa Vèlo (Tu roules à vélo matin et soir).

 

Les verbes üs-làcha (se moquer) et uffa-fàhra (monter en roulant, phrase 8) suivent la même règle : Làch mi nìt àllawil üs! (Ne te moque pas toujours de moi !). Ici, comme dans le texte de la leçon, làch est en tête de phrase car il exprime une demande (voir leçon 15, note 6). Notez que üslàcha (se moquer de) est formé à partir de làcha (rire).

 

Gsundheit (santé) est aussi le mot que l’on prononce en levant son verre en guise de toast ou lorsque quelqu’un éternue. Dans le premier cas, on répond Gsundheit!, dans le second cas, Merci!

 

Tiirer (plus cher) est le comparatif régulier en -er de l’adjectif tiir. Il en va de même pour gfahrliger (plus dangereux), phrase 9.

 

Uffa et àwa sont typiquement haut-rhinois. En bas-rhinois, on dit nuf et nàb ou nunter. C’est l’une des différences les plus audibles entre le sud et le nord. Pas de quoi fouetter un chat.

 

 

 

Iawung

 

Fàhrt di Mànn am Sunntig Vèlo ?

Nei, àm Sunntig fàhrt’r nìt Vèlo.

Àm Sunntig fàhrt‘r liawer Auto.

Àm Mantig, àm Zischtig un àm Mìttwuch fàhrt’r Vèlo.

Denn mi Mànn ìsch Facteur.

Un àm Sàmschtig z Mittàg schàfft’r nìt.

 

Corrigé

 

Ton mari roule-t-il [à] vélo dimanche ?

Non, dimanche, il ne roule pas à vélo.

Dimanche, il préfère rouler [en] voiture.

Lundi, mardi et mercredi, il roule [à] vélo.

Car mon mari est facteur.

Et samedi après-midi, il [ne] travaille pas.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Que se passe-t-il le matin ?

Was .... z Morge ... ?

 

Il se passe toujours quelque chose.

.. ìsch allawil ..... los.

 

Mon mari fait du sport.

.. Mann triibt ..... ,

 

Rouler en voiture est dangereux.

….-fàhra ìsch ........ .

 

J'aime monter dans les Vosges.

Ìch fàhr .... d Vogesa ....

 

Je préfère marcher Le soir.

Ìch .... ........ z Owa.

 

 

Corrigé

ìsch – los       As – ebbis    Mi – Sport    Auto – gfahrlig    garn – uffa   làuif liawer

 

 

 

 

 

Zwànzigschta (20.) Stund

 

Dr Rhii

1  Dr Rhii kummt àls Fluss vu da Àlwa àwa un dur dr Bodasee bis uf Bàsel.

2  Därta geht’r plätzlig rachts uma un làuift gràd-üs vum Süda gega dr Norda.

3  As ìsch jetza a Strom, un ar bìldet d Granza zwìscha zwei Lander:

4  Lìnks lìegt s Elsàss, un rachts lìgt Bàda.

5  Un noch witterscht, lìnks d Vogesa un rachts dr Schwàrzwàld. (N.6)

6  Aso làuift dr Rhii bis uf Stroßburg un durs Ditschlànd bis uf Hollànd.

7  Ar ìsch jetza breit, un si Bett ìsch tiaf.

8  Drìnna schwìmma vìel Fìsch, un druf fàhra vìel Schìff hìn un har, uffa un àwa.

 

 

Le Rhin

1 Le Rhin arrive comme rivière du haut des Alpes (des Alpes vers-en-bas) et, à travers le lac de Constance (sol-lac), jusqu'à (sur) Bâle.

2 Là-bas, il tourne soudain à droite (va il soudain à-droite en-tournant) et coule tout droit du sud vers le nord.

3 C’est à présent un fleuve, et il forme la frontière entre deux pays.

4 À gauche est située l'Alsace, et à droite est situé [le Pays de] Bade.

S Et, encore plus loin, à gauche les Vosges et à droite la Forêt Noire.

6 Ainsi, le Rhin coule jusqu'à (sur) Strasbourg et, par l'Allemagne, jusqu'aux (sur) Pays-Bas.

7 Il est à présent large, et son lit est profond.

8 Y (là-dedans) nagent beaucoup [de] poissons et y (là-dessus) naviguent beaucoup [de] bateaux, [en] va et vient, vers l’amont (en-haut) et vers l’aval (en-bas).

 

 

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Notes

 

Là où le Haut-Rhin dit Rhii, le Bas-Rhin préfère Rhin, mais attention : prononciez bien rhine. De même pour le vin, Wii dans le sud, Win dans le nord, en particulier à Strasbourg, où les cafés sont souvent dits Winstub (salon à vin), terme autochtone familier à tous les francophones et autres migrants fixés dans la région.

 

Au cours de cette leçon, nous utilisons plusieurs prépositions : certaines sont simples, comme gega (vers) et uf (sur / vers, pour une ville ou un pays ne prenant pas d’article). Une autre, vu (de) marque l’origine, un peu comme üs mais sans l’idée de sortie (leçon 10, note 5) et entraîne des modifications dans la suite. Nous y reviendrons plus tard. Enfin, vu … àwa (du haut de) est plus complexe, car il entoure le nom.

 

D Lander (les pays) est le pluriel de s Lànd (le pays), formé par changement de voyelle et ajout de -er (voir leçon 5, note 5, et leçon 17, note 4). D’autres noms sont au pluriel, dans cette leçon. D’abord d Àlwa (les Alpes) et d Vogesa (les Vosges), noms propres qui n’ont pas de singulier. Ensuite, à la phrase 8, deux noms identiques au singulier et au pluriel : dr Fìsch (le poisson), d Fìsch (les poissons) et s Schìff (le bateau), d Schìff (les bateaux). Employés sans article, ce ne peuvent être que des pluriels indéfinis, des poissons et des bateaux (voir leçon 7, N.3).

 

L’emploi du verbe lega (être couché) s’étend – c’est le cas de le dire – à tout ce qui a une position horizontale, dont les pays et autres régions.

 

S Ditschlànd prend un article. Holland et Stroßburg non (N 6). Notons que les Alsaciens ne sont pas toujours meilleurs que les autres. Ainsi, ils confondent systématiquement Hollande et Pays-Bas, prenant la partie occidentale pour l’ensemble du pays.

 

Drìnna (là-dedans) et druf (là-dessus) vous rappellent-ils quelque chose ? Bien sûr ! Ce sont des adverbes démonstratifs comme dràà et dernoh (leçon 17, note 6). Quant à l’adverbe uffa (vers en haut), il vous rappelle certainement la préposition uf (sur). En bas-rhinois, on ne dit pas ufa un àwa, mais nuf un nàb (vers le haut ou vers le bas, ou en va et vient).

 

 

 

Iawung

 

Dr Rhii ìsch breit un tiaf.

Vìel Fìsch schwìmma drìnna.

Vìel Schìff fàhra druf.

Ar ìsch aui a Granza.

Ar làuift nìt d Vogesa-n-uffa.

Àwer ar geht bis uf Hollànd.

 

 

 

Corrigé

 

Le Rhin est large et profond.

Beaucoup de poissons y nagent (dedans).

Beaucoup de bateaux y circulent (roulent dessus).

Il forme (est) épalement une frontière.

Il ne monte pas aux Vosges (ne coule pas...en haut).

Mais il va jusqu'aux Pays-Bas.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Le Rhin [c'] est beaucoup d'eau.

... Rhii ìsch …. Wàsser.

 

Il vient du haut des Alpes.

Ar kummt .. da Àlwa ....

 

À Bâle, il tourne (va) à droite.

. ….  geht’r ...... umma.

 

Ensuite, il coule vers le nord.

..... làuift’r .... dr Norda.

 

Nous ne buvons pas d'eau du Rhin,

… trìnka .. Rhiwàsser.

 

car l’eau du Rhum est malsaine.

…. s Rhiwasser ìsch ....... .

 

 

Corrigé

Dr – vìel        vu – àwa    Z Bàsel      Dernoh – gega    Mìr – kè    denn - ungsund

 

 

 

 

Einazwànzigschta (21.) Stund

 

Révisions et notes

 

L’efficacité de la méthode ASSIMiL se fonde sur la répétition. Il ne faut donc pas hésiter à revoir souvent les leçons précédentes en les relisant et /ou en les réécoutant si vous disposez des enregistrements.  C'est ce que fait l'enfant au quotidien pour assimiler sa langue maternelle mais alors pourquoi toutes ces nombreuses notes ? Pour vous faire prendre conscience des “mécanismes” de la langue et de ce fait permettre à votre intelligence de secourir votre mémoire. Beaucoup de personnes éprouvent un réel besoin d'explication, d'autres préfèrent s’en passer. A vous de voir l'usage que vous désirez faire tout ce que l'on peut considérer comme de véritables leçons particulières. Mais n'oubliez pas que les termes grammaticaux désignent des réalités simples expliquées dans le glossaire en fin de volume

 

 

 

 

Les interjections

 

Les langages populaires usent d'un grand nombre d’interjections. Celles-ci sont de véritables cris du cœur puisqu'elles expriment de nombreuses émotions : joie, admiration, étonnement, stupéfaction, satisfaction, réprobation... Elles sont souvent placées au début de la phrase, mais pas exclusivement. Leur signification peut varier selon le contexte : Pensez au français “oh !”, qui, selon Le Robert, marque 1° la surprise ou l’admiration ... 2° renforce l’expression d’un sentiment quelconque.

 

Voici, regroupées, celles que nous avons rencontrées jusqu’ici :

 

Ah ? (leçons 1 et 8) et àh so ? (leçon 2) marquent l’étonnement,

Oh !, l’indignation (leçon 2)

Ho jé ! la surprise due à un souvenir ou à une constatation soudaine (leçon 15).

 

Notez bien que si de tels mots sont fréquents dans la conversation un peu vive, ils sont totalement absents des descriptions et des échanges objectifs (leçons 3 et 4).

L'emploi d'exclamation comportant jé fut longtemps assimilé à un blasphème, car il s'agit d'une abréviation de Jésus Jésses.

En français nous avons bien : Jésus, Marie, Joseph !

On entend encore souvent Jéses nei au sens de : ce n'est pas possible !

 

 

 

Acquiescement et négation

 

Également au début des répliques nous trouvons les équivalents des mots français « oui » et « non », qui, à eux seuls en disent souvent aussi long que des phrases entières :

 

Ja (oui), dont jo est la variante atténuée, parfois hésitante, voir ironique (soit, ouais, mettons, certes). Au contraire, jo amel (bien sûr, évidemment) est insistant : ils n’est en usage que dans le sud de la région, et les gens du Nord s'en étonnent souvent.

Une insistance analogue peut être exprimée par un double Ja ja !

Nous avons aussi Ja un ? (et alors ?)

Mais attention certains Jo n'ont rien d'un acquiescement.

Ce sont ceux qui apparaissent juste avant un mot interrogatif : Ja, wàs màchsch dü ? (Mais qu'est ce que tu fais ?).

Notons que, dans un tel emploi, « mais » français ne marque pas non plus une opposition, mais une surprise.

 

 

Nei nei (non) est souvent rendu plus énergique par un redoublement incomplet : Na-nei !

Une autre manière méridionale celle-là d'insister sur la négation consiste à utiliser awa ! (nenni ! ; oh que non !) (aba, dans l’extrême sud).

Mais nei peut aussi entrer dans des expressions comme jo nei ! et è àwer nei ! (quel dommage, c’est-il pas malheureux !).

 

 

 

 

Les verbes gaa et geh

 

Deux verbes très irréguliers et fréquemment employés peuvent prêter à confusion : gaa (donner) et geh (aller).

Voici leur conjugaison respective au présent de l'indicatif et à l'impératif :

 

 

Infinitif :

Gaa (donner)                geh (aller)

 

Indicatif :

 

1 ìch gìbb                 ìch gàng

2 dü gìsch           dü gehsch

3 m.ar gìtt               ar geht

  f. sa gìtt                 sa geht

  n.as gìtt                 as geht

1 mìr gan            mìr gehn

2 ìhr gan               ìhr gehn

3 sa gan              sa gehn

 

Impératif :

Tutoie.   Gìbb !               gàng !

Pol. 1    gan !                gehn !

Pol. 2   gan Sa !          gehn Sa !

Pol. 3    gìtt Sa !           geht Sa !

 

N.B. : - Le b du radical de gaa disparaît aux 2e et 3e personnes, sauf en langage enfantin. – Parois, gìbb perd son b devant m : Gì’mìr a Mutzala (Donne-moi une petite bise !). Pour l’impératif, nous donnons outre le tutoiement les trois formes de politesse (voir N.4 ci-après). – Distinguez bien as gìtt (il existe, il y a au menu) de as geht (ça va). Seule la longueur du é les différencie à l’oreille.

 

 

 

 

Les formes de politesse

 

Il n'y a pas plus poli qu'un alsacien. Du moins si l'on en croit l'arsenal de forme qu'il met en œuvre pour parler aux autres. Nous avons, en effet, outre le tutoiement de tout le monde Wàs màchsch (dü) hìtta ? (Que fais-tu aujourd’hui ?), pas moins de trois formes de politesse. Jugez-en plutôt :

 

 

La 2e personne du pluriel, à la française

Wàs màcha-n-‘r (Que faites-vous ?)

C'est la manière jugée rurale populaire, parfois condescendante, à destination de n'importe qui.

 

La 3e personne du pluriel, à l'allemande :

Wàs màcha Sìe (Que faites-vous ?) Cette forme est jugée citadine et s'adresse surtout à des notables, maire, curé, médecin

 

La 3e personne du féminin singulier, à l'italienne :

 

Wàs màcht Sa ? (Que faites-vous ?) On emploie cette tournure uniquement à l'adresse d'une dame. On peut en conclure que, en alsacien, toute femme est traitée avec grand respect. Ce qui est sûr, c'est que cette langue s'en est donné le moyen.

 

N.B. : Que ce soit bien clair, les deux premières solutions permettent de s'adresser à une ou plusieurs personnes. On sent nettement des distinctions d'ordre sociologique. Disposer de trois formes de politesse, c'est un luxe que seul un alsacien peut se permettre, car, contrairement à une idée reçue, les langues nationales sont généralement simplifiées pouvoir être enseigné dans les écoles, donc moins riches en nuances exprimées par des formes dites grammaticales. Bien entendu, les auteurs compensent largement ce petit handicap par la richesse de leur vocabulaire, du moins les plus grands d'entre eux.

 

 

 

 

 

Monter et descendre

 

L'alsacien n'a pas de verbe spécifique pour dire « monter » et « descendre ». Pour exprimer ces mouvements, il utilise geh (aller) en y ajoutant l'idée de direction sous forme de uffa (vers le haut) ou àwa (vers le bas).

En revanche, il remplace volontiers geh par un verbe plus précis quant au mot de locomotion : làuifa (marcher) ou fàhra (rouler) ou fliaga (voler) et pourquoi pas schwìmma (nager).

Le verbe composé, par exemple ufa-fàhra (rouler vers en haut), se comportera exactement comme üs-schlofa (voir leçon 15, note 6) : le verbe de base, fàhra, remplira notre fameuse seconde position (à moins qu'il ne soit en tête d'une question ou d'une demande à l'impératif) et le préfixe directif ira, lui, se loger à la fin : Ìch fàhr uffa (je monte en roulant). Si, en outre, on veut préciser la destination ou le chemin emprunté, on l’ajoutera entre les deux : Ìch fàhr d Vogesa uffa (je monte dans les Vosges en voiture) (voir leçon 19, phrase 7).

 

 

 

 

Les noms géographiques

 

Nous savons que les noms propres et les titres de personnes prennent l'article défini (voir leçon 8, note 4). C'est une spécificité de l’alémanique, dont l'alsacien fait partie. Qu'en est-il des noms géographiques, villes, pays et continents ?

 

Emploi de l'article

Les noms de villes et villages ne prennent généralement pas d'article : Schlettstàdt (Sélestat), Thann, Zàwra (Saverne), etc.

Les noms de pays et de continents non plus : Anglànd (l'Angleterre) Hollànd, Àfrik…

Mais il y a des exceptions, à commencer par s Elsàss (l'Alsace), suivi de d Schwitz (la Suisse), s Frànkrìch (la France) et s Ditchlànd (l'Allemagne). Que remarquons nous ? Ce sont, outre l’Alsace elle-même, les trois pays qui l'entourent.

On peut supposer que ces noms fréquemment utilisés depuis des siècles ont, pour cette raison, pris l'article dont, nous le savons, l'alsacien aime bien affecter ces noms propres. En outre cela confère à ces pays une certaine aura de familiarité

 

 

Emploi des prépositions

Pour marquer une localisation ou une direction, on emploie les noms géographiques précédés de prépositions.

Ainsi avons-nous en français, « à Bâle », complément de lieu.

Seulement voilà : lieu où l'on est ou lieu où l’on va ? Le groupe ne le précise pas ; il faut aller chercher du côté du verbe. En alsacien, la préposition elle-même fait la distinction, n'étant pas la même suivant le cas :

 

 

 

a)       La localisation (lieu où l'on est) son père à l'aide de la préposition ìn : Dr Herr Fuchs schàfft ìn Bàsel (Monsieur Fuchs travaille à Bâle), D Màdàm Wolf blibbt ìn Àmerikà (Madame Wolf reste en Amérique). Cette préposition accompagne aussi bien les noms de villes que les noms de pays et de continents. Pour les villes et villages il existe une forme plus ancienne ressentie comme plus authentiquement alémanique : z : Ar schàfft z Bàsel (Il travaille à Bâle).

 

b)      La direction (lieu où l'on va) s'exprime grâce à la préposition uf : Mìr fàhra uf Pàris (Nous allons à Paris en véhicule terrestre, vélo, moto, voiture ou train, puisque nous « roulons »), Dü làuifsch uf Durni (Tu vas à Dornach, à pied, puisque tu marches). Àwer sa fliaga uf Austràlia (Mais ils vont en Australie, en avion, puisqu'ils « volent »).

 

 

NB : Nous n'avons ci-dessus volontairement traité que de l'emploi des prépositions avec des noms propres sans article car la présence de ce dernier complique un peu les choses. A chaque semaine suffit sa peine !

 

 

Comptine : dr Kukuck (le coucou)

 

- Kuckuck!

- Coucou !

 

- Wu bìsch?

- où es[-tu] ?

 

- Ìm Wàld.

- Dans [la] forêt.

 

- Wàs hàsch ?

- Qu’as[-tu] ?

 

- A Frosch.

- Une grenouille.

 

- Gì mìr aui!

- Donne m’[en] aussi !

 

- Na nei!

- Non, non !

 

- Gitzhàls!

- Grigou !

 

 

Se chante sur deux notes distantes d'un ton et demi, de haut en bas, comme une sirène de pompier traditionnelle en commençant par la note aiguë (sol – mi – sol – mi ou do – la – do – la).

 

 

 

Zweiazwànzigschta (22.) Stund

 

Äpfel un Bìra

1 - Lüeg, do han sa scheen Obst un Gmias. ②③

2 - Ja, d Äpfel sìn schu natt rot un d Zitrona sìn scheen gaal.

3 - Àwer d Bànàna sìn noch grian un d Bìra aui.

4 - Sa sìn hàlt nonìt zittig, denn sa sìn aui noch härt.

5 - Wàs bliabt, Ìhr Herrschàfta, wenn i froga därf? (N.5)

6 – Gìtt Sa mìr zwei Kilo Äpfel, wenn’s bliabt. ⑧⑨ (N.2)

7   Sa sìn sehr natt, àwer sìn sa eigentlig aui güet?

8 - Oh ja, sa sìn güet siaß un sogàr sàftig.

9 - Mìr wann’s amol hoffa, àwer mìr gsahn’s schu!

 

 

[Des] pommes et [des] poires

1 — Regarde, ici, il y a (ici ont-ils) [de] beaux fruits et légumes.

2 — Oui, les pommes sont déjà bien (joli) rouges et les citrons sont [d’un] beau jaune.

3 — Mais les bananes sont encore vertes et les poires aussi.

4 — [C'est qu']elles [ne] sont (que voulez-vous) pas encore mûres, car elles sont encore dures.

5 - Que désirez-vous, Monsieur Dame (vous seigneuries), si je peux demander (demander peux).

6 — Mettez-moi (donnez vous (elle) moi) deux kilos [de] pommes, s’il vous plaît.

7  Elles sont très belles, mais sont-elles (au fait) également bonnes ?

8 - Oh oui, elles sont bien sucrées et même juteuses.

9 - Nous voulons l’espérer (cela une fois espérer), mais nous verrons bien (voyons cela déjà).

 

 

Notes

 

Dr Äpfel et d Bìra ont, comme pluriels, respectivement d Äpfel et d Bìra. En d’autres termes, les noms ne changent pas et seul l’article du premier est modifié, puisque le second est un féminin. Dans le titre, ils se trouvent avec l’article zéro, donc au pluriel indéfini (voir leçon 7, N.3).

 

Lüega (regarder) est un très vieux verbe depuis longtemps disparu de l’allemand, mais conservé par l’alémanique. Il est à l’impératif (voir leçon 15, note 4).

 

S Obst désigne les fruits dans leur ensemble. Mais contrairement au français, c’est un singulier à sens collectif. De même s Gmias (les légumes). Ces mots n’ont pas de pluriel et s’emploient sans article au sens partitif, comme des noms de matières (voir leçon 3, note 1).

 

Les adjectifs natt (joli) et scheen (beau) s’emploient adverbialement devant des couleurs pour préciser que celles-ci sont agréables à l’œil. En réalité, ils intensifient la valeur de l’adjectif, ce qui peut conduire à l’ironie.

Ainsi, on dira à quelqu’un qui se laisse faire par d’autres : Bìsch scheen dumm! ([Tu] es bien (joliment) bête !).

 

A part scheen (beau), épithète se rapportant aux deux noms qui suivent, tous les autres adjectifs qui suivent sont ici attributs des sujets respectifs, donc invariables en alsacien : gaal (jaune), grian (vert), güet (bon), härt (dur), natt (joli), rot (rouge), sàftig (juteux), siaß (sucré) et zittig (mûr), qui vient de d Zitt (le temps au sens chronologique, l’heure qu’il est).

 

Le mot hàlt, tel qu’il est employé ici, n’est pas vraiment traduisible en français. Il introduit une nuance de résignation dans l’explication d’un phénomène. (C’est que…) On peut songer à « Que voulez-vous ! » placé avant ou après « elles ne sont pas encore mûres ».

 

Si elle s’était exprimée en français régional d’Alsace, cette commerçante eût dit « si j’ose demander », employant le verbe « oser » au sens particulier de « avoir le droit ou la permission de ». Car c’est cela que signifie le verbe därfa, qui n’a pas de verbe simple équivalent en français. D’où l’emploi fréquent de « oser », verbe simple à signification vaguement voisine, dans ce sens typiquement régional et fréquemment adopté par de purs francophones.

 

Mìr m’r signifie ici « me » au sens de « à moi » (qui se dirait mìr, parce qu’accentué). C’est ce qu’on appelle le « datif » de ìch. A la prochaine leçon, nous rencontrerons d’r (à toi, alias dìr en cas d’accentuation), datif de , à ne pas confondre avec l’article défini masculin singulier dr (voir leçon 23, phrase 3 et note 3).

 

Après wenn, on a souvent des pronoms sujets atones, comme ‘s , ici, et i à la phrase précédente. Nous mettons un trait d’union entre wenn et le pronom personnel atone, car l’ensemble se prononce comme un seul mot.

 

A la leçon18, phrase 5, nous avons déjà rencontré eigentlig, et nous l’avons comparé à artscht, commenté à la note 6 de cette même leçon.

 

 

 

 

Iawung

 

S Obst ìsch dàto tiir, denn as ìsch kàlt dussa.

D Äpfel un d Bìra sìn schu scheen.

Àwer d Bànàna sìn nìt aso natt.

Sa sìn hàlt nonìt gànz zittig.

Waga dam sìn-sa noch grian.

Wìtt aui a Bìtzi Obst oder Gmias?

 

 

Corrigé

 

Les fruits sont chers en ce moment, car il fait froid dehors.

Les pommes et les poires sont déjà belles.

Mais les bananes ne sont pas tellement jolies.

C'est qu'elles ne sont pas encore tout à fait mûres.

C’est pour cela qu'elles sont encore vertes.

Veux-tu aussi un peu [de] fruits ou [de] légumes ?

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Le vélo est bon pour la santé.

. Vèlo ìsch .... … d Gsundheit.

 

Mais un vélo est également cher.

.... . Vèlo ìsch aui ....

 

Et une auto est encore plus chère.

A .... ìsch .... tiirer.

 

Et elle (c') est également dangereuse.

... as ìsch aui …….

 

Je n'aime pas faire du sport.

Ìch .... nìt ….. Sport.

 

Je préfère faire la grasse matinée.

…. schlof liawer …..

 

 

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Corrigé

S – güet fer    Àwer a – tiir    Auto - noch   Un – gfahrlig    triib – garn    Ìch - üs

 

 

 

 

Drèiazwànzigschta (23.) Stund

 

Wàs leg i morna àà?

1 - Morna ìsch Mantig; as ìsch wìder Schüela.

2 – Ja, ja, àwer wàs lèg i monna morga àà?

3 - Ìch rìscht dìr dina Sàcha schu fer morna: d Unterhosa un s Finettla, ③④

4   a Hem un a Pààr Schaussettla, un s Nàstüech nìt vergassa!

5   Un d Hosa, dr Kìttel un a Püllover.

6 - Meinsch, brüüch i a Püllover?

7   As ìsch hìnecht nonìt aso kàlt dussa.

8 - Awer dàs gsahn mìr morna schu.

9   Get' Nàcht, Büe, schlof jetza güet!

10 - Dü aui, Màmi, get‘Nàcht!

 

 

Qu'est-ce que je mets (que mets-je) demain ?

1 — Demain sera (est) lundi ; il y aura de nouveau classe (c'est de-nouveau école).

2 — Bien, bien (oui, oui), mais qu'est-ce que je mets (que mets-je) demain matin ?

3 - Je te prépare[rai] tes ‘choses’ (déjà) pour demain, [n’aie crainte] : le slip et le maillot de corps (maillot-de-corps),

4   une chemise et une paire [de] chaussettes, et [sans oublier] le mouchoir (pas oublier).

5  Et le pantalon, la veste et un pull-over.

6 — Tu crois [que] j'ai (ai-je) besoin [d’] un pull-over ?

7   Ce soir, il ne fait (il est ce soir) pas encore tellement froid dehors.

8 — Mais cela, nous [le] verrons [bien] demain (déjà).

9  Bonne nuit, [mon] garçon, dors bien maintenant !

10 - Toi aussi, Maman, bonne nuit !

 

 

 

 

Notes

 

Le verbe à-lega est un de ces verbes composés dont le préfixe se retrouve volontiers détaché en fin de phrase (souvenez-vous de üs-schlofa, leçon 15, note 6). Ce verbe signifie « habiller » lorsque son complément est une personne, y compris soi-même (emploi réfléchi) et « mettre » quand le complément est un vêtement. D Màma légt s Bubbala àà (La maman habille le bébé) ; Dr Josef légt dr Kìttel àà (Joseph met la veste).

 

Cette leçon comporte plusieurs formes contractées, donc déformées à la longue, et fonctionnant comme des adverbes de temps. Nous connaissions déjà nonìt (pas encore), issu de noch nìt (voir leçon 10, phrase 6). Monemorge vient de morne z’Morge (demain (au) matin). De même hìnecht (phrase 7) est la contraction de hìtta z Nàcht (aujourd’hui à (la) nuit, ce soir). Enfin, güeta Nàcht (bonne nuit) est devenu get’Nàcht (phrases 9 et 10).

 

Voici dìr, datif du pronom personnel et signifiant « te » au sens de « à toi » (voir mìr, leçon 22, note 8).

 

A la leçon22, phrase 2, schu (déjà) était employé dans son sens temporel concret. Mais dès la phrase 9 de la même leçon, de même que dans celle-ci, phrases 3 et 8, schu prend un sens « modal » difficile à rendre en français. Disons qu’il sert surtout à rassurer, à donner confiance (Nous verrons bien, ne t’inquiète pas !).

 

S Nàstüech nìt vergassa (le mouchoir ne pas oublier !) est une expression à retenir, car elle peut être utile. Son sens est celui d’un conseil, donc d’un impératif, mais la forme du verbe est à l’infinitif, comme dans les recettes de cuisine françaises. Or l’infinitif se place toujours à la fin, en alsacien.

 

A la leçon 4, la boulangère dit à se jeune cliente Ìch glàuib, dü schlacksch garn! (je crois [que] tu …). Ici, nous avons une tournure similaire, mais avec une question Meinsch, brüüch-i a Püllover? (Penses[-tu] [que] j’ai (ai-je) besoin d’un pull ?). Nous pourrions avoir, de même, Meinsch, ìsch’s kàlt dussa? (Tu penses [qu’] il fait (fait-il) froid dehors ?) ou Meinsch, ìsch dr Äpfel zittig? (Tu penses [que] la pomme est (est la pomme) mûre ?). Essayez d’en fabriquer d’autres !

 

 

 

Iawung

 

Àm Mantig un àm Zischtig ìsch Schüela.

Àwer àm Mìttwuch ìsch kè Schüela.

Àm Dunschtig un àm Frittig schàffa mìr wìder.

Àm Sàmschtig un àm Sunntig schlofa mìr üs.

Ìch leg d Hosa un dr Kìttel àà.

Ja, brüüchsch dü kè Püllover?

 

 

Corrigé

 

Lundi et mardi, il y a classe.

Mais mercredi, il n’y a pas classe.

Jeudi et vendredi, nous travaillons de nouveau.

Samedi et dimanche, nous faisons la grasse matinée.

Je mets le pantalon et la veste.

Mais, [n’] as-tu pas besoin d'un pull ?

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Monter dans les Vosges est difficile.

D ...... uffafàhra ... schwar.

 

Descendre des Vosges est dangereux.

. Vogesa àwafàhra ìsch ........ .

 

Préfères-tu rouler le matin ou le soir ?

Fàhrsch dü ...... z Morga oder . ....?

 

Je n'aime pas rouler la nuit.

Ìch .... nìt .... z Nàcht.

 

Le Rhin vient jusqu'à Bâle

.. Rhii kummt ... .. Bàsel.

 

L'Alsace se trouve à gauche, le Pays de Bade à droite.

. …… légt .....,Bàda .......

 

 

 

Corrigé

Vogesa - ìsch     D – gfahrlig    liawer – z Owa     fàhr – garn    Dr – bis uf    S Elsàss – lìnks - rachts

 

 

 

 

 

Viarazwànzigschta (24.) Stund

 

Sürkrütt un Spack

1 - Dü, wàs kocha mìr àm Sunntig?

2 - Han mìr ebba àm Sunntig schu wìder Visita?

3 - Ѐ jo ammel, dr Unkel Frànz un d Tànta Schüliett kumma.

4 - Ìch glàuib, sa assa garn Sürkrütt.

5 - Un wàs màcha mìr derzüe? (N.3)

6 - Ѐ, wia gwehnlig, a Schiifala oder a Stìckla Hochrìcka.

7 - Un Spack un Groschawìrschtla.

8 - Schints sìn Làndjager aui nìt ìwel ìm Sürkrütt.

9 - Vergìss d gschwellta Hardäpfel nìt, denn dia éss i àm liabschta!

 

 

[De la] choucroute au (et) lard

1 - [Dis-moi] (toi), que ferons-nous (cuisons-nous) [à manger] dimanche ?

2 — Avons-nous “donc” encore (déjà de-nouveau) [de la] visite dimanche ?

3 - Mais bien-sûr, l'oncle François et la tante Juliette viendront (viennent).

4 - Je crois [qu’] ils aiment manger (mangent volontiers) [de la] choucroute.

5 - Et comme garniture (et que faisons-nous avec-cela) ?

6 — Ben, comme d'habitude, une palette ou un morceau [de] collet (haut-[de]-dos).

7 — Et [du] lard et [des] saucisses viennoises.

8 — Il paraît [que des] gendarmes [ne] sont (aussi) pas mal [non plus] dans [la] choucroute.

9 – N'oublie pas les pommes de terre en rode des champs, car [ce sont] elles [que] je préfère.

 

 

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Notes

 

Le premier mot vient de sür (aigre, sur) et Krütt (chou blanc). C’est une conserve au sel (en saumure), effectivement acide. Le terme français est dû à une traduction à contre-sens, puisque sür fut compris comme « chou » et que Krütt a été confondu avec « croûte ». Il en résulte quelque chose comme « chouchou », ce que ce plat est réellement pour beaucoup d’Alsaciens.

 

Le verbe kocha a deux sens selon que le sujet grammatical désigne un liquide ou une personne :

a) bouillir, S Wàsser kocht (L’eau bout)

b) faire la cuisine. D Màma kocht (Maman cuisine).

 

Voici encore un de ces petits mots très subtils dits « appréciatifs », car ebba sert à signaler que celui qui pose la question ne serait guère satisfait d’une réponse positive (Tu ne vas pas me dire que…). Les deux adverbes de temps, apparemment anodins pourtant, en rajoutent encore en matière de mécontentement : schu wìder (déjà de nouveau, autant s’écrier : encore !).

 

L’adverbe démonstratif derzüe (avec cela) pose la question de la garniture, puisqu’on parle souvent de “choucroute garnie”, ce légume étant littéralement placé au centre, contrairement à l'usage français, qui organisent l'assiette autour de la viande. La garniture peut être de viande (cochonnaille, mais aussi casher) ou de poisson (filet de saumon et autres). (Voir d'autres adverbes démonstratifs du même type aux leçons 17, note 6, et 20, note 6).

 

Dr Wurscht (saucisse, charcuterie) a, pour diminutif, s Wìrschtla. Il y a fort longtemps, son prix unitaire était de un Groscha, ancienne monnaie d'argent, d'où s Groschawìrschtla (petite saucisse coûtant un grosche, c'est à dire une saucisse viennoise). De façon analogue, le petit pain à l’eau fut appelé s Süweckla (sou, monnaie française correspondant à cinq centimes). Les temps ont changé, les prix aussi. A quand les Eurowìrschtla et Euroweckla ? Le nom en serait au moins à la hauteur du coût.

 

Le verbe schiina signifie

a) briller, émettre de la lumière

ou b) sembler. Fréquent, l’emploi impersonnel As schiint àss (il semble que) a donné naissance à l’adverbe schiints (à ce qu’il paraît, à ce qu’on dit). (Voir aussi wohrschints, leçon 29).

 

Le verbe schwälla et son composé àb-schwälla s'emploie pour désigner la cuisson à l'eau d'un légume entier (pocher). Pour la pomme de terre, c'est avec la peau. D'où nos fameux Gschwällta (pomme de terre en robe des champs), mot souvent employé sans même préciser Hardäpfel (ou Grumbere, en bas-rhinois).

 

Nous connaissons déjà l’adverbe garn (volontiers et son comparatif irrégulier liawer (plus volontiers) (voir leçon 6, note 3 et leçon 11, note 4). Rappelez-vous Ìch fàhr garn (Je roule volontiers = J’aime rouler) et Dü làuifsch liawer (Tu marches plus volontiers = Tu préfères marcher). Voici le superlatif, tout aussi irrégulier, du même adverbe : àm liabschta (le plus volontiers) : Ar ìsst àm liabschta Hardäpfel (Il mange le plus volontiers [des] pommes de terre = Il les préfère à tout le reste). Dans le même registre, mais moins terre à terre, d Liabschta (la préférée [d'entre toutes] = la “fiancée”) et dr Liabschter (Le préféré [d'entre tous] = le “fiancé”). Bel exemple de tendresse alsacienne ! Oder ebba nìt? (ou “des fois” pas ? = vous n'allez pas me dire le contraire !)

 

 

 

Iawung

 

Ìsch dü garn Sürkrütt?

Jà, ìch hàn garn Sürkrütt.

Àwer ìch ìss nìt aso garn Fleisch.

Mìr han aui liawer Gmias às Fleisch.

Un was trìnka Sìe garn?

Àm liabschta trìnka mìr Wàsser.

 

Corrigé

Aimes-tu manger [de la] choucroute ?

Oui, j'aime [bien la] choucroute

Mais je n'aime pas tellement manger [de la] viande.

Nous préférons aussi [les] légumes] à [la] viande

Et qu’aimez-vous boire ?

De préférence, nous buvons de l’eau.

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Les pommes sont très mûres.

D Äpfel ... sehr ..... .

 

Mais les poires sont encore vertes.

…. D Bìra sìn .... grian.

 

Les bananes ne sont pas jaunes.

D ...... sìn nìt .... .

 

Les citrons sont trop acides,

. Zitrona sìn .....

 

Nous aimons tous manger des fruits.

... assa àlla .... Obst.

 

Car les fruits sont bons pour la santé.

Denn . …. ìsch ….

 

 

Corrigé

sìn - zittig     Àwer – noch     Bànàna – gaal    D – z süür     Mìr – garn    s Obst - gsund

 

 

 

Fìmfazwànzigschta (25.) Stund

 

A Johr geht schnall uma!

1 - Wia schnall vergeht doch d Zitt!

2 - Ѐ jo, a Johr hàt hàlt numma zwälf Monet. ③④

3 - Ìm Janner, ìm Février un ìm März ìsch’s meischtens kàlt.

4 - Ìm Àvrìl un ìm Mai wìrd’s a bìtzi wärmer.

5 - Ìm Juni, ìm Juli un ìm Àuigscht ìsch a Hìtz.

6 - Ìm Septamber un ìm Oktower wìrd’s andlig ààgnahm.

7 - Un schu ìsch dr Novamber do mìt Àllerheiliga un Àllerseela.

8 - Un dr Dezamber mìt dr Wiahnachta un wìder dr Janner mìtem Nèijohr.

9 - Aso vergehn dr Wìnter, s Friahjohr, dr Summer un s Spotjohr.

10 - Un mìr wara àlla zwälf Monet a Johr älter!

 

 

 

Une année passe vite (va vite autour) !

1— Que le temps passe vite (Comment vite passe donc Le temps) !

2-— Ben oui, une année n’a malheureusement que douze mois.

3 — En janvier, en février et en mars, il fait le plus. Souvent froid (est il le-plus-souvent).

4 — En avril et en mai, il fait (devient-il) un peu plus chaud.

5 — En juin, en juillet et en août, il fait très chaud (est une chaleur).

6 — En septembre et en octobre, [le temps] devient(-ce) enfin agréable.

7 — Et déjà [on est en] novembre (est ici) avec [la] Toussaint et [le] jour-des-morts.

8 — Et (le) décembre avec (le) Noël et de nouveau janvier avec le Nouvel An.

9 — Ainsi passent (fondent) l'hiver, le printemps, l'été et l'automne.

10 — Et nous, [nous] devenons, tous les douze mois, plus vieux d’un an (un an plus vieux).

 

 

 

Notes

 

Récemment, nous avons rencontré les verbes composés uffafàhra (monter en roulant) et àwafàhra (descendre en roulant). Les deux préfixes uffa et àwa expriment nettement des directions (voir leçon 19, note 8, et leçon 21, note 5). Il en est un autre du même type, c’est uma (en tournant) (voir leçon 20, phrase 2). A ce sens directionnel, donc concret, s'en ajoute un autre, plus abstrait, car temporel (en passant). D’où le verbe composé umageh (passer). En bas-rhinois, on dirait herumgehn.

 

Dans « comme l'année passe vite ! », il est évident que « comme » porte sur « vite », bien que les deux mots soient éloignés. En alsacien, ils sont côte à côte et en tête d'exclamation Wia schnall… ! Autre exemple Wia scheen bìsch dü! (“Que tu es belle”, ou “beau” à la rigueur, car le genre n'est pas indiqué, l’adjectif attribut ne s'accordent ni en genre ni en nombre avec son sujet [voir leçon 22, note 5]).

 

Nous connaissons déjà ce hàlt exprimant un regret résigné (Que voulez-vous, malheureusement ; voir leçon 22, note 6).

 

Après une indication de nombre ou de quantité, il arrive que certains noms ne se mettent pas au pluriel, ici zwälf Monet (douze mois) et, plus loin, phrase 10, àlla Johr (tous [les] ans). Pourtant, les pluriels Moneta et Johra existent par ailleurs. Autre exemple typique, uniquement pour un groupe militaire ou professionnel : zeh Mànn (dix hommes), alors que le pluriel Manner existe, lui aussi. Ceux qui ont introduit cette particularité ont dû penser que le nombre se suffisait à lui-même pour expliquer la pluralité.

 

Les noms de mois sont masculins et toujours précédés de l'article défini, comme vous pouvez le constater aux phrases 7 et 8. Pour dire « en », au sens un peu abstrait, car temporel, on utilise ìm (dans le) ; car ìm résulte de la contraction de la préposition ìn (dans, en) et du datif de l'article dr, dont il ne reste que ‘m, d’où ìm. Il en va de même des saisons, même si deux d’entre elles sont des noms neutres, car le datif de l'article définit neutre s est également ‘m. D’où ìm Wìnter, ìm Friahjohr, etc. (voir phrase 9).

 

L’adjectif wärmer est Le comparatif de wàrm (chaud). Il est formé par changement de a en ä (métaphonie) et du suffixe -er. Le phénomène n'est pas sans rappeler certains pluriels (voir s Ràdd Reeder, leçon 5, note 4).

 

Tout au long de ce texte, vous remarquerez que les compléments de temps précèdent souvent le verbe. Ces groupes compléments peuvent être de longues énumérations, comme aux phrases 3, 4, 5 et 6, tout en ne formant qu’un seul « élément » de la phrase, alors que l'on peut aussi avoir un tout petit adverbe, comme la phrase 7 avec schu (car les conjonctions un, àwer, etc., ne comptent pas comme des éléments, voir leçon 16, note 3). A chaque fois, le verbe est bien « en deuxième position ».

 

Le pronom personnel mìr de la 1re personne du pluriel est ici accentué pour raison d'insistance. C'est pourquoi nous le rendons par « nous, nous … », comme nous aurions « moi, je … » au singulier. (voir leçon 14, note 2)

 

 

 

 

Iawung

 

D Zitt vergeht schnall.

Zwälf Monet sìn a Johr.

Ìm Wìnter ìsch’s kàlt.

Ìm Frieijohr ìsch’s ààgnahm.

Ìm Summer ìsch a Hìtz!

Àwer ìm Spotjohr nìt aso.

 

Corrigé

Le temps passe vite.

Douze mois forment (sont) une année.

En hiver, il fait froid.

Au printemps [le temps] (c’) est agréable.

En été, il fait une chaleur !

Mais en automne, pas tellement.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Nous avons classe tous les jours.

Mìr ... àlla Tàg .......

 

Mais pas mercredi.

…. àm .... ... nìt.

 

[Ni] (et pas) dimanche non plus.

Un .. Sunntig aui ....

 

Je mets ma veste demain.

… lég morna .. Kìttel .. .

 

[Fait] (est)-il froid dehors ?

...’s kàlt ..... ?

 

Car je n'ai pas de mouchoir.

Denn ìch ... kè ........ .

 

 

Corrigé

han - Schüela     Àwer – Mìttwuch    àm – nìt    Ìch – mi – àà    Ìsch – dussa   hàn - Nàstüech

 

 

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Sechsazwànzigschta (26.) Stund

 

Dr Hàns ìm Schnokaloch

1  Nìt witt vu Stroßburg steht a Wìrtschàft: dr Wìrt heißt Hàns.

2  Dernawa gìtt’s a Loch mìt viìel Wàsser drìnna un vìel Schnoka drum uma.

3  Waga dam ìsch dr Hàns fer àlla « Dr Hàns ìm Schnokaloch ».

4  Dr Hàns ìsch àwer nia zfrìeda: As ìsch hàlt a Elsasser.

5  Un waga dam sìnga àlla Litt schu Johralàng:

6  « Dr Hàns ìm Schnokaloch hàt àlles, wàs’r wìll.

7  « Wàs’r hàt, dàs wìll’r nìt.

8  « Un wàs’r wìll, dàs hàt’r nìt.

9  « Dr Hàns ìm Schnokaloch hàt àlles, wàs’r wìll. »

10 - Dàs ìsch a sehr bekànnt Elsasser Volksliad.

 

 

(Le) Jean du Schnokeloch (dans le trou-aux-moustiques)

1 Non loin de Strasbourg, il y a (est debout) une auberge : l’aubergiste s'appelle Jean.

2 À côté, il y a (ça donne) un trou avec beaucoup [d'] eau (dedans) et beaucoup de moustiques (autour).

3 C'est pourquoi (le) Jean est pour tous “(le) Jean du trou aux moustiques”.

4 Mais (le) Jean [n’] est jamais satisfait ; c’est un Alsacien, que voulez-vous.

S Et c'est pourquoi tout le monde chante (chantent tous les gens), déjà depuis des années (déjà pendant-des-années) :

6 "(Le) Jean du trou aux moustiques, [il] a tout [ce] qu'il veut.

7 Ce qu'il a, [cela] il [ne le] veut pas.

8 Et ce qu'il veut, [cela] il [ne l’] a pas.

9 “(Le) Jean du trou aux moustiques, [il] a tout [ce] qu’il veut.”

10 C’est [là] une chanson populaire alsacienne bien connue (un très connu alsacien peuple-chant).

 

 

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Notes

 

Nous avons ici un emploi vraiment spatial, donc plus concret, de ìm décrit à la leçon précédente (voir leçon 25, note 5).

 

En traduisant steht par « il y a », nous y perdons la dimension verticale, car steh signifie « être debout ». On l’utilise pour situer tout être ou objet vertical, maisons, arbres, etc. (Sur l'emploi analogue de l'horizontal lega, voir leçon 20, note 4.)

 

Voici encore des adverbes démonstratifs : dernawa (à côté de cela), drìna (là-dedans) et drum uma (tout autour de cela) ; voir leçon 24, note 4, où sont cités deux autres références, et N.3.

 

Nous avons déjà rencontré waga dam (c'est pourquoi), à la leçon 13. Il s'agit de la préposition waga (à cause de) suivi du pronom démonstratif neutre dàs, mais au datif exigé par la préposition, d’où dam. En bas-rhinois, la prononciation et plus proche de celle de l’allemand, sauf qu’un « g » entre voyelles s’y prononce y.

 

Tandis qu'en français « mais » n’apparaît qu'en début de phrase, àwer peut très bien se mettre à l'intérieur, immédiatement après le verbe.

 

Souvenez-vous du chat (féminin en alsacien) qui ne fais que « [ce] qu'il (elle) veut « : wàs-sa wìll (voir leçon 12, phrase 6 et note 5). Ici, wàs est également mis pour « [ce] que ». Il ne serait pas absurde d'écrire dàs, wàs-er wìll, en exprimant le pronom démonstratif antécédent dàs (ce). Mais la tendance est plutôt à le sous-entendre.

 

Wàs-er hàt ([ce] qu’il a) est évidemment la même construction. Mais cet ensemble est repris et représenté dans la seconde partie de la phrase par dàs (cela). Pour dire qu'il n'en veut pas : dàs wìll-er nìt (cela veut il pas = il [ne] le veut pas). Le français met donc « le », pronom personnel, à la place du pronom démonstratif alsacien dàs. Ce faisant, le français insiste moins. Il est vrai, aussi, que wàs et dàs riment entre eux et se répondent bien, à l’oreille.

 

Voici une devinette : Combien y a-t-il d’éléments grammaticaux dans cette phrase de sept mots ? Vous donnez votre langue au chat ? exactement trois ! 1) le pronom démonstratif dàs, sujet ; 2) le verbe ìsch en seconde position comme il se doit ; 3) l'attribut du sujet formé d'un groupe nominal long et complexe, avec l'article indéfini a au début et le nom composé Volksliad à la fin ; entre les deux, des précisions apportées par les adjectifs Elsasser (avec majuscule et invariable, car dérivé d'un nom propre) et bekànnt, lui-même intensifié par l'adverbe sehr. On retrouve le premier de ces adjectifs dans Elsasser Wii (du vin d’Alsace).

 

 

 

 

Iawung

 

Gìtt’s z’Milhüsa a Wìrtschàft?

Jo ammel, z'Milhüsa gìtt’s sogàr vìel Wìrtschafta.

Gìtt’s z Kolmer vìel Schnoka?

Nei, z'Kolmer gìtt-’s nìt aso vìel Schnoka.

Weiß dr Hàns eigentlig, wàs‘r wìll?

Awa, ìch glàuib, ar weiß gàr nìt, wàs’r wìll.

 

Corrigé

Y a-t-il une auberge à Mulhouse ?

Bien sûr, il y a même beaucoup d'auberges à Mulhouse.

Y a-t-il beaucoup de moustiques à Colmar ?

Non, à Colmar il n'y pas tellement (pas aussi-beaucoup) de moustiques.

Jean sait-il, au fait, ce qu'il veut ?

Nullement, je crois [qu’] il [ne] sait pas du tout ce qu'il veut.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Qui aime manger de la choucroute ?

… ìsst .... Sürkrütt?

 

Nous aimons tous manger du lard.

… assa .... garn ..... .

 

Y a-t-il (vient) [de la] visite dimanche ?

….. àm ....... Visite ?

 

Oui, l'oncle et la tante viennent.

Ja, dr ..... un d ..... kumma.

 

Aiment-ils manger [de la] palette ?

Assa .. garn ........ ?

 

Oui, et même des viennoises.

.. un ..... Groschawìrschtla.

 

 

 

Corrigé

 

Wer -garn      Mìr - àlla - Spack     Kumma - Sunntig     Unkel - Tànta    sa – Schiifala        Ja - sogàr

 

 

 

 

Sìwenazwànzigschta (27.) Stund

 

Ìsch dàs a Verkehr!

1 - Wàs ìsch los, güeta Fràui? Geht ebbis nìt?

2 - Ìch wìll ìwer d Stroß geh, àwer mìt dam Verkehr… (N.5)

3 - Ja, as kumma vìel Waga vu rachts un vu lìnks.

4 - Vèlo fàhra nìt vìel, un Autobüs aui nìt. ⑤⑥

5   Numma-n-a Hüffa Waga un Camion.

6   Sa fàhra àlla vìel z’schnall un hàlta nìt.

7   Waga dam ìsch dr Verkehr aso gfahrlig.

8 - Kummt Sa riawig mìt mìr, Màdàm.

9 - Vìelmol merci, junger Mànn, denn allei traui i nìt ìwra. ⑨⑩

 

 

Quelle (est ceci une) circulation !

1 - Que se passe-t-il, [ma] bonne dame (femme) ? Quelque chose [ne] va pas ?

2 — Je veux traverser la rue (par-dessus la rue aller), mais avec cette circulation...

3 — Oui, il vient beaucoup [de] voitures de droite et de gauche.

4 — [Des] vélos, [il n’en] roule (roulent) pas beaucoup, et [des] bus non plus (aussi pas).

5  Seulement un tas [de] voitures et [de] camions.

6  Ils roulent tous beaucoup trop vite et [ne s'] arrêtent pas.

7  C’est pourquoi la circulation est tellement dangereuse.

8 - Venez (vient-elle) tranquillement avec moi, Madame.

9 — Merci beaucoup (beaucoup-de-fois merci), jeune homme, car seule je n'ose (ose je) pas traverser (par-dessus).

 

 

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Notes

 

Nous savons déjà que la place du verbe est soumise à des règles. On le trouve en tête de phrase dans des questions et les ordres (voir leçon 14, N.3). Nous devons ajouter certaines exclamations, comme ce titre (voir aussi leçon 25, note 2, Pour une autre forme d'exclamation).

 

Pour des raisons diplomatiques, güeta Fràui (bonne femme) ne peut pas être traduit littéralement en français car cela risquerait d'être mal pris par l'intéressée.

 

C'est difficile à comprendre pour un francophone, mais, à lui tout seul, le groupe ìwer d Stroß expriment le déplacement (complément directionnel). Aussi pourrions-nous faire l'économie du verbe geh devenu superflu après wälla (vouloir) ; voir aussi la phrase 9 et la note 10 ci-dessous, qui présentent un cas similaire où nous oserons sous-entendre le verbe geh.

 

Dr Wàga (la voiture) s'emploie couramment pour désigner une automobile. Le pluriel en est d Waga donc purement métaphonique (changement de voyelle). Vers le nord de l'Alsace, à partir de Colmar, « g » entre voyelles se prononce y : wàya ; à Strasbourg-ville, c’est carrément v : Wàwa (voir leçon 26, note 4).

 

Ne confondez pas le verbe substantivé s Velofàhra (le fait de rouler à vélo, de la leçon 19, phrase 4) et Vèlo fàhra ([des] vélos roulent), en deux mots. Car ici, nous avons d'abord le nom sujet au pluriel indéfini, Vèlo ([des] vélos), puis le verbe fàhra, qui suit immédiatement. Comme pour Camion ([des] camions, phrase 5), il n'y a aucun intérêt à mettre une marque écrite de pluriel (tel que le -s muet français), puisqu'elle ne se prononcerait pas. Vèlo et Camion sans articles ne peuvent être que des pluriels indéfinis (pour cet “article zéro”, voir leçon 7, N.3).

 

Quant à aui nìt, cela signifie mot à mot « aussi pas », que l'usage français a, envers et contre toute logique, remplacé par « non plus ». De nombreux Alsaciens ont été et sont encore souvent la risée de leur compatriotes francophone pour avoir osé dire « moi aussi pas ».

 

A Hüffa (un tas) s'utilise au sens propre ou, comme ici, au sens figuré de quantité. Mais, contrairement au français, le pluriel d Hiffa ne s'emploie qu’au sens propre, concret : l'alsacien n'a pas des tas de… choses.

 

Voici un bel exemple de formes de politesse du troisième type, au féminin singulier de la 3e personne, à l'adresse des seules dames (voir leçon 21, N.4). La préposition mìt (avec) demande le datif de ìch (je, moi), donc mìr.

 

L'adjectif jung (jeune) nous est familier depuis le début : Ìch bìn jung! (Je suis jeune !) s'écrie alors Joseph (voir leçon2, phrase 2). Entre-temps, nous avons appris que l'adjectif attribut est invariable en alsacien (voir leçon 22, note 5). Quant à Annette, elle attend uf ebbis Jungs ([sur] quelque chose de jeune = un bébé). La présence de -s à la fin de Jungs est due au genre neutre imposé par ebbis, pronom neutre (voir leçon 18, phrase 4). Dans junger Mànn (jeune homme) de la présente leçon, phrase 9, l'adjectif est épithète, donc devant le nom et directement rattaché à lui. Nous touchons ici à un problème délicat de la grammaire : que faut-il mettre à la fin des adjectifs épithètes ? Disons, pour l'instant, que la dame, s'adressant au jeune homme, n'emploie pas d'article (vocatif). Or l'article masculin singulier eut été dr (le). En compensation, c'est l’adjectif épithète jung qui prend la marque -er.

 

A lui tout seul, l’adverbes de lieu ìwra (vers l'autre côté), marque la direction ; si bien que, après des verbes comme wälla (vouloir), ou trauia (oser), le verbe geh devient facultatif (voir ci-dessus, note 3).

 

 

 

 

Iawung

 

Wia ìsch dr Verkehr?

Dr Verkehr ìsch gfahrlig.

Wia fàhra d Waga?

Sa fàhra vìel z’schnall.

Geht d Fràui allei ìwer d Stroß?

Nei, sa trauit nìt allei ìwra geh.

 

 

Corrigé

Comment est la circulation ?

La circulation est dangereuse.

Comment roulent les voitures ?

Elles roulent beaucoup trop vite.

La dame traverse-t-elle la rue seule ?

Non, elle n’ose pas traverser seule.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Le temps passe vite.

D ... vergeht .......

 

Une année a douze mois.

A .... hàt ..... Monet.

 

En hiver, il fait froid.

.. Wìnter ....‘s kàlt.

 

Le printemps est agréable,

. Friahjohr ìsch ...... .

 

En été, il fait une chaleur !

Ìm ...... ìsch a .....

 

Et en automne, il fait bon.

.. Spotohr ìsch’s ....

 

 

 

 

Corrigé

Zitt – schnall     Johr – zwälf    Ìm - ìsch    S – àgnahm    Summer – Hìtz     Un ìm - güet

 

 

 

 

 

Àchtazwànzigschta (28.) Stund

 

 

 

Révisions et notes

 

 

Il se peut que certaines ou certains d'entre vous trouvent les explications grammaticales et autres un peu abstraite et ce malgré nos efforts de simplification. Il ne s'agit pas pour vous de tout apprendre par cœur. Il vous suffit de chercher à comprendre car comprendre dispense souvent d'apprendre. Par ailleurs il faut savoir que ce livre est votre seul recours. Car s'agissant de l'alsacien et contrairement à la plupart des autres langues il n'existe pas encore en librairie d'autres grammaires à laquelle vous pourriez-vous référer. Faites également un large usage du glossaire en fin de livre où sont expliqués aussi clairement que possible les termes grammaticaux

 

 

La numération (suite)

 

Dès la leçon 14 nous avons appris à compter jusqu'à 19, en nombres cardinaux et ordinaux. Il est grand temps, pour nous, de poursuivre, car nos numéros de leçons ont déjà largement dépassé la vingtaine et, par conséquent, préparé le terrain. Mais soyez sans crainte, il vous suffira d'une dizaine de mots nouveaux pour pouvoir compter à perte de vue

 

 

 

 

Les nombres cardinaux

 

Voyons d’abord les multiples de zehna(10). Ce sont :

 

Zwànzig dsvä-ndsig (20)

drissig drissig (30)

viérzig fiardsig (40)

fufzig foufdsig (50)

sachzig sacHasig (60)

séwezig séveusig (70)

àchtzig acHdsig (80)

ninzig ni-ndSig (90)

 

D'une dizaine à l'autre, les unités se place avant celle-ci «(« un – vingt » pour 21, « deux – vingt » pour 22, etc.)

En voici quelques-uns

 

ainezwanzig ainadsvä-ndsig (21)

zwäledrissig dsvayadrissig (32)

dréievierzig drèyafiardsig (43)

vierefufzig flarafoufzig (54)

fémfesachzig fe-mfasachHdsig (65)

sèchseséwezig ségsasévedsig (76)

séweneachtzis sévanaacHdsig (87)

achteninzig äcHdani-ndsig (98)

 

Vous êtes dorénavant capable de compter jusqu'à 99

Ajoutons que 100 se dit hundert et que 1 000 se dit tàuisig.

 

NB : a) Après 100 tout recommence 101 comme en français

b)      Les nombres 100 et 1000 se comptent normalement, comme des objets : drèi-hundert (300), sechs-tàuisif (6 000).

c)       Entre 1000 et 2000, on compte les centaines ainsi : elf-hundert (onez-cents), etc. jusqu’à niinzeh-hundert (dix-neuf cents).

 

Vous savez maintenant compter jusqu'à a Million que nous ne vous traduiront pas !

Ajoutons simplement que d Million a un pluriel en -a, donc zwei Milliona. Vous voulez vraiment Milliarda ?

 

Vous êtes insatiable ! Ou alors c'est pour comprendre le très gros juron Milliona Milliarda Kritza Num da Dia, qui est un peu l'équivalent de celui qu'affectionne tant le Capitaine Haddock dans Tintin de Hergé. Oubliez-le vite ! Pas Tintin, le juron alsacien.

 

 

 

Les nombres ordinaux

 

À partir de vingt, l'ordinal se forment invariablement en ajoutant -schta au nombre cardinal correspondant :

fémfezwanzigschta, hundertschta (sauf hundertérschta, hundertzweite, hundertdrìtte, etc., où recommence, à chaque fois, le compte de 1 à 19 ; voir leçon 14, N.1).

 

 

 

 

Le datif

 

Les pronoms et les articles peuvent prendre des formes différentes selon leur fonction grammaticale dans la phrase.

Ainsi le sujet d'un verbe est au nominatif, forme de base telle que nous l'avons vue jusqu'à présent.

Le complément d'objet dit « direct » est à l'accusatif, rarement différent du premier.

Enfin, les compléments dits « d'attribution » (à moi à toi à elle à quelqu'un etc) se mettent au datif. Jusqu'ici nous en avons rencontré peu : les deux pronoms personnels mr (et mìr, tonique) et dr (et dìr, tonique), respectivement dans Gìtt Sa mìr… (donnez-moi), leçon 22, et Ìch rìscht dìr… (je te prépare), leçon 23.

Mais le datif peut aussi être exigé par une préposition qui précède le pronom ou l'article. C’est le cas dans mìt mìr (avec moi), leçon 27, et dans waga dam (à cause de cela, c'est pourquoi), où nous avons un pronom démonstratif au datif (leçon 13, 26, 27). Enfin le datif est présent sous forme de -m dans les prépositions contractés àm (leçon 16, note 4) et ìm (leçon 25, note 5).

 

 

 

 

Les adverbes démonstratifs

 

Certains articles tiennent à la fois de la préposition et du pronom.

Ils servent souvent à situer un événement dans l'espace ou dans le temps. Ils commencent tous par d- (vestiges du prénom démonstratif), suivi de la proposition, accentuée et aisément reconnaissable. Dans drìna, par exemple avec d- et ìn.

Voici ceux que nous avons rencontré jusqu'à présent :

Dràà (à cela), dermìt (avec cela), dernoh (après cela, ensuite), drìwer (là au-dessus), drunter (là-dessous), leçon 17, note 6 : drìna (là-dedans), druf (là-dessus), leçon 20, note 6 ; derzüe (avec cela), leçon 24, note 4 ; enfin dernawa (à côté de cela) et drum uma (là autour), leçon 26, note 3.

 

 

 

 

Les verbes „stéh“ et „lége »

 

Le français situe volontiers un objet à l'aide de localisation locution verbale très générale comme « il y a » ou « se trouve ».

Combien de fois ne nous a-t-on pas demandé d'utiliser un verbe moins banal et plus évocateur dans nos rédactions !

Or l'alsacien aime bien exprimer le type de position, vertical (leçon 26, note 2) ou horizontal (leçon 20, note 4). La distinction s'applique naturellement aux animaux et aux humains, qui, en outre, peuvent aussi sìtza (être assis) et dans certains cas extrêmes évoquées par François Villon dans sa célèbre Ballade, hangga (être (sus)pendu).

 

 

 

 

L’infinitif

 

Quand un verbe et simplement cité avant même d'être intégré dans une phrase on le met à l'infinitif en alsacien comme en français. Mais dès que l'on y ajoute un complément on observe un curieux phénomène. Regardez :

A Glàs Wàsser trìnka (boire un verre d'eau).

Nous constatons que l'infinitif est au début en français, et à la fin en alsacien.  Et cela quelle que soit la longueur des compléments :

Am Sunntig Sürkrütt unSpack kocha (mijoter de la choucroute au lard dimanche.

 

L’ordre des éléments est même rigoureusement inverse

Nous concluons donc que, en alsacien, le verbe à l'infinitif tend vers la fin de la phrase.

Nous trouvons l'application de cette règle avec wälla (vouloir), därfa (avoir le droit de) ou traia (oser).

Nous l'avons dans Ìch wìll ìwer d Stroß geh ; en français nous commençons aussi par « Je veux » mais nous poursuivons par « traverser la rue », tandis que l'alsacien poursuit par ìwer d Stroß geh, mettant le verbe à l'infinitif à la fin. De la même manière nous aurions Därf i ebbis froga ? (littéralement « Puis-je quelque chose vous demander ? » pour « demander quelque chose »). NB : Ne vous laissez pas troubler par la leçon 22 : wenn i froga därf ; car il s'agit là d'une proposition subordonnée conditionnelle introduite par wenn (si) et dans de telles subordonnées, le verbe « à mode personnel » (därf) n'est pas en seconde position, mais tout à la fin, ici même après l'infinitif (froga). Nous reviendrons largement sur ce phénomène moins complexe qu'il n'y paraît

 

 

 

A Elsasser Volkslied (une chanson populaire alsacienne)

 

Dàs Elsàss, unser Landel,              - Cette Alsace, notre petit pays,

Dàs ìsch so wunderscheen.         - Elle est si merveilleusement belle.

Mr hewa’s fescht àm Bandel      - Nous la tenons fort par le « ruban »

Un leen’s bigott nìmm geh.         - Et ne la lâchons plus, parbleu.

Juch he!                                              - Youpi !

Un leen’s bigott nìmm geh!» - Et ne la lâchons plus, parbleu.

 

 

 

 

 

Niinazwànzigschta (29.) Stund

 

Dr Dokter kummt ìns Hüss

1 - As schallt dussa, ‘s ìsch sìcher dr Dokter, blibb numma do, ìch màch schu uf. ②③

2   Buschur, Herr Dokter, dàs ìsch natt, àss Sìe aso gschnall kumma.

3 - Buschur, Màdàm Fuchs, wàs ìsch los, wu fahlt’s eigentlig?

4 - Jo, Herr Dokter, Kopfweh un Hàlsweh, wohrschins a Gripp.

5 - Dàs ìsch nìt schlìmm: ìch verschrib Ìhra ebbis.

6   Sìtzt Sa do àna, uf dr Stüehl, màcht Sa s Müül groß uff, un sait Sa « aaa »!

7 - Aaa! Ja hàlta Sa, wàrta Sa, Herr Dokter: ìch bìn nìt krànk, àwer mina Tochter.

8 - Àh so ? Deschto besser fer Sie, Màdàme Fuchs.

9   Un Sìe, Màmsell Odile, ziagt Sìe sìch àb, wenn’s bliabt.

10 - Nei, Herr Dokter, ‘s pressiart nìt, ìch kumm naachschtens ìn d Sprachstund.

 

 

 

Le médecin vient à domicile (dans la maison)

1- On (ça) sonne dehors, c'est sûrement le médecin ; reste (seulement) ici, je me charge d'ouvrir (je fais déjà ouvert).

2   Bonjour, docteur, c’est gentil (joli) de venir aussi vite (que vous aussi vite venez).

3 - Bonjour, Madame Fuchs, que se passe-t-il, qu'est-ce qui ne va pas, au fait (où manque ce) ?

4 - Ben, docteur, [des] maux de tête et [des] maux de gorge (cou-mal), probablement une grippe.

5 — Ce [n’] est pas grave : je vous prescris quelque chose.

6  Asseyez-vous ici, sur la chaise, ouvrez la bouche [toute] grande (la bouche grande ouverte) et dites “aaa”.

7 — Aaa ! Mais arrêtez, attendez, docteur : moi [, je ne] suis pas malade, mais ma fille.

8 — Ah bon ? Tant mieux pour vous, Madame Fuchs.

9  Et vous, Mademoiselle Odile, déshabillez-vous, s’il (vous) plaît.

10 — Non, Docteur, ça ne presse pas, je viendrai prochainement en (dans la) consultation.

 

 

Notes

 

La préposition ìn nous est connue par sa forme contractée ìm : ìm Janner (en janvier, voir leçon 25, note 5) Et aussi par l'adverbe démonstratif drìnna (voir leçon 20, note 6 et leçon 28, note 3). Ici, ìn entraine un accusatif, pareil au nominatif, s Hüss, car il y a idée de déplacement, puisque le médecin y vient. S'il y était déjà on dirait Dr Dokter ìsch ìm Hüss (Le médecin est dans la maison). Dr Hüssdokter (maison -médecin = médecin de famille) est ainsi nommé parce qu'il vient parfois à la maison, mais surtout parce qu'il s'occupe de toute la maisonnée.

 

Nous connaissons uf dans l'expression bis uf (jusqu'à, leçon 20, phrase 1 et 6). La préposition uf, qui signifie le plus souvent « sur », se retrouve aussi dans druf (dessus, leçon 20, phrase 8) et dans uffa (Vers le haut, vers l'amont). Mais uf peut aussi vouloir dire « ouvert », comme ici. Le verbe uf-màcha (ouvert-faire = ouvrir), du type de üs-schlofa, voit ses éléments séparés, uf se trouvant à la fin, comme il se doit.

 

Schu (déjà) n’a point, ici, son sens premier temporel, mais un sens modal rassurant, proche de « je m’en occupe ». En Alsace, il n'est pas rare d'entendre de purs francophones dire « Nous verrons déjà » pour le tout aussi rassurant (ou menaçant) « Nous verrons bien ». Car, dans chaque coin de France, la langue nationale possède des particularités induites par la langue régionale, elle-même souvent disparue.

 

Le petit mot àss (que) Introduit une proposition subordonnée, dont le verbe, kumma, est à la fin. Toute cette proposition sert à expliciter dàs (c’), c'est à dire « ce qui est gentil ».

 

Wu fahlt’s? est la question type sur une santé déficiente, mot à mot « Où ça manque ? » ; ce tour idiomatique n'est transposable en français que par « Qu'est ce qui ne va pas ? », tout aussi courant, et tout aussi étrange pour un étranger.

 

Avez-vous remarqué que les deux personnages n'utilisent pas la même forme de politesse ? Elle, s'adressant à un homme et, qui plus est, un notable, utilise notre « type 2 », la 3e personne du pluriel (à l’allemande). Lui emploie notre « type 3 » (à l’italienne), puisqu'il s'adresse à une femme (voir leçon 21, note 4). Ìhra (à elle, à vous), car il lui prescrit des choses à elle. Ìhra est l’équivalent de mìr/mr (à moi, leçon 22, note 8) et de dìr / dr (à toi, leçon 23, note 3). NB : Les formes de politesse commencent par une majuscule.

 

Le verbe àna-sìtza ([s’]asseoir) exprime un mouvement du corps vers la chaise. Aussi la proposition uf (sur) est-elle ici suivi de l'accusatif : uf dr Stüehl (voir note 1, ci-dessus). Sans mouvement, nous aurions uf’m Stüehl avec un datif marquant l’état.

 

Ne confondez pas àna-lìega ([se] coucher, voir note7 ci-dessus), avec àà-lega (mettre, habiller, voir leçon 23, note 1). Le contraire de ce dernier est àb-ziaga (ôter un vêtement, déshabiller quelqu’un). Exemples : Dr Josef ziagt dr Kìttel àb (Joseph ôte la veste) ; D Màma ziagt s Bubbala àb (La maman déshabille le bébé).

 

 

 

 

Iawung

 

Wàs hàt d Mamsèll Fuchs?

Sa hàt Kopfweh un Hàlsweh.

Hàt-sa aui Fiewer?

Ja, sa hàt wohrschins a Bìtzi Fiawer.

Un ìsch d Màdàm Fuchs aui krànk?

Nei, denn sa hàt kè Weh un kè Fiawer.

 

Corrigé

Qu’a Mademoiselle Fuchs ?

Elle a mal à la tête et (mal) à la gorge.

A-t-elle également de la fièvre ?

Oui, elle a probablement un peu de fièvre.

Et Madame Fuchs, est-elle aussi malade ?

Non, car elle n'a ni maux (mal) ni fièvre.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

L' auberge se trouve à Strasbourg.

D .......... steht .. Stroßburg.

 

Jean n'est jamais content.

.. Hans ìsch ... zfrìeda.

 

II n'aime pas les moustiques.

.. hàt nìt .... Schnoka.

 

Il n'aime pas non plus l'eau.

Ar hàt ... garn ...... ,

 

Les gens chantent depuis des années.

D .... sìnga .... johralàng.

 

Ils chantent une chanson populaire.

.. sìnga a …….... .

 

 

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Corrigé

Wìrtschàft - z    Dr – nia    Ar – garn    aui nìt – Wàsser    Litt – schu   Sa - Volksliad

 

 

 

 

Drissigschta (30.) Stund

 

Ìn dr Bubitànz vor ebbena fufzig Johr

1  Ìch bìn jetza wìder viar Johr àlt, dàs heißt, vìel kleiner un aui vìel jìnger às hìtta.

2  Mina Màma fiahrt mi z’Morga nonìt ìn d großa Schüela, àwer ìn d Bubitànz.

3  Fàscht àlla Tàg: àma Mantig, àma Zischtig, àma Mìttwuch, àma Fritig un àma Sàmschtig.

4  Ìm Spotjohr, ìm Wìnter un ìm Friahjohr; numma nìt ìm Summer.

5  Vor em Schüeltor un uf em Schüelhof stehn schu vìel Litt, Eltra un Kìnder.

6  Aui großa Schweschtra un großa Briader, sogàr Großeltra.

7  D Schüelmàmsell heißt Rummelhàrdt; àwer sa reddt nichs às Frànzeesch.

8  Un mìr, Elsasser Kìnder, mìr känna numma Elsasserditsch.

9  Mìr reda wia d Màma un dr Pàpa, wia dr Unkel, d Tànta un d Großeltra.

10  D Màmsell versteht uns nìt, denn sa wìll uns nìt versteh, un sa därf uns nìt versteh.

11  Un mìr verstehn d Màmsell nìt, denn mìr känna sa nìt versteh.

12  Àwer mìr lehra mola un nahia un turna un sìnga, mìr lehra sogàr Frànzeesch.

 

 

 

À la maternelle (dans la “bébé-danse”) il y a (avant) environ cinquante ans

1  J'ai (je suis) maintenant de nouveau quatre ans (âgé), c’est-à-dire [que je suis] beaucoup plus petit et beaucoup plus jeune qu'aujourd'hui.

2  Ma maman me conduit le matin, pas encore à (dans) la grande école, mais à la maternelle.

3  Presque chaque jour : le lundi, le mardi, le mercredi, le vendredi et le samedi.

4  En automne, en hiver et au printemps ; pas (seulement pas) en été.

5  Devant le portail de l’école et dans (sur) la cour de l’école, il y a déjà beaucoup de gens, des parents et des enfants.

6  Également des grandes sœurs et des grands frères, même des grands-parents.

7  L'institutrice (école-demoiselle) s’appelle Rummelhardt mais elle ne parle (rien) que français.

8  Et nous, enfants d’Alsace (alsaciens enfants), nous ne savons (pouvons) que [l’]alsacien.

9  Nous parlons comme Maman et Papa, comme l’oncle, la tante et les grands-parents.

10  L’institutrice ne nous comprend pas, car elle ne veut pas nous comprendre, et elle n’a pas le droit de nous comprendre.

11  Et nous ne comprenons pas l’institutrice, car nous ne pouvons pas la comprendre.

12  Mais nous apprenons [à] dessiner, [à] coudre, [à] faire de la gymnastique et [à] chanter ; nous apprenons même [le] (du) français.

 

 

 

Notes

 

Ce nom est féminin : d Bubitànz ; certes, l'article dr ressemble à l'article masculin, mais ce n'est pas lui, c'est le datif de d, article défini féminin singulier : fâcheuse ressemblance ! Ce datif est commandé par la préposition ìn et l'idée « qu'on y est ». Quand « on y va », on dit Ìch gàng ìn d Bubitànz (Je vais à la maternelle, voir leçon 29, note 1). On dit aussi d Bubalaschüela (école des bébés) et, plus récemment, bien sûr : d Maternelle. Ce texte n’est autre qu’un souvenir d’enfance de l’auteur, comme il le dit à la phrase 1.

 

En alsacien, on dit Ìch bìn viar Johr àlt (Je suis quatre ans âgé) ou Ìch bìn viara (Je suis quatre). Remarquez le verbe sìì (être). Kleiner (plus petit) et jìnger (plus jeune) sont les comparatifs de klei (petit) et de jung (jeune).

 

Nous connaissons bien àm Mantig (lundi), etc., qui désigne un jour unique (voir leçon 16, note 4). Quand on veut exprimer un fait habituel, on dit à’ma Mantig (le lundi). L'alsacien ajoute l'article indéfini, le français l'article défini. C'est amusant, car totalement illogique dans les deux cas. Mais c'est ce que l'on appelle l'usage. Pour nos plus jeunes lecteurs, précisons que, jadis, les écoles étaient fermées le jeudi et non le mercredi. En revanche, elles fonctionnaient le samedi après-midi.

 

Le verbe steh (être debout), verbe indiquant un état (et non une direction), explique que les compléments de lieu qui l'accompagne comportent des prépositions suivies du datif, vor’m et ìm (voir leçon 29, notes 1 et 6).

 

Voici plusieurs noms au pluriel : Litt (des gens), Eltra (des parents) et Großeltra (des grands-parents) n’existent qu’au pluriel. Kìnder (des enfants) est le pluriel indéfini de s Kìnd (l’enfant), Briader (des frères) est celui de dr Brüeder (le frère) et Schweschtra (des sœurs) celui de s Schweschter (la sœur) (voir leçon 7, note 3).

 

Le verbe reda (parler) est irrégulier : ìch redd, da reddsch, sa/ar reddt… mais, au pluriel, mìr reda, etc. (phrase 9). Au singulier, nous avons un è bref, au pluriel un é long. Cela est dû au fait que, au pluriel, il y a une voyelle après le d. Quand une consonne se trouve seule entre deux voyelles et que la première porte l'accent principal du mot, celle-ci est très souvent longue. Bien d'autres verbes voient leur conjugaison affectée de ce phénomène (voyelle brève au singulier, longue au pluriel. À ce propos, une curiosité mérite d'être signalée. Nos anciens, qui ne manquaient pas d'humour, avait un quasi-synonyme de reda : pàrliara (parler français).

 

 

 

Iawung

 

Wer geht ìn d Schüela?

D Kìnder gehn ìn d Schüela.

Sìn d Kìnder groß un àlt?

Nei, d Kìnder sìn klei un jung.

Un wie reddt d Schüelmamsèll?

Sa reddt numma Frànzeesch.

 

 

Corrigé

Qui va à l'école ?

Les enfants vont à l’école.

Les enfants sont[-ils] grands et vieux ?

Non, les enfants sont petits et jeunes.

Et comment parle la maîtresse ?

Elle parle seulement [le] français.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Le médecin sonne-t-il dehors ?

..…. dr Dokter .....?

 

Oui, car il vient à domicile.

Ja, .... er kummt ... Hüs.

 

La dame a-t-elle mal ?

... d Màdàm ...?

 

Oui, elle a mal à la tête.

.. sa hàt ........

 

La fille est-elle aussi malade ?

Ìsch d ....... aui ..... ?

 

Oui, elle a la grippe.

Ja, .. hàt d’...... .

 

 

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Corrigé

Schallt - dussa   denn - ìns   Hàt – Weh     Ja – Kopfweh    Tochter - krànk    sa - Grippe

 

 

 

Des religieuses enseignantes : Parallèlement à s Schweschter (la sœur) (voir ci-dessus, note 5) existe aussi le féminin d Schweschter (la religieuse, la « (bonne) soeur »), d’où d Schweschterschüela (l’école des sœurs), d’enseignement catholique.

 

 

Les enfants privés de la langue de leurs grands-parents : On a souvent dénoncé un réel divorce entre l'école et la vie pratique. En Alsace, cette coupure était encore accentuée par une autre, linguistique celle-là. Pendant des décennies et jusque vers le milieu du XXe siècle, on y enseigna le français à l'école, mais la vie quotidienne, familiale et professionnelle, se passait exclusivement en alsacien, langue ancestrale largement millénaire en cette région. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, parents et grands-parents autochtones assistèrent, passif, à une lutte sans merci menée par l'Etat et l'école contre ce dialecte, langue maternelle des enfants. Beaucoup de parents abondèrent dans le même sens, en toute bonne foi, pensant ainsi favoriser l'avenir social et professionnel de leur progéniture. L'alsacien fut systématiquement dénigré et pourchassé, ses derniers défenseurs furent injustement diabolisés comme nostalgiques du nazisme. Tant et si bien que de plus en plus d'enfants finirent par devenir désespérément monolingues, donc non seulement incapables de communiquer avec leurs propres grands-parents, mais également fort handicapés pour l'apprentissage des langues étrangères, à commencer par l’allemand, mais également l'anglais.

 

 

 

 

Einadrissigschta (31.) Stund

 

Wii oder Biar?

1 - Lüeg do ìsch einer! Sàlü Scharri! Wàs màchsch denn dü do, ìn dr Stàdt?

2 - Sàlü, Güschti! Jo ìch kumm dàto fàscht àlla Tàg ìn d Stàdt.

3 - Àh ja, dü bìsch pànsionniart; dü hàsch dr Zitt fer spàziara geh.

4 - Hàsch dü-n-a Àhnung: ìch hà hìtta noch vìel meh Àrwet às vorhar.

5 - Kumm, mìr gehn mìtanànder ìn dia Wìrtschàft do, oder bìsch pressiart?

6 - Nei, mìr gehn liawer ìn salla Wìrtschàft därta.

7 - Buschur binànder! Wàs trìncksch? A Glàs Wii oder liawer a Biar?

8   Oder Vìllìcht a Gleesla, Malaga oder sunscht ebbis Siaßes?

9 - Nei merci, ìch glàuib, ìch nìmm doch liawer a Biar.

10 - Ìch hàn jetz au kè Luscht noh Wii; un ebbis Siaßes sait mìr nichs.

11 - Màmsell! Brìngt Sa uns zwei Humpa, wenn’s bliabt, un Bratzala.

 

 

Du vin ou de la bière ?

1 - Regarde qui est là (ici est un) ! Salut, Charles ! Que fais-tu donc (donc toi) ici, en ville ?

2 — Salut, Auguste ! Ben, en ce moment, je viens presque chaque jour en ville.

3 — Ah oui, tu es retraité ; tu as le temps de (pour) [te] promener (aller).

4 — Tu penses ([en] as-toi une idée) ; j'ai (aujourd’hui) encore beaucoup plus [de] travail qu'avant.

5 — Viens, (nous) allons ensemble dans ce café, [à moins que] (ou) [tu ne] sois (es) pressé.

6 — Non, (nous) allons plutôt dans [l'autre] (ce) café là-bas.

7 - Bonjour, tout le monde (ensemble) ! Que bois [-tu] ? Un verre [de] vin ou plutôt (plus volontiers) une bière ?

8  Ou peut-être un petit verre, [un] Malaga ou autre chose de doux (sucré) ?

9 — Non, merci, Je crois [que] je prendrai quand même plutôt (de préférence) une bière.

10 — Je n'ai maintenant pas non plus (aussi pas) envie de vin ; et quelque chose de doux ne me dit rien.

11 - Mademoiselle ! Apportez-nous deux demis, s’il vous plaît, et [des] bretzels.

 

 

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Notes

 

Ces deux boissons sont considérées comme des matières, ce qui explique l'absence d'article (article « zéro » à sens partitif) : « du vin » et « de la bière » (voir leçon 7, note 3).

 

Dans les méthodes de langues, on ne traduit généralement pas les prénoms, leur conservant ainsi leur zeste d'exotisme. Mais, en Alsace, les personnes ont le plus souvent des prénoms français, couramment utilisés, du moins de nos jours. Il serait artificiel d'en conserver la forme dialectale dans notre traduction française. Ce qui ne signifie pas que, dans la pratique, on ne mélange jamais les genres. Un certain Ernest, personnage très attachant, tous ses copains l'ont toujours appelé Nesti, même en français.

 

Voici bien illustrée, ici et à la ligne précédente, la différence entre « lieu où l'on est » et « lieu où l'on va ». Car la même préposition, ici ìn, demande une fois le datif : ìn dr Stàdt, l’autre fois l’accusatif : ìn d Stàdt (voir leçon 29, note 1).

 

Cette note est plus particulièrement destinée aux grammairiens avertis et autres personnes intéressées : Nous avons parlé de trois formes, ou « cas » de l’article : le nominatif, l’accusatif et le datif. Zitt étant un féminin, on pourrait penser que dans hàsch dr Zitt, nous avons un datif (comme à la leçon 30, titre et note 1). Il n’en est rien, car, dans ce qui est devenu la tournure (ou « locution ») verbale dr Zitt hàà (avoir le temps), nous avons l'une des très rares survivances d'un génitif (génitif partitif). Aussi dit-on souvent, aujourd'hui, hàsch Zitt, avec article « zéro », ce qui n'est pas incorrect, mais nous fait perdre le charme désuet de ce bel archaïsme. En négation, on emploie encore Ìch hàn nìt dr Zitt (je n'ai pas le (du) temps) plutôt que le plus maladroit et, surtout, moins savoureux Ìch hàn kè Zitt (je n'ai pas de temps).

 

Passons sur l'exclamation très idiomatique Hàsch dü-n-a Àhnung ! (littéralement : As toi un pressentiment ! pour dire : Mais tu n'en as pas la moindre idée !). Et remarquons l'emploi de meh (plus) comparatif irrégulier de viel (beaucoup), et suivi de às (que) pour introduire l'élément de comparaison : vorhar (auparavant) (voir leçon 10, note 3).

 

Dans dia Wìrtschàft do, dia (cette … ci) est adjectif démonstratif (féminin singulier) et sert à désigner une chose proche. Plus loin, salla (cette … là) un démonstratif lointain. En français, cette nuance s'exprime respectivement par « ce … ci » (comme « ici ») et « ce …  » (comme « là-bas »), puisque « café » masculin. Dans le Bas-Rhin, on a zelle comme démonstratif lointain au féminin et au pluriel, zeller au masculin. Les adverbes de lieu do (ici) et därta (là-bas) renforcent encore la distinction.

 

Quand des gens sont ensemble, on utilise binànder (mot à mot « près de l'autre », phrase 7), mais quand ils font quelque chose ensemble, on emploie mìtnànder (mot à mot « avec l'autre », phrase 5). Exemples : Sa wohna binànder (Ils habitent ensemble), Sa schàffa mìtnànder (Ils travaillent ensemble). Aux deux correspond le français « ensemble », la nuance étant exprimée par des verbes différents.

 

Rappelez-vous ebbis Wàrms (voir leçon 11, phrase 5) et ebbis Jungs (leçon 18, phrase 4 et note 4).

 

Dr Humpa est un bock, grand verre réservé à la bière, comme notre « demi », sans doute un peu plus grand, jadis. En domaine bas-rhinois, on utilise plutôt dr Saidel.

 

 

 

Iawung

 

Hàn dr Scharri un dr Güschti Durscht?

Ja, denn se gehn ìn a Wìrtschàft.

Un trìnka sa därta Wii?

Nei, sa trìnka kè Wii, sa trìnka Biar.

Un assa sa aui ebbis?

Ja, sa assa Bratzala.

 

Corrigé

Charles et Auguste ont-ils soif ?

Oui, car ils vont dans un café.

Et y boivent-ils du vin ?

Non, ils ne boivent pas de vin, ils boivent de la bière.

Et mangent-ils aussi quelque chose ?

Oui, ils mangent des bretzels.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Qui sonne dehors ?

… schallt ..... ?

 

Le médecin sonne dehors.

... Dokter ....... dussa.

 

Qui est malade, au fait ?

Wer .... eigentlig ..... ?

 

Mademoiselle Fuchs est malade.

. Mamsèll Fuchs .... krànk.

 

Qu'a-t-elle aujourd'hui ?

... hàt sa .... ?

 

Elle a mal à la tête et de la fièvre.

Sa hàt ....... un ...... .

 

 

 

Corrigé

Wer – dussa     Dr – schallt    ìsch - krànk   D – ìsch   Wàs – hìtta   Kopfweh - Fiawer

 

 

 

Le bretzel : on ne présente plus le bretzel, dont le nom même trahit sa parenté avec Brot (pain). C'est une pâtisserie salée à croûte dure saupoudrée de gros sel. Mais c'est surtout l'un des grands symboles de l'Alsace. De la taille d'une bonne main de bûcheron, formant un huit qui paraît se croiser les bras, les bretzels « poussent » sur de petits « arbres » de bois plantés sur les comptoirs et les tables des brasseries. Destinés à entretenir la soif, ils sont surtout consommés avec la bière. Après la Seconde Guerre mondiale, leur fabrication fut interdite comme le furent toutes les autres formes fantaisies dérivé du pain, pour raison de pénurie de céréales. Les boulangers spécialisés durent se reconvertir à la hâte. On dit même que cette interdiction ne fut jamais levée depuis. Pourtant, un jour, n'y tenant plus, un Strasbourgeois se mit à fabriquer des bretzels miniatures et, prudent, les vendit en sachet transparent ne portant aucune inscription. Le succès fut immédiat et, bientôt, l'ensemble des boulangers reprit la fabrication traditionnelle. Jadis, à l'occasion du nouvel an, les marraines offraient à leurs filleuls un grand bretzel en pâte briochée.

 

 

 

 

Zweiadrissigschta (32.) Stund

 

S Stroßburger Mìnschter

1  Därta, wu d Ìll ìn dr Rhii inalàuift, lìegt d Stàdt Stroßburg.

2  As ìsch d Hàuiptstàdt vum Elsàss, un as ìsch a wunderscheena Stàdt. ②③

3  As gìtt ìn Stroßburg viel anga Gàssa mìt àlta Elsasser Hiiser. ③④

4  Dia han a Grìscht üs dunkelbrüüna Balka, un derzwìscha sìn d Müüra wiss.

5  Wenn ma vum Güetabargplàtz ìn aso a Gassla kummt, ìsch ma paff:

6  Rachts un lìnks stehn scheena àlta Hiiser mìt dunkla Balka.

7  Un, gràd üs, a gwàltiger Baui üs rosarotem Sàndstei, s Stroßburger Mìnschter.

8  Unta, drèi gotischa Tora, eins ìn dr Mìttla un dernawa zwei kleinra rachts un lìnks.

9  Drìwer, a groß rund Fanschter wia-n-a Rosa üs Sàndstei un üs vielfàrwigem Glàs.

10  Owadràà noch amol a Stock vu rosarota gotischa Sàndsteispìtza.

11  Un gànz owa lìnks stiigt dr Turm hundertzweiaviarzig Mèter hooch ìn dr Stroßburger Hìmmel uffa.

 

 

 

La cathédrale de Strasbourg (strasbourgeoise)

1 Là-bas, où l’Ill se jette (coule) dans le Rhin, se trouve (s'étend) la ville [de] Strasbourg.

2 C’est la capitale de l'Alsace et c’est une très belle (miracle-belle) ville.

3 Il existe, à Strasbourg, beaucoup de rues étroites avec [d’] anciennes maisons alsaciennes.

4 Celles-ci ont une structure en poutres marron, et, entre, les murs sont blancs.

5 Quand, [venant] de la place Gutenberg, on arrive dans une telle ruelle, on est sidéré :

6 À droite et à gauche, se dressent de belles maisons anciennes aux (avec) poutres sombres.

7 Et, tout droit, une puissante construction de grès rose, la cathédrale de Strasbourg.

8 En bas, trois portails gothiques, l’un au milieu et, à côté, deux plus petits à droite et à gauche.

9 Au-dessus, une grande rosace (ronde fenêtre) comme une rose de grès et de verre multicolore.

 

 

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Notes

 

Därta (là-bas) est un adverbe démonstratif de lieu. Il marque un endroit éloigné, contrairement à do (ici) (voir leçon 31, phrase 5 et note 6). Il est immédiatement repris par wu (où), déjà rencontré comme adverbe interrogatif (voir leçon 29, phrase 3), ici adverbe relatif de lieu introduisant une subordonnée relative. Comme toute subordonnées ainsi introduite, celle-ci a son verbe à forme personnelle à la fin (voir aussi wenn, phrase 5). Cette possibilité de position du verbe s’ajoute à celles énumérées à la leçon 14, note 3.

 

La préposition vu correspond en gros au « de » français. Elle commande toujours le datif du pronom – vu mìr (de moi) – ou de l’article qui la suit. An masculin et au neutre singulier, elle se contracte avec l’article (vum Elsàss), mais pas au féminin ni au pluriel : vu dr Màma (de maman), vu da Hiiser (des maisons). En l’absence d’article, pas de contraction non plus : vu Europà (voir leçon 28, N2, et leçon 35, N.2).

 

Wunderscheena (merveilleuse), anga (étroites), àlta (vieilles) (phrase 3) et d’autres sont des adjectifs épithètes, c’est-à-dire placés devant les noms qu’ils qualifient. Les uns sont au féminin singulier, les autres aux pluriels, mais ils portent tous un suffixe -e. Pourtant, il peut y avoir d'autres désinence, comme dans a gwaltiger Bàui (un puissant bâtiment), masculin singulier (phrase 7), tout comme üs rosarotem Sàndstei (de grès rose, ibidem), mais qui est au datif après la préposition üs. Il est encore trop tôt pour vous donner une explication globale de ce phénomène assez complexe de la grammaire de l'alsacien (voir leçon 27, note 9).

 

Les gens ont tendance à traduire « rue » par Stroß, ce qui est une erreur. L'équivalent de « rue » est Gàssa. Les deux mots ont d'ailleurs comme étymologie l'écoulement des eaux usées (voir « le ru », en français, et « die Gasse », en allemand). D Stroß (comme dans Stroßburg), c’est la « route ». On en trouve souvent en périphérie des villes, parce qu'elles menaient jadis vers d'autres lieux : d Kolmerer Stroß (l’avenue de Colmar), d Bàsler Stroß (la route de Bâle). Il est vrai que, de nos jours, ces voies jadis extérieures sont largement absorbées par les agglomérations. D'où sans doute la confusion signalée plus haut

 

La préposition üs nous est connue comme marquant l’origine géographique (voir leçon 10, note 5). Ici, elles marquent un autre type d'origine, la matière dont est fait quelque chose (voir aussi, phrase 7, üs Sàndstei (en grès, « sable-pierre »).

 

Wenn (si) est une conjonction de subordination (on dit plutôt « subjonction » de nos jours) et introduit une subordonnée conditionnelle. À ce titre, celle-ci a son verbe à la fin (voir note 1 ci-dessus). Le pronom indéfini ma (on) est toujours atone. Comme pour les pronoms personnels atones, nous mettons un trait d'union entre lui et le verbe ou la subjonction qui le précède, car l'ensemble se prononce comme un seul mot.

 

Drìwer (au-dessus) nous est connu comme adverbe démonstratif (voir leçon 28, note 3). Owadràà est de même nature et a la même signification, quoique construit en ordre inverse (on reconnaît -dr-, une fois au début et l’autre fois vers la fin.)

 

Il faut apprendre à décomposer les grands nombres écrits en un seul mot : hundert-zwei-a-viarzig (cent + deux – et – quarante), un ordre qui surprend au début, mais uniquement entre dizaines et unités. (Voir leçon 28, N.1)

 

 

 

 

La flèche unique surmontant l’un des côtés de sa monumentale façade donne à la cathédrale de Strasbourg une silhouette unique au monde. Mais, pour être spectaculaire, ce n'est pas sa seule originalité. Le grès extrait des Vosges toutes proches donne à l'ensemble cette teinte rose très caractéristique. Plus discret, mais non moins saisissant à y regarder de près, est le contraste entre l'abside et le transept nord, construit dès le XIIe siècle en style roman, d'une part, et l'ensemble transept sud et nef, d'autre part, commencés, quant à eux, au XIIIe siècle seulement et exécutées en style gothique, tout comme le seront, par la suite, la façade et la flèche. Quant à l'étonnante horloge astronomique, elle attire chaque jour des centaines et des centaines de visiteurs, tout particulièrement sur le coup, pardon, les douze coups de midi. Que ces premières et modestes indications vous permettent de mieux profiter d'une très prochaine visite sur place !

 

 

Iawung

 

Ìsch d Stàdt Stroßburg groß?

Ja, as ìsch a großa Stàdt un sogàr a Hàuiptstàdt.

Z Stroßburg làuift d Ìll ìn dr Rhii.

Därta gìtt‘s aui vìel scheena àlta Hiiser.

Ìsch s Mìnschter eigentlig aso hoch?

Ja, s Stroßburger Mìnschter ìsch sehr hoch.

 

 

Corrigé

La ville [de] Strasbourg est [-elle] grande ?

Oui, c'est une grande ville et même une capitale

À Strasbourg, l'Ill se jette (coule) dans Le Rhin.

Il y existe aussi beaucoup [de] belles maisons anciennes.

La cathédrale, est-elle tellement haute, au fait ?

Oui, la cathédrale de Strasbourg est très haute.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Les enfants vont à l'école.

D ..... gehn ìn d …....

 

Mais ils n’[y] vont pas tous les jours.

Àwer sa .... nìt .... Tàg.

 

En été, ils n'ont pas classe (école).

.. Summer han sa .. Schüela.

 

Ils apprennent à dessiner et à chanter.

Sa ..... mola .. sìnga.

 

Et ils apprennent à parler français.

.. sa lehra ………. Reda.

 

La maîtresse ne parle pas comme Maman.

D ……….. reddt nìt … d Màma.

 

 

Corrigé

Kìnder – Schüela     gehn – àlla     Ìm - kè   lehra – un   Un – Frànzeesch    Màmsell - wia

 

 

 

 

 

Drèiadrissigschta (33.) Stund

 

Bim Metzger

1 - Buschur, binànder. Sàga, Herr Ochs, ìsch’s do kàlt ìn dam Gschaft!

2 - Ja, güeta Fràui, d Wàr müeß hàlt frìsch bliiwa; wàs därf’s sìì?

3 - A Pfund Rìndsfleisch un zwei Kàlbschnìtzel, wenn’s bliabt.

4 - Ìsch’s Rìndsfleich zum Brota oder zum Duralo?

5 - Nei, ìch schniid’s ìn Stìckla, denn ‘s ìsch fer a Bäckaofa. ⑤⑥

6 - Dernoh brüücht Sa àwer noch ànder Fleisch derzüe.

7 - Ѐ jo ammel, sìwahundertfufzig Gràmm Schwiinafleisch.

8 - Àlso ànderthàlwa Pfund; un a Stìckla Hàmmelfleisch?

9 - Nei, Gott ìm Hìmmel, màcha dàs nìt, Herr Ochs!

10  Denn mi Mànn ìsst kè Hàmmel un kè Làmm.

11  Àwer Wurscht, a hàlb Pfund Uffschnìtt, a Mettwìrschtla un a Lawerwìrschtla.

 

 

 

Chez le boucher

1 — Bonjour, tout le monde (ensemble). Dites, Monsieur Ochs, qu'est-ce qu'il fait froid ici (est-ce ici froid) dans ce magasin !

2 — Mais, [ma] bonne dame (femme), c’est que la marchandise doit rester fraîche (la marchandise doit, qu'on le veuille ou non, fraîche rester) : vous désirez ? (qu'a-le-droit cela être ?)

3 — Une livre de bœuf (bovin-viande) et deux escalopes de veau (veau-escalopes), s'il [vous] plaît (si cela convient).

4 — Le bœuf est-il [à] (pour) rôtir ou [à] (pour) hacher (à-travers laisser) ?

5 — Non, je le coupe en petits morceaux, car il est destiné à (il est pour) une potée boulangère.

6 — Dans ce cas (ensuite), vous avez encore besoin [de] viande (en plus).

7 — Bien sûr, sept cent cinquante grammes de porc (porc-viande).

8 — Donc, une livre et demie, et un petit bout de mouton (-viande) ?

9 — Non, Dieu [du] (dans le) ciel, ne faites pas cela, Monsieur Ochs !

10  Car mon mari ne mange ni (pas de) mouton ni (et pas d’) agneau.

11  Mais [de la] charcuterie, une demi-livre de mélange, une tartinette et une petite saucisse de foie.

 

 

 

Notes

 

La préposition bi (chez) demande, elle aussi, toujours le datif – comme mìt (leçon 27 phrase 8), waga (leçon 28, note 2), vu (leçon 32, note 2) et üs (leçon 32, note 5). Le datif de dr étant ‘m – tout comme celui de l’article neutre s – sa fusion avec bi aboutit à bim. Au féminin singulier nous aurions bi dr Màma (chez (la) maman) et au pluriel bi da Litt (chez les gens). Notons encore que le sens de bi plus étendu que celui de notre « chez », puisqu'il peut aussi signifier « près de » sans que ce soit forcément au domicile de quelqu'un : bi Stroßburg (près de Strasbourg), bi dr Schüela (près de l’école).

 

Sàga (phrase 1) et màcha (phrase 9) sont des impératifs pluriels. Là, la cliente utilise la forme de politesse à la française, que nous avons qualifiée de « rurale » et de « populaire » (voir leçon 21, note 4). Le boucher, lui, la traite, elle, en grande dame, utilisant la 3e personne du singulier féminin, à l'italienne, comme le fait le médecin (voir leçon 29, note 5), tandis que Madame Fuchs emploie la forme à l’allemande, elle aussi fort respectueuse (ibidem).

 

Avec müeß (doit), nous avons un verbe de modalité comme därfa (avoir-le-droit-de, voir leçon 30, phrase 10), känna (pouvoir, leçon 30, phrase 11) trauia (oser, leçon 27, phrase 9 et note 10) et wälla (vouloir, leçon 27, phrase 2 et leçon 30, phrase 10). Ces verbes sont accompagnés d'un autre verbe, à l'infinitif, celui-là, est placé en fin de proposition, ici bliiwa (rester).

 

Le verbe brota (rôtir) n'a rien à voir avec Brot (pain) de la leçon 3, du moins pas directement. C'est ici un infinitif substantivé en présence de l'article (car zum est la contraction de zu préposition, et de l'article au datif ‘m).

Quant à duralo (hacher, mot à mot « laisser passer au travers »), il lui arrive la même aventure (article + majuscule = substantivation).

 

Le verbe schniida (couper) est à rapprocher de Schnìtzel (escalope, phrase 3) et de Ufschnìtt (mélange, phrase 11), car il s’agit de tranches dans les deux cas. Le « mélange », tellement courant en Alsace, est un assortiment de charcuterie ou galantine variée présentée en fines tranches.

 

Bäckaofa veut dire « four de boulanger ».

 

« Une demi-livre » se dit a hàlb Pfund ; ànderthàlwa, c’est 1 ½ (mot à mot « autre demi »).

 

Détail anecdotique : Beaucoup de francophones d’Alsace confondent Mettwurscht (saucisse à tartiner) et Mìttwuch (mercredi).

 

 

 

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Iawung

 

Àm Sàmschtig z Morga steht dr Metzger ìm Gschaft.

A Fràui kummt un wìll Rìndsfleisch.

Denn àm Sunntig wìll sa-n-a Bäckaofa kocha.

Sa brüücht àlso noch ànder Fleisch.

Àwer sa wìll kè Hàmmel un kè Làmm.

Sa wìll aui kè Jàmbung.

 

 

Corrigé

 

Samedi matin, le boucher est au magasin.

Une femme arrive [qui] (et) veut de la viande de bœuf.

Car dimanche, elle veut préparer (cuire) une potée boulangère.

Elle a donc encore besoin d'autre viande.

Mais elle ne veut pas de mouton ni (et pas) d'agneau.

Elle ne veut pas non plus (aussi pas) de jambon.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Auguste est en ville.

.. Güsti ìsch ìn dr. .....

 

Charles vient également en ville.

Dr Chari ..... aui .. d Stàdt.

 

Mais il est très pressé.

…. ar ìsch .... pressiart.

 

Car il a un tas de travail.

.... ar hàt a ….. Àrwet.

 

Ils ne sont pas tellement pressés.

Se ... nìt aso ........

 

Et ils vont au café.

.. sa gehn .. . Wìrtschàft.

 

 

 

Corrigé

Dr - Stàdt    kummt – ìn    Àwer – sehr     Denn – Hüffa    sìn – pressiart    Un – ìn d

 

 

 

 

Le Beckaofe : Pourquoi ce nom de « four de boulanger » ? Parce que, jadis, on portait la grosse terrine chez le boulanger pour faire cuire cette potée dans son four. La recette en est simple : une bonne couche de fines tranches de pommes de terre crues, puis une autre de morceaux de viande assortie (bœuf, porc, veau, mouton) recouverts, à leur tour, d'oignons et d'un peu de poireau également tranchés. Et on recommence jusqu'à remplissage d'une de ces fameuses terrines ovales fabriquées dans la région de Haguenau et plus particulièrement à Soufflenheim. Le tout est salé, épicé (feuilles de laurier, clous de girofle…) et abondamment mouillé d’un vin blanc, Sylvaner ou Riesling d’Alsace, de préférence, recouvert du couvercle et longuement cuit à four bien chaud. Essayez ! Vous nous en direz des nouvelles. N.B. Vous avez compris que le boulanger, c'est dr Beck. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? En effet si, à la leçon 5, la boulangère a été nommé Màdàm Beck, c'est un peu par amusement car, de nos jours, les noms de famille correspondent rarement aux métiers exercés. Du reste, le féminin, c'est d Beckena (la boulangère).

 

 

 

La charcuterie alsacienne : On la dit riche et savoureuse. Outre dr Schàmbung (jambon, voir leçon 9, phrase 4), dr Ufschnìtt (mélange, voir note 5 ci-dessus) et les Làndjager (gendarmes, petites saucisses sèches fumées plates et allongées, vendues par paires, voir leçon 24, phrase 8), s Mettwìrschtla (tartinette) ou, en plus grand, dr Mettwurscht (saucisse à tartiner à base de porc haché [de l’allemand « Mett »]) et le Lawerwurscht (saucisse de foie) sont les grands classiques de la table alsacienne populaire et quotidienne. Les foies gras et autres denrées dites nobles sont hors de notre modeste portée. Vous les trouverez aisément dans les livres et chez les traiteurs.

 

 

 

 

Viaradrissigschta (34.) Stund

 

Well Zitt ìsch’s?

1  Dr Seppala, unser Kàmràd üs dr èrschta Stund, geht noch ìn d Schüela.

2  Ar steht àlla Morga àm Sìwena uf un ìsch pìnktlig àm Àchta därta.

3  Àm Zehna hàt’r Pàuisa, un àm Zwälfa kummt’r wìder heima.

4  Àm Zwei z’Mìttàg geht’s wìder los, bis àm Viara, mangmol bis àm Fìmfa z’Owa.

5  Àm Sechsa ìsst d gànza Fàmìlia z’Nàcht, un àm Zehna sìn schu àlla ìm Bett.

6  D Màma un dr Pàpa stehn àwer z’Morga schu àm hàlwer Sechsa uf.

7  D Màma müeß namlig s z’Morganassa rìschta, un hàt sunscht noch viel Àrwet.

8  Dr Pàpa geht àm drèiviartel Sìwena furt, denn ar fàngt àm viartel àb Sìwena à schàffa.

9  Àm viartel àb Zwälfa kummt’r wìder heima un blibt bis àm drèiviartel Zwei.

10  Dr Schoseph hàt nìt aso witt às si Pàpa: ar ìsch àm zeh àb schu dheima.

11  Un ar geht aui èrscht àm zeh bis furt, mangmol sogàr èrscht àm fìmf bis.

 

 

Quelle heure est-il ?

1 Seppele, notre ami (camarade) de la première leçon, va encore à l’école.

2 Il [se] lève chaque matin à sept [heures] et est ponctuellement à huit [heures] là-bas.

3 À dix [heures], il est en (il a) récréation, et, à midi (à douze), il revient (vient-il de-nouveau) à la maison.

4 À deux [heures de] l'après-midi, cela recommence, jusqu’à quatre [heures], parfois jusqu’à cinq [heures] du soir.

5 À six [heures], toute la famille dîne (mange... la nuit), et, à dix [heures], tout le monde est (tous sont) déjà couché (dans le lit).

6 Mais Maman et Papa [se] lèvent (le matin) dès cinq heures et demie (la demie [de] six).

7 Car (en effet) Maman doit préparer le petit déjeuner et a encore beaucoup d’autre travail (a autrement encore beaucoup [de] travail).

8 Papa part à sept heures moins le quart (trois quarts sept), car il commence à travailler à sept [heures] et quart.

9 À midi et quart, il revient à la maison et reste jusqu’à deux heures moins le quart.

 

 

 

Notes

 

Well Zitt, traduit mot à mot, aboutirait à « Quel temps », ce qui n’est pas clair. (N.4).

 

Le verbe uf-steh (se lever) fonctionne comme üs-schlofa (voir leçon 15, note 6) et beaucoup d’autres verbes déjà rencontrés, dont àà-lega (leçon 23, note 1) et àb-ziaga (leçon 29, note 8).

 

Le mot d Pàuisa (récréation) est à rapprocher du français « pause ». S'il est employé sans article, c'est dans un sens partitif : « de la récréation », donc « article zéro ». La phrase est logiquement structurée : complément de temps - verbe (en 2e position) - sujet - complément d'objet direct. Ce schéma est très courant.

 

Nous connaissons z’Nàcht comme z’Morga, etc. « Dîner », c'est « manger de nuit », donc z’Nàcht assa ; et, de là, on a tiré un nom s Z’Nàchtassa (le dîner). Idem pour s Z’Morganassa (le petit déjeuner, phrase 7), s Z’Mittàgassa (le déjeuner) et s Z’Owanassa (le goûter).

 

Namlig (en effet) est une conjonction au sens proche de celui de denn (car). La différence est que denn est toujours placé au début, namlig jamais. Notre « en effet » accepte les deux positions, de même qu’une autre conjonction alsacienne, àwer (mais) (voir leçon 26, note 5). NB : Il existe aussi un namlig adjectif signifiant « pareil », comme gliich avec î long.

 

Furt-geh (partir, aller ailleurs) se comporte comme üs-schlofa, uf-steh, àà-lega, àb-ziaga (voir note 2 ci-dessus).

 

Nous disons « seulement » ou « ne …que » pour erscht comme pour numma. Pourtant, la différence de sens entre les deux est nette : erscht introduit une idée de « situation » provisoire », que numma n’évoque point. Sa han numma zwei Kìnder (Ils n’ont que deux enfants), Sa han erscht zwei Kìnder (Ils n’ont encore que deux enfants, c’est-à-dire pour le moment). Le français n’a pas d’adverbe apportant la même nuance que erscht.

 

 

 

 

Iawung

Wer ìsch eigentlig dr Seppala?

As ìsch dr Josèf Lang, unser Kàmràd üs dr erschta Stund.

Ìsch dr Josèf jung un klei oder àlt un groß?

Ar ìsch jung un groß, ar geht àwer noch ìn d Schüela.

Gehn sina Màma un si Pàpa aui noch ìn d Schüela?

Nei, sa schàffa namlig àlla zwei, dr Pàpa dussa un d Màma liawer d’heima.

 

 

 

Corrigé

 

Qui est Seppele, au fait ?

C’est Joseph Lang, notre ami de la première leçon.

Joseph est-il jeune et petit ou vieux et grand ?

Il est jeune et grand, mais il va encore à l'école.

Sa maman et son papa vont-ils aussi encore à l’école ?

Non, car ils travaillent tous les deux, papa à l’extérieur (dehors) et maman de préférence à la maison.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Strasbourg est une grande ville.

Stroßburg .... a großa ..... .

 

C'est également une belle ville.

As ìsch ... a ...... Stàdt.

 

Il y a beaucoup de rues étroites.

As …. därta vìel anga ......

 

Les maisons sont blanches et brunes.

D ...... sìn …. un brüün.

 

La cathédrale est en grès.

S …... ìsch .. Sàndstei.

 

Et la tour est très haute.

Un dr .... ìsch .... hoch.

 

 

 

 

Corrigé

ìsch – Stàdt      aui – scheena    gìtt – Gàssa     Hiiser – wiss   Mìnschter – üs   Turm - sehr

 

 

 

 

Fìmfadrissigschta (35.) Stund

 

Révisions et notes

 

Les textes deviennent légèrement plus longs et les explications plus techniques encore quoique abordables. Nous l'espérons du moins et ne négligeons aucun effort en ce sens. Vous avez franchi une nouvelle étape. Et si ce n'est pas encore complètement assimilé, prenez patience le temps et la répétition feront le reste. Laissez les notions se décanter et les fruits de vos efforts mûrir. Ce qui suit devrait également contribuer à la clarification.

 

 

Comment dire l’heure ?

 

Voici la description d'un petit chef d'œuvre de logique la manière de dire leur en alsacien. Suivez bien les différents niveaux de précision car à chaque chacun de ces niveaux correspond une façon particulière de dire les choses :

 

L'heure entière

Quand la grande aiguille est sur le 12 : As ìsch eins, zwei, drèi, viara… (Il est une [heure], deux [heures]… ; voir leçon 14, N.1).

On n'ajoute rien d'autre après le nombre pour dire « heure ». On ne continue pas non plus de 13h00 à 24h. Aucun langage populaire ne le fait. On recommence de 1 à 12. Au besoin on précise : z Morga, z Mittàg, z Owa ou z Nàcht (voir leçon 15, note 7).

 

 

La demie

Lorsque la grande aiguille pointe le 6 on dit As ìsch hàlwer en ajoutant le numéro de leur entière qui suit ! Ainsi à 17h30 on dira As ìsch hàlwer sechsa (z Owa) (la demie de six). Et cela bien que pour des francophones il ne soit que 5 heures 1/2 !

 

Les quarts

a)       A présent la grande aiguille montre le 3. On dira As ìsch aViartel àb (un quart passé) et on peut ajouter, si besoin est, l’heure entière précédente, la même que celle que l'on met en français avant de dire « et quart » : a Viartel àb fìmfa (un quart après cinq [heures] = 5 h 15).

Au sens propre, àb évoque un mouvement vers le bas, celui de l'arc de cercle décrit par la grande aiguille entre le 12 et le 3).

b)      et quand la grande aiguille pointe le 9 ?

Trois quarts de l'heure sont écoulés aussi dira-t-on As ìsch drèi Viartel en ajoutant l’heure pleine prochaine, bien sûr, comme en français, mais sans aucune préposition : drèi Viartel sechsa (trois quart [de] six [heures] = 5 h 45).

 

 

Les 5 et les 10

A ce niveau de précision chaque quartier du cadran possède une certaine autonomie la partie nord se référera à l'heure entière la plus proche la partie sud à la demie la plus proche Une Europe originalité alsacienne

Allons de 9h à 10h en commençant par le nord-est

Passons tout de suite au nord-ouest sachant que le contraire de àb est bis

Au tour de l'hémisphère « sud » maintenant, où le référent et la demie Or la demie, ici, c'est hàlwer zehna (9h30). Nous aurons donc, du quart à moins le quart : As ìsch zeh bis hàlwer zehna (9h20, dix jusqu’à la demie de dix), fìmf bis hàlwer zehna(9h25, cinq jusqu’à la demie de dix), mais aussi fìmf àb hàlwer zehna (9h35, cinq après la demiede dix) et zeh àb hàlwer zehna (9h40, dix après la demie de dix).

 

 

 

Et les minutes ?

 

Lorsque qu’un niveau de précision de cinq minutes ne suffit pas on peut dire les minutes intermédiaires, mais à condition d'ajouter Minüta : As ìsch exàct drèi Minüta àb hàlwer (Il est exactement onze heures moins vingt-sept).

 

 

Et l’heure SNCF ?

Naturellement tout alsacien en âge de compter sait utiliser leur officiel des indicateurs de chemin de fer et autres : Dr Zug fàhrt àm sìwazeh Ühr drèiazwànzig àb (le train part à dix-sept (sept-dix) heures vingt-trois (trois-vingt)).

 

 

Les prépositions

 

Les prépositions jouent un rôle important pour introduire des précisions de lieu, de temps, d'appartenance, de cause, de matières et autres encore. Il en existe beaucoup, mais en nombre limité. Nous n'en avons encore rencontré qu'une bonne dizaine, mais leurs significations et utilisations sont variées. Faisons le point (les nombres entre parenthèses indique le numéro de la leçon et de la note ou la préposition a été expliquée) :

 

 

prépositions

 

relations

Compléments introduits

Cas exigés

 àn

(16,4)

Temps

Jour de semaine

Datif

 bi

(33,1)

Lieu fixe

Personne, endroit

datif

 ìn

(29,1)

Lieu fixe

Endroit

datif

 ìn

(19,1)

Lieu direction

Endroit

accusatif

 ìn

(25,5)

Temps

Mois et saisons

Datif

 ìwer

(17,3)

Lieu fixe

Endroit

datif

 ìwer

(27,3)

Lieu direction

Endroit

accusatif

 fer

(6,)

But

Personne, lieu

accusatif

 gega

(20,2)

Lieu direction

Personne, endroit

accusatif

 mìt

(27,8)

Accompagnement

Personne

Datif

 uf

(20,2)

Lieu direction

Endroit

Accusatif

 üs

(10,5)

Lieu origine

Endroit

datif

 üs

(32,4)

Matière

Matériau

datif

 vu

(20,2)

Lieu origine

Endroit

datif

 vu

(32,2)

Appartenance

Personne, endroit

datif

 waga

(26,4)

Cause

Personne, événement

datif

 z’

(15,7)

Lieu fixe

Ville, village

-           - - -

 zu

(33,4)

destination

action

datif

 

 

 

 

Remarques :

-          La notion de lieu est la plus fréquente : c'est l'emploi concret de base de beaucoup de prépositions (àn,bi, gega, ìn, ìwer, uf, üs, vu).

-          Certaines de celles-ci sont « mixtes », exigeant soit le datif, soit l'accusatif, selon qu'il s'agit d'un lieu fixe ou d'une direction (àn, ìn, ìwer, uf).

-          Dans leurs emplois non spatiaux - par exemple temps et relations plus abstraites -, ces mêmes prépositions cessent d'être mixtes et le cas qu'elle demande devient fixe, généralement le datif

-          D'autres prépositions demandent toujours le datif (bi, mìt, vu, waga, zu).

-          Pour l'instant, nous en connaissons deux exigeant toujours l'accusatif (fer et gega), mais il y en aura d'autres.

 

 

 

Les formes des articles

 

 

Le moment est venu de compléter votre information sur les articles alsaciens (voir leçon 7, note 3). Au fil des leçons, nous avons remarqué qu'ils ont la même forme au « nominatif », essentiellement cas du sujet, et à l' « accusatif », cas du complément d'objet direct, également exigé par certaines prépositions. Il peut même paraître étrange que nous parlions de deux cas, puisque rien ne les différencie au plan de la forme. En réalité, cette distinction se justifiera surtout lorsque nous parlerons des pronoms, où les formes sont différentes entre les deux cas. Quant au « datif » des articles, il n'est vraiment pas pareil et uniquement utilisé après des prépositions, du moins en (bon) haut-rhinois.

 

 

 

 

Article défini

Nominatif :

Masculin

 dr (le)

 Der Pàpa ìsch groß. ([Le] papa est grand.)

 

Féminin

 d (la)

 D Màma ìsch natt. ([La] maman est jolie.)

 

Neutre

 s (le /la)

 S Velo ìsch nèi. (Le vélo est neif.)

 

Pluriel

 d (les)

 D Maildla sìn jung. (Les filles sont jeunes.)

 

 

 

Accusatif :

Masculin

 dr (le)

 Ìch hàn dr Kàffee garn. (J’aime le café.)

 

Féminin

 d (la)

 Dü hàsch d Mìlch garn. (Tu aimes le lait.)

 

Neutre

 s (le / la)

 Ar hàt s Wàsser garn. (Il aime l’eau.)

 

Pluriel

 d (les)

 Mìr han d Äpfel garn.

 

 

 

 

Datif :

Masculin

 em (au / à la)

 Mìt em Auto (avec la voiture)

 

Féminin

 dr (à la)

 Mìt dr Tànta (avec la tante)

 

Neutre

 em (au / à la)

 Mìt em Auto (avec la voiture)

 

Pluriel

 da (aux)

 Mìt da Kàmràda (avec les copains)

 

 

 

Et aussi :

 ìm Summer (en été)

 àm Mìttwuch ([au] mercredi)

 bim Maire (chez le maire)

 vu dr Stàdt (de la ville)

 waga-n-‘m Watter (à cause du temps), etc.

 

 

 

L'article indéfini

Nominatif :

Masculin

 a (un)

 

 

Féminin

 a (une)

 A Stroß ìsch ang, a gàssa ìsch ang. (Une rue est étroite.)

 

Neutre

 a (un / une)

 A Tor ìsch nèi. (Un portail est beuf.)

 

Pluriel

   -  -   (des)

 Tìrm sìn hoch. (Des tours sont hautes.)

 

 

 

Accusatif :

Masculin

 a (un)

 Ìch hàn a Hund. (J’ai un chien.)

 

Féminin

 a (une)

 Dü hàsch a Kàtz. (Tu as un chat.)

 

Neutre

 a (un / une)

 Ar hàt a Làmm. (Il a un agneau.)

 

Pluriel

     -   (des)

 Mìr han Tiarer. (Nous avons des animaux.)

 

 

Datif :

Masculin

 ema (à un)

 Mìt ema Büe (avec un garçon)

 

Féminin

 ‘ra (à une)

 Mìt’ra Màmsell

 

Neutre

 ema (à un / une)

 Mìt ema Kàlb (avec un veau)

 

Pluriel

     -    (à des)

 Mìt Ràtta (avec des rats)

 

 

Et aussi :

 ìn’ma Loch (dans un trou)

 àn’ma Frittig (le vendredi)

 bi’ma Dokter (chez un médecin)

 vu-n’ra Màdàm (d’une dame)

 waga-n-ema Briaf (à cause d’une lettre), etc.

 

 

 

 

 

Il y a „temps“ et « temps »

 

Il est nécessaire de bien distinguer :

1)      D Stund a) l'heure comme durée de soixante minutes     b) la leçon. Le mot Stund ne sert jamais à indiquer l'heure qu'il est.

2)      D Zitt a) le temps chronométrique    b) un moment : well Zitt ? (quelle heure ?) ; àn well Zitt ? (à quelle heure ?) ; um dia Zitt (à cette heure-ci) et, évidemment, le fameux ìch hàn (nìt) dr Zitt (je (n’ai pas) le temps ; voir leçon 31, note 4).

b) un moment

3) s Watter (temps météorologique) qui n'a rien à voir ici bien que, en français, on se serve également du vocable « temps » pour le désigner.

Quant à la manière de dire l'heure en alsacien elle a été expliquée de façon logique et détaillée, ci-dessus, au N.1.

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser souvent

 

- Wàs màcha mìr morna?

Que ferons-nous demain ?

 

- As ìsch dàto kàlt dussa.

Il fait froid dehors en ce moment.

 

- Wàrt amol!

Attends un peu (une fois) !

 

- Dü hàsch àllawiil racht.

Tu as toujours raison.

 

- Weisch s Nèischta?

Connais-tu la nouvelle ?

 

- Wàs gìtt’s Nèis?

Quoi de neuf ?

 

- Wàs ìsch los ?

Que se passe-t-il ?

 

- Mìr wann’s hoffa!

Espérons-le !

 

- Mìr gsahn’s schu!

Nous verrons bien !

 

- Get‘Nàcht, schlof güet!

Bonne nuit, dors bien !

 

- Wàs kochsch àm Sunntig ?

Que feras-tu à manger dimanche ?

 

- Mìr wara àlla Johr älter!

Nous devenons plus vieux chaque année !

 

 

N.B. : Schlof güet (Dors bien) suppose le tutoiement. Sinon, pour dire « Dormez bien », on utiliserait :

1) pour une ou plusieurs personnes, en contexte rural, populaire ou assez familier :

- Schlofa güet ! (politesse à la française, 2ème personne du pluriel)

2) pour une ou plusieurs personnes, en milieu urbain et face à des notables :

- Schlofa-Sa güet ! (politesse à l’allemande, 3ème personne du pluriel)

3) pour s’adresser à une dame, à un niveau également assez recherché :

- Schloft-Sa güet ! (politesse à l’italienne, 3ème personne du féminin singulier) (voir aussi leçon 21, note 4).

 

 

 

 

 

Sechsadrissigschta (36.) Stund

 

Uf’m großa Belcha

1  Wenn ma ìm Elsàss gega dr Weschta lüegt, gsìeht-ma-na vu wittem, gànz owa. ②③

2  As ìsch a Barg, dr heechschta vu àlla Barga ìn da Vogesa.

3  Ar ìsch viarzeh-hundert-viara-zwànzig Mèter hooch.

4  Ar ìsch rund wia-n-a Bàlla: ‘s ìsch dr Großa Belcha.

5  As gìtt mehrera Stroßa fer bis dert uffa z’kumma.

6  Antwader ma fàhrt ìns Tàl, uf Thànn, un dernoh ìwer Willer un Goldbàch, rachts.

7  Oder ma geht ìns Gawillertàl un àm Làuichasee dura. ⑥⑦

8  Ma kààt àwer aui ìwer Sanna un dr Hàrtmànnswillerkopf fàhra.

9  Wenn ma owa ààkummt, hàt ma-n-a wunderscheena Üssìcht.

10  Unta gsìeht ma viel Därfer un d Kàlimina mìt ìhra Färdertìrm un ìhra bèèscha Hiffa.

11  Un wenn gànz klàr Watter ìsch, gsìeht ma sogàr d Schwitzer Àlwa, rachts gega dr Süda, a Pràcht!

 

 

 

Au (sur le) Grand Ballon

1 Si, en Alsace, on regarde vers l’ouest, on le voit de loin, tout en haut.

2 C’est une montagne, la plus haute de toutes les montagnes des (dans les) Vosges.

3 Il a (est) mille quatre cent vingt-quatre mètres [de] haut.

4 Il est rond comme une balle : c'est le Grand Ballon.

5 Il existe plusieurs routes pour [y] parvenir (jusque là-bas en haut venir).

6 Ou bien on va (roule) dans la vallée, à Thann, et ensuite par (-dessus) Willer et Goldbach, à droite.

7 Ou bien on va dans la vallée de Guebwiller et le long du Lac de la Lauch.

8 Mais on peut aussi passer (par-dessus … rouler) par Cernay et le Vieil Armand.

9 Quand on arrive en haut, on a une vue merveilleuse.

10 En bas, on voit beaucoup [de] villages et les mines de potasse avec leurs chevalements (tours d'extraction) et leurs terrils (tas) beiges.

11 Et quand le temps est tout à fait clair, on voit même les Alpes suisses, à droite vers le sud, une splendeur !

 

 

 

 

Notes

 

Lors de notre première rencontre avec la préposition uf, elle précédait un nom de ville et marquait la direction (uf Bàsel, leçon 20, note 2). L'absence d'article nous évitait alors de parler de « cas ». Ici il s'agit d'un lieu fixe qui demande le datif : uf’m. Mais nous pourrions très bien avoir uf dr Großa Belcha fàhra (monter au [aller sur le] Grand Ballon), direction exprimée par l'article à l'accusatif (voir leçon 35, N.2).

 

La subjonction wenn (si) introduit une subordonnée conditionnelle. Le verbe en est à la fin (lüegt). Il en va de même de àà-kummt, à la phrase 9 (voir leçon 32, note 6).

 

Remarquez bien le petit mot na (le) d'apparence d'autant plus insignifiante qu'il est court et atone. Qu'est ce ? Un article ? non, car il n'est suivi d'aucun nom. C'est un pronom personnel, l'accusatif de ar (il) et complément d'objet du verbe : Ma gsìeht na (on le voit).

Sa forme tonique (accentuée et insistante) serait ìhn : Ìhn gsìeht ma güet (Lui, on le voit bien). Nous vous avions annoncé, naguère, que, contrairement aux articles, les pronoms personnels ont des accusatifs distincts des nominatifs (voir leçon 35, N.3). Nous en avons même déjà rencontré un autre exemple, uns (nous), accusatif de mìr (nous) (voir leçon 30). Mais que peut bien désigner na ? Patience ! Le mystère sera levé à la fin de la phrase 4.

 

L'adjectif hoch (haut) pour comparatif heecher (plus haut) et pour superlatif dr heechscht (le plus haut). On dit heecher às (plus haut que) (voir leçon 10, note 3), mais dr heechscht vu (le plus haut de), superlatif dit « relatif ». On peut aussi dire àm heechschta (le plus haut) superlatif dit « advervial ».

 

Admirez la succession de prépositions et d'adverbes : fer bis därt’ ufa (pour [arriver] jusque là-bas en haut). L'ensemble exprime si bien la direction que le verbe kumma (rouler) en devient facultatif. Nous expliquerons l’emploi de z’ plus loin (voir leçon 39, note 9).

 

Le lac artificiel dû au barrage construit sur la Lauch a pris le nom de la rivière qui le traverse. Notez que les francophones prononcent loche, donc très différemment de l'originel et dialectale Làuch.

 

Dans àm Làuchsee dura, àm exprime l'idée de proximité et dura celle de passage (le long du lac …). Nous avons donc une préposition suivie d'un nom - ce qui est banal - mais avec, ensuite, un adverbe - ce qui est plus rare (voir à la leçon 26, note 3, un cas similaire touchant un adverbe démonstratif drum umma).

 

Comme gsìeht à la phrase 1, le verbe hàt semble ici être au début de la proposition principale. Il ne s'agit pourtant ni d’une question, ni d’un ordre, ni d’une exclamation. En réalité, dans les deux cas, il faut considérer la phrase dans son ensemble : la place de « premier élément » est occupée par la subordonnée conditionnelle, ce qui remet nos verbes principaux en seconde position, comme il se doit (voir ìsch, leçon 32, phrase 5).

 

 

 

Iawung

 

Dr heechsta Barg vu da Vogesa heißt dr Großa Belcha.

Ar ìsch heecher às àlla Barga drum umma.

Ar ìsch ìwer tàuisig Meter hoch.

Wenn ma därt owa ìsch, gsìeht ma s hàlwa-n-Elsàss.

Ma gsìeht sogàr bis ìn s Ditschlànd un bis ìn d Schwitz.

Ma gsìeht aui d Därfer un d Kàlimina.

 

 

Corrigé

 

La plus haute montagne des Vosges s'appelle le Grand Ballon.

Il est plus haut que toutes les montagnes tout autour.

Il a (est) plus de mille mètres [de] haut.

Quand on est là-haut, on voit la moitié de l'Alsace (la demie-…).

On voit même jusqu'en Allemagne et jusqu'en Suisse.

On voit aussi les villages et les mines de potasse.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Il fait froid dans le Magasin.

As .... kàlt ìm ........

 

La viande doit rester fraîche.

. Fleisch …. frìsch bliiwa.

 

Tu coupes la viande en petits morceaux.

.. schniidsch s Fleisch ìn ....... .

 

Et j’ai encore besoin d’autre viande.

.. ìch ..... noch ànder ....... .

 

Beaucoup de gens aiment le mouton.

..…. Litt assa .... Hàmmelfleisch.

 

Ils n'aiment pas tellement la charcuterie.

Sa ...., nìt .... garn ......

 

Corrigé

 

ìsch - Gschaft     S – müeß     Dü (ou Da) - Stìckla   Un – brüüch – Fleisch     Vìel – garn     assa – aso - Wurscht

 

 

 

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Sont citées dans ce texte trois villes :

Thann, Dans la vallée de la Thur, célèbre pour ce bijou d'art gothique qu'est la collégiale Saint Thiébaut, mais aussi pour son « Œil de la sorcière », donjon renversé du château d’Engelbourg, au flanc de la colline la plus méridionale du vignoble alsacien.

 

Guebwiller, dans la vallée de la Lauch, légèrement plus au nord, dont le principal joyau et l'église Saint Léger, purement romane, et qui développa une forte industrie vouée au textile, avec construction des machines ad hoc. Légèrement en amont, l'abbaye de Murbach, du VIIIe siècle, dont les moines fondèrent la ville de Guebwiller, à l'origine simple bourg civil fortifié.

 

Cernay, en plaine, juste entre les entrées de ces deux vallées vosgiennes. C'est tout près de là, sur l’Ochsenfeld (mot à mot : champ aux bœufs), plaine aride, que les troupes romaines de Jules César battirent les Germain d'Arioviste, en 58 avant notre ère.

 

 

 

Cette montagne est restée tristement célèbre en raison des longs, violents et très meurtriers combats qui s'y déroulèrent à partir de 1915 entre les armées française et allemande. Ce sont les soldats français qui, à l'époque, donnèrent au Hartmannsweilerkopf le surnom de « Vieil Armand », car le prénom allemand de « Hartmann » correspond au français « Armand ». Gageons que l’adjectif « vieil » est dû à une mauvaise interprétation de -weiler, qui, en réalité, signifie « village ».

 

 

 

Sìwenadrissigschta (37.) Stund

 

Mìr gehn spàziara

1 - Hìtta ìsch s Watter rìchtig natt.

2 - Ja, as ìsch viel scheener às geschtert.

3 - Un as ìsch mìndeschtens nìt aso kàlt.

4 - Wàrm ìsch’s zwàr aui nìt; ma därf nìt ìwertriiwa. ③④

5 - Wann mìr nìt a Bìtsi spàziara geh?

6 - Ѐ wurum nìt, denn morna ìsch’s vìllìcht wìder z’kàlt.

7 - Ja un wu gehn mìr àna, doch ebba nìt ìn a Gschaft?

8 - Nei, wu danksch àna, a Bìtsi üswarts.

9 - Weisch wàs? Mìr fàhra mìtem Wàga üs dr Stàdt üssa.

10   Därta känna mìr a Faldwag fìnda fer druf z’làuifa.

11 - Un dernoh spàziara mìr noch a Bìtsi dur dr Wàld.

 

 

 

Nous allons [nous] promener

1 - Aujourd’hui, Le temps est vraiment beau (joli).

2 — Oui, il fait (est) beaucoup plus beau qu’hier.

3 - Et au moins il [ne] fait (est) pas aussi froid.

4 — À dire vrai, il ne fait pas chaud nos plus (aussi pas) ; il ne faut pas (on n'a pas le droit de) exagérer.

5 — Et si nous allons (voulons-nous pas aller) un peu [nous] promener ?

6 — Ben, pourquoi pas, car, demain, il fera (est) peut-être de nouveau trop froid.

7 - Oui, et où allons-nous ; tu ne vas pas me dire (donc pourtant pas) dans un magasin ?

8 - Non, qu'est-ce que tu vas chercher là (vers où penses-tu) ; un peu à l'extérieur [de la ville]

9 - J'ai une idée (tu sais quoi ?) : nous prenons la voiture (roulons en...) jusque hors de la ville.

10  Là-bas, nous pourrons trouver un chemin de campagne pour y (dessus) marcher.

11 - Et après, nous [nous] promènerons encore un peu à travers la forêt...

 

 

 

Notes

 

Le verbe spàziara peut être employé tout seul (voir phrase 11). Sinon, le composé spàziara-geh (aller [se] promener) fonctionne comme tous les verbes à radical mobile, spàziara joue le rôle du préfixe placé en fin de proposition (voir leçon 15, note 6, leçon 23, note 1, leçon 29, note 6 et leçon 34, note 2).

 

L’adjectif scheen (beau), presque synonyme de natt (joli), a un comparatif en -er (plus), scheener, et un superlatif en -schta (le plus), dr scheenschta ou àm scheenschta, tous deux parfaitement réguliers. Il en va de même de natt, natter, dr nattschta ou àm nattschta, d’ailleurs (voir leçon 36, note 3).

 

Cette phrase est « syntaxiquement marquée ». Cela signifie que l'ordre des mots y est inhabituel, pour raison d'insistance. Inhabituel, mais pas contraire à la règle fondamentale sur la position du verbe. Nous avons successivement : l’adjectif attribut (rarement en tête) - le verbe (en second) - le sujet impersonnel (‘s), etc. L'ensemble sert à insister sur wàrm et nìt, mieux qu'en disant banalement As ìsch nìt wàrm. Tournure fréquente !

 

Ici, le petit mot zwàr renforce la restriction exprimée par cette phrase par rapport à la précédente. On ne peut pas le rendre par un seul mot en français. Le sens le plus fidèle s'obtient en commençant phrase française par : « À dire vrai, … ». Dans d'autres cas, on peut traduire zwàr par « certes » : Ìch bì zwàar àlt, àwer nìt so àlt às dü. (Je suis certes âgé, mais pas aussi âgé que toi).

 

Voici le verbe de modalité wälla (vouloir) au pluriel, avec un autre verbe (composé) à l'infinitif et, par conséquent, à la fin. Au présent de l'indicatif, wälla est très irrégulier : ìch wìll (je veux) – da wìtt (tu veux) – ar, sa, et as wìll (il, elle, et « ce » veut) – mìr, ìhr, et sa wann (nous, vous et ils/elles veulent) (voir leçon 63, N.1).

 

Il faut distinguer wu (où « locatif ») et wu … àna (où « directif »). Le français ne fait pas cette distinction. C'est la même que pour les prépositions mixtes demandant tantôt le datif, tantôt l'accusatif. Notez bien que, outre l'utilisation concrète comme à la phrase 7, nous pouvons en avoir des emplois imagés comme à la phrase 8. Quand les pensées s'envolent…

 

La préposition üs veut toujours le datif, alors même qu’elle marque toujours une origine, sorte de direction négative (d’où ?). Cela explique le datif du féminin üs dr Stàdt. On renforce souvent la préposition par un adverbe de même racine marquant également la sortie et placé après le complément : üssa (voir leçon 36, note 6).

 

La préposition dur (à travers) est toujours suivie de l'accusatif, comme fer (pour) et gega (contre). Au sens figuré, dur signifie souvent « par » ou « par l'intermédiaire de » : Hàsch dü dàs Packla dur d Poscht bikumma? (As-tu reçu ce paquet par la poste ?)

 

 

 

Iawung

 

Wenn morna s Watter natt ìsch, geh(n) mìr spàziara.

Wenn’s wärmer ìsch as hìtta, bliiwa mìr dussa.

Mìr wann hìtta schu a Bìtsi dur dr Wàld spàziara.

Denn wohrschints wìrd’s morna wìder kälter.

Wu ìsch d Stroß, wu üs dr Stàdt üssa geht?

Ja, wu wìtt denn dü eigentlig àna?

 

 

Corrigé

Si, demain, le temps est beau, nous irons [nous] promener.

S’il fait plus chaud qu'aujourd'hui, nous resterons dehors.

Nous voulons aujourd’hui déjà [nous] promener un peu à travers la forêt.

Car demain, il fera (devient) sans doute de nouveau plus froid.

Où est l'avenue (route) qui sort (va hors) de la ville ?

Mais, où donc veux-tu (y) [aller], au fait ?

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Tous les enfants vont à l’école.

Àlla ...... gehn ìn d ........

 

Ils se lèvent le matin à sept heures.

Sa ..... z Morga .. Sìewena ...

 

Ils reviennent à midi pour manger.

Sa ..... àm Zwälfa ..... fer .. .....

 

Maman travaille plus volontiers à la maison.

.. Màma ....... liawer dheima.

 

Papa ne reste pas souvent à la maison.

Dr Pàpa ..... nìt ...... dheima.

 

Il travaille tous les jours à l'extérieur.

Ar schàfft .... Tàg ....... .

 

 

Corrigé

 

Kìnder – Schüela     stehn – àm - uf    kumma – heima – z assa   D – schàfft   blibbt – vìelmol     àlla - üswarts

 

 

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Tourisme commercial ? Il y a quelques décennies, lorsque les taux de change étaient encore plus favorables au franc français, les alsaciens se rendaient massivement qui en Allemagne, qui en Suisse, pour y faire des achats alimentaires, vestimentaire et autres. C'était une manière comme une autre d'occuper ses loisirs. D'autant plus que ces deux pays voisins ont toujours eu, dans la mentalité alsacienne, une image très positive en matière de qualité de leur produit. Depuis, ce courant migratoire s'est largement inversé.

Au fil des ans, de nombreuses grandes surfaces se sont implantées dans la périphérie des grandes villes alsaciennes. Elles-mêmes et les boutiques de leurs galeries commerciales sont littéralement prises d'assaut vers la fin de la semaine. C'est d'ailleurs une excellente occasion d'entendre des familles suisses parler leur haut-alémanique et des familles badoises s'entretenir en un bas-alémanique encore plus proche de l'alsacien

 

 

 

 

Àchtadrissigschta (38.) Stund

 

Mannla un Schnackla

1 - Lüeg do, wer àss zu uns kummt! Buschur Màdàm Ochs. ②③

2 - Buschur, Màdàm Beck, wia làuifa d Gschafta?

3 - Zìemlig güet, mìr känna nìt klàga, denn as ìsch boll Sunntiklàuis.

4 - Àh? Waga dam verkàuift Sa schu Mannla un Schnackla?

5   Ìsch’s nìt a Bìtsi friahj, Màdàm Beck, ìm Oktower schu?

6 - Jo, weißt Sa, Màdàm Ochs, as ìsch hìtta nìmma meh wia friahier.

7   D Litt namma’s mìtem Kàlander nìmma meh aso gnàui wia sallamols.

8 - Dia Mannla sìn rìchtig luschtig: Sa han a Kopf un a Büch.

9   Sa han zwei Arm un zwei Bei, àwer kè Hàls, kè Hand un kè Fiaß.

10 - Nàtirlig han sa aui kè Àuiga, kè Nàsa, kè Ohra un kè Müül.

11   Zum Glìck han sa aui kè Hoor; d’Hàuiptsàch ìsch, sa sìn güet!

 

 

Des bonshommes et des escargots

1 — Regarde [voir] (ici), qui (que) vient chez nous ! Bonjour, Madame Ochs.

2 — Bonjour, Madame Beck, comment marchent les affaires ?

3 — Assez bien, nous ne pouvons pas [nous] plaindre, car c’est bientôt [la] Saint-Nicolas.

4 - Ah [bon] ? C’est pour cela [que] vous vendez déjà [des] bonshommes et [des] escargots ?

5  [N’]est-ce pas un peu tôt, Madame Beck, en octobre déjà ?

6 - Ben, vous savez, Madame Ochs, aujourd'hui, ce n’est plus comme jadis (plus tôt).

7  Les gens ne prennent plus le calendrier tellement au sérieux qu'à l’époque (ne le prennent plus tellement précis avec le calendrier).

8 - Ces bonshommes sont vraiment amusants : Ils ont une tête et un ventre.

9  Ils ont deux bras et deux jambes, mais pas de cou, pas de mains ni de pieds.

10 - Naturellement, ils n’ont pas non plus d'yeux, ni (et pas) de nez, ni d'oreilles, ni de bouche.

11  Heureusement [qu'] ils n’ont pas non plus de cheveux ; l'essentiel est [qu'] ils soient (sont) bons.

 

 

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Notes

 

Ce sont deux formes saisonnières de Weckla (petits pains).

 

Le pronom interrogatif wer (qui) introduit ici une interrogation indirecte, donc une subordonnée, avec le verbe à la fin. Nous constatons que ce pronom est accompagné de àss (que). Il en est ainsi dans toute interrogation indirecte, sauf une, celle introduite par äb (si), qui correspond à l'interrogation direct dite « totale » (sans mots interrogatif, mais avec verbe en tête et réponses par ja ou nei). Exemple : Kummsch dü morna? (Viens-tu demain ?) est une interrogation totale directe.

En interrogation indirecte, nous aurons : Ìch frogg di, äb dü morna kummsch. (Je te demande si tu viens demain).

 

La préposition zu - qui régit toujours le datif - marque ici vraiment une destination (chez nous) et se distingue de bi uns, également « chez nous » en français, mais avec l'idée de lieu fixe (voir leçon 33, note 1). Le pronom personnel de la 1e personne du pluriel, mìr, a la même forme à l'accusatif et au datif : uns. On aurait de même : mìt uns (avec nous), waga uns (à cause de nous), etc.

 

Le nom s Gschaft (magasin, affaire) a deux pluriels salon le sens : Gschafter (magasin) et Gschafta (affaires) : a güet Gschaft (une bonne affaire).

 

La prononciation a évolué au cours des siècles, si bien que Sankt Nikàuis (Saint Nicolas) est devenu Sàndiglàuis, souvent même Sundiglàuis, les enfants n’entendant plus guère que Sunntig (dimanche), qui n’a pourtant rien à voir ici.

 

Les deux noms désignant ces gâteries sont des diminutifs en -la. Ils sont donc neutres et ont la même forme au pluriel qu’au singulier. Ici, comme dans le titre, ce ne peut être que des pluriels indéfinis, signalés par l'absence d'article. Car, au singulier, l'”article zéro” ne s'applique qu’aux noms de matières en guise de « partitif » (voir leçon 7, note 3).

 

L'adverbe de temps nìmma est le résultat d'une contraction de nìt meh (ne plus), reflet fidèle de l'expression française correspondante. Souvent, on ajoute encore une fois meh : Ar kummt nìmma meh heima. (Il ne rentre plus).

 

Beaucoup de ces noms sont au pluriel. En voici le singulier et le passage au pluriel. Nous avons ceux qui - à part l'article - ne changent pas : s Bei (jambe), s Hoor (cheveu) et d Nàsa (nez), ceux qui ne changent que de voyelle (métaphonie) : dr Àrm / d Arm (bras), d Hànd / d Hand (main), dr Kopf / d Käpf (tête), dr Büch / d Bich (ventre) et dr Füeß / d Fiaß (pieds), ceux qui prennent le suffixe -a :  s Àuig / d Àuiga (œil) et s Ohr / d Ohra (oreille), enfin un seul, ici, qui cumule la métaphonie et le suffixe -er :  s Müül / d Miiler (bouche). Ajoutons d beesa Miiler (mauvaises langues, mot à mot : « méchantes bouches »).

 

On eût pu dire D Hàuiptsàch ìsch, àss sa güet sìn!, avec subjonction àss (que), utilisant une subordonnée et mettant le verbe à la fin. L'alsacien - comme la plupart des langages populaires - fait volontiers l'économie des subordonnées (« hypotaxe » pour les initiés), leur préférant souvent la juxtaposition de simples petites indépendante (« parataxe »).

 

 

 

 

 

Iawung

 

Hìtta kummt d Màdàm Ochs zu dr Màdàm Beck.

Sa wìll wobrschints a Bìtsi Brot un e pààr Weckla kàuifa.

D Màdàm Bèck verkàuift àwer ìm Oktower schu Mannla.

Dia sìn lustig, denn sa hàn kè Hànd un kè Fieß.

Àwer sa han a Kopf, a Büch, zwei Arm un zwei Bei.

Mìr han aui Àuiga un Ohra, un sogar noch Hor, a Nàsa un a Müül.

 

Corrigé

 

Aujourd’hui, Madame Ochs vient chez Madame Beck.

Elle veut probablement acheter un peu de pain et quelques petits pains.

Mais Madame Beck vend des bonshommes [dès] (en) octobre (déjà).

Ceux-ci sont rigolos, car ils n’ont ni mains ni pieds.

Mais ils ont une tête, un ventre, deux bras et deux jambes.

Nous avons aussi des yeux et des oreilles, et même encore des cheveux, un nez et une bouche.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

En Alsace, il y a des montagnes.

.. Elsàss .... ‘s Barga.

 

Le Grand Ballon est très haut.

Dr Großa ...... ìsch .... hoch.

 

En haut, la vue est très belle.

.... ìsch d Üssìcht sehr ..... .

 

En bas, on voit beaucoup de villages.

.... gsìeht-.. viel Därfer.

 

On voit aussi les mines.

Ma ..... aui d .....

 

Leurs terrils sont beiges.

Ìhra ..... sìn ..... .

 

 

Corrigé

 

Ìm – gìtt      Belcha – sehr      Owa – scheen    Unta – ma     gsìeht – Mina     Hiffa - beige

 

 

 

La Saint Nicolas : Jadis, c'était l'unique vraie fête des enfants d'Alsace. Saint Nicolas, « patron des écoliers », comme dit la chanson, fut, au IVe siècle, évêque d'Asie Mineure, l'actuelle Anatolie, en Turquie asiatique. Sa réputation d'homme d'une bonté légendaire envahi rapidement toute l'Europe. On dit de lui qu'il tira d'un saloir et ressuscita trois enfants. Vénéré comme saint patron de la Lorraine, il vit tout naturellement son culte étendu à l'Alsace voisine, cultuellement et culturellement très proche. Dans bien des familles, le 5 décembre au soir, veille de la Saint Nicolas, un mystérieux prélat en chair et en os viens encore dans les « chaumières », avec son fidèle et tant redouté compagnon, Hans Trapp (Jean Trapp), sorte de Père Fouettard spécifiques à cette province. Parmi les friandises qu'il distribue tous deux, on compte des noix, de petites pommes rouges, des Mannla briochés vaguement anthropomorphes, rappelant les trois enfants sauvés par le saint homme. Moins chanceux que leurs modèles, ceux-ci n’échapperont pas à leur tragique destin. Pas davantage que les Schnackla, dont la forme en escargot rappelle une crosse d'évêque.

 

 

 

 

Niinadrissigschta (39.) Stund

 

Ìma Àltersheim

1 - Buschur, Màdàm Sìnger, kennt Sìe mìch noch?

2 - Ѐ jo ammel, Ìhr sìn da Herr vu dr Mairie, vum letschta Johr.

3 - Ìch wìnsch Ìhra viel Glìck un Gsundheit zum Geburtstàg; wia geht’s? ④⑤

4 - Vielmol merci! Wia wìll’s geh, ìn mim Àlter?

5   Ìch bìn hàlt wìder a Johr älter.

6 - S letschta Johr ìsch Sa doch niinzig gsìì; un dàs Johr? ②⑦

7 - Niinzig un eins, dàs màcht einaniinzig; a soviel kàn i noch rachna!

8   Àwer as langt jetza gràd, denn ma kààt nìt glàuiwa, àss ma-n-aso àlt wìrd.

9   Ìch batt àlla Tàg: « Herrgott, kumm hol mi, … àwer nìt hìtta! »

10 - Un wàs màcht Ìhra Fàmìlia: kumma sa àls, àb un züe?

11 - Mina Sehn kumma àlla Wucha, fer mìr d Wäsch un d Kummissiona z’màcha.

12   Je, bìn ìch froh, àss Ìhr elsasserditsch reda, denn ìch kàn nìt güet Frànzeesch.

 

 

 

Dans une maison de retraite

1 — Bonjour, Madame Singer, vous me reconnaissez (connaissez-vous moi encore) ?

2 — Mais bien sûr : vous êtes ce monsieur de la mairie, de l’année dernière.

3 — Je vous souhaite [un bon] (beaucoup bonheur et santé pour l’) anniversaire ; comment ça va ?

4 — Merci beaucoup (de fois) ! Comment ça peut (veut) aller à mon âge ?

5   [Que voulez-vous,] j'ai (suis) de nouveau un an [de] plus (âgée).

6 — L'an passé vous aviez (avez été) quatre-vingt-dix [ans], [n'est-ce pas] ; et cette année ?

7 — Quatre-vingt-dix plus un, cela fait quatre-vingt-onze ; cela (autant), je sais (peux) encore [le] calculer.

8  Mais maintenant, cela suffit (juste) ; car on ne peut pas croire que l’on devient aussi vieux.

9 Je prie chaque jour : “Seigneur Dieu, viens me chercher, ... mais pas aujourd’hui !”.

10 — Et comment va (que fait) votre famille : ils viennent parfois [vous voir], de temps en temps ?

11 — Mes fils viennent toutes [les] semaines, pour me faire la lessive et les courses.

12  Ah, que je suis contente que vous parliez [l’]alsacien, car je ne sais (peux) pas bien [le] français.

 

 

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Notes

 

Nous avons rencontré des mots composés dès la leçon 3 : Wissbrot (pain blanc), Mìlchweckla (petit pain au lait). Ici nous avons s Heim (foyer, chez soi), précisé par Àlter (âge), « mon tout » désignant une maison de retraite. Heim peut être rapprochée de notre « home », qui nous vient de l'anglais, langue cousine de l'alsacien. On le retrouve aussi à la fin de nombreux noms de communes d’Alsace se terminant en « -heim ».

 

L'élu municipal venant souhaiter son anniversaire à la vieille dame s'adresse à elle en utilisant la forme de politesse à l'italienne, qui sied tant aux dames. Quant à elle, d'origine rurale sans doute, elle utilise la forme à la française. Car, dans les villages, les deux autres formes sont parfois considérées comme trop distantes et même ironiques, tant elles sont solennelles ! (Voir leçon 21, N.4)

 

Voici enfin l’adjectif démonstratif proche au masculin da Herr (ce monsieur-ci), phrase 2, et au neutre dàs Johr (cette année-ci), phrase 6. Le féminin, nous le connaissons depuis la leçon 31 : dia Wìrtschàft (ce café-ci). Au pluriel, nous aurions dia Litt (ces gens-ci). En bas-rhinois, on dit der au masculin, die au féminin et au pluriel, enfin dès au neutre.

 

Le pronom personnel féminin Sìe (elle, ici « vous », forme de politesse) a pour datif accentué (tonique) Ìhra (à elle, ici « à vous »), dont la forme atone et réduite à ‘ra.

 

Les vœux commencent souvent par Vìel Glìck un Gsundheit zum suivi de l’occasion de ces vœux, par exemple Nèijohr (nouvel an, voir leçon 25, phrase 8).

 

Le comparatif de àlt (âgé) est älter ; comme wàrm/wärmer, il se forme par métaphonie plus suffixe -er (voir leçon 25, note 6).

 

Nous vous présentons le premier verbe au passé ! C'est un passé composé, celui du verbe sìì (être), qui se sert d’auxiliaire à lui-même : ìch gsìì (j’ai été). Notez que le participe gsìì, lui aussi, se place à la fin (comme certains préfixes verbaux, les infinitifs, etc). Cela fait « beaucoup de monde »  à la fin !).

 

Le pronom personnel de la première personne ìch prend, au datif, la forme mìr ou m’r, que nous connaissons depuis longtemps (voir leçon 22, note 8). En voici l'accusatif, pour le complément d'objet « direct », sous ses deux formes, l'une tonique mìch (phrase 1) et l'autre atone mi (phrase 9).

 

La préposition fer (pour) est souvent suivi d'un verbe à l'infinitif situé à la fin, comme il se doit. Celui-ci est le plus souvent précédé d'une autre préposition, z (voir leçon 36, phrase 5 et note 5). Celle-ci est parfois omise pour éviter trop de lourdeur, mais souvent aussi par simple négligence. Notez, en passant, que z se place devant le verbe de base, donc après le préfixe mobile : Ìch blibb ìm Bett fer üs-z’schlofa (Je reste au lit pour faire la grasse matinée).

 

 

 

 

Iawung

 

Hìtta hàt d Madam Singer Geburtstàg.

Mìt einaninzig ìsch sa nìmma meh gànz jung.

Sa kààt àwer noch sehr güet rachna.

As gìtt dàto vìel Litt, wu àlt wara, mangmol sogàr ìwer hundert.

Dia Màdàm hàt a Tochter un zwei Seehn.

Ìhra Seehn màcha d Wäsch un d Kummissiona, àwer ìhra Tochter mangmol aui.

 

 

Corrigé

Aujourd’hui, Madame Singer a [son] anniversaire.

À (avec) quatre-vingt-onze [ans], elle n'est plus tout à fait jeune.

Mais elle sait (peut) encore très bien calculer.

Il existe actuellement beaucoup de gens qui deviennent vieux, [atteignant] parfois même plus de cent [ans].

Cette dame a une fille et deux fils.

Ses fils font la lessive et les courses, mais sa fille aussi parfois.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Les gens aiment aller se promener.

D Litt .... garn ........ ,

 

Mais pas seulement en ville,

àwer nìt .... ìn dr .....

 

Ils préfèrent aller un peu à l'extérieur.

Sa gehn .,.... a Bìtsi ........

 

Là-bas, ils trouvent alors un chemin.

…… fìnda sa ..... a Wag.

 

Et ils passent aussi en forêt.

Un sa gehn aui … dr …..

 

C’est bien quand le temps est beau.

As ìsch …., …. S Watter scheen ... .

 

Corrigé

 

gehn – spàziara     numma – Stàdt     liawer – üswarts    Därta – dernoh     dur – Wàld    güet, wenn - ìsch

 

 

 

 

Viarzigschta (40.) Stund

 

Mìt em Zug dur s Elsàss

1 - Buschur, Herr Schwàrtz, wàs màcha denn Ìhr do, àm Bàhnhof?

2 - Ìch kumm äfters numma schnall a Zittung ku kàuifa; ja un Ìhr, Herr Brün?

3 - Ìch gàng uf dr Zug; denn dr Zug ìsch rìchtig pràktisch.

4   Mìndeschtens weiß ma, wenn àss ma àbfàhrt un aui wenn àss ma ààkummt.

5 - Un, wìssa-n‘r, derzüe brüücht ma nìt noch a Plàtz fìnda fer z’stàtionniara.

6   Denn vum Gare üs kààt ma a Autobüs oder a Tràmway namma oder gàr a àndrer Zug.

7 – Pro Tàg fàhra meh às drissig Personazìg vu Milhüüsa uf Stroßburg, àna un zruck.

8 - Hàuiptsachlig unter dr Wucha; un as fàhra noch Zìgla ìn àndra Rìchtunga.

9 - Uf da großa Linia fàhra Schnallzìg un Bummelzìg,

10  uf da kleina Strecka fàhra hìttzutàgs fàscht numma noch Autorail.

11 - Àlso àdié denna; güeta Reis, Herr Brün, màcha’s güet!

 

 

 

En (avec le) train à travers l’Alsace

1 - Bonjour, Monsieur Schwarz, que faites-vous donc (donc vous) ici, à la gare ?

2 - Je viens souvent vite acheter un journal ; (mais) et vous, Monsieur Brun ?

3- [Moi,] je prends (vais sur) le train ; car le train est vraiment pratique.

4   Au moins, on sait quand (qu’) on part et également quand (qu’) on arrive.

5 - Et, vous savez (savez-vous), de plus, on n’a pas besoin (en outre) de trouver une place pour stationner.

6   Car, depuis la gare, on peut prendre un bus ou un tramway ou même un autre train.

7 - Par jour circulent plus de trente trains de voyageurs de Mulhouse à (sur) Strasbourg, aller (et) retour.

8 – Surtout en (sous la) semaine ; et il circule encore des petits trains dans d’autres directions.

9 – Sur les grandes lignes circulent des express (rapides-trains) et des omnibus (balade-trains),

10  [mais] sur les petites distances, ne roulent (de nos jours) presque plus que (seulement encore) des autorails.

11 – Allez, au revoir (alors, adieu donc) ; bon voyage, Monsieur Brun, portez-vous (faites-le) bien !

 

 

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Notes

 

En français, on circule en voiture ou à vélo (surtout pas « en » vélo !) ; en alsacien, c’est mìt (avec), qui marque aussi le moyen et demande le datif (voir leçon 35, N.2).

 

Bàhn (chemin), c’est la base de dr Isabàhn (chemin de fer) ; et dr Hof, c’est la cour ; d’où dr Bàhnhof (la gare). Dans le sud de la région, les générations successives utilisent volontiers s Gare, neutre, et même d Gare, pour les plus jeunes, qui ont adopté le genre grammatical du mot français (voir phrase 8).

 

Dans Ìch kumm a Zittung ku kàuifa (Je viens acheter un journal), nous remarquons que kàuifa est à la fin, ce qui est normal pour un infinitif. Ce qui l'est moins, c'est qu'il y a un intrus, un mot de trop, ku ! Qui, de plus, est la répétition du radical verbal kumma. Et, en effet, à chaque fois que l'on utilise kumma dans le sens de « venir faire quelque chose », donc avec un autre verbe à l'infinitif, celui-ci est précédé de ce curieux « redoublement de radical » ku. Le même phénomène se produit avec geh (aller) : mìr gehn ge schàffa (nous allons travailler). Cette particularité est spécifique de l'alémanique, dont l’alsacien fait partie.

 

La préposition uf est souvent employée là où on ne l’attendrait pas : uf dr Zug geh (aller [prendre] (sur) le train), uf s Büro geh (aller au bureau), uf dr Poscht schàffa (travailler à la poste), uf dr Pàpa wàrta (attendre papa).

 

On pourrait accepter wenn ma àbfàhrt, au sens de « lorsque l'on part ». Mais ce ne serait plus une interrogation indirecte (voir leçon 38, note 2). Le sens en serait nettement différent.

 

Comme nous venons de le souligner à la leçon précédente, quand la préposition fer (pour) se trouve devant un infinitif de verbe, ce qui est fort courant, on met normalement z’ entre les deux. L’oublier fait négligent (voir leçon 39, note 9).

 

Une préposition est fréquemment précisée par un adverbe placé après le nom (voir leçon 36, note 7). Ainsi vu (de) devient, ici, vu … üs (depuis, au départ de) et, ailleurs, vu … har (depuis, en provenance de, voir leçon 41, phrases 2 et 5).

 

A unter dr Wucha (pendant la semaine, littéralement « sous la semaine ») s'oppose ìwer dr Sunntig (durant le week-end, littéralement « par-dessus le dimanche). Notez aussi unter dr Stund (entre midi et deux, mot à mot « sous l’heure »).

 

Ce sont là trois expressions très courantes. En Alsace, il n’est pas rare d’entendre leur traduction littérale, par exemple « Fais le bien ! » pour « Porte toi bien ! », soit dans la bouche de personnes maîtrisant mal le français, soit comme simple amusement destiné à détourner l'attention de l'émotion causée par la séparation.

 

 

 

Iawung

 

Zwei Herra kumma àn dr Bàhnhof vu dr Stàdt.

Dr Erschta kummt numma-n-a Zittung ku kàuifa.

Dr Zweita wìll àwer rìchtig uf dr Zug geh.

Ar sajt, ar fàhrt liawer mìt em Zug às mìt’m Auto.

Sa fìnda àlla zwei, àss dr Zug viel pràktischer ìsch.

Àwer morna un ìwermorna fàhra àlla zwei wìder mìt em Wàga!

 

 

Corrigé

 

Deux messieurs viennent à la gare de la ville.

Le premier vient uniquement acheter un journal.

Mais le second veut vraiment aller [prendre] (sur) le train.

Il dit qu'il aime mieux aller en train qu'en auto.

Ils trouvent tous deux que le train est beaucoup plus pratique.

Mais demain et après-demain, tous deux circuleront de nouveau en voiture.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Bonshommes et escargots sont des petits pains.

……. un Schnackla sìn .......

 

Ils les vendent déjà en octobre.

.. verkàuifa sa .... ìm ....... .

 

Il est encore un peu tôt.

As .... noch a ..... friaih.

 

Les bonshommes sont vraiment drôles.

D Mannia ... rìchtig ......

 

Ils n’ont pas de mains ni de pieds.

Sa ... kè Hand .. .. Fiaß.

 

Mais ils ont une tête et deux jambes.

…. sa han a .... un zwei Bei.

 

 

 

 

Corrigé

 

Mannla – Weckla     Sa – schu – Oktower      ìsch – Bìtsi     sìn – luschtig   han – un kè    Àwer - Kopf

 

 

 

 

Einaviarzigschta (41.) Stund

 

Uf em Markt

1   Drèi Mol ìn dr Wucha ìsch Markt: àma Zischtig, àma Dunnschtig un àma Sàmschtig.

2   Gmiashandler kumma vu ìweràll har, àwer aui noch a pààr rìchtiga Büüra un Biirena.

3   Do gìtt’s Obst un Gmias soviel às ma wìll un ìn àlla Fàrwa: rot, blàui, gaal, grian un so witterscht.

4 - « Bìlliga Äpfel, sàftiga Bììra, frìsch Obst un scheen Gmias! Orààscha, Zitrona! »

5   Aso schrèia sa un briala sa lütt vu àlla Sitta har; ma heert si eigena Wort nìmma.

6 - Kopfsàlàt, Blüemkehl, Rotkrütt, Kìnggala, Bibbala, frìscha Eier!

7   Wàs bliabt, Màdàm? Wàs därf’s sìì? Schwàssiart Sìe numma riawig.

8 - Hàt Sa kè griana Bohna oder frìscha Arbsla, oder junga Galriawla?

9 - Àwer doch nìt zu dara Johreszitt, junga Fràui, as ìsch doch boll Àllerheiliga!

10 - Èbè, dernoh màcht Sa mìr zwei Stüüda Làuich un drèi Kilo Hardäpfel.

11 - Do hàn i noch scheena wissa Ratig un Suppagrians.

12 - Ratig vertràg i nìt; un Fleischsuppa màch i èrscht fer àm naachschta Sunntig.

 

 

 

Au (sur le) marché

1  Trois fois par semaine, il y a marché : le mardi, le jeudi et le samedi.

2  Des marchands de légumes viennent de partout, mais aussi encore quelques vrais paysans et paysannes.

3  On trouve (ici, ça donne) des fruits et des légumes autant [qu’] on en veut et de (en) toutes les couleurs : rouges, bleus, jaunes, verts, etc.

4 — « Pommes pas chères, poires juteuses, fruits frais et beaux légumes ! Oranges, citrons ! »

5  [C’est] ainsi [qu’] ils crient et hurlent fort de toute part (de tous les côtés venant) ; on n'entend plus sa propre voix (parole).

6 — Laitue pommée, chou-fleur, chou rouge, lapins, poulets, œufs frais !

7  Vous désirez, Madame ? Que puis-je pour vous (qu'a le droit d'être) ? Choisissez, prenez votre temps (seulement calmement).

8 — Vous n'avez pas de haricots verts ou des petits pois frais, ou de jeunes carottes ?

9 - Mais pas en cette saison, [ma] jeune dame, [car] on est bientôt à (c'est bientôt) [la] Toussaint.

10 — Eh bien, alors mettez-moi (faites-moi) deux poireaux et trois kilos de pommes de terre.

11 - Là, j’ai encore de beaux radis blancs et des légumes à pot-au-feu.

12 – Je ne digère (supporte) pas [le] radis, et je ne ferai du pot-au-feu que (pour) dimanche prochain.

 

 

Notes

 

Le nom composé Gmiashàndler a pour base dr Hàndler (marchand), lui-même dérivé de dr Hàndel (commerce). On reconnaît bien le dérivé à son -a- métaphonique et à son suffixe -er, deux formes grammaticales qui nous rappellent des pluriels de noms et des comparatifs d’adjectifs ou d’adverbes. Dans la même famille de mots, on trouve le verbe hàndla (1 – agir  2 – faire des affaires). Ne pas confondre avec handla ((se) disputer) et dr Handel (dispute), car il n'y a strictement aucun rapport, évidemment. Sauf que, à l'origine de tous ces mots, il y avait d Hànd (la main), pluriel d Hand. À croire qu'on en venait souvent aux mains…

 

Les verbes schrèia et briala sont quasiment synonymes. Notez un nouvel emploi de la préposition vu, renforcée et précisée par un adverbe de lieu, har, placé après le nom et marquant la provenance (voir leçon 40, note 7).

 

Schwàssiara : Il n'est pas facile à reconnaître sous cette forme, mais cet emprunt au français « choisir » a acquis une prononciation tellement éloignée de l'original que seule une nouvelle graphie permet d'en rendre compte.

 

L'adjectif démonstratif proche da (ce …ci), dia (cette …ci), dàs (ce …ci), dont nous avons vu récemment les formes servant de nominatif et d’accusatif, a aussi un datif : dam (à ce …ci), au masculin et au neutre, dara (à cette … ci) au feminin, dana (à ces … ci) au pluriel (voir leçon 39, note 3). Le datif dara est ici exigé par la préposition zu.

 

Ebè est une exclamation française (eh bien).

 

Mot à mot : « de la verdure pour soupe », même si le sachet contient bien d’autres couleurs.

 

Le verbe vertràga (supporter) est employé comme euphémisme pour verdàuia (digérer). Notez le pronom personnel -i accolé aux verbes (position enclitique). Ce sera le cas de tous les pronoms atones suivant un verbe ou une subjonction.

 

 

 

 

Iawung

 

Àn‘ma Zischtig, àn‘ma Dunschtig un àn‘ma Sàmschtig ìsch Markt ìn dara Stàdt.

Viel Litt gehn liawer uf dr Markt às ìn a Gschaft.

D Màma màcht drèi Mol ìn dr Wucha Kummissiona uf em Markt.

Därta kàuift sa Obst un Gmias, ja sogàr Fleisch.

D Handler verkàuifa soviel Wàr às ma wìll.

Sa schrèia aso lütt, àss ma si eigena Wort nìmma meh heert.

 

 

Corrigé

 

Le mardi, le jeudi et le samedi, il y a (est) marché dans cette ville.

Beaucoup [de] gens aiment mieux aller au marché que dans un magasin.

Trois fois par semaine, maman fait des courses au marché.

Elle y achète [des] fruits et [des] légumes, et même [de la] viande.

Les marchands vendent autant de marchandises que l'on veut.

Ils crient tellement fort que l’on ne s’entend plus soi-même (sa propre parole).

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Cette dame est en (dans une) maison de retraite.

Die .... ìsch .... Àltersheim.

 

Aujourd'hui arrive de la (une) visite.

Hìtta ……. a …………..

 

Car elle a son anniversaire aujourd'hui.

…. sa hàt .... Geburtstàg.

 

Elle a (est) de nouveau un an de plus.

Sa ìsch ..... a .... älter.

 

Elle a même déjà quatre-vingt-onze ans.

Sa .... sogàr .... einaniinzig.

 

Beaucoup de gens sont encore plus âgés.

.. sìn vìel Litt noch ..... .

 

 

 

Corrigé

 

Dàma – ìn’ma     kummt – Visite      Denn – hìtta     wider – Johr    ìsch – schu    As - älter

 

 

 

Zweiaviarzigschta (42.) Stund

 

Révisions et notes

 

Vous commencez à avoir de solides notions de base surtout si vous avez beaucoup relu, répété, réécouté les dialogues et largement consulter les notes pour mieux comprendre comment fonctionne la langue. Tout n'est pas limpide dans votre esprit ? Rassurez-vous, car la quasi-totalité des gens qui parle l'alsacien depuis leur enfance n'a aucune idée consciente de son fonctionnement. Vous avez déjà sur eux cet avantage non négligeable. Vous pourrez même en épater plus d'un par vos connaissances.

 

 

Les „temps“ des verbes

 

De façon générale, la conjugaison des verbes reflète la notion de temps que nous ressentons en pratique : maintenant, plus tard et avant. Les formes verbales correspondante, « présent », « futur » et « passé » servent à situer les événements dont il est question dans une de ces trois « époques ».

 

 

Le présent

 

Il marque soit la simultanéité avec le moment où l'on parle : Dr Hund hàt Durscht (Le chien a soif), soit un état de fait qui dure toujours : Dr Mon ìsch rund (La lune est ronde).

N.B. : Jusqu'ici, nous n’avons employé les verbes qu’au présent, y compris à l'impératif et aux formes de politesse, à une exception près (voir leçon 36, note 7). La conjugaison peut être :

a) régulière comme pour kocha (faire la cuisine, bouillir) : ìch koch, dü kochsch, sa kocht, mìr kocha… , lüega (regarder), fàhra (rouler), etc.

b) légèrement irrégulière comme pour bliiwa (rester) ìch blibb (« i » breef), mìr bliiwa (« i » long), reda (parler) : ìch redd (« e » bref), mìr reda (« e » long) ou

c) fortement irrégulière comme pour sìì (être) et hàà (avoir) (voir leçon 14, N.2), mais aussi gaa (donner) et geh (aller) (voir leçon 21, N.3) et quelques autres. Vous les apprendrez en les employant, sans trop d’efforts.

 

 

Le futur

 

Contrairement à une idée reçue (L'alsacien n'a pas de futur, parce qu'il n'a pas d'avenir), il existe bien un « futur grammatical ». Il est formé, d'une part du verbe wara (devenir) pris comme auxiliaire : ìch wìrr, da wìrsch, ar wìrd, mìr wara, etc. (au singulier, une grande partie de l’Alsacedit ìch wurr, da wursch, etc.) et, d’autre part, du verbe à conjuguer à l'infinitif et placé à la fin. Exemple : Da wìrsch schu noch gsah! (Tu verras [bien] (déjà encore) !).

Mais ce futur apporte plus qu'une information “temporelle”, il y ajoute une nuance “modale” pour rassurer ou, au contraire, menacer, suivant le contexte de la situation. Cette coloration particulière est encore renforcée par la présence de l'adverbe schu (déjà) qui, ici, n'a rien de temporel. Au quotidien, on utilise le présent et on la range pour ajouter un adverbe ou un complément de temps capable d'exprimer l'idée de “futur” : Sa kummt morna heima (Elle rentre(ra) demain). En français aussi, on emploie souvent le présent à la place du futur, du moins à l'oral, certes de manière un peu plus familière.

 

 

 

Le passé

 

Soit la phrase Geschtert ìsch s Water scheen gsìì (Hier, le temps était beau). Le verbe sìì (être) y est employé deux fois, une première fois, au « présent », comme auxiliaire (ìsch) et une seconde fois comme “verbe à sens plein” (être), au “participe passé” gsìì (été). Car l’alsacien dit « Nous sommes été ».

Autre exemple : Mìr han nìt viel ghàà (Nous [n’]avions pas grand-chose). Ici, ce sont deux formes du verbe hàà (avoir).

En réalité, ces deux verbes servent d’auxiliaires à tous les autres, se les partageant suivant une logique que nous verrons plus loin (voir ci-dessous, N.2). Ce passé composé remplace tout à la fois notre « imparfait », notre « passé simple » et notre « passé composé » (ou « parfait »). Pour savoir former un passé alsacien, il faut donc connaître le verbe lui-même - non seulement à l'infinitif, mais également au participe passé (qui commence le plus souvent par g-) et savoir avec lequel des deux auxiliaires il se conjugue. Observez bien les passés qui vont forcément apparaître nombreux au cours des prochaines leçons. Vous verrez que c'est simple, au fond. Mais, comme promis, intéressons-nous tout de suite aux auxiliaires.

 

 

 

Les auxiliaires

 

Il existe trois verbes servant occasionnellement d’auxiliaire à eux-mêmes et aux autres verbes. Le premier wara (devenir) ne pose pas de problème puisque son présent sert à former le futur de tous les verbes, ceux-ci se mettant simplement à l' « infinitif » que l'on place à la fin (voir ci-dessus, N.1, le futur).

Les deux autres, sìì (être) et hàà (avoir) se partagent l'ensemble des verbes pour former le passé en utilisant leur “participe passé”, lui aussi placé à la fin.

Quelle est cette répartition des verbes entre hàà et sìì ?

 

 

Hàà

Le verbe hàà (avoir) sert d’auxiliaire du passé à tous les verbes dits « transitifs », c’est-à-dire pouvant avoir un « complément d’objet », à l’accusatif ou non : Ar màcht sina Àrwet (Il fait son travail), devient Ar hàt sina Àrwet gmàcht (Il a fait son travail) et Sa schibbt ìn dr Màma (Elle écrit à (la) maman) devient Sa hàt ìn dr Màma hschrìewa (Elle a écrit à (la) maman). Ce sont, pour la plupart, des verbes exprimant une « action ».

 

 

 

sìì

Le verbe sìì (être) s’emploie surtout avec les verbes exprimant une « position » ou un « mouvement » : Ìch sìtz dheima (Je suis (assis) à la maison) devient Ìch bìn dheima gsassa (J’étais (assis) à la maison) et Da gehsch spàziara (Tu vas [te] promener) devient Da bìsch spàziara gànga (Tu as allé€ [te] promener). Ce sont donc, outre les verbes de position steh (être debout), sìtza (être assis) et lega (être couché), les verbes de mouvement comme làuifa (marcher), renna (courir), fàhra (rouler), fliaga (voler) et tous leurs synonymesplus ou moins lointains. Enfin wara (devenir) : Da bìsch groß worra (Tu es devenu(e) grand(e)) et sìì (être) lui-même (voir ci-dessus, N.1, c, le premier exemple).

 

 

 

 

Les propositions subordonnées

 

Nous en avons déjà rencontré un certain nombre. Nous savons, à présent, que leur verbe à mode personnel doit être placé en fin de proposition. Cela touche tous les verbes au présent, y compris les auxiliaires évoqués plus haut (voir ci-dessus, N 2). Par ailleurs, les subordonnées sont introduites par trois types de mots : subjonctions (conjonctions de subordination), adverbes (relatifs et interrogatifs) et pronoms (interrogatifs), suivi de às (que).

Rappelez-vous :

 

 

 

 

a)       Subjonction „wenn“, dont le sens recouvre le temps (lorsque) et la condition (si) :

Wenn ma … kummt

(Lorsqu’on vient …)

 

Wenn ma gega dr Weschta lüegt

(Si l’on regarde vers l’ouest)

 

Wenn ma owa ààkummt

(Lorsqu’on arrive en-haut)

 

 

b)      Adverbe relatif

 

Därta, wo d’Ìll … làuift

(Là-bas où l’Ill coule …)

 

 

c)       Adverbe interrogatif

 

Ma weiß, wenn àss ma àbfàhrt

(On sait quand (qu‘) on part)

 

 

d)      Pronom interrogatif

 

Lüeg do, wer àss zu uns kummt

(Regarde qui vient chez nous)

 

 

e)      Subjonction as (que) toute seule

 

 

Dàs ìsch natt, àss Sìe … kumma

(C’est gentil [à vous] de venir)

 

Sa fìnda, àss dr Zug … ìsch

(Ils trouvent que le train est …)

 

 

Nous en rencontrerons bien d'autres. Pour l'instant, il vous suffit de retenir les deux principales caractéristiques des propositions subordonnées, énoncées et soulignées ci-dessus.

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser souvent

 

- Wàs’r hàt, dàs wìll’r nìt?

Ca qu’il a, il ne [le] veut pas.

 

- Wàs’r wìll, dàs hàt’r nìt?

Ce qu’il veut, il ne [l’]a pas.

 

- Ìsch dàs a Verkehr!

Quelle circulation !

 

- Dàs ìsch nìt schlìmm.

Ce n’est pas grave.

 

- Hàsch dü-n-a Àhnung!

Tu n’en as aucune idée !

 

- Ìsch’s do kàlt!

[Qu’est-ce qu‘]il fait froid ici !

 

- Wàs därf’s sìì?

Qu’y a-t-il à votre service ?

 

- Gott ìm Hìmmel!

Dieu du ciel !

 

- Màch /Màcha dàs nìt!

Ne fais / faites pas cela !

 

- A wunderscheena Üssìcht.

Une vue magnifique.

 

- Hìtta ìsch s Watter natt.

Aujourd'hui, le temps est beau.

 

- As ìsch scheener às geschtert.

Il fait plus beau qu'hier.

 

- Ma därf nìt ìwertriiwa.

Il ne faut pas exagérer.

 

- Wu danksch àna!

Que [vas-]tu penser là ?

 

- Weisch wàs ?

J'ai une idée ! (Tu sais quoi ?)

 

- Numma kei Àngscht!

N'aie / N'ayez (seulement) pas peur !

 

- Mìr känna nìt klàga.

Nous ne pouvons pas [nous] plaindre.

 

- As geht aso.

Ça va à peu prés.

 

- Dàs stìmmt.

[Ca,] c'est exact.

 

- As langt jetza.

Ca suffit maintenant.

 

- Ìch bìn froh.

Je suis content(e).

 

 

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Drèiaviarzigschta (43.) Stund

 

D Rìesatochter un dr Büür (I)

1  Zìemlig ìm Norda vu da Vogesa, därta, wu d Barga nìmma meh aso hoch sìn, ①②

2  küüm ebbana drissig Kilometer ìm Weschta vu Stroßburg, légt Hàslàch.

3  Wenn ma vu Molsa harkummt, kummt zèrscht Nìederhàslàch un witterscht Owerhàslàch.

4  Un noch ebbana zeh Kilometer witterscht barguf steht d Burg Nideck.

5  Därta, uf dam àlta Schloss, ìsch gànz friahier a Fàmìlia vu Rìesa gwohnt:

6  A Rìesavàtter, a Rìesamüeter un a Rìesatochter, wu àllawiil bràv gfolgt hàt.

7  Àn’ma scheena Morga, ìsch d Rìesamàmsell ìns Tàl àwa gànga.

8  Därta hàt sa ìwer eimol a Büür gsah, wu gràd uf sim Fald gschàfft hàt.

9  Fer s Rìesamaidla sìn da Büür, si Pflüeg un sina zwei Rässer gànz klei gsìì.

10 -  Oh, wia natt! hàt’s gsajt: Dàs müeß i ìn mim liawa Pàpa brìnga un zeiga!

11  Gschnall hàt’s àlles zammapàckt un mìt Rìesaschrìtt uf dr Barg uffabrocht.

 

 

La fille de géant et le paysan (I)

1 Assez au nord des Vosges, là où les montagnes ne sont plus tellement hautes,

2 à peine [à] quelque trente kilomètres à l'ouest de Strasbourg, se trouve Haslach.

3 Quand on vient de Molsheim, il y a (vient) d’abord Niederhaslach et, plus loin, Oberhaslach.

4 Et encore quelque dix kilomètres plus loin en amont se dresse le château fort [de] Nideck.

5 Là-bas, dans (sur) ce vieux château, habitait, il y a très longtemps (tout plus-tôt), une famille de géants :

6 Un père géant, une mère géante et une fille géante, qui obéissait toujours sagement.

7 Un beau matin, la demoiselle géante descendit (alla en bas) dans la vallée.

8 Là, elle vit soudain un paysan, qui, justement, travaillait dans (sur) son champ.

9 Pour la fille de géant, le paysan, sa charrue et ses deux chevaux étaient tout petits.

10 - Oh, que [c’est] joli, dit-elle. (Cela,) je dois [l’]apporter et [le] montrer à mon cher papa !

11 Vite, elle ramassa [le] tout et, à (avec) pas de géant, l'apporta à (sur) la montagne.

 

 

 

Notes

 

L’adverbe démonstratif lointain därta et l’adverbe relatif wu ont bien, ici, le sens local déjà rencontré à la leçon 32, phrase 1. Mais rappelons-nous que ce même wu peut aussi être adverbe interrogatif de lieu (voir leçon 37, note 5 : wu / wu àna). Et ce n'est pas tout. Nous verrons plus loin qu'il peut jouer d'autres rôles encore, mais, grâce aux contextes, il ne posera jamais de problème de compréhension (voir ci-dessous, note 8 et leçon 44, note 1).

 

Nous savons déjà que la préposition vu (de) demande le datif (tout comme mìt [avec], waga [à cause de], üs [de, hors de], bi [chez, local] et zu [chez, directionnel]. Mais, bien entendu, ce datif n'apparaît qu'en présence d'un article. Voilà pourquoi nous avons vu Stroßburg (de Strasbourg), mais vu da Vogesa (des Vosges) : da est le datif pluriel de l'article défini (voir leçon 35, note 3).

 

L’adverbe witt (loin), a come comparatif witterscht (plus loin) et comme superlatif àm wittschta (le plus loin). Mais l’adjectif witt (lointain, ample) fait son comparatif régulièrement en -er. Le superlatif, régulier, est valable pour les deux.

 

Les mots d Burg, pluriel d Burga, et s Schloss, pluriel d Schlässer, sont pratiquement synonymes. Le premier évoque davantage une fortification située sur une hauteur, car il est de toute évidence « cousin » du mot dr Barg (la montagne, voir leçon 36). Quant à s Schloss, ce mot désigne également une « serrure ». Et de fait, bien des châteaux verrouillaient jadis l'entrée des vallées.

 

Le verbe wohna (habiter) - participe passé : gwohnt – est une sorte de verbe d'état ou de position. Ainsi forme-t-il son passé à l'aide de l’auxiliaire sìì, tout comme geh (aller) - participe gànga – plus haut, phrase 7, verbe de mouvement, et sìì (être) – participe gsìì – lui_même, phrase 9. Tous les autres utilisent l’auxiliaire hàà (avoir), soit folga (obéir) – participe gfolgt – phrase 6, sah (voir) – participe gsah – et schàffa (travailler) – participe gschàfft – phrase 8, sagà (dire) – participe gsajt – phrase 10, zammapàcka (rassembler) – participe zammapàckt – et brìnga (apporter), phrase 10 – participe brocht – phrase 11, tous verbes d’action.

 

Les noms dr Vàter (le père), d Müeter (la mère) et d Tochter (la fille) et même dr Schrìtt, pluriel d Schrìtt (les pas, phrase 11) entrent ici en composition avec dr Rìes (le géant), qui en indique le type, comme le ferait un adjectif ou un complément du nom.

 

Nous avons déjà signalé le besoin qu'éprouve les Alsaciens de renforcer leurs prépositions de lieu par des adverbes : ìn … àwa. Souvenez-vous de vu … àwa (leçon 20, phrase 1), àm … dura (leçon 36, note 7) et üs … üssa (leçon 37, note 6). Allez voir aussi à la phrase 11 : uf … uffa et, à la leçon suivante, phrase 1 : uf … owa. La comparaison aide à comprendre (voir aussi leçon 40, note 7).

 

Nous vous l'avions annoncé à la note 1, ci-dessus, wu est décidément un mot à tout faire. Le voici dans un de ses rôles préférés, celui de « pronom » relatif ! Certes, il reste invariable, il ne s'accorde pas en genre et en nombre avec son antécédent, comme le ferait un pronom relatif français, mais il représente bien a Büür (un paysan) dans la relative qu'il introduit. Il le remplace et, en même temps, sert de sujet au verbe gschàfft hàt. De même, deux lignes plus haut, wu représente a Rìesatochter, son antécédent, et est sujet de gfolgt hàt. Dans le Bas-Rhin, ce petit mot se dit wie, sauf là où, sous l'influence de l’allemand standard, on utilise un véritable pronom relatif, dont la forme est proche de l'article défini : der, die, etc. pour le masculin et le féminin singulier par exemple, surtout après une préposition.

 

Dans cette phrase, l’auxiliaire hàt porte sur les deux participes passés zammapàckt et brocht. Aucun des deux ne comporte l’augment -g, pour des raisons que nous vous expliquerons plus loin (N.1). Notez aussi que brocht est le participe passé (irrégulier) de brìnga de la phrase 10.

 

 

 

 

Iawung

 

D Burg Nideck légt nìt wit vu Stroßburg, àwer zìmlig witt vu Milhüsa.

Sa steht uf ema Barg ìn da Vogesa.

As ìsch a gànz àlt Schloss, wu friahier Rìesa gwohnt sìn.

As sìn numma drèi Litt gsìì, d Màma, dr Pàpa un ìhra Tochter, àwer kè Büe.

Ìm Tàl unta hàt dàs Maidla amol a Büür mìt sina Rässer gsah.

Da Büür ìsch ìn Hàslàch gwohnt un hàt uf sim Fald gschàfft.

 

 

 

Corrigé

 

Le château fort de Nideck se trouve non loin de Strasbourg, mais assez loin de Mulhouse.

Il se dresse sur une montagne des (dans les) Vosges.

C’est un tout vieux château où ont jadis habité des géants.

Ce n'étaient que trois personnes (gens), la maman, le papa et leur fille, mais pas de garçon.

En bas, dans la vallée, cette jeune fille aperçut (vit), un jour (une fois), un paysan avec ses chevaux.

Ce paysan habitait (dans) Haslach et travaillait dans (sur) son champ.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Un monsieur vient acheter son Journal.

A .... kummt .... Zitung ku kàuifa.

 

Un autre homme va [prendre] (sur) le train.

A àndrer .... geht .. dr Zug.

 

Car le train est vraiment pratique.

Denn dr ... ìsch ....... pràktisch.

 

Il est plus agréable que la voiture.

Ar ....  ààgnahmer .. dr .... .

 

II circule beaucoup de trains à travers l'Alsace.

As fàhra ... Zìg dur s ......

 

Ce sont des express et des omnibus.

.. sìn .......... un Bummelzìg.

 

 

 

Corrigé

 

Herr – sina      Mànn – uf     Zug – rìchtig     ìsch – às – Wàga    viel – Elsàss     As - schnallzìg

 

 

 

Le Haslach de cette vieille légende se situe presque au confluent de deux rivières, la Bruche et l’Hasel. Il constitue aujourd'hui deux communes, Niederhaslach et Oberhaslach., La première étant, comme son nom l'indique, situé en aval (nìedr-, « du bas ») de la seconde (ower-, « du haut »). Notons que les habitants de ces communes ont conservé intacts ces noms ancestraux, bien qu’ils fussent germaniques. C'est généralement le cas en Alsace septentrionale ; alors que, dans le Haut-Rhin, on les a souvent francisés partiellement, d’où les Aspach-, Bourbach-, Burnhaupt-, Michelbach-, Spechbach-, Traubach-, etc. -le Haut et -le Bas. Une exception : Oberbruck et Niederbruck, dans la vallée la plus méridionale des Vosges, celle de la Doller, dont le chef-lieu est Masevaux. Et cette savoureuse incohérence : Obermorschwiller resté tout germanique, non loin de Morschwiller-le-Bas, linguistiquement métissé. Notons au passage que le premier se trouve en zone franchement rurale et le second tout près de la ville. Cette constatation confirme la tendance – générale chez les Alsaciens méridionaux et, en particulier, chez les citadins – à abandonner tout ce qui peut rappeler un millénaire et demi de germanitude au bénéfice d'une francisation à outrance. Tant pis pour leurs propres ascendants, ainsi reniés, puisque transformés en étrangers.

 

 

 

 

Viaraviarzigschta (44.) Stund

 

D Rìesatochter un dr Büür (II)

1  Wu d Rìesatochter uffem Schloss owa ààkumma ìsch, hàt ìhra Pàpa glich gfrogt:

2 - Zeig amol, mi Maidala, wàs dü Scheens do ìn dim Schurz dìnna hàsch!

3  Un wu n’r dr Büür gsah hàt, hàt’r großa Àuiga gmàcht un gsajt:

4 -  Dàs ìsch kei Spìel fer dìch, mi Kìnd, brìng dü dàs sofort wìder ìns Tàl àwa!

5  Denn wenn dr Büür nìmma meh fer uns schàfft, dernoh ha mìr nichs meh z’assa.

6  Do hàt’s Maidala lütt fànga à hiila un hiila un hàt gsajt:

7 - Liawer Pàppi, loss mìr dàs Mannla un sina Rässla, sa sìn aso natt un aso luschtig!

8 - Ìch glàuib, dü hàsch mi nìt rìchtig verstànda, Maidala, - hàt dr Pàpa gsajt:

9  Unsra Büüra schàffa uffem Fald, fer àss mìr Brot, Fleisch un Gmias bikumma.

10 - Un Chewing-gum, Pàpa, un Grumbeera un Tüwàk fer dina Pfiffa?

11 - Nei, mi Kìnd, dàs àlles han mìr nonìt, dàs kummt èrscht viel speeter üs Àmerikà.

12  Bìsch jetza aso liab un stiig schnall ìns Tàl àwa un brìng àlles wìder zruck.

 

 

 

La fille de géant et le paysan (II)

1  Quand la fille du géant arriva au (sur le) château, son papa demanda tout de suite :

2 - Montre [un peu] (une fois), (ma) fillette, [ce] que tu as de beau dans ton tablier (dedans) !

3  Et quand il vit le paysan, il fit de grands yeux et dit :

4 - Ceci n’est pas un jeu pour toi, mon enfant, rapporte-le aussitôt dans la vallée !

5  Car si le paysan ne travaille plus pour nous, (alors) nous n'aurons plus rien à manger.

6  Là, la fillette s'est mise à pleurer et [à] pleurer fort et dit :

7 — Cher Papa, laisse-moi ce bonhomme et ses chevaux, ils sont si mignons et si drôles !

8 — Je crois que tu ne m'as pas bien compris, petite (fillette), — dit le papa :

9   Nos paysans travaillent au (sur le) champ pour que nous, nous recevions [du] pain, [de la] viande et [des] légumes.

10 - Et [du] chewing-gum, papa, et [des] pommes de terre et [du] tabac pour ta pipe ?

11 – Non, mon enfant, tout cela, nous ne [l’]avons pas encore, cela viendra seulement beaucoup plus tard d'Amérique.

12  Sois (aussi) gentille, maintenant, et descends vite dans la vallée et rapporte tout.

 

 

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Notes

 

Ici, à la phrase 3, wu n’est ni adverbe ni « pronom » relatif, mais une subjonction proche de wenn (voir leçon 42, N.3a). Dans ce sens (uniquement temporel), wu s'emploie seulement au passé (et, à la rigueur, au présent dit « de narration ») et lorsque l’événement relaté dans la subordonnée est unique et non pas habituel. Comparez : Wenn-i àls heima kumma bìn, … (Quand je rentrais, parfois …) / Wu-n-i geschtert heima kumma bìn, … (Quand je rentrai, hier soir…). Ce qui distingue les deux subjonctions est de même nature que ce qui sépare notre imparfait français (fait répété ou état) du passé simple (fait unique). Dans les subordonnées, on a souvent i, sujet atone, attaché à la subjonction par un trait d'union.

 

Souvenez-vous de ebbis Wàrms (quelque chose de chaud, leçon 11, phrase 5), ebbis Jungs (quelque chose de jeune, un bébé, leçon 18, phrase 4 et note 4). Wàs … Scheens (que … de beau) est du même ordre. Mais avec wàs, les deux mots sont obligatoirement séparés. Normalement, au moins par le verbe et son sujet : Wàs hàsch (dü) Natts ìn dr rachta Hànd? (Qu’as-tu de beau (joli) dans la main droite ?).

 

Dans cette proposition principale, le verbe auxiliaire du passé hàt n'est employé qu'une seule fois, pour les deux participes gmàcht et gsajt. On eût pu le mettre deux fois : Un wu … gsah hàt, hàt-er großa Àuiga gmàcht un hàt gsajt. Mais cela eût fait très lourd. Quant au pronom sujet er, il pouvait difficilement être répété.

 

Le verbe àà-fànga (commencer), sans complément, se comporte comme tous les autres verbes à préfixe accentué (üs-schlofa, etc.). Son participe passé est : ààgfànga (commencé) : Dr Wìnter hàt ààgfànga (L’hiver a commencé). Mais quand il est suivi d'un autre verbe à l'infinitif, parce qu'il s'agit de « commencer à faire » quelque chose, àà-fànga possède deux particularités :

-          Entre lui et l'infinitif qui le suit surgit le préfixe à, mais atone (inaccentué) comme le petit ge qui suit le verbe geh (aller) et le petit ku qui suit le verbe kumma (voir leçon 40, note 3) ou les nombreux z’ devant des infinitifs.

-          En outre, son participe passé est spécifique : fànga, sans augment g- ni préfixe.

 

Comme tous les noms en -la, s Rässla (le petit cheval) est neutre et ne change pas au pluriel : d Rässla (les petits chevaux). C'est le diminutif de s Ross (le cheval), dont le pluriel est d Rässer (voir leçon 43, phrase 9).

 

Dàs hàt dr Pàppa gsajt (Cela, (le) papa [l’] a dit) a bien son verbe en seconde position ? D'accord ? Eh bien, la phrase de la ligne 8 également, car tout ce que le père a dit, de Ìch … jusqu'à Maidala est le complément d'objet de hàt … gsajt, donc l'équivalent de Dàs ci-dessus.

 

Nous connaissons bien là préposition fer (pour, voir leçon 6, phrase 3 : fer wàs?) ! Nous savons aussi que fer est suivi d'un accusatif ou d'un verbe à l'infinitif, normalement précédé de z’ : fer bis därt uffa z’fàhra (Pour rouler jusque là-haut, leçon 36, phrase 5, et leçon 39, note 9). Ici, fer s’adjoint àss. Ensemble, ils introduisent des subordonnées de but : fer àss-mìr Brot … bikumma (pour que nous recevions du pain …). La plupart des subjonctions alsaciennes sont formées de la sorte : préposition + àss (que), la subjonction universelle, en quelque sorte. Et que fait le français quand il dit « pour que », « parce que », « afin que », etc ?

 

Nous pardonnera-t-on ces anachronismes grossiers et qui se voudraient drôles ? Et d'avoir sacrifié nos bons Hartäpfel (pomme de terre, en haut-rhinois) aux Grumbera de nos compatriotes bas-rhinois, puisque Haslach se situe tout là-bas, au nord ?

 

 

 

 

Iawung

 

Dr Vater hàt gsah, was si Maidle ìm Schurz ghàà hàt.

Waga dàm ìsch ar rìchtig paf gsìì.

Àwer ar ìsch gàr nìt zfrìeda gsìì.

S Junga hàt sofort fànga à hiila.

Àwer dr Rìes hàt dr Büür nìt wälla uf sinra Burg hàà.

Denn a Büür müeß àllawil fer d àndra Litt schàffa.

 

 

Corrigé

Le père a vu [ce] que sa fille avait dans son tablier.

C'est pourquoi il était vraiment sidéré.

Mais il n'était pas satisfait du tout.

La jeune s'est immédiatement mise à pleurer.

Mais le géant ne voulait pas avoir le paysan dans (sur) son château.

Car un paysan doit toujours travailler pour les autres gens.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Il n’y a pas marché tous les jours.

As ìsch nì ….. Tàg …….

 

Seulement trois fois par semaine,

.... drèi ... ìn dr ..... .

 

Les paysannes ne vendent pas que des légumes.

D ...... verkàuifa nìt numma ..... ,

 

Elles vendent également des fruits.

Sa ……... aui ….. .

 

Les gens choisissent et achètent.

D .... schwàssiara un .....

 

Ils viennent même en hiver.

Sa ….. sogàr ìm …….

 

 

Corrigé

 

àlla – Markt      Numma – Mol – Wucha      Biirena – Gmias      verkàuifa – Obst     Litt – kàuifa     kumma – Wìnter

 

 

 

Fìmfaviarzigschta (45.) Stund

 

D Stroßawìscher

1  Àlla Morga àm Viara sìn sa schu uf da Bei gsìì, mìt ìhra Basa. (N.2)

2  Ìm Wìnter wia ìm Summer han sa dussa gschàfft, d Stroßawìscher.

3  Un sa han dr gànza Drack ìns Stroßagrawla gwìscht.

4  Un dernoh han sa na uf ìhra Stoßkarra oder ìn ìhra Wagala inaglàda. ④⑤

5  Wahrend àss àn dr Hàltastella d Àrweiter uf ìhra Autobüs gwàrta han,

6  han d Stroßawìscher unsra Gàssa süüfer gmàcht,

7  fer àss sa dr èrschta Sunnaschiin besser han känna empfànga…

8  Hìtta ìsch z’Morga friahj nìmma meh aso viel Personàl ìn da Gàssa.

9  As fàhra wohl noch a pààr Manner un Fràuia mìt Wagala uma

10  un hewa do un därta a pààr Pàpierla un sunscht aso Kleinigkeita uf.

11  Dr Rascht màcha großa Màschìna, wu àb un züe amol durakumma,

12  mìt Wàsser un Bìrschta un hàuiptsachlig mìt viel Kràch, z’Morga friaih!

 

 

 

Les balayeurs de rues (routes)

1 Tous les matins, à quatre [heures], ils étaient déjà sur pied, avec leurs balais.

2 En hiver comme en été, ils travaillaient dehors, les balayeurs de rues.

3 Et ils balayaient toute la saleté dans le caniveau.

4 Et ensuite, ils la (le) chargeaient sur leurs brouettes ou dans leurs charrettes (dedans).

5 Tandis que, à l'arrêt, les ouvriers attendaient leur bus,

6 les balayeurs (de rues) nettoyaient (faisaient propres) nos rues,

7 pour qu’elles puissent mieux accueillir la première lueur du soleil.

8 Aujourd'hui, tôt le matin, il n'y a plus autant de personnel dans les rues.

9 Il circule certes encore quelques hommes et femmes avec des charrettes

10 qui ramassent, ici et là, quelques bouts de papier et autres bricoles.

11 Le reste, [ce sont de] grandes machines [qui le] font, qui passent, de temps à autre,

12 avec de l’eau et des brosses et surtout avec beaucoup de bruit, tôt le matin.

 

 

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Notes

 

Le verbe wìscha (balayer) a de la concurrence, celle du verbe faga (faje, plus au nord, à partir de Colmar environ). Aussi trouve-t-on également Stroßafager (Stroßefajer plus au nord), comme on a le Kamifager (ramoneur).

 

Basa (balai[s]) est-il au singulier ou au pluriel ? Menons l’enquête ! Le nom lui-même est ambigu : dr Basa, pluriel : d Basa. Seul l'article change, car c'est un masculin. C'est l’adjectif possessif qui va nous servir d'indicateur. La préposition mìt exige le datif. Au singulier, nous aurions mìr ìhrem Basa ; c'est donc un pluriel, dans le texte.

 

Autre petite enquête : Quel est ici le verbe à sens plein ? S'agissant d'un passé, il doit être à la fin sous forme de participe. Le voici, c’est gschàfft (travaillé). Et où est l’auxiliaire ? Schàffa étant un verbe d'action, ce doit être une forme de hàà (avoir). Nous le tenons : c’est han (ont). Mais est-il bien à sa place, en seconde position (mais 6ème mot !) ? Oui, car tout ce qui le précède est complément de temps et compte pour un seul élément. Enfin, quel est le sujet ? c'est sa (ils), bientôt repris par d Stroßawìscher : là, c'est un effet de style à la Hitchcock, du « suspense ».

 

Notez déjà qu'il existe deux types de participe passé : ceux qui se terminent par un -t (comme gmàcht (fait), gschàfft (travaillé), gsajt (dit), gwìscht (balayé), etc.) et ceux qui finissent en -a (comme, ici, glàda (chargé) et gwàrta (attendu)). Beaucoup portent un « augment » -g devant le radical verbal, d’autres pas. Nous en aurons bientôt le cœur net (N.1).

 

Cette phrase contient trois a métaphoniques. Voyons à quoi ils sont dus. Le premier vient de la conjugaison irrégulière du verbe hàà (avoir), qui a un à naturel au singulier et un a au pluriel (voir leçon 14, N2). Le second est dû au pluriel, car dr Kàrra (carriole) devient d Kàrra (stoßa signifie « pousser »), comme Wàga/Waga. Enfin, le troisième est un diminutif. Il ne nous manque plus qu'un comparatif d’adjectifs ou d'adverbes pour que le tableau soit complet.

 

Tout au long de ce texte, nous avons des descriptions - comme dans cette phrase - ou l'évocation d'évènements jadis habituels ; ce qui, en français, exige l'imparfait. Mais le dialecte n’a, à sa disposition, que le passé composé. Voilà donc, pour une fois, une nuance qui lui échappe. Quoique… (voir leçon 44, note 1).

 

L'alsacien met le verbe màcha à toutes les sauces. Et surtout, il en fait des quantités de verbes composés, comme ici süüfer-màcha (nettoyer, mot à mot « faire propre »). Nous avons rencontré uf-màcha (ouvrir, mot à mot : faire ouvert), nous aurons son contraire : züe-màcha (fermer), etc.

 

Voici un nouvel emploi de fer àss (pour que) (voir leçon 44, note 7).

 

Le verbe composé umma-fàhra a plusieurs sens :

a)       « circuler », tout près du mot à mot « rouler en rond »

b)      « traîner » pour des objets pas bien rangés, sens figuré évidemment : Do fàhra dina Nàstiacher umma (Tes mouchoirs traînent [par] ici).

 

 

 

 

Iawung

 

Mìr wìssa gàr nìt, wer àss bi uns ìn dr Stàdt süüfer màcht.

Friahier hàt’s noch a Hüffa Stroßawìscher gaa.

Dia sìn àlla Morga àm Viara schu ku schàffa.

Dàto gìtt’s numma noch a pààr Màschìna, wu vìel Kràch màcha.

Wenn d Sunna àm Hìmmel uffastiigt, dernoh därf kè Drack méh uf da Stroßa un ìn da Gàssa lìega.

Àwer wenn d Àrweiter àn dr Hàltastella uf dr Autobüs wàrta, ìsch’s noch Nàcht.

 

 

Corrigé

 

Nous ne savons pas du tout, qui (que) nettoie chez nous, en ville.

Jadis il y avait encore un tas de balayeurs de rues.

Ceux-ci venaient travailler chaque (tous les) matin à quatre heures déjà.

Actuellement, il n'existe plus que quelques machines, qui font beaucoup de bruit.

Quand le soleil monte dans le ciel, il ne faut plus qu’il y ait encore de la saleté sur les routes et dans les rues.

Mais quand les ouvriers attendent le bus à l’arrêt, il fait encore nuit.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Haslach est situé au nord des Vosges

Haslach .... ìm ..... vu da ...... .

 

D'ici à Haslach, il y a trente kilomètres.

.. do ... uf Haslach sìn’s ....... Kilometer.

 

Au vieux château habitait une famille.

.. àlta ....... ìsch a Fàmìlia ...... .

 

La fille aimait descendre dans la vallée.

D ....... ìsch garn .. .. Tàl ... gànga.

 

Les géants étaient tous très grands.

D Rìesa ... àlla .... groß ....

 

Le paysan et ses chevaux étaient tout petits.

.. Büür un .... Rässer sìn .... klei gsìì.

 

 

Corrigé

 

lìgt – Norda – Vogesa      Vu – bis – drissig      Ìm – Schloss – gwohnt    Tochter – ìns – àwa    sì – sehr – gsìì      Der – sina - gànz

 

 

 

 

Sechsaviarzigschta (46.) Stund

 

A nèia Kucha

1 - Lüeg s Rosala, wàs kummsch dü do ku iikàuifa ìn dam Gschaft, wìtt baschla? ①②

2 - Ìch brüüch numma-n-a pààr Strüüwa, Neegel un sunscht aso Kleinigkeita. ③④

3  Àwer ìch hàn hìtta nìt dr Zitt fer z’ratscha, denn ìch hàn d Àrweiter ìm Hüss:

4  Ìch bikumm a nèia Kucha, a gànz morderna ibàuiena Kucha, a Pràcht!

5 - Àh so ! Ja ìsch dìr di Kuchakanschterla vu friahier nìmma meh güet genüe gsìì?

6 - ‘s ìsch nìt waga dam, àwer ìch hàn kè Plàtz meh ghàà fer mi Gschìrr.

7  Dàs kààsch dü nìt versteh - dü bìsch a Mànn -, a Fràui brüücht Plàtz ìn dr Kucha.

8 - Fer d Konservabìchsa uffzmàcha un d Sàcha üssem Tiafkiahler uffzwärma?

9 - Nei, àwer fer àss àlles si Plàtz hàt: d’Pfànna àn dam Ort, d Gleeser àn sallem Ort,

10  d Suppataller gheera do àna, d Flàcha Taller dârt àna, dr Kugelhupfmodel…

11 - Dr Tìsch, d Stiahl, dr Iskàschta un d Waschmàschìna bhàltsch doch, oder? ⑪⑫

12 - Nei, weisch, dia pàssa jetza nìmma meh zu dana àlla schicka nèia Meewel!

 

 

 

Une nouvelle cuisine

1 — Voici (regarde) [notre] (la) petite Rose ! Que viens-tu acheter dans ce magasin, tu veux bricoler ?

2 — J'ai seulement besoin de quelques vis, clous et autres petites choses.

3  Mais je n'ai pas le temps de bavarder, aujourd'hui, car j'ai les ouvriers dans la maison :

4  Je reçois une nouvelle cuisine, une cuisine intégrée toute moderne, une splendeur !

5 — Ah bon ! Mais ton buffet de cuisine d'antan n'était-il plus assez bien pour toi ?

6 - Ce n'est pas pour (à cause de) cela, mais je n'avais plus de place pour ma vaisselle.

7  Tu ne peux pas comprendre cela - tu es un homme —, une femme a besoin de place à la cuisine.

8 — Pour ouvrir les boîtes de conserve et réchauffer les choses du congélateur ?

9 — Non, mais pour que tout ait sa place : les casseroles à cet endroit, les verres à cet autre endroit.

10   les assiettes à potage se mettent ici, les assiettes plates là, le moule à kouglof...

11 - La table, les chaises, le frigo et le lave-linge, tu [les] gardes, je suppose, non (ou) ?

12- Non [tu] sais, maintenant, ils ne vont plus avec tous ces meubles modernes chic.

 

 

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Notes

 

Une « nouvelle cuisine », cela peut faire penser à ces restaurants où l'on vous sert un demi haricots verts et un quart de carotte à moitié crus. Il ne s'agit pas de cela, ici.

 

Vous n'avez pas oublié cette singularité qui veut que tous les diminutifs soient des neutres grammaticaux, y compris s Maidla (jeune fille), et, par analogie, tous les prénoms féminins (voir leçon 18 : s Annala), sauf – sexisme ancestral oblige – pour les garçons (dr Scharrala, dr Seppala, voir leçon 7, N.3, remarque 4).

 

Le verbe simple brüücha n’a pas d’équivalent français. Pour en rendre le sens, il faut recourir à la périphrase « avoir besoin de ». On ne dit pas (encore) : « je nécessite … ».

 

Le nom d Strüüwa (la vis) est identiques au singulier et au pluriel, comme beaucoup de féminins se terminant par -a. Plus au nord, ces mêmes féminins n'ont pas -a au singulier. On aura d Strüüb (vis), pluriel comme ci-dessus avec le passage de b à w entre 2 voyelles. Le singulier de d Neegel est dr Nàgel (clou).

 

Vous souvenez-vous de l'unique génitif féminin rencontré ? Ìch hà (nìt) dr Zitt!, génitif partitif et vénérable archaïsme, à rapprocher du français, « j’ai du temps… devant moi » (voir leçon 31, note 4).

 

Le verbe kumma (venir) change totalement de sens en prenant le préfixe bi-, et, de plus, bikumma (recevoir) demande un complément d'objet (transitif). Notez que ce préfixe est inaccentué et ne se sépare jamais du radical, que celui-ci soit devant ou derrière dans la phrase. Ce en quoi il se distingue totalement des üs-, uf- et autres.

 

Dans le nom composé Kucha-kanschterla (buffet de cuisine), vous reconnaissez aisément la première partie. Quant à s Kanschter (buffet) - dont nous avons ici le diminutif - le mot est vénérable.

 

Dans cette phrase, à partir de àwer, nous avons une proposition indépendante au passé. L’auxiliaire hàn (j’ai) étant en seconde position - puisque àwer (mais) ne compte pas - mais le participe ghàà (eu) n'est pas à la fin, comme il se devrait. Tout cela parce que la dame a voulu insister sur fer mi Gschìrr en le mettant « hors construction ». La forme banale serait : Ìch hàn kè Plàtz meh fer mi Gschìrr ghàà.

 

Nous savons que, quand fer est suivi d'un verbe à l'infinitif, celui-ci doit - sous peine de se faire accuser de négligence - être précédée de z’ (voir leçon 40, note 7). Or quand l'infinitif en question est un verbe à préfixe tonique séparable, z’ se place entre ledit préfixe et le radical. C'est ce que nous avons ici par deux fois avec uf-z’màcha et uf-z’wärma.

 

À la phrase 9, il est question de « localisations », d’où les datifs àn dam …, àn sallem … . A la phrase 10, avec gheera (devoir être mis …), il s'agit de « destinations », ce qui explique la présence de àna.

 

Dr Tìsch (la table) a pour pluriel d Tìsch : le singulier de d Stiahl est dr Stüehl (la chaise). Dr Iskàschta (réfrigérateur) est composé de s Is (la glace, eau gelée) et dr Kàschta (l’armoire) mais ce n’est pas une « armoire à glace » pour autant, car il ne s’agit pas de la même glace. Le verbe wascha (laver) précise le type de Màschìna (machine). Il existe aussi d Gschìrrwaschmàschìna (lave-vaisselle).

 

En fin de question, la conjonction oder (ou, ou bien) évoque une alternative envisageable (voir anglais isn’t it ?). Chez nos voisins suisses, en haut-alémanique, elle est quasiment permanente à la fin de toute interrogation totale (verbe en tête et réponses par « oui » ou « non »). Tant et si bien que les suisses romands, eux aussi, dise à tous les coups : « Tu viens, ou bien ? », « Ca va, ou bien ? », etc.

 

 

 

Iawung

Ìn dàm Gschäft verkàuifa sa wohrschints kè Obst un kè Grmias.

Àwer me fìndet därta sìcher nìt numma Strüwa un Neegel.

A nèia Kucha ìsch ebbis Scheens, àwer as ìsch aui ebbis Tiirs.

Wenn d Àrweiter ìm Hüs sìn, brüücht ma viel z’Asse.

Un ma brüücht aui ebbis z’ Trìnka, Wi oder Biar, àwer kè Schnàps.

A scheena nèia Kucha kummt mangmol gràd aso tiir às a nèier Wàga.

 

 

 

Corrigé

Dans ce magasin, ils ne vendent probablement pas de fruits ni de légumes.

Mais on n’y trouve certainement pas que des vis et des clous.

Une cuisine neuve est quelque chose de beau, mais c'est aussi quelque chose de cher.

Quand les ouvriers sont dans la maison, on a besoin de beaucoup de nourriture.

Et on a aussi besoin de quelque chose à boire, du vin ou de la bière, mais pas d'eau-de-vie.

Une belle cuisine neuve revient parfois tout aussi cher qu'une voiture neuve.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

La jeune fille a quelque chose de beau.

S Maidla ... ebbis ..... .

 

Le papa fait de grands yeux.

.. Pàpa ..... großa .... .

 

Car il n'est pas du tout satisfait.

…. ar ìsch ... nìt ........

 

Alors la fillette pleure tout fort.

Dernoh ….. s Maidala .... lütt.

 

Elle veut ce bonhomme et ces chevaux.

As .... ... Mannla un ... Rässer.

 

Mais le paysan doit travailler pour les gens

Àwer .. Büür müeß ... d Litt .......

 

 

Corrigé

 

hàt – Scheens    Dr – màcht – Àuiga    Denn – gàr – zfrìeda    hiilt – gànz     wìll dàs – dia     dr – fer – schàffa

 

 

S Kanschter : L’origine grecque de ce mot (« kanistron », petite corbeille) tend à prouver que, dans des temps très anciens, on mettait les ustensiles de cuisine dans des contenants en végétaux tressés (penser au français « cannage », manifestement de la même famille). Une note amusante, à ce sujet : Quand des Alsaciens évoquent la prononciation quasiment suisse de l'extrême sud de la province (haut-alémanique), ils citent invariablement le « buffet de cuisine », qu’on y prononce : s cHoucHi-cHancgdeurlé. Et, évidemment, nul ne songerait à se moquer.

 

 

 

 

Sìwenaviarzigschta (47.) Stund

 

D Stàdt Kolmer

1  Zwìscha Stroßburg un Milhüüsa, àm Füeß vu da Vogesa, nìt witt vu dr Wiistroß,

2  lìegt d Stàdt Kolmer, a acht Schmuckstìck vun‘ra Stàdt. ②③

3  Àlla Sunntig, un sogàr unter dr Wucha, spàziara do Hunderta vu Tourischta uma.

4  Summer wia Wìnter kumma sa ununterbrocha üs dr Schwitz un üssem Ditschlànd.

5  Sa làuifa dur dia viela anga Gassla mìt da scheena Elsasser Hiiser rachts un lìnks.

6  Äb d Müüra wiss sìn oder gaal, äb sa heitergrian sìn oder blàui oder rosarot,

7  d’Holzbalka sìn àllawiil dunkel, meischtens brüün bis schwàrz un kunschtvoll gschnìtzelt.

8  Do làuift a Bàch zwìscha zwei Hiiserreiha dura: as ìsch s molerischa Klei-Venedig.

9  Ìn gotischa Kìrcha un Kàpalla kààt ma prachtiga Àltàra bewundra,

10  vum Grünewald un vum Schongauer, wu vor ebbana fìmfhundert Johr do glabt han.

11  Vu Kolmer ìsch aui dr Bàrtholdi gsìì, da vum Beeferter Leeb,

12  wu hàuiptsachlig dur sina rìesiga Stàtütta ìm New-Yorker Hàfa bekànnt ìsch.

 

 

 

La ville [de] Colmar

1 Entre Strasbourg et Mulhouse, au pied des Vosges, non loin de la Route du Vin,

2 se trouve la ville [de] Colmar, un authentique (morceau de) bijou [comme] (d'une) ville.

3 Chaque (tous les) dimanche et même en (sous la) semaine, des centaines de touristes [s’]y (ici) promènent (autour).

4 Eté comme hiver, ils viennent sans interruption de (la) Suisse et d’(de l’) Allemagne.

5 Ils passent (marchent) par ces nombreuses ruelles aux (avec les) belles maisons alsaciennes, à droite et à gauche.

6 Que les murs soient blancs ou jaunes, qu'ils soient vert clair, bleus ou roses,

7 les poutres de bois sont toujours sombres, le plus souvent [de] brun (jusqu’) à noir et sculptées avec (plein d’) art.

8 Ici, un ruisseau coule entre deux rangées de maisons ; c’est la pittoresque Petite Venise.

9 Dans des églises et chapelles gothiques, on peut admirer de splendides autels

10 de (du) Grünewald et de (du) Schongauer, qui ont vécu ici il y a quelque cinq cents ans.

11 De Colmar était également (le) Bartholdi, celui du Lion de Belfort.

12 qui est surtout connu par sa statue géante du (dans le) port de New York.

 

 

 

Notes

 

Si nous écrivons le nom de la ville avec un K, c'est pour des raisons purement linguistiques, l'alsacien étant une langue germanique. Le nom a gardé l’accent d'intensité germanique placé sur la première syllabe. En français, c'est « Colmar ». A l'ouest de la Nationale 83 (Belfort-Strasbourg), la célèbre Route des Vins relie entre eux les villages viticoles du piémont des Vosges.

 

Le premier mot de cette ligne est le verbe légt. Mais il est aussi le 15e mot de la phrase. Pourtant, ce verbe est bien en « seconde » position, car les 14 mots qui le précèdent ne forment qu'un grand complément circonstanciel de lieu.

Immédiatement après le verbe vient le sujet, appositions comprises. Tout compte fait, il s'agit d'une phrase fort simple, puisqu'elle n'a que trois « éléments » en tout.

 

Le nom dr Schmuck (décoration, bijoux) – « collectif » sans pluriel, comme Obst (fruits) et Gmias (légumes) – a deux sens différents suivant le contexte. Quant au nom s Stìck (morceau), son pluriel est d Stìcker. On en dérive le diminutif s Stìckla (petits morceaux, voir leçon 33, phrase 3), dont on se sert aussi dans les pâtisseries pour commander des « parts » de gâteaux devant accompagner son thé ou son café.

 

Nous avons vu que äb (« si » interrogatif) introduit des interrogations indirectes total (voir leçon 38, note 2). Ici, äb (que) introduit des subordonnés d'un autre type, obligatoirement placées en tête de phrase et évoquant des éventualités. Mais ce qui est très particulier, c'est que ces subordonnées ne sont pas prises en compte pour la place du verbe dans la principale qui les suit : Äb … oder … sìn, d Holzbalka sìn (Qu’ils soient … ou …, les poutres sont …). Or on s'attendrait à ce que la subordonnée compte comme premier élément et que la principale commence par le verbe. Il y a comme une rupture de construction.

 

Le nom même de Klei-Venedig (Petite Venise) est assez suggestif pour nous dispenser de toute autre explication supplémentaire.

 

La prononciation dialectale des noms de ces artistes - et des noms propres en général -, s'appuie sur celle des mots allemands dont ils sont constitués : l’allemand grün, c’est l'alsacien grian (vert) ; Wàld (forêt) nous est connnu ; Gàui (région) est surtout présent dans notre Sundgàui, partie la plus méridionale de l’Alsace (sund est l’ancienne forme de süd).

 

 

 

Iawung

D Stàdt Kolmer ìsch eina vu da scheenschta Städt ìm gànza Elsàss.

Sa légt nìt witt vum Rhi, nìt witt vu da Vosgesa un nìt witt vu dr Wiistroß.

Ma kààt därta viel wunderscheena àlta Hiiser gsah.

D Müüra vu dana Hiiser sìn heiter, àwer ìhra Balka sìn dunkel.

Dr Leeb vu Beefert un da vu Pàris sìn àlla zwei vum Bartholdi.

Àwer d Àltàra ìn da Kìrecha un ìn da Kàpalla sìn viel älter.

 

 

Corrigé

La ville de Colmar est l'une des plus belles villes de toute l’Alsace.

Elle est située non loin du Rhin, non loin des Vosges et non loin de la Route des Vins.

On peut y vor beaucoup de vieilles maisons magnifiques.

Les murs de ces maisons sont clairs, mais leurs poutres sont sombres.

Le Lion de Belfort et celui de Paris sont tous deux de Bartholdi.

Mais les autels des (dans les) églises et des (dans les) chapelles sont bien (beaucoup) plus anciens.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Ils ne faisaient guère de bruit.

Sa ... nìt vìel ..... gmàcht.

 

Tôt le matin, ils travaillant déjà.

Z ….. friaih han .. schu ........ .

 

Ils étaient dehors même en hiver.

Sa sìn ..... ìm Wìnter ..... gsìì.

 

Ils balayaient toute la rue.

Sa ... d gànza ..... gwìscht.

 

Ils chargeaient la saleté sur des charrettes.

Sa han dr ..... uf ...... glàda.

 

Aujourd'hui, [ce sont] des machines [qui] nettoient.

Hìtta ..... Màschìna ..... .

 

 

 

Corrigé

 

han – Kràch      Morga – sa – gschàfft      sogàr – dussa     han – Gàssa    Drack – Wagala    màcha – süüfer

 

 

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Les autels à retables-triptyques sont des chefs-d’œuvre de l'art pictural de la Renaissance. Les deux plus importants sont « La Vierge au Buisson de roses » de Martin Schongauer (1473), visible à l'église des Dominicains de Colmar, et la « Crucifixion » du retable d’Issenheim de Mathias Grünewald (1510), exposé dans une salle-chapelle du musée Unterlinden de Colmar. Quant au sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904), il est mondialement célèbre pour sa statue « La Liberté éclairant le monde », érigée dans le port de New York en 1886. Il est également l'auteur du « Lion de Belfort » (1880) et du frère jumeau de celui-ci, érigé place Denfert-Rochereau à Paris et récemment rénové.

 

 

 

 

Àchtaviarzigschta (48.) Stund

 

Dr Schüelersàck

1 - Dü, Kìnd, di Sàck ìsch àwer schwar! Wàsch hàsch dü àlles do drìnna? ②③

2 - Nichs Bsunderschts, Màma, nichs às Sàcha, wu n i hìtta ìn dr Schüela brüüch.

3 - Zeig, kumm, stell da Sàck amol do àna, uf dr Tìsch oder uf da Stüehl. ⑤⑥

4   Màch na amol uf, un hol àlles üssa, wàs do ìna ìsch; aso ìsch’s rìchtig.

5 - Dàs ìsch a Büech, as ìsch mi Lasabüech; dàs ìsch mi Heft  fer s Schriiwa.

6   Un do sìn  nomeh Biacher, fer d Gschìchta, d Religion, Frànzeesch, Ditsch.

7   Weisch, Màma, ìch brüüch sa, denn ìch hàn hìtta Frànzeesch, Ditsch un Rachna.

8 - Un d Gschìchta, hàsch aui Gschìchta? Un Religion, hàsch hìtta Religion?

9 - Nei, àwer ìch hàn doch nìt dr Zitt fer mi Sàck àlla Tàg z’laara un wìder z’fìlla!

10 - Kumm jetza, màch mi nìt z’làcha, sàg mìr jo nìt, àss da nìt dr Zitt hàsch!

11 - Dàs sìn mina Hefter fer Ditsch, Frànzeesch, Mola un Sìnga.

12 - Hàsch nìt aui noch a Heft fer s Turna oder fer d Pàuisa?

 

 

 

Le cartable

1- Dis (toi), [mon] enfant, que (mais) ton sac est lourd ! [Qu’est-ce] que tu as (tout) là- (ici) dedans ?

2 - Rien de spécial, maman, rien que des choses dont (que) j'ai besoin à l’école aujourd'hui.

3 - Montre, viens, pose [voir] (une fois) ce sac ici, sur la table ou sur cette chaise.

4  Ouvre-le un peu (une fois), et sors tout ce qu'il y à, là, (ici) à l’intérieur. [Voilà] c’est bien (juste) ainsi.

5 - Ceci est un livre, c'est mon livre de lecture ; ceci est mon cahier d'écriture (pour l'écrire).

6  Et voici (ici sont) encore des (plus) livres, d’(pour l’)histoire, [de] (la) religion, [de] français, [d’] allemand.

7  Tu sais, maman. j'en (je les) ai besoin, Car j'ai français, allemand et calcul aujourd’hui.

8 - Et [l']histoire, as[-tu] aussi histoire ? Et [la] religion, as[-tu] religion aujourd’hui ?

9 - Non, mais je n’ai quand même pas le (du) temps de (pour) ranger (vider et de nouveau remplir) mon sac tous les jours !

10 — Arrête (viens maintenant), tu me fais rire (ne fais pas rire), ne me dis pas que tu n'as pas le temps !

11 — Voici mes cahiers pour [l’]allemand, [le] français, [le] dessin (peinture) et [le] chant.

12 — N'as-tu pas aussi (aussi encore) un cahier de (pour la) gymnastique ou de (pour la) récréation ?

 

 

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Notes

 

Distinguez bien d Schüela (l'école) et dr Schialer (l’écolier). Curieusement, le nom composé n’est ni « Schüelsàck » ni « Schielersàck », mais Schüelersàck (cartable) qui mélange un peu les deux. Les langues ne sont pas toujours très logiques. De même, il existe le composé a Schüelerbüe (un gamin), uniquement employé au sens figuré : Ìch bìn kè Schüelerbüe meh! (Je ne suis plus un gamin, au sens de « je sais ce que j'ai à faire, je n'ai pas besoin d'être commandé.»)

 

Nous savons déjà que àwer (mais) peut et que namlig (en effet) doit apparaître ailleurs qu’en début de phrase, généralement juste après le verbe (voir leçon 26, note 5, et leçon 34, note 5).

 

L'adverbe démonstratif de lieu do fait un peu double emploi avec la nuance démonstrative de drìnna (voir leçon 20, note 6, et leçon 28, N.3). Mais les langues germaniques s'accommodent bien mieux des pléonasmes que le français. Notez que do ìnna (à l'intérieur, phrase 4), débarrassé du démonstratif dr’, est davantage logique.

 

Après ebbis (quelque chose) et nit (rien) ou nichs (rien), on a fréquemment des adjectifs substantivés neutres se terminant par -s (voir leçon 18, note 4, et aussi leçon 44, note 2).

 

Le verbe d’action stella (placer verticalement), nous rappelle le verbe de position steh (être debout) de la même famille (racine commune sté). Le second (steh) est le résultat du premier (stella). Notons deux conséquences :

a)       Le premier forme son passé avec l’auxiliaire hàà, le second avec sìì (voir leçon 42, N.2) ;

b)      le premier est souvent suivi d'un complément de direction avec préposition et article ou pronom à l'accusatif, le second un complément de lieu fixe avec préposition et article ou pronom au datif (voir leçon 35, N.2) : Ìch hàn dr Sàck uf dr Tìsch gstellt (J'ai posé le sac sur la table) ; Dernoh ìsch dr Sàck uf’m Tìsch gstànda (Alors le sac était (debout) sur la table).

 

Il est bien dit dr Tìsch, mais da Stüehl. Voici l'occasion, pour nous, de montrer la différence de sens, donc d'emploi, entre l'article défini et l’adjectif démonstratif. Il y a une seule table dans la pièce et on l'a sous les yeux, elle est donc identifiée (définie) pour les interlocuteurs. Mais des chaises, il y en a plusieurs, d’où le besoin d’en désigner une parmi les autres. Dans le premier cas, l'article défini fait l'affaire, dans le second, le démonstratif est mieux adapté.

 

Le verbe du début de la phrase est ufmàcha (ouvrir) à l'impératif. Le radical màch (fais) et bien en tête et le préfixe tonique uf (ouvert), à la fin. Ce type de formation de verbe est fréquent : ainsi züemàcha (fermer) ; süüfermàcha (nettoyer) (voir leçon 45, note 7). Màch s Müül uf un d Àuiga züe! (Ouvre la bouche et ferme les yeux !), disait notre grand-mère quand elle voulait nous donner un bonbon ou un carré de chocolat.

 

Le français affectionne les noms abstraits comme « la lecture », là où l'alsacien recourt plus volontiers à l'infinitif du verbe pour le substantiver et en faire un nom (toujours neutre) : s Lasa (la lecture, mot à mot « le [fait de] lire »). Ici, c'est sur le même modèle que le verbe schriiwa (écrire) a engendré s Schriiwa (l'écriture, mot à mot « le [fait d’] écrire »).

 

Kumm jetza! (mot à mot « Viens maintenant ! ») et Màch mi nìt z làcha! (mot à mot : « Ne me fais pas rire !) sont deux expressions populaires exprimant l’incrédulité (comme « Tu parles ! », « Mon œil ! », « Sans blague ! », en français).

 

 

 

La religion à l’école publique ? Il faut savoir que, en 1801, Bonaparte, alors premier consul, conclut un « Concordat » avec le pape Pie VII, officialisant un enseignement religieux dans les écoles. Or, un siècle plus tard, en 1905, quand fut votée la loi sur la « Séparation de l’Eglise et de l’Etat », l’Alsace et une partie de la Lorraine faisaient partie de l'Allemagne depuis la guerre de 1870. Voilà pourquoi le « Concordat » est encore en vigueur dans les trois départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle et que l'enseignement religieux y est toujours pratiqué dans une école publique pas vraiment laïque. Ce n'est là qu'un aspect d'un « Statut local » fort complexe, qui touche aussi au statut des associations, au système d'assurance maladie, au droit de préemption des communes, à l’entretien des édifices religieux, etc.

 

 

 

Iawung

D Kìnder han vielmol a sehr schwarer Schüelersack.

As sìn z viel Hefter un z viel Biacher drìnna.

Àwer d Kìnder han mangmol noch viel àndra Sàcha ìm Schüelersack.

Sa han àlla Tàg Lasa un Schriwa un Rachna un Frànzeesch.

Àwer sa han nìt àlla Tàg Gschìchta un Mola un Turna un Religion.

Sogàr Ditsch han sa numma drèi oder viar Mol ìn dr Wucha.

 

 

Corrigé

Les enfants ont souvent un cartable très lourd.

Il y a trop de cahiers et trop de livres dedans.

Mais les enfants ont quelquefois (encore) beaucoup d'autres choses dans le cartable.

Ils ont tous les jours lecture et écriture et calcul et français.

Mais ils n’ont pas tous les jours histoire et dessin et gymnastique et religion.

Même [l’] allemand, ils [ne l’] ont que trois ou quatre fois par (dans la) semaine.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

La “nouvelle cuisine” est-elle bonne ?

…. d “nèia Kucha” ....?

 

Une cuisine moderne est souvent belle.

A moderna ..... ìsch ...... scheen.

 

Cette table et ces chaises sont toutes neuves.

Da ..,.. un dia ...... sìn gànz nèi.

 

Mais le lave-linge est déjà très vieux.

Àwer d ............. ìsch .... sehr àlt.

 

La vaisselle nécessite beaucoup de place.

S ....... brüücht viel .....

 

Même quand la famille n’est pas grande.

….. wenn d ....... nìt groß ìsch.

 

 

Corrigé

 

Ìsch – güet     Kucha – vielmol      Tìsch – Stiahl     Waschmàschìna – schu   Gschìrr – Plàtz     Sogàr – Fàmìlia

 

 

 

 

Niinaviarzigschta (49.) Stund

 

Révisions et notes

 

Nous avons dépassé la moitié de notre méthode. Vous avez persévéré. Et nous vous en félicitons de tout cœur, car vous avez du mérite d'avoir passé toutes ces heures en notre compagnie. Les notes qui accompagnent les textes et celles des leçons de révision doivent vous aider à comprendre comment fonctionne cette fantastique « machine » qu'est la langue. Les renvois en arrière sont faits pour vous permettre de consolider vos bases. Servez-vous-en comme bon vous semble en toute liberté. En revanche, vous allez bientôt aborder la « seconde vague » c'est à dire reprendre une à une les leçons du début en traduisant les phrases du français en alsacien. C'est passionnant à l'usage ! Et vous verrez que vous avez déjà acquis des tas de notions en aussi peu de temps.

 

 

Le « participe passé »

 

En français quand on parle de participe passé on pense surtout aux règles d'accord qui le régissent. En alsacien on ne peut guère parler d'accord. En revanche il existe deux difficultés.

-          savoir si le participe passé prend, ou non, le très caractéristique « augment » g- au début,

-          connaître la forme du participe, surtout pour les verbes irréguliers dit « verbes forts ».

Et pourtant, le participe est indispensable pour former le passé… et bientôt le passif aussi.

 

 

L'augment g-

En principe, le participe passé est signalé comme tel par un g- collé devant le radical : màcha (faire) / gmàcht (fait). C'est le cas de très nombreux verbes. Mais il y a des exceptions des verbes qui ne prennent pas l'augment :

-          ceux commençant par b-, d-, g-, k- et les bien plus rares p- et t- (consonnes occlusives) : briala (crier) / brialt (crié), danka (penser) / dankt (pensé), glàuiwa (croire) / glàuibt (cru), etc. Car g- suivi de b, par exemple, sans voyelle entre les deux, serait imprononçable.

N.B. : Plus au nord et surtout en bas-rhinois, ces mêmes verbes prennent l’augment, avec un -e- quasi muet entre g- et la consonne occlusive : ge-brélt (crié), ge-denkt (pensé), ge-glabt (cru), par exemple, en strasbourgeois.

 

-          Ceux commençant par une syllabe inaccentuée (atone), parce qu’il y a déjà un préfixe atone accolé au radical : empfànga (accueillir) / empfànga (accueilli), éh oui, l’infinitif et le participe passé de ce verbe sont identiques ! Ou vertràga (supporter) / vertrajt (supporté), etc.

N.B. : En alsacien, les verbes empruntés au français, bien qu’accentués sur la dernière syllabe au participe passé, reçoivent l’augment g- : schwàssiara (choisir) / gschwàssiart (choisi), serviara (servir) / gserviart (servi), sauf lorsque la prononciationen serait impossible (consonne occlusive au début, voir ci-dessus au paragraphe précédent) : telefoniara (téléphoner) / telefoniart (téléphoné) et quand les verbes empruntés au français commencent par une voyelle : expliziara (expliquer) / expliziart (expliqué, voir leçon 50, ligne 10).

 

 

La forme du participe

Ici, il convient de distinguer les verbes réguliers dits « faibles » et les verbes irréguliers dits « forts » :

-          Les verbes réguliers ou « faibles » gardent, pour la plupart, leur voyelle du radical et ajoutent -t à la fin : màcha (faire) / gmàcht (fait), blìtza (sauter) / blìtzt (sauté).

N.B. : Quelques rares verbes faibles changent de voyelle : brìnga (apporter) / brocht (apporté), etc.

 

-          Les verbes dits « forts » changent souvent de voyelle du radical et gardent leur -e à la fin : bliiwa (rester) / blìewa (resté), sìnga (chanter) / gsunga (chanté), etc.

N.B. : Il vous faudra, dans un premier temps, aller vérifier les formes indiquées dans l’index de fin de volume, puis, petit à petit, les mémoriser à force de les entendre et de vous en servir.

 

 

Les adjectifs possessifs

 

Ce sont ces petits mots que l'on met devant les noms, à la place de l'article, pour exprimer, certes, une appartenance, parfois, comme dans di Wàga (ta voiture), mais bien d'autres relations encore : sina Màma (sa maman). Car nul n'est propriétaire de sa mère. Les multiples formes existant en alsacien – vingt-trois au total - se répartissent de façon complexe, puisqu'elles dépendent de six paramètres : la personne (je, tu, il-elle), le genre (masculin, féminin ou neutre) et le nombre (singulier ou pluriel) du « possesseur » ; puis le genre et le nombre de la « propriété », enfin le cas (nominatif, accusatif ou datif) du groupe nominal. Aussi nous appuierons-nous sur le français pour en simplifier la présentation :

A la différence du français, l'alsacien a trois genres grammaticaux, mais le masculin et le neutre du singulier d'une part, le féminin singulier et le pluriel unique, d'autre part, ont les mêmes formes, du moins au nominatif et à l'accusatif. Jugez-en plutôt :

 

 

 

 

 

Masculin, neutre du singulier

Féminin, pluriel

 mon, ma, mes

 mi Vàter
  mon père

 

 mi Kìnd
 mon enfant

 mina Müeter
 ma mère

 

 mina Eltra
 mes parents

 ton, ta, tes

 di …

 dina …

 son, sa, ses

 

 

 à lui

 si …

 sina …

 à elle

 ìhra …

 ìhra …

 notre, nos

 unser …

 unsra …

 votre, vos

 èier …

 èira …

 leur, leurs

 ìhra …

 ìhra …

 

 

 

NB : Pour que ce tableau soit vraiment utilisable, il nous faut ajouter ceci :

Les formes ci-dessus sont utilisées lorsque les groupes nominaux comportant un possessif sont :

-          au nominatif, cas signalant les fonctions de sujet ou d’attribut du sujet,

-          à l'accusatif, cas de certains compléments d'objet et également utilisé après certaines prépositions (voir leçon 35, note 2).

 

Mais au datif, cas surtout employé après certaines prépositions - nous utilisons ici, au hasard, quatre qui vous sont connus-, les formes sont les suivantes :

 

 

Masculin, neutre du singulier

féminin

Pluriel

à/avec/de/à cause de …

 ìn/mìt/vu/waga…

 ìn/mìt/vu/waga…

 ìn/mìt/vu/waga…

 mon, ma, mes

 mim Pàpa / mim Kìnd

 minra Màna

 mina Eltra

 ton, ta, tes

 dim …

 dinra …

 dina …

 son, sa, ses

 

 

 

 à lui

 sim …

 sinra …

 sina …

 à elle

 ìhrem …

 ìhrer …

 ìhra …

 notre, nos

 unsrem …

 unsrer …

 unsra …

 votre, vos

 èirem …

 èirer …

 èira …

 leur, leurs

 ìhrem …

 ìhrer …

 ìhra …

 

 

 

NB : Nous constatons que les formes des possessifs sont, même au datif, toujours identiques au masculin et au neutre du singulier, mais ne le sont plus entre le féminin singulier et le pluriel unique. Du reste, pour ce dernier, nous vous avons indiqué, ci-dessus, les formes courtes, probablement simplifiées par l'usage récent. Car on entend encore waga ìhrena Eltra, à l'occasion et même sinena, plus rarement. Sans doute existait il, jadis, des formes longues pour l'ensemble du datif pluriel. Mais rassurez-vous vous n'aurez pas à en tenir compte.

 

 

 

La notion de « cas »

 

Nous avons précédemment déjà traité des « cas » des articles (voir leçon 35, N.3). Qu'il nous soit permis d'y revenir ici après tout ce qui vient d'être dit des adjectifs possessifs. Les cas affectent beaucoup les articles de même que d'autres mots qui prennent souvent la place de l'article : les adjectifs possessifs, démonstratifs, interrogatifs, etc. :

 

Dr Mànn (l’homme), mi Mànn (mon mari), di Mànn (ton mari), da Mànn do (cet homme-ci), saller Mànn därta (cet homme-là), weller Mànn? (quel homme ?), jeder Mànn (chaque homme), etc.

 

Or, en alsacien, ce sont le plus souvent ces petits mots du début qui prennent cette marque de cas censée indiquer la fonction grammaticale du groupe nominal dans la proposition. Nous avons largement vu les formes, arrêtons-nous un instant à ce qu'elles indiquent, c'est à dire les fonctions, donc le sens même des cas, leur raison d'être :

 

Le nominatif

Comme son nom l'indique, sa vocation première est sans doute de nommer les êtres, objets et autres notions plus ou moins abstraites. Il sert à marquer le sujet ainsi que l'attribut du sujet :

 

Da Mànn ìsch groß. (Cet homme est grand)

Dr Pàpa ìsch a großer Mànn (attribut du sujet) (Papa est un homme grand).

 

 

L'accusatif

Abstraction faite des pronoms personnels et autres - dont nous traiterons ultérieurement-, l'accusatif a des formes identiques à celles du nominatif (sauf en certains endroits du Bas-Rhin). Il sert surtout dans trois situations :

-          au complément d'objet dit « direct » (sans préposition) :

Stell dr Stüehl ìn d Kucha (Pose la chaise dans la cuisine).

-          après des prépositions mixtes prises dans leur sens directionnel :

Stell dr Stüehl ìn d Kucha (Pose la chaise dans la cuisine).

-          après des prépositions qui exigent toujours l'accusatif :

Fàhr dur d Stàdt (Pass à travers la ville)

 

Le datif

En dialecte authentique le datif ne se pratique qu’après une préposition. Plus exactement :

-          après en introduisant un complément d'objet dit « indirect » ou un complément « d'attribution » :

Mìr brìnga ìn dr Màma Brot (Nous apportons du pain à Maman).

-          après des prépositions mixtes au sens « locatif » :

Dr Tìsch steht ìn dr Kucha (La table est à la cuisine).

-          après des prépositions qui exigent toujours le « datif » :

Ìch kumm waga dim Briaf (Je viens à cause de ta lettre).

 

NB : On rencontre des emplois du datif sans préposition sous l'influence de la langue standard allemande, où il est courant. Il est possible aussi qu'il soit ton usage à Strasbourg - par exemple, là aussi par l'influence de l'allemand standard - car les utilisateurs de dialectes urbains cherchent parfois inconsciemment à faire « chic » en imitant une « grande » langue nationale.

 

 

Le génitif

Il servait jadis à marquer certains compléments « du nom », mais il a disparu du dialecte. Rappelons seulement, pour mémoire, que nous l'avons rencontrée au féminin dans une seule expression dr Zitt hàà (avoir le temps), plus exactement : avoir du temps, car c'est manifestement un génitif « partitif » (voir leçon 31, note 3). Il existe encore d'autres survivances du générique génitif dans des expressions comme Ìn Tèifels Kucha kumma (mot à mot : « arriver dans la cuisine du diable », pour « se faire enguirlander »). Le nom du démon, employé sans article, porte la marque forte du génitif, le suffixe masculin s. Il en va de même de Dieu dans ìn Gotts Nàma (mot à mot « au nom de Dieu » au sens résigné de « puisqu'il le faut », un peu comme « hàlt » vu précédemment, voir leçon 22, note 6), dans leider Gottes (« hélas de Dieu » mis pour « hélas, trois fois hélas ! » et Kìnd Gottes ! (« enfant de Dieu », façon de s'adresser à quelqu'un à qui l'on veut donner une leçon de résignation, par exemple).

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser souvent

 

- àna un zruck

Aller-retour

 

- unter dr Wucha

en semaine

 

- hìttzutàgs

de nos jours

 

- màch’s /màcha’s güet

Porte-toi / Portez-vous bien !

 

- ei /zwei /drèi Mol ìn dr Wucha

une / deux / trois fois par semaine

 

- soviel às ma wìll

autant qu’on veut

 

- Ma heert si eigena Wort nìmma!

On ne s’entend plus parler ! (bruit)

 

- Àma scheena Morga / Tàg

Un beau matin / jour

 

- Zeig amol!

Montre voir (une fois)

 

- großa Àuiga màcha

faire de grands yeux

 

- Da hàsch mi nìt rìchtig verstànda.

Tu ne m'as pas bien compris(e).

 

- Dàs kummt èrscht speeter.

Cela ne viendra que plus tard.

 

- Bìsch aso liab un…

Sois gentil(le) et... (Aie la bonté de ..)

 

- uf da Bei sìì

être sur pied (levé)

 

- un sunscht aso Kleinigkeita

et d’autres bricoles de ce genre

 

- àb un züe

de temps en temps

 

- z’Morga friaih

tôt le matin

 

- Ìsch’s nìt /nìmma güet genüe?

Ce n’est pas / plus assez bien ?

 

- Dàs kààsch dü nìt versteh.

Tu ne peux pas comprendre cela.

 

- Wàs hàsch dü do drìnna?

Qu'as-tu là-dedans ?

 

- Nichs Bsunderschts!

Rien de spécial !

 

- So ìsch’s rìchtig!

C’est bien ainsi !

 

- Kumm jetza!

Je ne te crois pas (Viens maintenant)

 

- Màch mi nìt z’làcha!

Je ne te crois pas (Ne me fais pas rire)

 

 

 

 

Fufzigschta (50.) Stund

 

Drèi Wìtz

1 - Wenn’s bliabt, Monsieur, wu ìsch do s Stiiràmt?, hàt a Dàma gfrogt.

2 - Fàhrt Sa gràd üs, d èrschta Stroß rachts, dernoh noch amol un noch amol.

3 - Merci vielmol! hàt d Dàma heeflig gsajt, ìsch witterscht gfàhra un rachts uma. ③④

4   Glich druf hàt ebber ghapt, un dr namliga Wàga hàt schu wìder ghàlta.

5 - Hàt Sa gsah, Màdàm, Sa ìsch ààkumma: s Stiiràmt steht gràd do vorna lìnks.

 

***

 

6 - Ìhr mian unbedìngt hàlta mìt Ràuicha! hàt dr Dokter zu sim Pàtiànt gsajt.

7 - Ja, Herr Dokter, Sìe han güet z’reda; ìch hàn’s pràwiart, àwer umasunscht.

8 - Trìnka eifàch a Glàs Wàsser, wenn Ìhr Luscht han zum Ràuicha.

9 - Ja, Herr Dokter, àwer wenn trìnk i’s, vorem Sigrettla oder noochhar?

 

***

 

10   Dr Lehrer hàt expliziart, wia-n-a bewohnter Luftballon funktionniart:

11 - Fer uffa müeß ma Sànd üsschìtta, un fer àwa müeß ma Gàs üssalo. ⑨⑩

12   Do frogt s Lisi: Un wenn ma kè Sànd meh hàt, dernoh kààt ma nìmma meh stiiga?

13   Un dr Scharrala frogt: Un wenn ma kè Gàs meh hàt, dernoh kà ma nìmma meh àwa?

 

 

 

Trois histoires drôles

1 — S'il vous plaît, Monsieur, où est ici la perception ?, demanda (a demandé) une dame.

2 — Continuez (roulez) tout droit, la première (route) à droite, puis encore une fois et encore une fois.

3 — Merci beaucoup, dit (a dit) la dame poliment, (elle) continua et (tourna) à droite.

4   Peu après (immédiatement là-dessus), quelqu'un klaxonna, et la même voiture s’arrêta encore (déjà de nouveau).

5 - Vous avez vu, Madame, vous êtes arrivée. La perception est juste (ici) là-devant, à gauche.

       ***

6 - Vous devez absolument arrêter de (avec) fumer !, dit le médecin à son patient.

7 - Mais, Docteur, vous avez beau (bon) dire ; j'ai déjà essayé, mais en vain (gratuitement).

8 - Buvez simplement un verre d'eau quand vous avez envie de fumer.

9 - Oui, Docteur, mais quand le bois-je, avant la cigarette ou après ?

       ***

10  Le maître a expliqué comment fonctionne un aérostat (ballon à air) habité :

11 - Pour [monter] (en haut), on doit Jeter du lest (sable) et, pour [descendre] (en bas), on doit lâcher du gaz.

12  Alors Elisabeth demande : Et quand on n’a plus de sable, (alors) on ne peut plus monter ?

13  Et Charles demande : Et quand on n'a plus de gaz, on ne peut plus [descendre] (en bas) ?

 

 

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Notes

 

Ce nom commun est masculin (dr Wìtz) et garde la même forme au pluriel (d Wìtz). C'est un des mots dialectaux qui ont pénétré dans le français régional d’Alsace, car il n'est pas rare de s'entendre dire : « Je vais vous raconter un witz ! »

 

Le composé Stiir-àmt viens de d Stiira (l'impôt) et de s Àmt (l'office), qui, concrètement, peut avoir plusieurs significations :

a)       une fonction (a Beàmter est un fonctionnaire),

b)      un service administratif (par exemple s Stàndesàmt, service de l’Etat civil),

c)       une grand-messe (office solennel aussi appelé s Hochàmt).

Le percepteur est familièrement appelé dr Stiirunkel (oncle des impôts) ce qui, faisant de lui un parent assez proche, ne manque pas de sel.

 

Il n'existe pas, en alsacien, de verbes simples correspondant exactement au français « répondre ». Peut-être parce qu'il était impoli de répondre aux parents et autres supérieurs. Cette carence serait donc l'indice d'une certaine soumission ? Quoi qu'il en soit, il nous reste la périphrase àls Àntwort gaa (donner en (comme) réponse) ou, plus simplement encore, sàga (dire).

 

Dans cette phrase, la dame fait plusieurs choses, à quoi correspondent d'abord deux verbes :

1) hàt … gsajt (a dit),

2) ìsch … gfàhra (a roulé) et, enfin, un adverbe à sens directionnel rachts umma (mot à mot : [est allée] à droite en tournant), qui se passe parfaitement de verbes, et, par conséquent, évite de répéter fàhra. Notons que le sujet n'est pas ré-exprimé devant le second verbe. L’alsacien n'a que le passé composé. Le français utilise l'imparfait ou le passé simple à l'écrit, l'imparfait ou le passé composé à l'oral (voir la traduction).

 

Dans cette phrase nous avons deux verbes commençant par un h- et prenant l'augment g- au participe passé : happa (klaxonner), participe ghappt et hàlta (s'arrêter), participe ghàlta. La prononciation de gh- est nettement k-.

 

Si nous écrivons Pàtiant (patient) presque comme en français, cet emprunt se prononce tout autrement. En revanche, Monsieur, mot aucunement assimilé, se prononce à la française, c'est à dire pas du tout comme il s'écrit, mais comme nous l'avons transcrit : meussyeu. Dokter est mieux assimilé, car l'accent est maintenant sur la première syllabe - un signe qui ne trompe pas - et la seconde syllabe, devenue atone, a pratiquement perdu sa voyelle : dogd’r.

 

Les prépositions ne se transposent pas littéralement d'une langue à l'autre. Le français en fait un usage assez abstrait, mettant « de » et « à » un peu partout. L'alsacien cherche à être plus concret, plus imagé. « Envie de » se rend de bien des manières : Luscht noh Schokàlà (envie de chocolat), avec un nom (voir leçon 31, phrase 10), mais Luscht zum Ràuicha (envie de fumer), avec un infinitif substantivé (voir texte ci-dessus, phrase 8) et kè Luscht fer … z’geh (pas envie d’aller ..) avec un verbe à l’infinitif (voir leçon 51, phrase 11).

 

Cette phrase contient deux verbes empruntés au français. Leur infinitif finit toujours en -iara (-er) et leur participe passé en -iart (-é), l'accent principal restant en fin de mot. Mais attention, si expliziart est bien le participe passé, funktionniart est un présent de l'indicatif. Et si le premier n'a pas l'augment g-, ce n'est pas, comme en allemand standard, pour raison d'emprunt ou d'accentuation, c'est parce que cet emprunt au français commence par une voyelle (voir leçon 49, N.1 N.B., voir aussi pràwiart (essayé) à la phrase 7). Par ailleurs, ce texte comporte plusieurs participes passés à augment : gfrogt (demandé), phrase 1, gsajt (dit) et gfàhra (roulé), phrase 3, ghappt (klaxonné) et ghàlta (arrêté), phrase 4, gsah (vu), phrase 5.

 

 

Fondamentalement, le verbe stiiga (se déplacer verticalement) n’a pas d’équivalent simple (en un mot) en français. Lui-même indique un déplacement vertical sans préciser la direction (haut ou bas). L’alsacien ajoute donc un préfixe chargé d’en préciser le sens. On obtient ainsi : uffastiiga (monter) et àwastiiga (descendre). Pourtant, en l’absence de tout préfixe, stiiga évoque plutôt une montée (voir phrase 12).

 

Quant à uffa et àwa, ils se débrouillent tellement bien tout seuls pour indiquer à la fois le mouvement et la direction que le verbe stiiga peut être sous-entendu (passé sous silence), comme aux phrases 11 et 13. Dans le Bas-Rhin, les équivalents en sont nuf (vers en haut) et nàb (vers en bas).

 

 

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Iawung

Wenn mìr spàziera gehn, hàlta vielmol Waga.

Wenn unsra Eltra spàziara gànga sìn, han nonìt vìel Waga ghàlta.

Denn as hàt sallamols nonìt viel Waga gaa.

Dr Stiirunkel ìsch nìt unser rìchtiga Unkel.

Dr Dokter frogt si Pàtiant, wurum àss‘r aso viel ràuiecht.

Mìch hàt mi Dokter nonìt gfrogt, äb i ràuiech oder nìt.

 

 

Corrigé

Quand nous allons nous promener, souvent des voitures s'arrêtent.

Quand nos parents allaient se promener, il ne s'arrêtait pas encore beaucoup de voitures.

Car, à l’époque, il n'existait pas encore beaucoup de voitures.

L’ “oncle des impôts” n'est pas notre véritable oncle.

Le médecin demande [à] son patient pourquoi il fume tant.

Moi, le médecin ne m'a pas encore demandé si je fume ou non.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Le lundi, il n'y a pas marché ici.

Àn‘ma ...... ìsch .. kè Markt.

 

Là-bas, il n'y a marché que le mercredi.

…. ìsch numma .... Mìttwuch ......

 

Les fruits et les légumes sont chers.

S .... un s Gmias sìn …. .

 

Je préfère le chou rouge au chou-fleur.

Ìch ... liewer ......... .. Blüemkehl.

 

Ici, on n'entend plus sa propre voix.

Do .... ma si eigena Wort .....

 

Dans le pot-au-feu, on met du poireau.

.. d Fleischsuppa ..... Làuiech.

 

 

 

Corrigé

 

Mantig – do     Därta – an’ma – Markt     Obst – tiir     ìss – Rotkrütt às     heert – nìmma    Ìn – gheert

 

 

 

Attention ! Nous abordons une nouvelle étape très importante. Aujourd’hui débute notre Deuxième vague. Là, tout de suite, vous allez reprendre la première leçon. Revoyez-la en entier, d'abord. Elle vous paraîtra d'une grande facilité, mais en même temps, s'imprégnera plus profondément dans votre mémoire. Immédiatement après, vous traduirez en alsacien chaque phrase du dialogue et des exercices. Faites-le à voix haute, comme si vous parliez à quelqu'un. Soyez impitoyable sur la prononciation, sur l'accentuation et même sur l'intonation si vous disposez du son. Reprenez plusieurs fois toute phrase qui vous pose problème. Ce sera votre manière à vous de faire vos gammes, comme les musiciens. N'hésitez pas à y prendre du plaisir, car l'appétit vient en mangeant. Quant aux notes, si elles vous posaient parfois problème, vous verrez qu’elles sont devenues encore plus aisées à comprendre. Prenez-les pour ce qu'elles sont : de véritables leçons particulières. Profitez-en pleinement. Ainsi, chaque jour, après votre nouvelle leçon, vous en reverrez une ancienne, dans l'ordre qui vous sera indiqué.

 

 

Deuxième vague : Erschta Stund

 

 

Einafufzigschta (51.) Stund

 

Bim Dokter ìn dr Sprachstund

1 - Buschur, Màmsell Fuchs, Sa ìsch àlso doch noch kumma; wu fahlt’s?

2 - Buschur, Herr Dokter, àwer ìch heiß nìt Fuchs, ìch heiß Wolf.

3   Denn mina Eltra sìn gscheida; sàga Sa riawig Odile züe mìr, Herr Dokter.

4 - Also güet, Màmsell Fuchs, nei, Màmsell Wolf, nei, Odile.

5   Ìch müeß Sa grìndlig untersüecha, sìtzt Sa do àna, uf dàs Bett.

6   Màcht Sa s Müül groß uf un streckt Sa d Zunga üssa!

7 - Ѐ je, nei, Herr Dokter, dàs därf ma nìt màcha; dàs ìsch unheeflig. ⑥⑦

8 - Jo, wuhar! Do nìt; un jetz schnüfft Sa fescht, hüeschtet Sa, noch amol.

9 - Hu, dàs kìtzelt, Herr Dokter, ìch bìn namlig sehr kìtzlig.

10 - Ja? Sa ìsch vìllìcht kìtzlig, àwer krànk ìsch Sa nìt, Odile.

11   Ìch glàuib, Sa hàt numma kè Luscht fer ìn d Schüela z’geh!

12 - Wu han Sa dàs gheert? Dàs hàn i namlig ìm Kopf, nìt ìn dr Bruscht!

 

 

Chez le médecin en (dans la) consultation

1 - Bonjour, Mademoiselle Fuchs, vous êtes donc quand même encore venue ; qu'est-ce qui ne va pas ?

2 — Bonjour, Docteur, mais je ne m’appelle pas Fuchs, je m'appelle Wolf.

3   Car mes parents sont divorcés ; vous pouvez m'appeler (dites-moi tranquillement) Odile, Docteur.

4 — Soit (donc bon), Mademoiselle Fuchs, non, Mademoiselle Wolf, non, Odile.

5  Je dois vous examiner soigneusement, asseyez-vous ici, sur ce lit,

6  Ouvrez la bouche [toute] grande et tirez la langue (dehors) !

7 - Mon Dieu, non, Docteur, cela ne se fait pas (on n'a pas le droit de le faire) ; c'est impoli.

8 — Pensez-vous (mais d’où) ! Pas ici ; et maintenant respirez fort, toussez, encore une fois.

9 - Hou, ça chatouille, Docteur, car je suis très chatouilleuse.

10 — Ah bon (oui) ? Vous êtes peut-être chatouilleuse, mais vous n'êtes pas malade, Odile.

11  Je crois [que] vous [n’]avez seulement pas envie d'aller à l’école !

12 — Où avez-vous entendu cela ? Car ça, je [l’]ai dans ma (la) tête, pas dans ma (la) poitrine !

 

 

 

Notes

 

Nous connaissons Stund depuis le tout début. Quant à sprach, il évoque le verbe allemand signifiant « parler », mais non utilisé en alsacien. En revanche, nous le retrouvons dans d Sproch (langue, au sens de « langage », pluriel d Sprocha, dans s Gsprach (conversation), pluriel Gspracher, et dans le verbe verspracha (promettre). Le terme Sprachstund vaut pour toute permanence tenue par quelqu'un de compétent et où l'on vient surtout parler. On dit aussi Dr Dokter sìtzt (Le médecin consulte, mot à mot : « est assis »). A moins qu'il ne soit en prison, car sìtza peut aussi vouloir dire cela, à l'occasion, tout comme hocka (être assis ou en prison), nettement plus familier.

 

Le verbe kumma (venir) est un verbe de mouvement. Il se conjugue donc au passé avec l’auxiliaire sìì (être). Comme il commence par l’occlusive k-, son participe passé ne peut pas prendre l'augment ge- (voir leçon 42, N.1c et N.2, et leçon 49, N.1).

 

On dirait Mina Eltra han gscheida (Mes parents ont divorcé), mais, à la phrase 3, le participe passé du verbe scheida (divorcer) est employé comme adjectif attribut afin de marquer non plus une action passée, mais un état actuel.

 

Le verbe de position sìtza (être assis) entraîne le datif après uf (sur), préposition mixte : Sa sìtzt uf dam Bett (Elle est assise sur ce lit). Mais le composé ànasìtza (s'asseoir), verbe de mouvement, exige évidemment l'accusatif : Sa sìtzt do àna, uf dàs Bett (Elle s'assoit ici, sur ce lit). On n’a même pas besoin d'exprimer la direction par àna : Sa sìtzt / lìgt / steht uf dàs Bett (Elle s'assoit / se couche / se met debout sur ce lit). L'emploi de l'accusatif dàs au lieu du datif dam y suffit amplement.

 

Le verbe strecka (étirer) forme ici le composé üssa-strecka (tirer dehors).

 

L’interjection è jé est typique de l’étonnement fortement chargé d’émotion. N'oublions pas que trouve son origine dans Jesüs : E jé, lüeg wer därta kummt! (Mon Dieu ! Regarde qui vient là-bas !). Émotion ou badinage, de la part de Odile ? Hum !

 

En français, un adjectif comme « poli » peut être transformé en son contraire grâce au préfixe « in- » : « impoli ». De même, en alsacien, heeflig (poli) devient unheeflig (impoli), gsund (sain) devient ungsund (malsain), etc.

 

« Fort » se dit fescht, sauf quand il s'agit d'intensité sonore, de bruit : Sa sìngt lütt (elle chante fort, voir leçon 44, phrase 6) ou de force musculaire ou, plus généralement, de solidité physique Mi Brüeder ìsch aso stàrk às dü (Mon frère est aussi fort que toi).

 

Le verbe kìtzla (chatouiller) - participe passé kìtzelt (chatouillé) - et l'adjectif kìtzlig (chatouilleux) appartiennent à la même famille. Souvent, on forme des adjectifs et des adverbes à l'aide d'un suffixe comme -ig (-eux) accroché au radical.

 

La construction banale de cette phrase serait Sa ìsch nìt krànk (Vous n'êtes pas malade). Mais ici, le médecin veut mettre en évidence à la fois l'adjectif krànk, tout au début, et sa négation nìt, tout à la fin. Cette insistance lui permet de montrer qu'il n'est pas dupe (voir leçon 37, note 3).

 

 

 

 

Iawung

Unser Dokter hàt fàscht àlla Tàg Sprachstund.

Àwer àn‘ma Dunnstig z Mittàg hàt‘r kè Sprachstund.

Un àn‘ma Sàmschtig sìtzt‘r aui numma z Morga.

Wenn ma krànk ìsch, geht ma zum Dokter.

Oder dr Dokter kummt ìn s Hüss.

Àwer a Visita vum Dokter kummt tiirer.

 

 

Corrigé

Notre médecin a presque chaque Jour consultation.

Mais le jeudi après-midi, il n'a pas de consultation.

Et le samedi, il ne consulte également que le matin.

Quand on est malade, on va chez le médecin.

Ou le médecin vient à la maison.

Mais une visite du médecin revient plus cher.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Ton cartable est beaucoup trop lourd.

Di Schüeler- . ... ìsch viel z ...... .

 

Il n'y a rien de particulier dedans.

As ìsch ..... Bsunderschts ......

 

Ici, il y a beaucoup trop de livres.

.. sìn ... z vìel ....... .

 

Et aussi un tas de cahiers.

Un … a .... Hefter.

 

Un livre, on [en] a besoin pour lire.

A Büech ...... ma ... z lasa.

 

Et un cahier, on [en] a besoin pour écrire.

.. a .... brüücht ma fer z ...... .

 

 

Corrigé

 

sàck – schwar     nichs – drìnna      Do - vìel – Biacher      aui – Hüffa   brüücht – fer    Un – Heft – schriiwa

 

 

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Deuxième vague : Zweita Stund

 

Zweiafufzigschta (52.) Stund

 

Àwer jetz’, àb, ìn’s Bàd! ①②

1 - Kìnd, as ìsch heechschta Zitt fer ìns Bett; hàsch gsah, well Zitt, àss‘s ìsch? ③④

2 - Glich, Gràmàmà, sofort, ìch müeß numma noch gschnall da Film ferig-lüega.

3 - Nichs do! Da müesch namlig noch bàda, vor ebb da gehsch ge schlofa.

4 - Dernoh weiß i jo nìt, wer àss dr Àlt umbrocht hàt! Numma noch zwei Minütta.

5 - Jetz langt’s àwer; ziag di sofort àb un stiig ìn d Bàdwànna.

6 - Hàsch dü àls aui miaßa bàda, wu da klei gsìì bìsch, Gràmàmà?

7 - Ja Kìnd, àwer nìt àlla Tàg, denn mìr han sallamols noch kè Bàdzìmmer ghà,

8   un sogàr kè Lavabo, un s Cabinet ìsch dussa uf em Hof unta gstànda.

9 - Därf i s Wàsser lo làuifa? S wàrma Wàsser ìsch da Hàhna do lìnks,

10   un s kàlta Wàsser ìsch saller Hàhna därta rachts.

11 - Ja, Kìnd, aso ìsch’s racht, àwer d Duscha hébb ìch, sunscht wìrd àlles nàss.

 

 

 

Mais maintenant, ouste, dans le bain !

1 — [Mon] enfant, il est grand (le plus haut) temps [d'aller] (pour) au lit ; tu as vu quelle heure il est ?

2 — Tout de suite, grand-maman, immédiatement, je dois seulement encore vite finir de (fini-) regarder ce film.

3 — Pas question (rien ici) ! Car tu dois encore [te] baigner avant d'aller te coucher (avant que tu vas aller dormir)

4 — Alors je ne saurai (sais donc) pas qui a tué le vieux ! Seulement encore deux minutes.

5 — (Mais) maintenant, ça suffit ; déshabille-toi immédiatement et grimpe (monte) dans la baignoire.

6 — Devais-tu aussi te baigner, jadis, quand tu étais petite, grand-maman ?

7 — Oui, [mon] enfant, mais pas tous les jours, car, à l’époque, nous n'avions pas de salle de bains,

8   et même pas de lavabo, et les toilettes se trouvaient dehors, en bas, dans (sur) la cour.

9 — Puis-je faire (laisser) couler l’eau ? L'eau chaude, [c’]est ce robinet-ci à gauche

10 et l’eau froide, [c’]est ce robinet-là à droite.

11 - Oui, [mon] enfant, c'est bien (juste) ainsi, mais la douche, je [la] tiens, moi, sinon tout sera (devient) mouillé.

 

 

Notes

 

Le mot àb s'emploie beaucoup pour dire l'heure : fìmf àb sìewena (sept heures cinq, voir leçon 35, N.1). Outre ce sens de « passé, après », il peut exprimer l'idée de départ : àbfàhra (partir, pour un train ou tout autre véhicule, voir leçon 40, phrase 4). Il est alors synonyme de furt : furtgeh (partir, voir leçon 34, phrase 8 et note 6). Ici, il a bien ce sens-là et, en outre, se suffit à lui-même : àb ! pour Gàng àb! ou Màch-di-àb! (va, file !).

 

Nous savons que certains compléments de lieu marquent une direction et le font si nettement que l'on peut se passer du verbe de mouvement. C'est le cas ici avec la préposition ìn (dans) suivie de l'accusatif s Bàd (le bain). Si, au lieu d'y aller (direction), on y était (lieu), nous aurions évidemment le datif ìm Bàd. Le verbe gàng (va) est sous-entendu (voir leçon 35, N.2). Il en va de même à la phrase 1, où, grâce à l'accusatif après la préposition ìn dans fer ìn s Bett, nous pouvons faire l'économie du verbe geh (aller), mais nous aurions fort bien pu expliciter fer ìn s Bett z geh (d’aller au lit).

 

Pour hoch (haut), comparatif heecher (plus haut) et superlatif dr heechschta (le plus haut), voir leçon 36, note 4. En alsacien, quand on est pressé, il est « le plus haut » temps au lieu de « grand » temps.

 

Le point d’interrogation à la fin de cette phrase est dû à la question direct hàsch gsah … (as-tu vu …). Mais ce qui suit gsah, son complément d'objet, est une autre question, interrogation indirecte introduite par well … às (quelle … (qu’) …). Il arrive à des Alsaciens et, aussi, à des francophones de demander : « tu as vu quelle heure qu'il est? ». C'est exactement le même phénomène, à ceci près que l'interrogation indirecte est toujours caractérisée par àss (que), en alsacien, jamais en français dit « correct » (voir leçon 40, phrase 4 et note 5).

 

Le mot fèrig employé comme adjectif (fini, prêt, terminé), ou comme adverbe (jusqu'au bout, jusqu’à la fin), auquel cas il se comporte, comme ici, en préfixe verbal mobile (de type « üsschlofa ») : fèriglüega (finir de regarder), fèrigmàcha (terminer, « faire [que ce soit] fini »), fèrigbrìnga (réussir, mot à mot : porter jusqu’au bout). Beaucoup de gens disent fertig, sous l’influence de l’allemand standard : Ìch bìn férig / fertig (« J’ai fini » ou « Je suis prêt(e) »).

 

La préposition vor (avant) forme avec ebb la subjonction vor ebb (avant que). Car äb (« si » de l'interrogation indirecte totale, voir leçon 38, note 2) peux aussi signifier « avant que » à lui tout seul : (Vor) ebb da kumma bìsch (Avant que tu [ne] sois venu(e)). On rencontre aussi vor àss dans le même sens (voir leçon 44, note 7). En outre, nous avons ici le verbe geh (aller), qui redouble son radical devant un autre verbe à l'infinitif : Da gehsch ge schlofa (tu vas dormir, voir leçon 40, note 3).

 

Contrairement à wenn (si, lorsque), qui exprime tantôt la condition, tantôt le temps, wu (lorsque, quand) ne signale jamais une condition, mais une époque ou un moment précis, unique et non habituel, dans le passé. À part cela, nous connaissons wu adverbe interrogatif : wu bìsch (où es-tu?, voir leçon 21, N.7), et relatif à sens local : därta, wu … (là-bas, où … voir leçon 32, phrase 1) et même sujet Ìch gseh dr Pàppa, wu kummt (Je vois papa, qui vient, voir leçon 47, phrase 10) ou complément d’objet : Sàcha, wu-n-i brüüch (des choses, dont (que) j’ai besoin, voir leçon 48, phrase 2).

 

Le verbe steh (être debout, se dresser) forme un participe passé très irrégulier : gstànda (été debout). Verbe de position, il a pour auxiliaire du passé le verbe sìì (être).

 

Le verbe hewa (tenir) à un présent légèrement irrégulier, le même que reda (parler) (voir leçon 42, N.1a) : ìch hébb – da hébbsch – ar/sa/as hébbt, avec é bref suivi de -b au singulier, mais, au pluriel : mìr hewa, etc., avec é long et -b- devenu -w- entre deux voyelles (comme pour bliiwa (rester), ibidem).

 

 

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Iawung

D Litt froga vielmol, well Zitt àss’s ìsch.

Hàuiptsachlig z'Owa, wenn d Kìnder ìn ’s Bett mian (geh).

Àwer unsra Junga gehn nìt aso garn friaih ìn’s Bett.

Un sa stehn z'Morga aui gàr nìt garn friaih uf.

Wu unsra Großeltra noch Kìnder gsìì sìn, han sa noch kè Badzìmmer ghàà.

Sogàr s Cabinet ìsch nonìt ìn dr Wohnung gsìì, àwer dussa uf em Hof.

 

 

Corrigé

Les gens demandent souvent quelle heure (qu’) il est.

Surtout le soir, quand les enfants doivent aller au lit.

Mais nos jeunes n'aiment pas tellement aller au lit tôt.

Et ils n'aiment (aussi) pas du tout [non plus] se lever tôt le matin.

Quand nos grands-parents étaient encore enfants, ils n'avaient pas encore de salle de bains.

Même les toilettes n'étaient pas encore dans l’appartement, mais dehors dans la cour.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Une dame veut aller à la perception.

A Màdàm .... uf ’s Stiràmt ... .

 

Elle vient en voiture et continue à rouler.

Sa ..... mìt ‘ma .... un fàhrt ....... .

 

Nous devons tous arrêter de fumer.

… mian .... hàlta mìt ...... .

 

Mais nous avons le droit de boire de l’eau.

Àwer mìr ....,. Wàsser ...... .

 

Un ballon monte et descend lentement.

A Luftballon .... làngsàm ... un ....

 

Il a besoin de beaucoup de gaz et de sable.

Ar ...... vìel ... un .....

 

 

 

Corrigé

 

wìll – geh      kummt – Wàga – witterscht     Mìr – àlla – ràuicha    därfa – trìnka    geht (ou stiigt) – uffa – àwa    brüücht – Gàs -Sànd

 

 

 

 

 

Drèiafufzigschta (53.) Stund

 

A nèia Wohnung

1 - So, Ìhr Herrschàfta, mìr sìn ààkumma; dr Lift ìsch gràd do lìnks. ①②

2   Un schu sìn mìr ìm zehnta Stock, dàs geht gschnall: küüm àchtazwànzig Sekunda.

3 - Oh, dia scheena Üssìcht uf d Stàdt, uf d Vogesa un uf dr Schwàrzwàld!

4   Ìsch dàs a Sìcherheitsschloss àn dara Igàngstìra?

5 - Ja, un schu sìn mìr ìm Wohnzìmmer oder ìm Asszìmmer, wia Sa wann.

6 - Dàs großa Zìmmer langt fer beides un sogàr noch fer a Büro derzüe.

7 - Un do fiahrt dr Hüssgàng bis gànz hìntra.

8   Rachts kummt zèrscht d Kucha un dernoh s Bàdzìmmer.

9 - Un ìch nìmm àà, àss dàs do hìnta lìnks wohrschins s Schlofzìmmer ìsch.

10 - Dàs stìmmt, àwer vorhar han mìr do noch zwei kleina Kìnderzìmmer.

11 - As ìsch numma schàd, àss dia Wohnung aso tiir ìsch,

12   sunscht dat Sa mìr rìchtig gfàlla, hàuiptsachlig waga dr Üssìcht!

 

 

Un appartement neuf

1 - Voilà (ainsi), Madame, Monsieur (vous, seigneuries), nous sommes arrivés : l'ascenseur est juste ici à gauche.

2  Et nous voici déjà (sommes-nous) au dixième étage, cela va vite : à peine vingt-huit secondes.

3 - Oh, cette belle vue sur la ville, sur les Vosges et sur la Forêt Noire !

4   Ceci est [-il] une serrure de sûreté [qui équipe] (à) cette porte d'entrée ?

5 — Oui, et déjà nous sommes dans la salle de séjour ou dans la salle à manger, comme vous voudrez (voulez).

6 — Cette grande pièce suffit pour les deux et même encore pour un bureau en plus.

7 — Et ici, le couloir conduit jusque tout derrière.

8   À droite, nous avons (vient) d’abord la cuisine et puis la salle de bains.

9 — Et je suppose que cela, là-bas derrière à gauche, est sans doute la chambre (à coucher).

10 — C’est exact, mais, avant, nous avons ici encore deux petites chambres d'enfants.

11 - Quel (il est seulement) dommage que cet appartement soit (es) tellement cher.

12 Sinon, il me plairait vraiment, principalement à cause de la vue.

 

 

Notes

 

Le verbe ààkumma (arriver) ne peut pas prendre l'augment g- du participe passé, puisque celui-ci se placerait entre le préfixe détachable àà- et le radical, donc se heurterait à l’occlusive k- (voir bikumma (recevoir) leçon 49, N.1a). Et comme il s'agit d'un verbe irrégulier, dit « fort », son participe est identique à l'infinitif : ààkumma (arrivé). Notez que l'on rencontre souvent une forme courte : ààkuu (arrivé). L’auxiliaire du passé est sìì (être), ce qui est normal pour un verbe de mouvement (voir leçon 42, N.2).

 

Ici, l’adverbe gràd (justement) marque une proximité dans l'espace. Il peut également exprimer une proximité dans le temps : Ìch màch gràd Kummissiona (Je fais justement des courses, voir leçon 9, phrase 1 et note 2). Enfin l'adjectif gràd (droit) nous est connu depuis le début (voir leçon 6, phrase 2).

 

Voici deux noms un peu compliqués parce que surcomposés : Schloss (serrure) est précisé par Sìcherheit (sécurité), lui-même formé de sìcher (sûr, sûrement) et du suffixe -heit, qui sert souvent à formuler des noms abstraits à partir d’adjectifs (un peu comme le suffixe « -té » français). Quant à d Tìra (la porte), elle est précisée par Igàng (le fait d’aller dans, donc l’entrée).

 

Ce texte renferme plusieurs composés de Zìmmer (pièce d'habitation, et non pas « chambre », puisque, en français, ce mot employé seul signifie « chambre à coucher »). Nous avons donc, comme précisions : wohna (habiter, que l'on retrouve dans d Wohnung du titre) pour le « séjour », assa (manger), mais aussi bàda (se baigner), schlofa (dormir) et, enfin, un nom : Kìnder (enfants).

 

Le verbe langa (suffire, ici) eût pu être complété par fer beida (pour tous les deux), qui eût été aussi ambigu que sa traduction française : pour les deux personnes ou pour les deux utilisations, donc « choses » ? L’ -s ajouté à beida (les deux) lève cette ambiguïté, car il en fait un neutre réservé à des « choses » au sens large.

 

L'adverbe hìntra (vers derrière) marque nettement un déplacement dans une certaine direction. En cela, il est à rapprocher de uffa (vers en haut, voir leçon 19, phrase 7), àwa (vers en bas, voir leçon 44, phrase 12), üssa (vers dehors, voir leçon 37, phrase 9) et ina (vers dedans) (N.3). En revanche, hìnta (derrière), deux phrases plus loin (phrase 9), indique le même lieu, mais de façon statique (voir leçon 5, phrases 4). (N.2)

 

Le verbe àà-namma (supposer, ici) forme l'essentiel de la proposition principale, dont le complément d'objet est une subordonnée introduite par àss (que) et avec le verbe (ìsch) à la fin, comme il se doit.

 

Voici notre premier « conditionnel » ! il est ici formé à l'aide d'un verbe auxiliaire spécifique, dat (mot à mot : ferait) qui – à part quelques expressions figées où il figure -, ne sert pratiquement qu'à cela et peut être utilisé pour tous les verbes, eux-mêmes à l'infinitif et à la fin. Et ceci bien qu'il existe, pour certains verbes, des formes spéciales de conditionnel. Mot à mot, Sa dat mìr gfàlla signifie « Elle ferait me plaire ». En certains endroits d’Alsace, et notamment autour de Colmar, on emploie gat, déformation que les dialectologues n'arrivent pas vraiment à expliquer de façon satisfaisante.

 

 

 

Iawung

 

Ìn dr Stàdt sìn d nèia Wohnunga sehr tiir.

Ìm zehnta Stock sìeht ma d Vogesa lìnks.

Un rachts kààt ma dr Schwàrzwàld gsah.

Ìm Hüssgàng kummt d Kuchatìra vor dr Bàdzìmmertìra.

Un àlla drèi Schlofzìmmer sìn gànz hìnta.

Ìm sehr großa Zìmmer vorna ìsch a Hüffa Platz fer d Meewel.

 

 

Corrigé

 

En (dans) la ville, les appartements neufs sont très chers.

Au dixième étage, on voit les Vosges à gauche.

Et à droite, on peut voir la Forêt Noire.

Dans le couloir, la porte de la cuisine vient avant la porte de la salle de bains.

Et toutes les trois chambres (à coucher) sont tout derrière.

Dans la très grande pièce [de] devant, il y a beaucoup (un tas) de place pour les meubles.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Mon médecin n'a pas [de] consultation tous les jours.

.. Dokter hàt nìt àlla ... Sprach-..... :

 

Le jeudi et le dimanche, il ne consulte pas.

Àn’ma ....... un .... Sunntig .....  er nìt.

 

Les gens doivent souvent attendre longtemps.

D .... mian äfters .... wàrta.

 

Car le médecin fait également des visites à la maison.

.... dr Dokter …… aui Visita ………

 

Chez le médecin, on doit respirer et tousser fort.

Bim Dokter …. ma fescht ....... un …….

 

J'aime mieux aller à l'école que chez le médecin.

Ìch .... liawer ìn d ....... às ... Dokter.

 

 

Corrigé

 

Mi – Tàg – stund     Dunnschtig – àn’ma – sìtzt     Litt – làng     Denn – màcht – dheima    müeß – schnüüfa – hüeschta   gàng – Schüela - zum

 

 

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Viarafufzigschta (54.) Stund

 

A Zìmmer ìn’ma Hotel

1 – Güeta-n-Owa, ìch brüüch a Zìmmer fer drèi Nacht.

2 - Wia ìsch dr Nàmma, wenn i froga därf, fer àss i ìn dam Büech do kà nohlüega?

3 - Ìch heiß Roth, Roth Roscher, àwer ’s ìsch nìt bstellt, ìch kumm hìnecht unverhofft. ④⑤

4 - Sìn Sa allei, brüücha Sa a Einzelzìmmer oder a Doppelzìmmer?

5 - A Einzelzìmmer langt fer mìch, ìch hàn jo gsajt, àss i hìtta allei do bìn.

6 - Ei Momant, Herr Roth, as düet mìr leid, àwer ìch hàn kei Einzelzìmmer meh frèi.

7 - Dernoh gìtt Sa mìr ewa a Doppelzìmmer, dàs ìsch doch nìt schlìmm. ⑦⑧

8 - A Doppelzìmmer mìt‘ma Doppelbett oder mìt zwei Einzelbetter?

9 - Nàtirlig mìtema Doppelbett, fer mìch, wu aso groß bìn, un mìt‘ra Duscha.

10 - Sa wara gsah, Monsieur Roth, bi uns fühla Sa sìch wia dheima!

11 - Wàs, Màmsell? Sa wìrd doch ebba nìt wälla sàga, àss mina Fràui aui ààkumma ìsch?

 

 

 

Une chambre d’hôtel

1 — Bonsoir, J'ai besoin [d’] une chambre pour trois nuits.

2 — Quel est votre (comment est le) nom, si je puis demander, pour que je puisse vérifier dans ce registre-ci (livre).

3 — Je m'appelle Roth, Roger Roth, mais elle (ce) n'est pas réservée (commandé), je viens à l'improviste, ce soir.

4 - Êtes-vous seul, avez-vous besoin d’une chambre simple ou d'une chambre double ?

5 - Une chambre simple suffit pour moi, puisque je vous ai dit que je suis seul ici, aujourd’hui.

6 — Un instant, Monsieur Roth, je regrette (ça me fait peine), mais je n'ai plus de chambre simple de libre.

7 - Alors donnez-moi (puisqu'il n'y a pas moyen de faire autrement) une chambre double, ce n'est pas grave.

8 - Une chambre double à (avec) un lit [de milieu] (double) ou à deux lits individuels ?

9 - Avec un grand lit, naturellement, pour moi qui suis grand, et avec une douche.

10 — Vous allez (devenez) voir, Monsieur Roth, chez nous, vous vous sentirez (sentez) comme à la maison.

11 - Comment (quoi), Mademoiselle ? Vous ne voulez tout de même pas dire que ma femme est arrivée, [elle] aussi ?

 

 

Notes

 

Mot à mot : « une chambre dans un hôtel », car l'alsacien aime les prépositions à signification concrète, surtout locale et temporelle. Mais le composé s Hotelzìmmer (chambre d'hôtel) est parfaitement possible, voire courant.

 

Ceci est le pluriel purement métaphonique de d Nàcht (la nuit). De même racine, l’adverbe nachta signifie « hier soir » (voir phrase 4 : hìnecht et leçon 23, note 2).

 

Les verbes dits « de modalité », därfa (avoir le droit de), känna (pouvoir), wälla (vouloir), müeßa (devoir) sont généralement accompagnés d'un autre verbe à l'infinitif. Contrairement à l'allemand standard, l'alsacien mais souvent le verbe de modalité avant l'autre verbe : fer àss i kàà nohküega (pour que je puisse vérifier), mais l'inverse est également possible : wenn i froga därf (si je suis autorisé à demander). Le hasard veut que nous ayons ici les deux dans la même phrase (voir leçon,63 N 1.b, N.B.).

 

Nous avons déjà vu que l'accent de nom propre peut glisser d'avant en arrière. Souvenez-vous : Qu'on parle d'eux ou qu'on leur parle, on dit Fernand et Odile avec l'accent au début point mais qu'on les appelle ou interpelle - par exemple en début de phrase -, l'accent glisse vers l'arrière : Fernand et Odile (voir leçon 19, note 2). Eh bien, un phénomène similaire affecte le prénom de l'ensemble nom de famille plus prénom, ordre courant en alsacien : dr Lieber Fernand et s Wolf Odile ou, ci-dessus phrase 3 : dr Roth Roger.

 

Le participe passé bstellt (commandé, réservé) du verbe bstella ne peut pas prendre l'augment g- devant la consonne b- (voir leçon 49, N.1). En revanche, pour le verbe langa (suffire, leçon 52, phrase 5), il n'y aurait aucun problème : glangt (suffi). Pour le reste, ces deux verbes sont réguliers (participe en -t).

 

On eût pu avoir kei frei Einzelzìmmer meh (plus de chambre individuelle libre). La nuance entre les deux est minime. C'est plutôt une affaire d'habitude (dite « idiomatisme »).

 

L'adjectif ewa (plat, lisse, horizontal) ne pose pas de problème. Mais ici, employé comme adverbe à sens modal, il devient intraduisible, puisqu'ils expriment une idée de conséquence et de résignation (les choses étant ce qu'elles sont), un peu comme hàlt (voir leçon 22, note 6).

 

Un autre mot de même nature est doch (néanmoins), parfois utilisé pour introduire une réticence, mais servant le plus souvent à convaincre ou à rassurer. En français régional d’Alsace, on le rend par « donc » : Ìch hàn dìr’s doch gsajt (« Je te l’ai donc dit », pour « Je te l’ai pourtant dit »).

 

Ici, nous avons un véritable futur alsacien, grâce à l’auxiliaire wara (voir leçon 42, N.2b). Avec un adjectif, un nom de métier, etc., le verbe wara à son sens propre de « devenir » : àlt wara (devenir vieux, vieillir), Facteur wara (devenir facteur). Mais avec un autre verbe, mis à l'infinitif, lui, il est auxiliaire d'un futur souvent pathétique, chargé d'emphase : Sa wara gsah! (vous verrez (bien) ! Vous allez (bien) voir !). Nous le qualifierons de « prophétique ».

 

La construction de cette phrase est un peu compliquée, ce qui permet d'exprimer toute l'émotion ressentie. Mot à mot : « Vous allez donc, rassurez-moi, pas vouloir dire que … »

 

 

 

 

Iawung

Ìn‘ma großa Hotel sìn a Hüffa Zìmmer.

Wenn ma-n-a Zìmmer brüücht, müeß me’s bstella.

Denn sunscht ìsch Kè Zìmmer meh frèi, wenn ma ààkummt.

D Doppelzìmmer sìn greeßer às d Einzelzìmmer.

As gìtt aui vìel weniger Einzelzìmmer às àndra.

Hìtta han fàscht àlla Hotelzìmmer a Duscha oder a Bàdwànna.

 

 

Corrigé

Dans un grand hôtel, il y a beaucoup de chambres.

Quand on a besoin d’une chambre, il faut la réserver (commander).

Car sinon, il n'y a plus de chambre libre lorsque l’on arrive.

Les chambres doubles sont plus grandes que les chambres simples.

Il existe également moins de chambres individuelles que d’autres.

Aujourd'hui, presque toutes les chambres d'hôtel ont une douche ou une baignoire.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Les enfants n'aiment pas aller au lit tôt.

D ...... gehn nìt .... friaih ìn s .....

 

Ils préfèrent jouer on regarder la télévision.

Sa ..... liawer oder ..... d Tele .. .

 

Et ensuite, ils doivent encore aller [se] baigner.

Un ..... mian .. noch .. bàda.

 

Le robinet [de] gauche est pour l’eau chaude.

Dr ...... lìnks ìsch ... s wàrma .......

 

La baignoire est beaucoup trop grande pour toi.

D ........ ìsch vìel z‘..... fer .....

 

Car tu ne sais pas encore nager, [mon] enfant.

…. da kààsch ..... schwìmma, .....

 

 

 

Corrigé

 

Kìnder – garn – Bett      spìela – lüega - àà     dernoh – sa - geh   Hàhna – fer – Wàsser   Bàdwànna – groß – dìch   Denn – nonìt – Kìnd

 

 

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Fìmfafufzigschta (55.) Stund

 

Ìn‘ra Wìrtschàft

1 - Wàs därf’s sìì, Monsieur, han Sa schu gschwàsiart, wàs Sa assa wann?

2   Denn mìr han hìtta güeta Lawerknepfla mìt Nüdla, Soßa un Sàlàt.

3 - Nei, dàs geht nìt, denn ìch éss kè Lawra; hàt Sa Bäckaofa?

4 - Nei, leider nìt, Bäckaofa màcha mìr numma noch àn’ma Zischtig un uf Bstellung.

5   Àwer unsra Fleischschnacka, dia kàn i na rota, Herr Roth, denn sa sìn prima.

6 - Wurum nìt? oder, wàrtet Sa, ìch hàn Fleischsuppa uf em Menü gsah.

7   Dàs éss i garn; un dernoh s Suppafleisch un s kochta Gmias derzüe.

8 - ‘s ìsch schàd, dàs hàn i nìmma meh, gràd hàn i d letschta Portion gserviart.

9 - Èbè, sajt Sa mìr eifàch, wàs Sa hìtta um dia Zitt noch ìn dr Kucha hàt! ⑦⑧

10 - Gschwellta Hardäpfel un Mìnschterkaas oder igmàchta Haréng.

11 - Güet! Dàs ìsch mìr àllawiil noch liawer às Pommes frites, Bifteck un Sàlàt!

 

 

Au restaurant (dans une auberge)

1 - Que désirez-vous, Monsieur, avez-vous déjà choisi ce que vous voulez manger ?

2   Car nous avons, aujourd'hui, de bonnes quenelles de foie avec des nouilles, de la sauce et de la salade.

3 — Non, cela ne va pas, car je ne mange pas de foie ; avez-vous de la potée boulangère ?

4 — Non, hélas (pas), la potée, nous ne [la] faisons plus que le mardi et sur commande.

5   Mais nos roulés (escargots) de viande, Je peux vous les conseiller, Monsieur Roth, car ils sont délicieux.

6 — Pourquoi pas ? Ou bien, attendez, j'ai vu du pot-au-feu au (sur le) menu.

7   J'aime bien (je mange volontiers) cela ; et ensuite, le bœuf gros sel (viande de soupe) et les légumes cuits en garniture (avec cela).

8 — C’est dommage, ceci je n’[en] ai plus, je viens juste de servir (j’ai justement servi) la dernière portion.

9 — Alors, dites-moi simplement ce que vous avez encore à (dans) la cuisine, aujourd’hui, à cette heure-ci.

10 - Des pommes de terre en robe des champs et du fromage de Munster ou des harengs mariés.

11 - Bien ! Cela me convient nettement mieux (m'est toujours encore plus agréable) qu'un steak frites (frites, bifteck et salade) !

 

 

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Notes

 

Il s'agit pour ìn (dans) d'indiquer un « lieu où on est ». Nous avons donc, ici, l'article indéfini au datif singulier féminin (voir leçon 35, N.3), car dans tous les noms se terminant par -schàft, comme ceux en -ung, en -heit et en -keit, sont des féminins, à sens souvent abstrait : d Wìrtschàft désigne aussi l’économie, et le composé Làndwìrtschàft, c’est l’agriculture.

 

Noter l'augment -g au début du participe passé gschwàsiart de même que celui de gserviart à la phrase 8 (voir leçon 49, N.1 N.B.). C'est là une particularité qui distingue le dialecte alsacien de l'allemand standard.

 

Souvenez-vous de l'article « zéro » à sens partitif de Brot (du pain, voir leçon 7, N.3). Ici, il est appliqué à Soßa (de la sauce) et Sàlàt (de la salade), tous deux au singulier et considérés comme des matières, mais aussi à Lawerknäpfla (des quenelles de foie) et à Nüdla (des nouilles), pluriels indéfinis.

 

Féminin abstrait en -ung, Btsellung (commande) vient du verbe bstella (commander) rencontré à la leçon précédente (voir leçon 54, phrase 3).

 

Les pronoms personnels de nos trois formes de politesse ont aussi leur datif, pour pouvoir dire « à vous » ou à mettre après certaines prépositions. A Ìhr (vous « français «) correspondent Èiech tonique et ni atone, Sìe (ils, vous « allemand ») devient Ìhna ou na (ici dans le texte), et pour Sa (elle, vous « italien »), on a Ìhra ou ‘ra.

 

Voici deux mots composés différents obtenus à partir des mêmes composants, d Suppa (soupe) et s Fleisch (viande). Selon la position des éléments, on obtient soit d Fleischsuppa (mot à mot : « viande-soupe » ou soupe à la viande, pot-au-feu), soit s Suppafleisch (mot à mot : « soupe-viande » ou viande de soupe, bœuf gros sel). Notez bien que l’ordre alsacien est l’inverse de l’ordre français.

 

Dans Sajt Sa mìr, wàs Sa … hàt (Dites-moi ce que vous avez …), wàs ([ce] que) est un pronom relatif neutre sans antécédent (voir leçon 12, phrase 6 et note 5).

 

Nous connaissons d Zitt (l’heure qu’il est, voir leçon 35, N.4). Um dia Zitt (à cette heure-ci) suggère qu’il est tard pour manger, ne serait-ce qu’à cause de noch (encore).

 

 

 

 

Iawung

Da Mànn hàt nonìt gschwàsiart, wàs er assa wìll

Ar ìsst garn Nüdla un Sàlàt, àwer kè Lawra un kè Soßa.

Ar sajt, às ma vu dr Sosa z’dìck wìrd.

Uf em Menü steht Suppa, Fleisch, Fìsch, Gmias, Sàlàt, Kaas un sogàr Obst.

Sa han um dia Zitt nìmma meh àlles, wàs druf steht.

Àwer morna wara sa schu wìder ebbis Nèis kocha.

 

 

 

Corrigé

Cet homme n'a pas encore choisi ce qu'il veut manger.

Il aime manger des nouilles et de la salade, mais pas de foie ni de sauce.

Il dit que la sauce fait grossir (de la sauce, on devient gros).

Sur le menu, il y a [marqué] (debout) de la soupe, de la viande, du poisson, des légumes, de la salade, du fromage et même des fruits.

À cette heure-ci, ils n'ont plus tout ce qui s’y trouve [inscrit].

Mais demain, ils vont bien cuisiner quelque chose de nouveau.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

L'ascenseur monte et descend.

Dr ……. fàhrt ... un ....

 

Nous habitons tout en haut au douzième étage.

Mìr ..... gànz … ìm zwälfte ......

 

La vue sur la ville est très belle.

D ....... uf d ..... ìsch .... scheen.

 

Toutes [les] portes ont des serrures.

.... Tìra ... Schlässer.

 

Le corridor conduit derrière, aux chambres.

Dr ....... fiart ...... zu da ......-zìmmer.

 

Cet appartement est beaucoup trop cher pour mai,

Dia ....... ìsch vìel z’... fer .....

 

 

 

Corrigé

 

Lift – uffa – àwa      wohna – owa – Stock      Üssìcht – Stàdt- sehr       Àlla – han      Hüssgàng – hìntra – Schlof    Wohnung – tiir - mìch

 

 

 

Quelques mets typiques du terroir alsacien : Lawerknepfle (quenelles de foie), plat au goût délicat et très apprécié, qui demande une préparation assez complexe, ou entrent du foie de porc, de la mie de pain, des œufs, du persil, de l’oignon, de l'ail, de la farine, le tout poché, puis frit à la poêle. Fleischschnacka (escargots de viande) préparés selon le principe des lasagnes, mais sans tomate : pâte abaissée et viande hachée sont roulées sur elles-mêmes puis couper en épais disques, que l'on peut cuire pochés, au four ou en friture selon le goût et les options diététiques de chacun. Gschwälta un Kaas n’est pas une spécialité culinaire bien sophistiquée, mais l'un des repas de base en milieu modeste, ouvrir ou paysan. Le fromage de Munster est connu pour son odeur difficile à supporter, mais aussi pour son excellent goût. Il faut franchir l'obstacle du premier pour mériter d'accéder au second ; mais alors là, quelle récompense ! Dans la région de Colmar, on aime manger les pommes de terre en robe des champs avec des harengs marinés maison. « Pommes frites, Bifteck un Sàlàt » n'a rien de régional. Mais cette définition exacte de notre steak-frites national était systématiquement scandée par les Alsaciens, jeunes et moins jeunes, à chaque fois que l'occupant nazi les faisait marché ou pas, il y a plus d'un demi-siècle. Le rythme s'en accordait parfaitement à celui des tambours, le sens en reflétait non seulement un fantasme non exclusivement culinaire, mais aussi une rage difficilement contenue. Plus concrètement, notons que, si l'Alsacien dit pommes-frites, c’est que, jadis, cela se disait ainsi dans toute la France. Habitué à accentuer la fin des mots, le français n'en a conservé que la « frite », de nos jours. Quant aux Allemands, habitués à accentuer le début, ils appellent cela « Pommes ». C'est tout à la fois amusant et révélateur !

 

 

 

 

Sechsafufzigschta (56.) Stund

 

Révisions et notes

 

Alors, comment se passe cette seconde vague ? Vous constatez certainement que les toutes premières leçons sont faciles, non ? Il en ira de même des suivantes. Le tout est de poursuivre votre progression régulièrement et en ayant confiance en vous. Ne reculez pas devant les notes, car plus on les relit, plus elles deviennent faciles à comprendre. Dans ce qui suit, nous allons approfondir et enrichir ensemble les notions déjà abordées voire acquises.

 

 

Les pronoms personnels

 

Nous avons déjà parlé d’eux, du moins des pronoms personnels sujets (voir leçon 14, N.2). Mais, à ce moment-là il ne s'agissait que de leur nominatif. L'accusatif et le datif en ont été évoqués ici et là au fil des leçons. En voici une vue synthétique sachant que chacun de ces pronoms possède au moins deux formes l'une tonique et l'autre atone :

 

Au nominatif

 

 

 

Singulier

Pluriel

 

tonique

atone

tonique

atone

1e personne

 ìch

 i

 mìr

m’r

2e personne

 dü

 da

 ìhr

 ‘r

3e personne

 

 

 

 

Masculin

 ar

 ‘r

 sìe

 sa

Féminin

 sìe

 sa

 sìe

 sa

neutre

 as

 as

 sìe

 sa

 

 

NB : A la 2e personne, da atone ne s'emploie jamais après le verbe, c'est ou rien. Le neutre accentué as ne s'utilise que pour des personnes (prénoms « féminins »). Il n'existe aucune distinction de genre à la 3e personne du pluriel.

 

 

A l'accusatif

 

 

Singulier

Pluriel

 

tonique

atone

tonique

atone

1e personne

 mìch

 mi

 uns

 is

2e personne

 dìch

 di

 èiech

 ni

3e personne

 

 

 

 

Masculin

 ìhn

 na

 sìe

 sa

Féminin

 sìe

 sa

 sìe

 sa

neutre

 ìns

 ‘s

 sìe

 sa

 

 

NB : Le neutre accentué ìhns est réservé à des personnes (prénoms « féminins »). Il n'existe aucune distinction de genre à la 3e personne du pluriel.

 

 

Au datif

 

 

Singulier

Pluriel

 

tonique

atone

tonique

atone

1e personne

 mìr

 m’r

 uns

 is

2e personne

 dìr

 d’r

 èiech

 ni

3e personne

 

 

 

 

Masculin

 ìhm

 em

 ìhna

 ana

Féminin

 ìhra

 era

 ìhna

 ana

neutre

 ìhm

 em

 ìhna

 ana

 

 

NB : Le neutre accentué ìhm ne s'utilise que pour des personnes (prénoms « féminin »). Il n'existe aucune distinction de genre à la 3e personne du pluriel

 

Quant aux trois formes de politesse, elles sont comprises dans les tableaux ci-dessus, sauf qu'elles prennent des majuscules.

Pour le reste, voir leçon 21, N.4, et leçon 55, note 5.

 

 

 

Les adverbes de lieu

 

Quand on veut décrire un objet ou un endroit, quand on veut raconter un événement, on a besoin de les situer dans l'espace. Pour ce faire, il existe différents moyens, dont les plus simples sont les adverbes de lieu. Les premiers qui nous viennent à l'esprit sont do (ici) et därta (là-bas), qui signifient respectivement « proche » ou « loin » de la personne qui parle. Mais si nous considérons un endroit donné, pièce ou maison, nous pouvons distinguer quatre « axes », haut-bas, gauche-droite, avant-arrière et intérieur-extérieur. Les huit adverbes de lieu correspondants sont owa (en haut) / unta (en bas), rachts (à droite) / lìnks (à gauche), vorna (devant) / hìnta (derrière), et dìnna (dedans) / dussa (dehors). Pour obtenir davantage de précision on peut les combiner entre eux : do unta (ici-bas), därt owa lìnks (là-haut, à gauche), etc. S'y ajoutent d'une part des adverbes démonstratifs comme drìnna (là-dedans), druf (là-dessus), drum (là autour), etc. (voir leçon 28, N.3) et, d’autre part, tous les compléments de lieu commençant par bi (près de) ou une opération « mixte » comme ìn (dans), ìwer (au-dessus de), uf (sur), etc. suivi d'un groupe nominal au datif (voir leçon 35, N.2).

 

 

 

Les adverbes de direction

 

Vous avez sans doute eu quelque difficulté à vous habituer à l'idée que l'alsacien n'a pas forcément besoin d'un verbe pour exprimer un déplacement. Des adverbes à signification directionnelle y suffisent souvent. Restons parallèles à l'article précédent et nous aurons d'abord : do àna (vers ici) / därt àna (vers là-bas), puis, considérant les quatre axes évoqués plus haut (voir N.2) : ufa (vers en haut) / àwa (vers en bas), rachts uma (vers la droite) / lìnks uma (vers la gauche), fera (vers devant) / hìntra (vers derrière) et ina (vers dedans) / üssa (vers dehors).

Il faut il y en ajouter d'autres comme ìwra (vers l'autre côté en passant par-dessus) et untra (vers en-dessous). Enfin, là aussi, il convient d'évoquer tous les compléments de direction introduits par zu (chez, auprès de) suivi du datif et les mêmes prépositions mixtes que celles cité sous N 2 mais suivies de l'accusatif, comme nous l'avons souvent précisé.

 

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser souvent

 

- D’èrschta Stroß rachts /lìnks.

La première à droite / gauche

 

- Sìe han güet z’reda!

Vous en parlez à votre aise !

 

- Dàs därf ma nìt màcha.

Cela, on n'a pas le droit de le faire.

 

- Dàs ìsch unheeflig.

C'est impoli.

 

- Jo, wuhar!

Mais pas du tout !

 

- Noch amol!

Encore une fois

 

- As ìsch heechschta Zitt!

Il est grand temps !

 

- Jetz langt’s (àwer)!

(Mais) maintenant, ça suffit !

 

- Wu dü klei /jung gsìì bìsch …

Quand tu étais petit(e) / jeune.

 

- Aso ìsch’s racht!

C’est bien ainsi

 

- Ìch nìmm àà, àss …

Je suppose que…

 

- Dàs stìmmt!

C'est exact !

 

- Às ìsch schàd, àss …

Il est dommage que...

 

- Wia ìsch dr Nàmma?

Quel est [votre] (le) nom ?

 

- Wenn i froga därf.

Si je peux me permettre de demander.

 

- Ei Momant!

Un instant !

 

- As düet mìr Leid.

Je suis désolé(e).

 

- Dàs ìsch nìt schlìmm!

Ce n’est pas grave !

 

- Leider (Gottes)!

Hélas !

 

 

 

 

Sìwenafufzigschta (57.) Stund

 

A kurza Begegnung

1 - Buschur, Alice, ìch hàn hìtt z’Morga schu àn di dankt, wu gehsch àna?

2 - Buschur, Marthe, àwer hìtta gàng i nìt mìt dìr uf dr Markt un ìn d Hàlla.

3 - Sàgg, Küsinla, dü bìsch hìtta schick, noch viel schicker às sunscht ìm Gwehnliga. ③④

4 - Ja, weisch, ìch müeß uf a Hochzitt, ìch bìn namlig iglàda, stell dìr vor! ⑤⑥

5 - Àh waga dam hàsch hìtta a Hüet un da natta Màntel àà?

6   Un drunter da wunderscheena Rock mìt vielfàrwiga Blüema druf?

7 - Ìch müeß leider geh, denn ìch kàn ìn dana nèia Schüeh nìt güet làuifa.

8 - Un wàs fer schicka wissa Schiahlala, noch mìt hocha Stellala derzüe!

9   Àwer wer hirotet eigentlig, doch nìt ebber üs dr Fàmìlia, un ìch weiß nìt dervu?

10 - Nei, nìt gràd, as ìsch dr Suhn vu mina Nochber vis-a-vis àna dràà.

11   Un d Hochzittra ìsch a scheena Person, eins üssem Ìnnera, sa studiara beida noch.

12 - Ja un wer zàhlt dernoh dàs àlles, wohrschins d Eltra beidersitts, wia àllawil?

 

 

 

(Une) brève rencontre

1 - Bonjour, Alice, j'ai déjà pensé à toi ce matin, où vas-tu ?

2 - Bonjour, Marthe, mais aujourd'hui je ne vais pas avec toi au marché et dans la halle.

3 - Dis, cousine, toi, tu es élégante aujourd’hui, encore bien plus élégante que (autrement) d'habitude.

4 - Mais (oui), tu sais, je dois [aller] à (sur) un mariage, car je suis invitée, tu te rends compte (tu t'imagines) !

5 – Ah, c'est pour cela que tu portes un chapeau et ce joli manteau, aujourd'hui ?

6   Et, en dessous, cette magnifique robe aux (avec) fleurs multicolores (dessus).

7 - Je dois malheureusement [y] aller, car Je ne peux pas bien marcher dans (avec) ces chaussures neuves.

8 - Et quels (quoi pour) élégants petits souliers blancs, et (encore) avec des talons hauts en plus.

9   Mais qui donc se marie, au fait, quand même pas quelqu'un de la famille, sans que j’en sache rien (et je n'en sais rien) ?

10 - Non, pas précisément, c'est le fils de mes voisins d'en face.

11  Et la mariée est une belle personne, une [jeune fille] “de l’intérieur”, ils font encore des études tous les deux.

12 - Mais alors (Oui et), qui paie tout cela, probablement les parents des deux côtés, comme toujours ?

 

 

 

Notes

 

Le verbe danka (penser) fait son participe passé sans -g : dankt (pensé). Son complément exige la préposition àn et l'accusatif du nom ou du pronom qui suit. Or, en présence d'un pronom personnel, l'alsacien préfère accentuer la préposition et la faire suivre du pronom atone (voir leçon 56, N.1b) : Ìch dank àn di (Je pense à toi). Accentuer le pronom et non la préposition, cela reviendrait à insister sur la personne concernée : Ìch dank àn dìch (C'est à toi que je pense). Cette façon simple de distinguer une nuance est spécifique de l'alémanique, car les prépositions ne peuvent être accentués ni en français ni en allemand.

 

Il s'agit, bien sûr, de la traditionnelle halle du marché : d Markthàlla.

 

Les mots empruntés au français sont traités comme les autres. On en fait des diminutifs comme s Küsinla (« cousine », employé uniquement sous forme diminutive en alsacien) et des comparatifs réguliers comme schicker (plus élégant(e)).

 

Les noms comme Küsinla, Gràmàmà et autres marquant des liens de parenté sont utilisés exactement comme le sont les prénoms. Ceux qui comportent plus d'une syllabe accentuable voient leur accent de mot glisser vers l'arrière en cas d'interpellation (voir phrase 3 ci-dessus, leçon 54, note 4 et, surtout, leçon 61, note 7).

 

Notez que geh (aller) est sous-entendu parce que uf a marque nettement la direction. Si la dame y était déjà arrivée, nous dirions uf’ra (voir leçon 35, N.3).

 

Le verbe ilàda (inviter) prend l’augment du participe passé entre le préfixe accentué et détachable et le radical : iglàda (invité). Noter la place de namlig (en effet), jamais au début.

 

La conséquence logique de ààlìega (mettre, mot à mot « poser à/sur [soi] »), pour un vêtement) est ààhàà (porter, mot à mot « avoir à/sur [soi] »). Le « préfixe » àà est à la fin de la phrase.

 

Voici deux charmants diminutifs : Schiahlala (petit soulier) de dr Schüeh, et Stellala (talon aiguille), qui ne manquent pas d'humour, puisque venant de dr Stolla (pied de meuble). Pour une chaussure d’homme, ce serait dr Àbsàtz (talon).

 

Il arrive parfois que le bilinguisme entre dans le langage quotidien. Nos grands-mères, qui connaissait du français tout au plus quelques mots isolés, disaient couramment dr Lalün pour dr Mond (la lune). De même, vis-à-vis ana-dràà (vis-à-vis en face) est-il fréquent sans même que l'intention de plaisanter soit toujours évidente.

 

 

 

Iawung

S Alice dànkt vilemol an si Küsinla.

As frogt s Marthe, wu àss es àna geht.

S Marthe sajt, àss es uf’ra Hochzitt iglàda ìsch.

Waga dam hàt’s a nèier Rock un nèia Schüeh kàuift.

Dr Màntel un dr Hiüet sìn nìt nèi, àwer doch schick.

Wenn s Marthe heima kummt, ziagt‘s dàs àlles wìder àb.

 

 

 

Corrigé

Alice pense souvent à sa cousine.

Elle demande [à] Marthe où (qu') elle va.

Marthe répond (dit) qu'elle est invitée à (sur) un mariage.

C'est pourquoi elle a acheté une robe neuve et des souliers neufs.

Le manteau et le chapeau ne sont pas neufs, mais ils sont tout de même élégants.

Quand Marthe arrivera (vient) à la maison, elle enlève[ra] de nouveau tout cela.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Les gens ont parfois besoin d'une chambre d'hôtel.

D Litt ...... mankmol a Hotel-........ .

 

Une chambre simple est pour une personne.

A Einzelzìmmer .... fer ei ....... .

 

Deux personnes ont besoin d'une chambre double.

.... Persona brüücha a ...... -zìmmer.

 

Il existe aussi des chambres à (avec) deux lits.

As .... aui Zìmmer ... zwei ...... .

 

Quand on est seul, un lit suffit.

…. ma ..... ìsch, ..... ei Bett.

 

Mais on a aussi besoin d'une douche ou d’un bain.

Àwer .. brüücht ... a Duscha .... a ....

 

 

 

Corrigé

 

brüücha – zìmmer      ìsch – Person      Zwei – Doppel    gìtt – mìt - Better       Wenn – allei – langt     ma – aui – oder - Bàd

 

 

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Dans l’Antiquité, l’actuelle France était, pour Rome, la « Gaule transalpine ». De même, l’Alsace est-elle la « France transvosgienne  », puisque souvent considéré comme un peu extérieure. Aussi est-ce en toute logique que s Ìnnera (l'intérieur) désigne la France « cisvosgienne » par rapport à la capitale. Une personne venant üs em Ìnnera est censée être de souche francophone, sans autre connotation ni arrière-pensée. Si elle a appris l'alsacien ou, du moins, s'efforce sérieusement de l’apprendre, alors c'est avec enthousiasme, voire admiration, que les autochtones lui ouvrent tout grand leurs bras et il adopte comme Elsasser (Alsacien) ou Elsassera (Alsacienne), selon son sexe. Sinon…

 

 

 

 

 

Àchtafufzigschta (58.) Stund

 

Uf em Rothüss

1 - Lüeg, Kìnd, s Milhüüser Rothüss hàt zwei Staga, oder besser gsajt, a Doppelstaga.

2  Ma kààt vu üssahar entweder vu lìnks oder vu rachts ìn dr großa Sààl uffastiiga.

3 - Ja, Pàpa, wia n-i-gsehn, traffa sìch dowa beida Staga ìn dr Mìttla.

4 - Un jetza lüeg amol ìn dam schicka Hochzittspaarla züe, pàss jetza güet uf. ③④

5 - Je, Pàpa, dr Hoochzitter geht mìt sinra Màma uf dr lìnka Sitta uffa.

6 - Un d‘Hochzittra stiigt mìt ìhrem Pàpa àm Àrm uf dr rachta Sitta uffa.

7 - Un kumma sa noochhar, wenn sa ghirota sìn, mìtanànder uf einra Sitta àwa?

8 - Ja, wenn sa nìt glich ìn dr èrschta Minütta mìtanànder Handel bikumma,

9  wìl eins lìnks un ‘s àndra rachts àwa wìll.

10 - Dernoh känna sa glich mìtanànder uf s Grìcht geh, wu nìt witt vu do ìsch.

11 - Un ìn a pààr Wucha sìn sa gscheida un känna wìder vu vorna ààfànga.

 

 

À (sur) l'Hôtel de Ville

1 — Regarde, [mon] enfant, l'hôtel de ville de Mulhouse a deux escaliers, ou, mieux dit, un double escalier.

2  Depuis l'extérieur, on peut monter dans la grande salle soit par la gauche soit par la droite.

3 — Oui, papa, comme je vois, les deux escaliers se rejoignent en haut au milieu.

4 — Et maintenant, observe bien (une fois) cet élégant couple à marier, fais bien attention.

5 — Oh, papa, le marié monte avec sa mère du côté gauche.

6 — Et la mariée monte au bras de son père du côté droit.

7 - Et ensuite, quand ils seront (sont) mariés, descendront-ils (descendent) ensemble d'un [même] côte ?

8 — Oui, s'ils ne se disputent pas (reçoivent pas dispute) dès la première minute,

9   parce que l'un veut [descendre] (en bas) à gauche et l’autre à droite.

10 - Dans ce cas (alors), ils pourront (peuvent) tout de suite aller ensemble au (sur le) tribunal, qui n’est pas loin d'ici

11 - Et dans quelques semaines, ils seront (sont) divorcés et pourront tout recommencer (peuvent de nouveau de devant commencer).

 

 

Notes

 

Ce nom composé comporte s Hüss (la maison), que nous connaissons, et dr Rot (le conseil), plus précisément dr Gmeinrot (conseil municipal, car d Gmein, c’est la commune). Ìch gìbb dìr a güeter Rot (Je te donne un bon conseil).

 

Nous connaissons üssa (dehors) et har (venant de …), voir vu àlla Sitta har (venant de tous côtés, leçon 41, phrase 5).

 

Le verbe züelüega (observer, regarder faire) demande la préposition ìn et le datif du nom : ìn ebbrem züelüega (observer quelqu'un, voir leçon 59, note 1). Le datif « pur » (seul, donc sans préposition) est possible si le complément est un pronom atone : Lüeg mr güet züe! (regarde bien ce que je fais !).

 

Le verbe ufpàssa (faire attention) aime les compléments en uf + accusatif : Pàss uf di Schüelersàck uf (Fais attention à ton cartable).

 

Comprenez bien le complément mìt ìhrem Pàppa àm Àrm (mot à mot : « avec son père au bras », donc « au bras de son père »).

 

Nous pourrions avoir wenn sa ghirota han (quand ils se s[er]ont mariés), passé composé du verbe hirota (se marier). Dans le texte, le participe est employé comme adjectif attribut du sujet (voir leçon 51, phrase 3 et note 3).

 

L'expression Handel bikumma (mot à mot : recevoir [de la] dispute) signifie « commencer à se disputer ». On pourrait dire aussi ààfànga à handla (commencer à se disputer, voir leçon 44, phrase 6 et note 4).

 

Pour dire « l’un … l'autre », l'alsacien emploie couramment des neutres singuliers, même lorsqu'il s'agit de personnes, surtout quand elles sont de sexes différents. Pour deux mâles, on eût plutôt mis : wenn einer … un dr ànder … »

 

L’adverbe de lieu vorna (devant) est introduit par la préposition vu (de, depuis). Il s’agit donc de « commencer de devant», que nous avons rendu par « tout recommencer »).

 

 

 

Iawung

 

Fer a Doppelstaga brüücht-ma zwei Staga, eina rachts un eina lìnks.

A Pàpa un si Suhn lüega s Rothüss àà.

A junga Fràui un a junger Mànn gehn gràd därta ge hirota.

Sa gehn beida a Staga uffa, àwer nìt d namliga.

Nochhar, wenn sa ghirota sìn, kumma sa mìtenànder wìder àwa.

Ìhra Eltra bliiwa aui nìt uf em Rothüs, denn sa mian s Hochzitsassa rìschta.

 

 

 

Corrigé

 

Pour un escalier double, on a besoin [de] deux escaliers, un à droite et un à gauche.

Un papa et son fils regardent l’hôtel de ville.

Une jeune femme et un jeune homme vont justement s’y marier.

Ils montent chacun un escalier, mais pas le même.

Ensuite, quand ils seront (sont) mariés, ils redescende[ro]nt ensemble.

Leurs parents ne restent pas non plus à (sur) l'hôtel de ville, car ils doivent préparer le repas de noces.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

En Alsace, les gens mangent volontiers des nouilles.

Ìm Elsass …. d Litt .... Nüdla.

 

Mais ils ne mangent pas tous des quenelles de foie.

Àwer .. assa nìt .... Lawer-....... .

 

Dans les escargots de viande, il y a beaucoup de viande.

.. da Fleisch- ..... ... ìsch viel ....... ,

 

Et dans la soupe, on fait bouillir (on cuit) des légumes.

Un .. dr ..... kocht ma .....

 

Les Français mangent tout le temps des frites.

D …..… assa ….... Pommes frites.

 

Qui veut une portion de potée boulangère ?

Wer .... e ....... Becka -...?

 

 

Corrigé

 

assa – garn      sa – àlla – knäpfla     Ìn – schnacka – Fleisch    ìn – Suppa – Gmias    Frànzosa – àllawil     wìll – Portion – ofa

 

 

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L’usage ancestral qui voulait que les fiancés ne montent pas du même côté à l’hôtel de ville s’est largement perdu Du fait d'un brassage de populations venues d'horizons les plus divers. Mais même au temps où la tradition était encore respectée, certains couples en redescendaient ostensiblement comme ils y étaient montés. Cela pour signifier qu'il ne se considérait pas encore comme vraiment mariés après la seule cérémonie civile. Car l'emprise du catholicisme était forte sur une population majoritairement ouvrière et d'origine rurale récente. Pourtant cette ancienne Ville libre d'empire - choisie et organisée par l'empereur Frédéric Barberousse au 12e siècle - avait, comme sa voisine Bâle, accueilli la Réforme dès 1528. Alliée aux cantons suisses et devenue République indépendante (1586), puis absorbée par la France (1798) un siècle et demi après le reste de l'Alsace (1648), elle connut un essor industriel tel que sa population passa de quelques milliers à plus de cent mille habitants en moins d'un siècle, le 19e. L'Hôtel de ville de style Renaissance rhénane se caractérise également par ses murs extérieurs peints en trompe-l’œil.

 

 

 

 

Niinafufzigschta (59.) Stund

 

Àlla wann d Bàlla, un niama wìll sa bhàlta!

1 - Gràpàpà, hàsch Dü àls aui Sport trìewa, wu da noch jung gsìì bìsch? ②③

2 - Awa, Kìnd, mìr han mìt zwälfa schu miaßa uf d Fàwrìk geh, ge schàffa.

3 - Àn’ma Sàmschtig aui un àma Sunntig, oder wahrend da Feria?

4 - As hàt sallamols noch kè Feria gaa un àn’ma Sàmschtig han àlla miaßa ge schàffa.

5  Àn’ma Sunntig sìn mìr miad gsìì, han üsgrüeiht oder sìn spàziara gànga.

6 - Dernoh hàsch dü noch nia kè Füeßbàllmatch gsah oder Hàndbàll oder Basket?

7 - Doch, nàtiirlig, àn dr Tele, àwer dàs ìsch jo lacherlig, aso ebbis:

8   Uf em Füeßbàllplàtz renna zweiazwànzig Büewa ìn einra runda Bàlla noh.

9   Un wenn sa ebber hàt, dernoh brìngt’r sa glich ìn da àndra Spìeler, stàtt àss’r sa bhàltet.

10 - Dàs ìsch normàl, dàs müeß aso sìì, dàs ìsch dr Zwack vum gànza Spìel.

11 - Un müeß d Bàlla aui heiß sìì, fer àss sa niama mìt da Hànd trauit ààriahra?

12   Àss dr Goalmànn, un da légt Hàndschig àà, fer àss ar si d Fìnger nìt verbrennt.

 

 

Tous veulent le ballon (la balle), et personne [ne] veut le (la) garder.

1 - Grand-père, as-tu aussi pratiqué du sport jadis, quand tu étais encore Jeune ?

2 - Pas du tout, [mon] enfant, nous devions, à (avec) douze [ans] déjà, aller à l'usine [pour] travailler.

3 - Le samedi aussi et le dimanche et pendant les vacances ?

4 - À l’époque, il n'existait pas encore dé vacances, et le samedi nous devions tous (aller) travailler.

5   Le dimanche, nous étions fatigués, nous nous reposions ou allions nous promener.

6 - Alors, tu n’as encore jamais vu une partie de football ou [du] handball ou [du] basket ?

7 — Si, naturellement, à la télé, mais c'est (...) ridicule, une chose pareille :

8  Sur le terrain de foot, vingt-deux garçons courent après un seul ballon rond.

9  Et quand quelqu'un l’a, alors il l'apporte tout de suite aux autres joueurs, au lieu de le garder.

10 — C’est normal, ça doit être ainsi, c’est la raison d’être de tout le jeu.

11 - Et il faut aussi que le ballon soit brûlant, (pour) que personne n'ose le toucher des (avec les) mains ?

12 Sauf le gardien, et celui-ci met des gants pour ne pas se brûler les doigts.

 

 

Notes

 

Le pronom indéfini niama (personne), proche de nit ou nichs (rien) est l’opposé, à la fois, de àlla (tous) et de ebber (quelqu’un, phrase 9), qui peut lui-même être rapproché de ebbis (quelque chose). Il est important de retenir tous ces petits mots !

 

Autre petit mot, àls (jadis, parfois) est, selon le contexte, l’équivalent de friahier (jadis, dans le temps) ou mangmol (parfois).

 

Le verbe irrégulier triiwa (pratiquer, quand il s’agit de sport) a pour participe passé trììwa (pratiqué). Il peut aussi signifier « faire » avec une nuance péjorative : Wàs triibsch aso làng ìm Bàdzìmmer? (Qu'est-ce que tu fabriques aussi longtemps dans la salle de bains ?).

 

Mot à mot : « à (sur) l’usine aller [pour] aller travailler ».

 

La préposition wahrend (pendant) demande toujours le datif (voir leçon 35, N.3).

 

Voici une double négation. Mais nia (jamais) et (pas de) ne s’annulent pas.

 

Ici, le petit mot jo est intraduisible en français. Du moins de façon brève (« C'est évident et irritant à la fois »). Les phrases alsaciennes sont littéralement truffées de petites interjections apportant chacune sa nuance modale (jo, doch, denn, ja, ebba, etc.). Mais rassurez-vous, car nul n'est tenu d'en faire usage ; il vous suffit de savoir les identifier à l'oreille et, à la limite, d'en faire abstraction

 

Le verbe noh-renna (poursuivre, courir après …) exige la préposition ìn et le datif. Or einra est le datif féminin singulier de ei (un seul), lui-même forme accentuée, donc insistante, de l’adjectif numéral ei/a (un, une). De même brìnga (apporter, phrase 9) demande ìn et le datif.

 

À notre « au lieu de » avec verbe à l'infinitif correspond, en alsacien, stàtt àss ou ànstàtt àss (au lieu « que ») avec un verbe à l’indicatif : « au lieu qu’il la garde ».

 

Selon le contexte, le verbe français « toucher » correspond à plusieurs verbes en alsacien. Ici, c'est àà-riara (entrer volontairement en contact), mais ce peut être aussi griffa (tâter, pour un tissu, par exemple) et même traffa (atteindre sa cible, pour un projectile), sans parler de Dàs màcht m’r ebbis (cela me fait quelque chose, me touche, m’émeut).

 

Au début de cette phrase, às (que) s'appuie sur niama de la phrase précédente : niama … às (personne, sauf). Plus loin, la subjonction fer àss (pour que, indiquant un but) est presque construite comme en français, mais avec le verbe à l'indicatif (voir leçon 44, note 7, et leçon 45, note 8).

 

 

 

Iawung

Wenn ma jung ìsch, triibt ma garn Sport.

Àlla Büewa spìela Füessball, oder sa lüega dr Match àn dr Tele àà.

D Maidla spìela liawer Basket oder Hàndbàll.

Sa därfa sogàr d Bàlla mìt da Hand ààriahra.

Dr Goalmann därf d Bàlla mìt da Hand fànga.

Ar hàt d Handschig nìt àà, wial d Bàlla heiß ìsch, àwer wial d Bàlla Weh màcht.

 

 

Corrigé

Quand on est jeune, on pratique volontiers du sport.

Tous les garçons jouent au foot, ou ils regardent le match à la télé.

Les jeunes filles jouent plus volontiers au basket et au handball.

Elles ont même le droit de toucher le ballon des (avec les) mains.

Le gardien a le droit d'attraper le ballon avec les mains.

Il ne porte pas les gants parce que le ballon est brûlant, mais parce que le ballon fait mal.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Alice part déjà tôt ce (aujourd'hui) matin.

. Alice geht hìtt’ z’ …... friaih .... furt.

 

Mais elle ne va pas au (sur le) marché.

…. as .... nìt uf dr ......

 

Elle est réellement élégante aujourd'hui.

As ìsch .... rìchtig .......

 

Car elle doit aller à (sur) un mariage.

As müeß ...... uf a ....-zitt ....

 

Elle a une robe neuve à (avec) fleurs (dessus).

As ... a nèier …. mìt Blüema .....

 

Mais ses souliers neufs lui font mal.

Àwer sina .... Schüeh ..... -n‘m Weh.

 

 

Corrigé

S – Morga – schu      Àwer – geht – Markt      hìtta – schick    namlig – Hoch – geh    hàt – Rock – druf     nèia – màcha

 

 

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Sachzigschta (60.) Stund

 

A Schüehlàda ①②

1 - Maidala, hìtt’ z’Mìttàg gehn mìr mìtnànder ìn a Schüehlàda!

2 - Gràmàma, ìch glàuib, dü làchsch mìch üss, mìr sìn denn beida viel z’groß! ③④

3 - Dü hàsch mìch latz vertànda: ìch weiß, àss d Làda vu unsra Schüeh z’klei wara.

4  Ìch mein dr Làda, dàs heißt s Gschaft, wu sa Schüeh verkàuifa.

5 - Àh so? Àwer, Gràmàmà, ìch brüüch kè Schüeh, bhàlt dü numma di Gald!

6 - Dü brüüchsch vìllìcht kè Schüeh, Kìnd, àwer ìch, denn ìch bìn garn schick.

7  Àwer ìch gàng hìttzutàgs leider Gottes nìmma meh garn allei ìn d Stàdt…

8 - Buschur, Ìhr Dàma, wàs därf’s sìì, a Pààr Schüeh oder Sàndàla oder Schlàppa?

9 - Jo, mìr süecha a natt, modern Schiahlala, àwer ebbis Ààgnahms un Solids.

10 - Mìr wara schu ebbis fìnda; wella Greeßa brüücht dia junga Person?

11 - Greeßa sìwenadrissig, Monsieur, denn dia junga Person bìn ìch!

 

 

 

“Une boîte à chaussures” ou “Un magasin de chaussures” (ambiguïté voulue)

1 — Petite (fillette), cet après-midi, nous irons (allons) ensemble dans (voir Le titre).

2 — Grand-mère, je crois [que] tu [te] moques [de] moi, nous sommes... toutes les deux beaucoup trop grandes !

3 — Tu m'as mal comprise : je sais que les boîtes de nos chaussures seraient trop petites.

4  Je veux dire la boutique, c’est-à-dire le magasin où ils vendent des chaussures.

5 - Ah bon ? Mais, grand-mère, je n'ai pas besoin [de] chaussures, garde (seulement) ton argent (toi) !

6 — Toi, tu n'as peut-être pas besoin de chaussures, [mon] enfant, mais moi [oui], car j'aime bien être élégante.

7  Mais, hélas (de Dieu), de nos jours, je n’aime plus ailer seule en ville...

8 — Bonjour, Mesdames (vous dames), qu'est-ce que ce sera (pourra être), une paire de souliers ou des sandales ou des pantoufles ?

9 — Ben, nous cherchons un joli petit soulier moderne, mais quelque chose [de] confortable et [de] solide.

10 — Nous trouverons bien quelque chose : [de] quelle taille a besoin cette jeune personne ?

11 — Taille trente-sept, car cette jeune personne, [c’] est (suis) moi !

 

 

Notes

 

L'alsacien dr Schüeh - au pluriel : d Schüeh - désigne à la fois la chaussure en général et le soulier en particulier. Notons que la distinction française est également en train de se perdre.

 

La vraie ambiguïté est celle de l'article indéfini au nominatif et à l'accusatif singulier, puisque c'est le même pour les trois genres : a (un, une, voir leçon 7, N 3). Avec article défini, on distingue aisément d Làda (la boîte en carton) - pluriel : d Làda – de dr Làda (le magasin, mais aussi le volet) - pluriel : d Lada.

 

Le verbe üs-làcha (se moquer) est transitif. Nous pourrions le traduire par « Tu me moques », correct quoique peu courant.

 

Quand denn n’est pas au début de la phrase, il n'introduit pas une explication (car, en effet), mais insiste sur l’évidence de ce qui est dit (« Tu sais bien que … »). En français d’Alsace, on le rend par « donc », tout comme certains doch, jo, etc. (voir leçon 59, note 7). Notons que, dans ce cas et ce cas seulement, il prend parfois la forme tonique de denna.

 

Voici notre premier conditionnel du verbe sìì (être) : wara (seraient) remplace ici sìn (sont) pour bien montrer qu'il s'agit d'une simple supposition, et non d'une affirmation catégorique. Attention ! Ne confondez pas cette forme de sìì avec wara de la phrase 10, 1ère personne du pluriel de l'indicatif présent du verbe wara (devenir) employé comme auxiliaire du futur au service de fìnda (trouver, voir leçon 42, N.1b).

 

Le verbe meina (être d'avis …) prend ici le sens de « vouloir dire ». Voici sa variante pronominale sìch meina (s’infatuer) et le nom abstrait dérivé d Meinung (l'opinion).

 

Une idée reçue veut que l'impératif de deuxième personne ne soit jamais accompagné du pronom sujet. Ici, nous avons Bhàlt di Gald (Garde ton argent, toi !). Comme quoi, le pronom accentué peut accompagner l'impératif dans les deux langues.

 

L'adverbe appréciatif leider (hélas, malheureusement) peut s'employer tout seul (voir leçon 55, phrase 4). Mais il est souvent renforcé par cette évocation divine intraduisible (voir leçon 49, N.3d).

 

Vous souvenez-vous de ebbis Wàrms (quelque chose de chaud) et de ebbis Jungs (un bébé, voir leçon 18, note 4) ? L’adjectif àgnahm veut surtout dire « agréable ».

 

En français, on dit volontiers « C’est moi » : Malgré la présence de « moi », pronom de première personne, le verbe « est » reste à la troisième personne. En alsacien, le verbe s'accorde avec les pronoms de première et de deuxième personnes. Souvenez-vous : Ìch bì’s Màma! (C’est moi, maman) et Àh, dü bìsch’s? (Ah ? C’est toi ?) (Voir leçon 8, phrases 2 et 3).

 

 

 

 

Iawung

Ìn’ma Schüehlade känna d Litt Schüeh kàuifa.

Denn as ìsch a Gschaft wie àlla àndra Gschafter.

Wenn ebber ebbis wìll kàuifa, brüücht‘r Gald.

A Pààr Schüeh ìsch tiirer às a Pààr Schlàppa.

Viel Dàmaschüeh han hocha Stellala.

D Manner un d Kìnder brüücha ebbis Solids.

 

 

Corrigé

Dans un magasin de chaussures, les gens peuvent acheter des souliers.

Car c'est un magasin comme tous les autres magasins.

Quand quelqu'un veut acheter quelque chose, il a besoin d'argent.

Une paire de souliers est plus chère qu'une paire de pantoufles.

Beaucoup de souliers pour dames ont des hauts talons.

Les hommes et les enfants ont besoin de quelque chose de solide.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Beaucoup [de] gens n'aiment pas monter les escaliers,

.... Litt .... nìt garn d ..... uffa,

 

car ils sont trop vieux ou trop fatigués.

denn sa … z'àlt .... z’.....

 

Ma mère n'aime pas descendre les escaliers.

.... Màma geht … garn d Staga ....

 

car elle ne voit plus tellement bien.

denn .. gsìeht ....-meh aso .....

 

Quand on engage (reçoit) de la dispute, ça peut devenir grave.

Wenn .. Handel bikummt, ....-’s ....... wara.

 

Parfois, on doit même aller au (sur le) tribunal.

………. Müeß ma ..... uf s ...... (geh).

 

 

 

 

Corrigé

 

Vìel – gehn – Staga       sìn – oder – miad       Mina – nìt - àwa     sa – nìmma – güet    ma – kààt – schlìmm    Mangmol – sogàr – Grìcht

 

 

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Einasachzigschta (61.) Stund

 

Ìn’ma Kleidergschaft

1 - So, dü hàsch jetz dina Schüeh kàuift, Gràmàmà, känna mìr jetza wìder heimafàhra?

2 - Glich nochhar, kumm, mìr gehn vorhar noch gschnall ìn sall Kleidergschaft dert ana dràà.

3   Ìch mächt numma lüega, wàs sa Ìntressànts uf dr Wìnter bikumma han.

4 - Mina Màma sajt àls, sa kàuift ìhra Kleider liawer z’Pàris.

5 - Jo, as geht viel aso Sprìchala, wu meina, wenn sa ebbis brüücha,

6   dernoh mian sa unbedìngt glich uf Pàris reisa oder gàr uf Àmerikà.

7 - Hàsch da Rock gsah, Gràmàmà, un dàs Blisla, dia data mìr gfàlla! ⑦⑧

8 - Ja, dü hàsch doch vorig gsajt, àss da nit brüüchsch, - àwer as ìsch boll Wiahnachta.

9 - Dia Schüpp ìsch aui nìt ìwel, sa gsìeht jung üs, fìndsch nìt, Gràmàmà?

10 - Doch, da hàsch Racht, Maidala,  dàs Schippla un dàs Blisla kànn ìch gràd brüücha,

11   denn mìr moderna Dàma wann hìtta nìmma meh üsgsah wia àlta Wiiwer.

 

 

Dans un magasin de confection (vêtements)

1 - Voilà (ainsi), tu as acheté tes chaussures, Grand-mère, pouvons-nous rentrer (de nouveau à la maison rouler), maintenant ?

2 - Immédiatement après, viens, (nous) allons d’abord (avant) encore vite dans ce magasin de confection là-bas en face.

3  J'aimerais seulement regarder ce qu'ils ont reçu d'intéressant pour (sur) l'hiver.

4 — Ma maman dit parfois [qu’] elle préfère acheter ses vêtements à Paris.

5 — Ouais, il existe beaucoup de (tels) snobinards [de cette espèce], qui croient que, lorsqu'ils ont besoin de quelque chose,

6  (alors) ils doivent absolument tout de suite aller à (voyager sur) Paris ou même en (sur) Amérique.

7 - Tu as vu cette robe, Grand-mère, et ce chemisier, ceux-ci me plairaient.

8 - Mais, tu as pourtant dit, tout à l’heure, que tu n’as besoin de rien, mais c’est bientôt Noël.

9 — Cette jupe n’est pas mal non plus (est aussi pas mal), elle fait (a l'air) jeune, tu ne trouves pas, Grand-mère ?

10 - Si, tu as raison, petite (fillette), cette petite jupe et ce chemisier, j'en ai justement l'usage,

11  car nous [autres], dames modernes, ne voulons plus, de nos jours, avoir l’air de vieilles femmes.

 

 

 

 

Notes

 

Au singulier, s Kleid (le complet, le costume) a un sens différent de celui du pluriel d Kleider (les vêtements en général).

 

La composition des mots en général et des verbes en particulier est très souple. Après vèlofàhra (leçon 6), et uffafàhra (leçon 19), voici heimafàhra (aller à la maison à vélo ou en voiture, bus, train, tramway, roller, trottinette, etc.).

 

Le verbe meega (aimer bien) s'emploie soit avec un complément : Ìch meeg na (Je l'aime bien) ou Ìch meeg kè Suppa (je n'aime pas la soupe), soit - mais uniquement aux conditionnel - avec un autre verbe à l'infinitif : Ìch mächt lüega (je voudrais voir) ; comme le font därfa (avoir le droit de), känna (pouvoir), müeßa (devoir), et wälla (vouloir). N.B. Aux 1e et 3e personnes du singulier de l’indicatif, on entend souvent màg à la place de meeg. (N.1).

 

Le verbe étant au présent, l’adverbe de temps àls signifie « parfois ». Avec un verbe au passé, àls peut vouloir dire « jadis » avec une nuance de répétition dans le passé (voir leçon 59, note 2).

 

Sprìchala est de la même famille que d Sproch (langue) – pluriel Sprocha – et que dr Spruch (parole, sentence), dont le pluriel, d Sprìch, prend souvent la signification péjorative de « frime, vantardise » ; Sprìch màcha (faire) ou Sprìch klopfa (frapper) : « faire le malin ». Le suffixe diminutif -ala accentue la saveur méprisante de s Sprìchala.

 

À wenn (si, lorsque) d’une subordonnée répond souvent dernoh (alors, ensuite) au début de la principale qui suit, marquant bien le lien entre la cause et sa conséquence.

 

Quand le mot désignant le lien de parenté est au début de la phrase - comme interpellation - on l'accentue sur la dernière syllabe : Gràmà. Dans le corps de la phrase, l'accent est plutôt mis sur la première syllabe : Gràmàmà (voir leçon 19, note 2, leçon 54, note 4, et, surtout, leçon 57, note 4).

 

Le verbe tüe (faire) - concurrent de màcha (faire) - connaît un certain usage : Hàsch (dü) nichs z’tüe? (Tu n'as rien à faire ?). Mais il s’emploie beaucoup au conditionnel, précisément comme auxiliaire du conditionnel de la plupart des autres verbes (voir leçon 53, note 8) : Dàs tat dìr aso gfàlla! (Cela, ça te plairait bien ! (comme ça)).

 

L’adjectif ìwel (mauvais) ne s'emploie guère qu'avec la négation : nìt ìwel (pas mal) et dans des expressions comme As wìrd mìr ìwel (Je commence à me sentir mal (ça me devient mal), voir leçon 53, note 8).

 

Ici, doch sert à répondre affirmativement à une question contenant une négation, tout comme le français « Si ! » : Kààsch nìt schlofa? – Doch! (Tu ne peux pas dormir ? – Si !)

 

Le dernier mot du texte est le pluriel de s Wib (bonne femme). La marque de pluriel est -er. Or, quand on ajoute ce suffixe, la consonne occlusive -b- se trouve entre deux voyelles, ce qui la changent en -w-. Souvenez-vous des verbes dont le radical se termine en -b et que nous avons qualifiés de légèrement irréguliers : ìch blibb / mìr bliiwa (voir leçon 42, N.1a). Le mot Wibb, synonyme de Fràui (femme), a connu un destin singulier. Plutôt péjoratif de nos jours, il fut pourtant élogieux au Moyen Âge. Plus tard encore, dans sa traduction de la Bible en allemand, Martin Luther le place dans la bouche de Jésus lorsque celui-ci s'adresse à sa mère, notamment au moment d'accomplir son premier miracle, aux Noces de Cana. C'est dire ! Le diminutif Wiwala peut s'avérer très tendre.

 

 

 

Iawung

Ìn jeder Stàdt gìtt’s a pààr Kleidergschafter.

D Dàma brüücha nìt uf Paris fàhra fer a nèier Rock, a nèia Schüpp oder a nèi Blisla ge kàuifa.

Ìm Wìnter ìsch’s meischtens àlla Tàg kàlt.

Dernoh müeßt ma unbedìngt a Màntel alìega, wenn ma üssa geht.

Awer a moderner Màntel därf heiter un fàrwig sìì.

Friahier sìn àlla Wìntermantel dunkelgràui, dunkelbrüün oder sogàr schwàrz gsìì.

 

 

Corrigé

Dans chaque ville, il existe quelques magasins de confection.

Les dames n'ont pas besoin d'aller (rouler) à Paris pour acheter une robe neuve, une jupe neuve ou un chemisier neuf.

En hiver, il fait le plus souvent froid tous les jours.

Alors il faut (on doit) absolument mettre un manteau, quand on sort.

Mais un manteau moderne peut (a le droit d’) être clair et coloré.

Jadis, tous les manteaux d'hiver étaient gris foncé, marron (brun foncé) ou même noirs.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Les jeunes filles et les jeunes gens aiment faire du sport.

D ...... un d ..... triwa garm ......

 

Surtout Le samedi et le dimanche.

Hàuiptsachlig àn‘ma ....... un .... Sunntig.

 

Pendant les vacances, beaucoup de familles partent.

……. da ....... gehn .... Fàmìlia furt.

 

Pour jouer au football, on a besoin d'un ballon rond.

… Füessball z'spìela ….... ma a runda ………

 

À la télé, on peut parfois voir des matchs.

.. dr Tele .... ma mangmol Match .....

 

Il existe aussi des jeunes filles qui aiment jouer au ballon.

As …. aui Maidla, .. garn Bàlla .....

 

 

 

 

Corrigé

 

Maidla – Büewa – Sport      Sàmschtig – àn’ma      Wahrend – Feria – viel     Fer – brüücht – Bàlla     Àn – kààt -gsah     gìtt – wu – spìela

 

 

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Zweiasachzigschta (62.) Stund

 

Vu Gschaft zu Gschaft

1 - Kààsch dü mìr andlig sàga, wenn àss mìr wìder heimagehn, Großmüeter?

2 - Eh, bìsch doch nìt aso ungeduldig, mìr han jo dr Zitt oder bìsch ebba pressiart?

3 - Nei, àwer mìr sìn jetza schu stundalàng ìn dr Stàdt, un ìch wìrr miad.

4 - Ìch glàuib, ìhr Junga sìn schu miad gsìì, wu-n‘r uf d Walt kumma sìn.

5   Kumm, do unta-i ìsch nit los, do sìn d Mannerkleider un aso Sàcha.

6 - Ìm erschta Stock han sa d Dàmakleider, Parfüm un sunscht aso Kleinigkeita.

7 - ‘s ìsch güet, àss da mi dràà màhnsch, àss i Parfüm brüüch, àwer nit Bìlligs, ebbis Güets.

8   Un dernoh gehn mìr ìn dr zweita Stock uffa, wu sa Gschìrr verkàuifa.

9 - Wurum? Hàsch nìt genüe Taller, Tàssa un Gleeser, un Läffel, Gàwla un Masser?

10 - Mina Taller fer àlla Tàg wara afànga àlt, d tiafa Taller, d Flàcha Taller un d Dessertallerla.

11 - Wìtt nìt aui noch ìn dr drìtta Stock uffa, ge nèia Meewel kàuifa, ìn dim Àlter?

12 - Eigentlig kännt i a nèi Bett brüücha un a nèia Kommod derzüe, meinsch nìt?

 

 

 

De magasin en magasin

1 — Peux-tu enfin me dire quand (que) nous rentrerons (de-nouveau allons à-la-maison), grand-mère ?

2 — Mais, [ne] sois donc pas tellement impatiente, nous avons le temps, ou serais-tu pressée ?

3 — Non, mais nous sommes maintenant déjà en ville depuis des heures (heures-long) et je commence à être (deviens) fatiguée.

4 — Je crois [que] vous [autres] jeunes étiez déjà fatigués quand vous êtes venus au (sur le) monde.

5   Viens, ici au rez-de-chaussée, il n’y a rien (ne se passe rien), ici il y a les vêtements pour hommes et ce genre de choses.

6 — Au premier étage, ils ont les vêtements pour dames, du parfum et autres petites choses dans le genre.

7 — C'est bien que tu m'y fasses penser, que j’ai besoin de parfum, mais rien de bon marché, quelque chose de bien (bon).

8  Et puis, nous irons (allons) au second étage, où ils vendent de la vaisselle.

9 — Pourquoi ? N’as-tu pas assez d’assiettes, de tasses et de verres, et de cuillers, fourchettes et couteaux ?

10 — Mes assiettes de (pour) tous les jours se font (deviennent) vieilles ces temps derniers, les assiettes creuses (profondes), les assiettes plates et les petites assiettes à dessert.

11 — Tu ne veux pas aussi [aller] au (dans le) troisième étage, acheter des meubles neufs, à ton âge ?

12 — Au fond, j'aurais l'usage (pourrais avoir besoin) d'un lit neuf et d'une commode neuve [allant] avec, tu ne penses pas ?

 

 

Notes

 

Grâce aux deux prépositions porteuses de mouvement, vu (en provenance de) et zu (en direction de), cette locution exprime bien les pérégrinations des deux personnes, sans qu'il y faille un verbe de mouvement.

 

L'impatience grandissante de la jeune fille apparaît déjà dans l'adverbe andlig (enfin, à la fin), mais c'est par irritation qu'elle utilise l'officiel Großmüeter en lieu et place de l'hypocoristique (affectueux) Gràmàmà.

 

Voici un emploi de wara (devenir) avec un adjectif attribut, donc dans son sens premier et non comme auxiliaire du futur (ni du passif, que nous rencontrerons bientôt, voir leçon 70, N.2)).

 

Vous savez que wu est très polyvalent. Ici, il est subjonction de temps (voir leçon 52, note 7).

 

Nous connaissons l'adverbe de lieu unta (en bas, voir leçon 32, phrase 8). En alsacien, il n'existe pas de nom équivalent à notre « rez-de-chaussée ». En revanche l’adverbe de lieu unta-i (« en bas -dedans » = au rez-de-chaussée) ne s'applique qu’à des immeubles. Son -i final, parent de la préposition ìn (dans), est le même que celui de dr Igàng (l'entrée, voir leçon 53, phrase 4).

 

Màhn mi dràà! (Fais m'y penser, rappelle-moi). Le verbe màhna (faire souvenir) exige deux compléments, l’un à l'accusatif désignant la personne concernée, l'autre introduit par la préposition mixte àn (à) également suivie de l'accusatif. On reconnaît vaguement àn dans la voyelle de l'adverbe démonstratif dràà (mis pour àn dàs (à ceci), voir leçon 17, phrase 5 et note 6).

 

L’étage se dit dr Stock, pluriel d Stäck. Curieusement, le même mot désigne également une fleur en pot dite « pot de fleur » en français régional d’Alsace, par traduction littérale du composé Blüemastock. Par modestie, on appelle a Stäckla (diminutif) le pot que l’on apporte à une amie.

 

L'expression fer àlla Tàg désigne le quotidien, les jours ouvrables, tout ce qui n'est ni un dimanche ni un jour de fête : Dàs ìsch güet gnüe fer àlla Tàg! (C'est assez bien pour tous les jours !). Ne confondez pas l'adverbe anga (ces temps derniers) avec le verbe ààfànga (commencer, voir leçon 44, note 4).

 

Voici un bel exemple de l’ellipse du verbe de mouvement geh (aller). Avec les verbes de modalité därfa (avoir le droit de), känna (pouvoir), müeßa (devoir) et wälla (vouloir) et en présence d'un adverbe de direction (ici uffa, vers en haut) ou d'un complément de lieu à sens directionnel, on se passe le plus souvent de geh. Mais son redoublement ge reste, lui, devant un autre verbe à l'infinitif, ici kàuifa (acheter, voir leçon 40, note 3 et, aussi, leçon 61, exercice phrase 2 : fer … (geh) ge kàuifa).

 

Certains verbes ont leur propre forme de conditionnel. Ainsi känna (pouvoir) avec ìch kännt, da känntsch, ar kännt, mìr kännta, etc. (je pourrais, tu …, voir leçon 30, phrase 11, et leçon 33, note 3). (N.1)

 

 

 

Iawung

 

Wenn ma pressiart ìsch, wìrd ma gschnall ungeduldig.

Un wenn ma làng ìn‘m Gschaft ìsch, wìrd ma miad.

Ìn da großa Gschafter verkàuifa sa fàscht àlles, wàs ma wìll.

Àwer wàs ma süecht, dàs han sa nia, un wàs sa han, dàs wìll ma nìt.

Wàs tiir ìsch, ìsch nìt àllawil güet.

Un ebbis Bìlligs, wu aui ebbis Güets ìsch, ìsch schwar z'fìnda.

 

 

Corrigé

 

Quand on est pressé, on devient rapidement impatient.

Et quand on est longtemps dans un magasin, on se fatigue (devient fatigué).

Dans les grands magasins, on vend (ils vendent) presque tout ce qu'on veut.

Mais ce qu'on cherche, ils ne l'ont jamais, et ce qu'ils ont, on ne le veut pas.

Ce qui est cher n’est pas toujours bon.

Et quelque chose de bon marché qui soit (est) aussi quelque chose de bien (bon) est difficile à trouver.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Pour acheter quelque chose, on a besoin d'argent.

Fer ..... z'kàuifa brüücht ma .....

 

Et qui(conque) a beaucoup d'argent peut acheter beaucoup.

Un ... vìel Gàld ..., kààt viel ..... .

 

Tous les gens ont besoin de souliers et de pantoufles.

…. Litt ...... Schüeh un ........ .

 

Mais les sandales, on [ne les] met qu'en été.

…. d ....... lìegt ma numma ìm ...... àà.

 

Les enfants ont de plus petits pieds que leurs parents.

D Kìnder ... kleinra Fiaß .. ìhra .....

 

Les dames et les messieurs aiment acheter quelque chose d'élégant.

D .... un . Herra kàuifa gàrn ..... ..... .

 

 

 

Corrigé

 

ebbis – Gald       wer – hàt – kàuifa      Àlla – brüücha – Schlàppa      Àwer – Sàndàla – Summer     han – às – Eltra     Dàma – d – ebbis Schicks

 

 

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Drèiasachzigschta (63.) Stund

 

 

Révisions et notes

 

 

Telle la cordée qui avance à flanc de montagne lentement mais sûrement nous progressons ensemble à pas mesurés, sans hâte et avec confiance. Nous avons accompli les trois quarts de notre ascension vers le but que nous nous sommes fixé, à savoir comprendre l'alsacien et nous faire comprendre de nos collègues, parents, et ami dialectophones. Arrêtons-nous un instant pour souffler et consolider certaines notions rencontrées en cours de chemin

 

 

Les verbes de modalité

 

 

Les sept verbes souvent ainsi nommés sont importants car d'un emploi fréquent. Ils se distinguent des milliers d'autres verbes à la fois par les formes de leur conjugaison et par leur comportement dans les phrases où ils apparaissent. Ce sont :

 därfa (avoir le droit de) qu'en français d’Alsace on rempart « oser » faute de mieux.

 känna (pouvoir) à ne pas confondre avec un autre connaître, régulier, lui.

 meega (aimer, avoir envie de) surtout employé au conditionnel.

 miaßa (devoir) qui expriment une obligation absolue indépendante de la volonté

 solla (devoir) qui indiquent une obligation morale se fondant sur le sens du devoir

 trauia (oser) au vrai sens qu'à ce dernier verbe en français national

 wälla (vouloir) tout simplement

 

Le présent

 

 därfa

 ìch därf

 dü därfsch

 ar, sa, as därf(t)

 mìr, Ìhr, sa därfa

 

 

 känna

 ìch kà(n)

 dü kàsch

 ar, sa, as kà(t)

 mìr, Ìhr, sa känna

 

 meega

 ìch meeg/màg

 dü meegsch/màgsch

 ar, sa, as meeg/màg

 mìr, Ìhr, sa meega

 

 

 miaßa

 ìch müeß

 dü müesch

 ar, sa, as müeß(t)

 mìr, Ìhr, sa mian

 

 

 solla

 ìch soll

 dü sollsch

 ar, sa, as soll

 mìr, Ìhr, sa solla

 

 

 trauia

 ìch traui

 dü trauisch

 ar, sa, as trauit

 mìr, Ìhr, sa trauia

 

 

 wälla

 ìch wìll

 dü wìtt

 ar, sa, as wìll

 mìr, Ìhr, sa wann

 

 

 

Le passé

 

  ìch hàn därfa

 ìch hàn känna

 ìch hàn meega

 ìch hàn miaßa

 ìch hàn solla

 ìch hàn trauia

 ìch hàn wälla

 

 

 

 

Le futur

 

 ìch wìrr därfa

 ìch wìrr känna

 ìch wìrr meega

 ìch wìrr miaßa

 ìch wìrr solla

 ìch wìrr trauia

 ìch wìrr wälla

 

 

 

 

NB :

-          A la 3e personne du singulier de l'indicatif présent on néglige souvent le t final des verbes derfa, känna et miaßa.

-          Le participe passé de ces verbes n'a jamais l’augment g (voir ci-dessus).

-          Leur participe passé et leur infinitif sont identiques (voir ci-dessus) : la colonne de gauche consacrée au passé comporte des participes passés, la colonne de droite consacrée au futur, comporte des infinitifs.

-          L’auxiliaire du passé est le verbe hà (avoir) (voir ci-dessus).

-          Ces verbes introduisent le plus souvent d'autres verbes à l'infinitif :

Do därft ma nìt ràuicha. (Ici on n'a pas le droit de fumer)

Ìch kàn dàs nìt glàuiwa. (Je ne peux pas croire cela)

Soll i s Dessert mìtbrìnga ? (Dois-je apporter le dessert ?)

Ces infinitifs ne sont précédés d'aucune préposition.

 

Dans les subordonnées au présent, l'ordre entre les deux n'est pas vraiment fixe :

Wenn i froga därf… (Si je puis demander, …)

Wenn i därf froga… (Si je puis demander, …)

 

Mais qui dit choix possible de la forme, fût-ce de la position, dit forcément différence de sens, même si, comme ici, la nuance est infime : dans la première variante, on insiste sur l'autorisation, dans la seconde, sur le questionnement lui-même, car l'accent principal est sur le dernier mot.

 

Dans les subordonnées au passé, le verbe de modalité précède l'autre (ordre français) :

Wu-n-er hàt känna ufsteh,… (Quand il a pu se lever,…)

Wàs i hàn wälla froga,… (Ce que j'ai voulu demander,…)

 

- Notez bien que, en outre, l’auxiliaire hàà à mode personnel les précède tous les deux (comme en allemand) !

 

 

Le conditionnel

 

 därfa

 ìch därft

 dü därftsch

 ar, sa, as därft

 mìr, ìhr, sa därfta

 

 

 känna

 ìch kännt

 dü känntsch

 ar, sa, as kännt

 mìr, ìhr, sa kännta

 

 

 meega

 ìch mächt

 dü mächtsch

 ar, sa, as mächt

 mìr, Ìhr, sa mächta

 

 

 miaßa

 ìch miaßt

 dü miaßtsch

 ar, sa, as miaßt

 mìr, Ìhr, sa miaßta

 

 

 solla

 ìch sott

 dü sottsch

 ar, sa, as sott

 mìr, Ìhr, sa sotta

 

 

 trauia

 ìch trauit

 dü trauitsch

 ar, sa, as trauit

 mìr, Ìhr, sa trauita

 

 

 wälla

 ìch wott

 dü wottsch

 ar, sa, as wott

 mìr, Ìhr, sa wotta

 

 

 

 

NB : Dans le sud de la région il existe même une seconde forme de conditionnel, plus complexe, donc forcément encore plus hypothétique, plus prudente, parfois plus polie (ce que nous rendons par « peut être ») :

 ìch därftigt (j'aurais peut-être l’autorisation de…)

 ìch känntigt (je pourrais peut être…)

 ìch mächtigt (j'aimerais peut être…)

 ìch liaßtigt (je devrais peut être…)

 ìch sottigt (je devrais peut être…)

 ìch trauitigt (j’oserais peut être…)

 ìch wottigt (je voudrais peut être…)

 

Les autres personnes se forment de façon parfaitement régulière (-sch, rien, -a).

Cette forme est particulièrement utile à la 3e personne du singulier de trauia, dont l'indicatif présent et le conditionnel sont identiques : trauit

 

Les significations

Outre leur sens premier indiqué plus haut, ces verbes peuvent avoir d'autres significations selon les contextes et les formes employées.

Voici quelques exemples de ces significations modales (ayant à voir avec la réalité de ce qui est dit) :

S Watter därftigt scheener wara (Il serait bon que le temps devienne plus beau)

As kààt fìmfa (umma) sìì. (Il doit être environ cinq heures.)

Ma kännt meine, àss… (On pourrait croire que…)

Ma wott(s nìt glàuiwa. (On ne le croirait pas.)

Wàs wìll ma do màcha ? (Que peut-on faire dans ce cas ?)

 

 

Les démonstratifs

 

Nous connaissons bien les adverbes démonstratifs do (ici) et därta ou därt’ (là-bas), qui sont invariables.

Mais qu'en est-il de da (ce … ci, celui-ci) et de saller (ce … là, celui-là) ?

Qu'ils soient adjectifs suivis d'un nom (ce … ci, ce … là), ou pronoms remplaçant un nom (celui-ci, celui-là), ils sont identiques.

Mais il se déclinent, c'est à dire changent de forme suivant le genre, le nombre et le cas du nom qu’ils précèdent (pour les adjectifs) ou qu'ils représentent (pour les pronoms).

En outre ils sont fréquemment accompagnés des adverbes démonstratifs cité au début : dia Fràui do (cette femme-ci), dia do (celle-ci), da Mànn därta (cet homme là-bas), da därta (celui-là).

 

Le démonstratif proche « da »

 

 

masculin

féminin

neutre

pluriel

Nominatif

 da

 dia

 dàs

 dia

Accusatif

 da

 dia

 dàs

 dia

Datif

 dam

 dara

 dam

 dana

 

 

 

Le démonstratif lointain « saller »

 

 

masculin

féminin

neutre

pluriel

Nominatif

 saller

 salla

 sall

 salla

Accusatif

 saller

 salla

 sall

 salla

Datif

 sallem

 sallra

 sallem

 salla(na)

 

 

NB : Le datif pluriel sallena, sans doute jugé un peu long, est souvent réduit à salla.

 

 

Les pronoms personnels réfléchis

 

Quand le sujet d'un verbe et son complément désigne la même personne, tout se passe normalement aux 1e et 2e personnes du singulier comme du pluriel (voir leçon 56, N.1). Mais à la 3e personne, du singulier comme du pluriel, le pronom réfléchi est toujours sìch (tonique) ou si (atone) :

 

Complément à l'accusatif

 

tonique

atone

Ìch lüeg mìch àà.
 (Je me regarde)

Ìch lüeg mi àà.

Dü lüegsch dìch àà.
 (Tu te regardes)

Da lüegsch di àà.

Ar lüegt sìch àà.
 (Il se regarde)

Ar lüegt si àà.

Sìe lüegt sìch àà.
 (Elle se regarde)

Sa lüegt si àà.

As lüegt sìch àà.
 (« Elle » se regarde)

As lüegt si àà.

Mìr lüega uns àà.
 (Nous nous regardons)

Mìr lüega-n-is àà.

Ìhr lüega èiech àà.
 (Vous vous regardez)

Ìhr lüega-ni àà.

Sìe lüega sìch àà.
 (Ils se regardent)

Sa lüega-si àà.

 

 

 

 

Complément au datif

 

tonique

atone

Ìch kàuif mìr a Büech.
 
(Je m’achère un livre)

Ìch kàuif mìr a Büech.

Dü kàuifsch dìr a Büech.
 (Tu t’achètes un livre)

Da kàuifsch dìr a Büech.

Ar kàuift sìch a Büech.
 
(Il s’achète un livre)

Ar kàuift si a Büech.

Sìe kàuift sìch a Büech.
 
(Elle s’achète un livre)

Sa kàuift si a Büech.

As kàuift sìch a Büech.
 
(« Elle » s’achète un livre)

As kàuift si a Büech.

Mìr kàuifa uns Biacher.
 (Nous nous achetons des livres)

Mìr kàuifa si Biacher.

Ìhr kàuifa èiech Biacher.
 (Vous vous achetez des livres)

Ìhr kàuifa si Biacher.

Sìe kàuifa sìch Biacher.
 (Ils s’achètent des livres)

Sa kàuifa si Biacher.

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser souvent

 

- Ìch hàn àn di dankt.

J'ai pensé à toi.

 

- Ìm Gwehnliga…

D'habitude.

 

- Stell dìr vor!

Tu t'imagines ! (imagine-toi)

 

- Ìch müeß (leider) geh.

Il faut que je parte (hélas !).

 

- Ìch weiß nit (dervu).

Je ne (n’en) sais rien.

 

- Wer zàhlt dàs àlles?

Qui paie tout cela ?

 

- Wia àllawiil.

Comme toujours.

 

- Besser gsajt…

Plus exactement (mieux dit)

 

- Wia-n-i gseh…

Comme je vois...

 

- Pàss güet uf!

Fais bien attention !

 

- Dàs ìsch (nìt) witt vu do.

Ce (n’) est (pas) loin d'ici.

 

- Wìder vu vorna ààfànga

Recommencer du début

 

- Wu da jung gsìì bìsch,

Quand tu étais jeune,

 

- Dàs ìsch jo lacherlig!

Mais c'est ridicule !

 

- Dàs ìsch normàl!

C’est normal !

 

- Ìch glàuib, dü làchsch mi üs.

Je crois que tu te moques de moi.

 

- Dü hàsch mi latz verstànda.

Tu m'as mal compris(e).

 

- Ìch brüüch kè…

Je n'ai pas besoin de …

 

- Bhàlt dü (numma) di Gald.

Garde le (seulement), ton argent

 

- Ìch bìn garn schick.

J'aime être élégant(e).

 

- Därt ana dràà

Là-bas, en face

 

- Dàs dat mìr (güet) gfàlla.

Ceci me plairait (bien).

 

- As ìsch boll Wiahnachta.

C'est bientôt Noël.

 

- Dàs ìsch nìt ìwel.

Ceci n’est pas mal.

 

- Da hàsch Racht.

Tu as raison.

 

- Bìsch nìt aso ungeduldig!

Ne sois pas tellement impatient(e) !

 

- Bìsch ebba pressiart?

Serais-tu pressé(e), par hasard ?

 

- Ìch wìrr/bìn miad.

Je suis / commence à être fatigué(e).

 

- Ìn mim /dim /sim /ìhrem Àlter.

À mon / ton / son (à lui) / son (à elle) âge

 

 

 

Viarasachzigschta (64.) Stund

 

Schanka ìsch nìt eifàch

1 - Wàs schanka mìr ìn unsra Litt üs dr Fàmìlia uf d Wiahnachta? ①②

2 - Ja do! Dàs ìsch nìt eifàch, denn ìch hàn gàr kè Idee.

3 - Kumm, nìmm a Blätt Pàpiar, un mìr schriiwa glich uf, wàs uns iifàllt.

4   Dank a Bìtzi noh, dernoh fìndsch sìcher ebbis, zum Beispìel fer d Kìnder.

5 - Ѐ jo, dàs ìsch liicht, eifàch ìn jedem ebbis, ìn da Großa a Spìel,

6   un ìn da Kleina a Spìelgschìrrla, àwer wàs feriga? ⑤⑥

7 - Da weisch, àss sa hìtta nìmma meh wann, wàs uns friahier gfàlla hàt.

8   A Puppa oder a Puppawagala fer d Maidla oder numma-n-a Büech un a Fàrwalàda.

9 - Un mìr Büewa han vu’ma elektrischa Zug tràuimt, àwer nia keiner bikumma.

10 - Hìtta müeßt’s glich ebbis Elektrischs sìì oder gàr ebbis Elektronischs. ⑧⑨

11 - Sogàr a Vèlo ìsch ana nìmma meh güet genüe, wenn kè Motor dràà ìsch.

12 - Un mìr stehn do, wia dr Ochs àm Barg, un wìssa àllawiil noch nichs!

 

 

 

Il n’est pas simple d’offrir (Offrir n’est pas simple)

1 - Qu'offrons-nous à nos gens de la famille pour (sur) Noël ?

2 — Oh, là ! Ce n’est pas simple, car Je n’ai pas d'idée du tout.

3 - Viens, prends une feuille de papier, et (nous) inscrivons tout de suite ce qui nous passe par la tête (nous tombe dedans).

4  Réfléchis un peu, alors (ensuite) tu trouveras sûrement quelque chose, par exemple pour les enfants.

5 - Ben oui, c’est facile, simplement quelque chose pour (à) chacun, pour les (aux) grands un jeu,

6  et pour les (aux) petits un jouet, mais [de] quelle sorte ?

7 — Tu sais qu'ils ne veulent plus, de nos Jours (aujourd'hui), ce qui nous plaisait jadis.

8  Une poupée ou un landau pour les filles ou seulement un livre et une boîte de [crayons de] couleur.

9 - Et nous [autres], garçons, rêvions d’un train électrique et n'en reçûmes Jamais aucun.

10 - Aujourd'hui, il faut tout de suite que ce soit quelque chose d’électrique ou même quelque chose d'électronique.

11 - Même un vélo n’est plus assez bon pour (à) eux, s’il n'y à pas de moteur (après).

12 — Et nous, nous sommes (debout) là, au pied du mur (comme le bœuf au pied de la montagne) et n'avons toujours rien trouvé (savons toujours encore rien).

 

 

 

Notes

 

Le verbe schanka (offrir en cadeau) est régulier. Son participe passé est gschankt (offert). Sur cette base ont été formés s Gschank (le cadeau) - pluriel d Gschanker – et s Gschankla (petit cadeau), qui reste pareil au pluriel, comme tous les diminutifs. En période de fêtes, on pratique aussi beaucoup le verbe dérivé i-schanka (verser à boire). Et, pendant les soldes, les commerçants vous diront : As ìsch gschankt (c’est donné).

 

En Alsace, d Litt (les gens), accompagné d’un possessif désigne souvent les membres de la famille. Dans un couple, dina Litt (tes gens) désigne volontiers les parents, les sœurs et les frères du conjoint, sa tribu, en quelque sorte.

 

Voici deux mots empruntés au français et inégalement traités. Le premier, Idée, est bien assimilé, puisque son accent porte sur la première syllabe en alsacien. Le second, Pàpier, à la ligne suivante, à certes subi une adaptation de sa prononciation, mais l'accent est resté sur la fin, à la française (voir leçon 7, N.2).

 

Le verbe i-fàlla (venir soudain à l'esprit), pris mot à mot, voudrait dire « tomber dans ». Le nom dr Ifàll (idée soudaine), pluriel Ifall, en est issu. Concurrent de ghèia (tomber), le verbe simple fàlla n’est, en alsacien du sud, employé que dans un sens précis : tomber à la guerre. Aussi, à certaines époques de notre histoire, la phrase la plus redoutée était-elle : Ar ìsch gfàlla (Il est mort au front). Beaucoup de familles d’incorporés de force en savent quelque chose.

 

Nous connaissons s Gschìrr (vaisselle) et le verbe spìela (jouer). Or les jouets ont souvent simulé le monde des adultes. Qui ne se souvient des dînettes d'antan, de la vaisselle jouet. À l'origine, c'est ce que Spìelgschìrrla désignait, avant de voir son sens étendu à n'importe quel jouet. Mais, attention, le pluriel est irrégulier : d Spìelsàcha (choses à jouer, donc « jouets »).

 

Pour demander « quel … ? », on peut utiliser wàs fer a … ? (voir leçon 19, note 3). De là, on tire le « pronom » interrogatif wàs fer einer (lequel ?), wàs fer eina (laquelle), wàs fer eins (lequel au neutre), dont le pluriel est wàs feriga (lesquels, lesquelles, quel type de … ?). Une préposition (fer) dérivée en adjectif à l’aide d’un suffixe typique (-ig), voilà qui témoigne du caractère inventif et souple de la langue.

 

Deux mots négatifs ne s’annulent généralement pas : nia (ne … jamais) et keiner (ne … aucun) se renforceraient plutôt, comme en français (Nous n'en avons jamais reçu aucun).

 

Hìtta (aujourd'hui) ou hìtt’, devant voyelle, est souvent employé au sens plus général de « de nos jours ».

 

L'adverbe intensifiant gàr (même) n'est autre qu'une forme courte de sogàr de la phrase 11 (voir aussi leçon 10, phrase 4).

 

Souvenez-vous des pronoms personnels atones : ìhna (à eux, à elles) a pour forme inaccentuée ana (voir leçon 56, N.1c).

 

L’expression do steh, wia dr Ochs àm Barg (être là, comme le bœuf au pied de la montagne) s’emploie couramment pour décrire quelqu’un qui ne sait plus comment s’en sortir.

 

 

 

Iawung

D Màma un dr Pàpa wann ìn ìhra Kìnder ebbis schanka.

Denn as ìsch boll Wìnter un sogàr Wiahnachta.

Ja, schanka d Kìnder ìn ìhra Eltra àls aui ebbis?

Ja, wenn sa noch genüe Gald derfer han.

Àwer ìch glàuib nìt, àss sa‘na (ana) aui Spìelsàcha kàuifa.

Denn d großa Litt spìela nìt aso garn às d Junga, oder ebba doch?

 

 

Corrigé

La maman et le papa veulent offrir quelque chose à leurs enfants.

Car c'est bientôt l’hiver et même Noël.

Mais les enfants offrent-ils aussi parfois quelque chose à leurs parents ?

Oui, s'il leur reste (s’ils ont encore) assez d'argent pour cela.

Mais je ne crois pas qu'ils leur achètent également des jouets.

Car les grandes personnes n'aiment pas tant jouer que les jeunes, voire ! (ou peut-être quand même ?)

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

En hiver, les vêtements ne sont pas comme en été.

Ìm ...... sìn d ....... nìt wia ìm …….

 

Beaucoup de gens aiment acheter leurs vêtements neufs à Paris.

Viel ... kàuifa .... nèia Kleider .... z’Paris.

 

Ils n'achètent pas seulement ce dont (qu’) ils ont absolument besoin.

Sa ..... nìt numma, ….. sa unbedìngt ……

 

Les femmes aiment paraître modernes et élégantes.

D ..... gsahn garn ...... un ...... üs.

 

Pour cela, elles ont besoin de jolies chaussures et d’une belle robe.

Fer … brüücha .. natta …… un a scheener ……

 

Une jupe et un chemisier ne sont pas mal non plus.

A …… un a ……. sìn aui nìt …. .

 

 

 

Corrigé

 

Wìnter – Kleider – Summer      Litt – ìhra – garn      kàuifa – wàs – brüücha    Fràuia – modern – schick   dàs – sa – Schüeh – Rock    Schüpp – Blisla – ìwel

 

 

 

 

 

Fìmfasachzigschta (65.) Stund

 

Ìm Gàrta

 

1 - Mànn, wàs màchsch denna dü ìm Gàrta ìn dara Johreszitt?

2   As ìsch jo boll Wìnter, do kààsch doch gàr nichs dussa schàffa.

3 - Hàsch dü-n-a Àhnung, Fràui, ìch müeß doch mi Warkzig putza, sunscht ruschtet’s.

4 - Well Warkzig? Di Hàmmer, dina Zànga un dina Strüüwaziager sìn ìm Kaller. ③④⑤

5 - Dàs weiß i aui; un mina Saga un d Bohrmàschìna lìega aui nìt dussa ìm Gàrta.

6   Àwer d Spàtta, dr Racha, d Schüüfla un s Setzholz müeß i doch ufrüüma. ⑦⑧

7 - Ja hàsch dü dàs àlles bi dara Kälta un ìn dam Raga wuchalàng umafàhra lo?

8 - Awa! Dàs sìn d Junga gsìì, wu sa geschtert oder vorgeschtert üssabrocht han.

9 - Ѐ dernoh sàg ana, sa solla sa salwer ufrüüma, wenn sa üs dr Schüela kumma.

10 - Da weisch doch, àss i mìt ìhrem Vàter nìt garn Gschìchta hàn.

11 - Ja hàsch dü jetza ìwer eimol Àngscht vor dim eigana Suhn?

12 - Jo, wàs sajsch do, màchsch jo a Ross z’làcha; ìch un Àngscht hàà, dü gfàllsch mìr!

13   Àwer Ordnung müeß sìì, denn ìch vertràg d Unordnung nìt.

 

 

 

Au (dans le) jardin

 

1- [Mon] mari, que fais-tu donc au jardin en cette saison ?

2  [Puisque] c’est bientôt l'hiver, tu ne peux rien faire à l'extérieur (alors tu ne peux pourtant rien du tout dehors travailler).

3 - Tu n'en as aucune idée (as-tu la moindre idée), [ma] femme, il est pourtant nécessaire que je nettoie mes outils (mon outillage), sinon ils rouillent.

4 — Quels outils ? Ton marteau, ta pince et tes tournevis sont à (dans) la cave.

5 — Cela, je [le] sais aussi ; et ma scie et la perceuse ne sont pas non plus (aussi pas) dehors au jardin.

6  Mais la bêche, le râteau, la pelle et le plantoir, il faut que Je [les] range, tout de mème.

7 — Mais, tu as laissé traîner tout cela durant des semaines par ce froid et sous (dans) cette pluie ?

8 — Pas du tout ! Ce sont les gamins (jeunes) qui les ont sortis (apportés dehors) hier ou avant-hier.

9 - Ben alors, dis-leur de (qu'ils doivent) les ranger eux-mêmes quand ils rentreront de l'école.

10 — Tu sais bien que je n'aime pas avoir des histoires avec leur père.

11 - Mais est-ce que tu as tout à coup peur de (devant) ton propre fils ?

12 — Hé, que dis-tu là, tu divagues complètement (mais tu fais rire un cheval) ; moi (et) avoir peur, c'est la meilleure (toi, tu me plais).

13  Mais il faut de l’ordre (ordre doit être), je ne supporte pas le désordre.

 

 

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Notes

 

Quand une femme parle de son mari, elle dit mi Mànn (mon homme). S'adressant à lui, elle emploie Mànn, sans possessif. Quand un mari parle de sa femme, il dit mina Fràui (ma femme). S'adressant à elle, il dit Fràui (voir phrase 3).

 

Dans les discussions, les petits mots modalisateurs sont nombreux et aussi faciles à comprendre que difficiles à traduire : jo (tu le sais bien), do (dans ces conditions), doch (tu devrais le savoir).

 

L’adjectif interrogatif well (quel), wella (quelle), well (quel, neutre) et wella (quels, quelles) équivaut à wàs fer a … ? (voir leçon 19, note 3). Le pronom correspondant est weller (lequel), wella (laquelle), well (lequel, neutre) et wella (lesquels, lesquelles) (voir leçon 64, note 6).

 

S Wark (œuvre, tâche accomplie), d’où s Hàndwark (métier manuel, artisanat). Quant à s Zig, c’est un terme vague désignant tantôt une chose – parfois avec dédain -, tantôt un tissu. « Mon tout » sert à nommer l’outillage dans son ensemble. D’où aussi d Warkzigkìschta (caisse à outils).

 

D Strüüwa (vis) ne pose pas de problème. Mais nous connaissons aussi ziaga (tirer, comme on tire les oreille). Quel est le rapport avec « tourner » ? C’est le verbe àà-ziaga (serrer, pour une vis ou un boulon) qui explique tout.

 

Le verbe bohra (percer, pénétrer en tournant) s’applique aussi à l’appendice nasal : ìn dr Nàsa bohra (fourrer le doigt dans le nez). Mais il paraît que c’est très vilain.

 

Ces trois outils de base du jardinier – d Spàtta (bêche), dr Racha (râteau) et d Schüüfla (pelle) – ont non seulement des pluriels pareils aux singuliers, mais les verbes correspondants sont, à leur tour, identiques aux noms : spàtta (bêcher), racha (ratisser) et schüüfla (pelleter).

 

Connaissant s Holz (bois) et le second sens du verbe setza (asseoir, planter), vous devez aisément comprendre le nom ainsi composé.

 

Après stundalàng (pendant des heures, leçon 62, ligne 3), voici wuchalàng (pendant des semaines). Il est facile de composer d’autres adverbes de durée sur le même modèle : tagalàng (pendant des jours), monetalàng (pendant des mois), johralàng (pendant des années), johrhundertalàng (pendant des siècles), johrtàuisigalàng (pendant des millénaires).

 

Le datif des noms n'est généralement employé qu’après certaines prépositions : Sàgg’s ìn da Junga (Dis-le aux gamins). Il en va de même pour les pronoms personnels toniques : Sàgg’s ìn ìhna (Dis-le leur, à eux). Mais les pronoms atones s'utilisent souvent au datif « pur », sans préposition : Sàgg’s ana (Dis-le leur) (voir leçon 49, N.3c et leçon 56, N.1).

 

Comme tous les langages populaires, l'alsacien est friand d'images concrètes capables d'exprimer des faits abstraits, idées, émotions et sentiments. Le résultat en est souvent cocasse, en réalité dû à une grande pudeur dépassée grâce à l'humour : a Ross màcha z’làcha (faire rire un cheval, quand quelqu'un affirme une chose invraisemblable). Quant à Dü gfàllsch mìr (mot à mot « Tu me plais »), ce peut être un compliment, au premier degré, évidemment ; mais c'est souvent une façon ironique de marquer son désaccord, par exemple suite à une demande jugée abusive.

 

 

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Iawung

Viel Litt hàn garn Ordnung, awer sa hàn ìwerall Unordnung.

Wenn ma si Warkzig brüücht hàt, soll ma’s sofort ufrüüma.

Wenn Drack àn’ra Schüüfla oder àn‘ra Spàtta ìsch, müeß ma sa zèèrscht putza und dernoh èrchst ufrüüma.

Ìm Kaller hàt àlles si Plàtz, àwer nìt numma s Warkzig, aui d Hardäpfel un dr Wii.

Denn därt’ unta ìsch‘s nìt z’wàrm un nìt z’kàlt, gràd a Bìtsi frìsch.

Ordnung ìsch s hàlwa Lawa; un mina Màma hàt àls gsajt: Un dr Rascht ìsch Unordnung!

 

 

Corrigé

Beaucoup de gens aiment [l’]ordre, mais ont [du] désordre partout.

Quand on a utilisé ses outils (son outillage), on doit les (le) ranger immédiatement.

Lorsqu'il y à de la saleté sur (à) une pelle ou sur (à) une bêche, on doit d’abord la nettoyer, et ensuite seulement la ranger.

À la cave, tout a sa place, mais pas seulement l'outillage, également les pommes de terre et le vin.

Car, là-bas en bas, il ne fait pas trop chaud ni trop froid, juste un peu frais.

[L']ordre est la moitié de la vie ; et ma Maman disait parfois : Et le reste est désordre !

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Ma grand-mère n'est presque jamais pressée.

…. Großmüeter ìsch ...... ... pressiart.

 

Mais les jeunes deviennent rapidement impatients.

…. d ...... wara schnall .......... .

 

Ils sont aussi assez vite fatigués.

.. sìn ... zìmlig ....... miad.

 

Les vêtements pour les dames sont le plus souvent chers.

D …… fer d …. sìn meischtens …….

 

Mais la vaisselle n'est pas toujours bon marché.

Àwer s ...... . ìsch nìt ....... bìllig.

 

Les assiettes peuvent être grandes ou petites, creuses ou plates.

D .….. känna ..... oder ...., tiaf oder ……. sìì.

 

 

 

Corrigé

 

Mina – fàscht nia     Àwer – Junga – ungeduldig      Sa – aui – schnall    Kleider – Dàma - tiir   Gschìrr – àllawil    Taller – groß – klei – flàch

 

 

 

 

Sechsasachzigschta (66.) Stund

 

As ìsch boll gàr nichs meh acht!

 

1 -  Lüeg do, d’Àffa stiiga: as gìtt scheen Watter oder as kummt ku ragna!

2   Wàs màchsch denna dü do, gànz owa uf dara Leitra?

3 - Gsìehsch denna nìt, àss i noch schnall unser Tànnabàuim müeß rìschta?

4 - Da müesch mi èxküsiara, àwer ìch hàn dr Bàuim zèrscht nìt rìchtig gsah.

5   Dü, dàs ìsch a natter Tànnabàuim, nìt z’groß, nìt z’klei, nìt z’breit, un nìt z’ang.

6 - Un ar hébt làng un verliart nìt amol sina Nodla, denn ar ìsch nìt üs Holz, àwer üs Plastik.

7 - Wia ìsch das numma meeglig? Jetz hàsch noch Worta! Waga dam ìsch’r aso scheen regelmaßig?

8   Àwer Àchtung, loss dr Spìtz nìt ghèia, denn da ìsch sìcher üs Glàs, wia d Kugla aui.

9 - Hàsch dü-n-a Àhnung! Da Spìtz un dia Kugla sìn aui nìt acht, sa sìn aui üs Plastik.

10 - Ja, fànga sa nìt à brenna, wenn d Flàmma wu ma Büschi drààkummt?

11 - Dü bìsch hìnter em Mond dheima; d Kerzabüschi sìn doch hìtta elektrisch!

12   Au! Jetza bìsch mìr uf dr Füeß tratta un dàs màcht Weh, denn mina Fiaß sìn acht.

 

 

 

Bientôt, plus rien ne sera authentique !

 

1 — Que vois-je (regarde ici) : La grenouille monte à l'échelle (les singes grimpent) : il fera beau (ça donne beau temps) ou il va (vient) pleuvoir !

2  Que fais-tu donc ici, tout en haut de (sur) cette échelle ?

3 - Tu ne vois donc pas que je dois encore vite décorer (préparer) notre sapin ?

4 - Il faut (tu dois) m'excuser, mais Je n'ai pas bien (vraiment) vu l'arbre au début.

5  Dis (toi), ça [c’]est un joli sapin, pas trop grand, pas trop petit, pas trop large ni (et pas) trop étroit.

6 - Et il tient longtemps et ne perd mème pas ses aiguilles, car il n’est pas en bois, mais en plastique.

7 - Comment est-ce (seulement) possible ? Ben dis donc (maintenant as-tu encore des mots). C'est pour cela qu'il est tellement bien régulier ?

8  Mais attention ! Ne fais (laisse) pas tomber la pointe, car elle (celui-ci) est sûrement en verre, [tout] comme les boules (aussi).

9 - Tu es complètement à côté ! Cette pointe et ces boules ne sont pas non plus authentiques, elles sont en plastique également.

10 — Mais elles ne prennent pas feu (commencent pas à brûler) quand la flamme d'une bougie les touche ?

11 — Tu n'es vraiment au courant de rien (tu es derrière la lune à la maison) ; mais les bougies sont électriques de nos jours (aujourd’hui) !

12  Aïe ! Maintenant tu m'as (es) marché sur le pied, et cela fait mal, car mes pieds sont authentiques [, eux].

 

 

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Notes

 

As est ici un bel exemple de sujet apparent. Il permet de repousser les trois autres éléments (bol, gàr nichs meh et acht) vers la fin pour insister sur leur importance. Au cas où l'un des trois serait mis au début - avec un fort accent d'insistance, autre moyen de le mettre en valeur -, es disparaît. Il n'en est pas de même pour les deux es de la phrase 1, où là permutation est plus délicate, mais où le pronom neutre reste : Scheen Watter gìtt’s !

 

Voici une taquinerie assez courante, dont sont victimes les personnes qui montent sur une chaise ou un escabeau. Pour être fiable, une telle prévision météorologique se doit d'être ambivalente.

 

En français existe d'une part « l'arbre », d'autre part « le sapin ». Il n'y a aucune raison de substituer l'un des deux mots à l'autre. Mais un nom composé comme Tànnabàuim (mot à mot « sapin-arbre ») ne se répète pas volontiers en entier. On ne garde souvent que le mot de base. Le mot d Tànna (sapin) existe également pour désigner l'espèce, entre spécialistes.

 

Retenez bien la petite locution adverbiale nìt amol (même pas). Comme bien d'autres, elle est facile et peut s'avérer utile. Il est bon de posséder ainsi un certain nombre d'expressions prêtes à l'emploi. Cela donne confiance et permet d'oser parler.

 

Quand quelqu'un est tellement surpris qu'il en reste coi, il exprime fréquemment son émotion par Jetz’ hàsch noch Worta, même s'il ne tutoie pas son interlocuteur, car cette exclamation, il se l'adresse davantage à lui-même qu’à autrui.

 

Le verbe lossa (laisser) ou lo (les deux formes d'infinitif sont admises) est proche des verbes de modalité, à certains égards. Ainsi, il introduit un autre verbe (ici ghèia) sans qu'il soit besoin d'une préposition entre les deux.

 

Quand on veut accuser quelqu'un d'incompétence sur un sujet donné, on lui sert Hàsch dü-n-a Àhnung! (mot à mot : « As-tu un soupçon », sous-entendu « de connaissance sur le sujet »), c’est-à-dire qu’on lui signifie qu’il n’y entend goutte. Bien entendu, les formes de politesse fonctionnent également : Han Ìhr a … / Han Sìe-n- a … / Hàt Sìe-n-a Àhnung!

 

Le mot français « bougie » a été emprunté au prix de gros efforts d'adaptation aux plans de la prononciation et de l'accentuation. Le résultat est tellement méconnaissable que nous n'avons pas osé en conserver l'orthographe d'origine. Si bien, d'ailleurs, que nombre d’Alsaciens éprouvent le besoin de lui juxtaposer le nom germanique correspondant d Kerza (cierge), formant ainsi l’amusant composé s Kerzabüschi (voir phrase 11).

 

Pour les alsaciens, quelqu'un qui n'est au courant de rien habite la face cachée de la lune. C'est ce que signifie l'expression imagée hìnter em Mond dheima sìì (habiter [être chez soi] derrière la lune).

 

Le verbe tratta ne signifie pas vraiment « marcher », mais plutôt « appuyer du pied ». Ici, faire porter le poids de son corps sur un de ses pieds alors que celui-ci prend lui-même appui sur celui d'une autre personne. Dans ce cas, on dit bien « marcher sur », en français. Mais ce peut aussi être pour « pédaler » (avec l’auxiliaire hàà au passé) ou pour porter un coup à autrui, a Trìtt (coup de pied).

 

 

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Iawung

 

Ìn Àfrik stiiga d’Àffa garn uf d Baim un gehn vu eim Bàuim uf dr ànder dur dr gànza Wàld.

Àwer därta gìtt’s kè Tànnabàim un kè Wiahnachta fer d Kìnder.

Ìm Wàld sìn d Bàim sogàr hìttzutàgs bi uns noch acht, àwer wia làng noch?

Ìn Thànn verbrenna d Litt àlla Johr àn‘ma Summerowa drèi Tànna.

D achta Büschi sìn friahier viel gfahrliger gsìì às hìtta d elektrischa, hàuiptsachlig fer d Kìnder.

Viel Junga wann numma noch moderna Spìelsàcha, wu sehr tiir sìn un doch bol nìmma meh funktionniara.

 

 

Corrigé

 

En Afrique, les singes grimpent (montent) volontiers aux (sur les) arbres et vont d'arbre en arbre (d'un arbre sur l'autre) à travers toute la forêt.

Mais là-bas, il n'existe pas de sapin ni (et pas) de Noël pour les enfants.

En forêt, les arbres sont même de nos jours encore authentiques chez nous, mais pour combien de temps (combien longtemps) encore ?

À Thann, les gens brûlent chaque année trois sapins un soir d'été.

Les vraies bougies étaient jadis bien (beaucoup) plus dangereuses que les [bougies] électriques de nos jours, surtout pour les enfants.

Beaucoup [de] jeunes ne veulent plus que des jouets modernes, qui coûtent très cher et, pourtant, ont tôt fait de ne plus fonctionner (ne fonctionnent bientôt plus).

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Que peut-on acheter à un enfant pour Noël ?

... kààt ma ìn‘ma .... uf d .......... kàuifa?

 

Pour quel enfant, un bébé, une fille ou un garçon ?

Fer ... ... a Kìnd, a ........ , a ……. oder a ...?

 

Les garçons aiment parfois jouer avec un landau de poupée.

D ..... spìela ....... garn mìt ema ……….

 

Et les filles ne détestent pas jouer au (avec un) train électrique.

.. d Maidla …... nìt ungarn ... ema elektrischa ....

 

Mais les grandes personnes ne devraient jamais jouer comme des enfants.

Àwer d ...... Litt sotta ... wie ...... spìela.

 

Ils devraient toujours seulement travailler jusqu'à ce qu'ils soient vieux.

Sa miaßta ........ numma ........, bis àss sa … sìn.

 

 

 

Corrigé

 

Wàs – Kìnd - Wiahnachta    wàs fer – Bubbala – Maidla – Büe     Büewa – mangmol Bubbawagala     Un – spìela – mìt – Zug    großa – nia – Kìnder    àllawil – schàffa – àlt

 

 

 

 

Sìwannasachzigschta (67.) Stund

 

Oh, Tànnabàuim!

1 - Oh Tànnabàuim, oh Tànnabàuim, wia grian sìn dina Blätter! ②③

2 - Màma, dr Tànnabàuim hàt doch gàr kè Blätter, dàs sìn doch Nodla!

3 - Ja, Kìnd, da hàsch Racht; àwer d Nodla sìn aui Blätter.

4   Sa sìn numma härt un spìtzig, un sa ghèia ìm Spotjohr nìt àb da-n-Äscht.

5 - Bliiwa sa dr gànza Wìnter àm Àscht, un wàchsa ìm Friahjohr kè nèia Nodla noh?

6 - Doch, dia Baim bikumma aui nèia Nodla, gànz heitergriana, wu noh z’noh dunkel wara.

7 - Dàs ìsch luschtig; un wurum lìega ìm Wàld a Hüffa dunkelbrüüna Nodla àm Boda?

8 - Dàs sìn d gànz àlta Nodla, wu àbghèit sìn un jetza a rìchtiger Teppig bìlda.

9 - Weisch wàs, Màma? Noh dr Wiahnachta setza mìr unser Bàuim wìder ìn dr Wàld.

10 - Dàs geht leider Gottes nìt, mi Kìnd, denn da Bàuim ìsch nìt acht, ar ìsch üs Plastik.

11   Da kummt dernoh wìder scheen ìn sina Pàppadeckellàda un ìn dr Kaller.

12 - Bis ìm Dezamber vum nachschta Johr? Ja bikummt’r därta kè lànga Zitt, gànz allei?

 

 

 

Mon beau sapin (Oh ! Sapin)

1 - Mon beau sapin, mon beau sapin, que tes feuilles sont vertes !

2 — Maman, le sapin n’a pas de feuilles du tout, dis (donc), ce sont des aiguilles, non ?

3 — Oui, [mon] enfant, tu as raison ; mais les aiguilles sont également des feuilles.

4   Elles sont simplement (seulement) dures et pointues, et, en automne, elles ne tombent pas des branches.

5 - Elles restent tout l’hiver sur la branche et, au printemps, il ne repousse pas de nouvelles aiguilles ?

6 — Si, l'arbre reçoit aussi de nouvelles aiguilles tout vert clair, qui foncent peu à peu.

7 — C'est amusant ; et pourquoi y a-t-il, en forêt, un tas d'aiguilles brunes au sol ?

8 — Ce sont les toutes vieilles aiguilles, qui sont tombées et forment, à présent, un véritable tapis.

9 — J'ai une idée (tu sais quoi ?), Maman : après Noël, nous replanterons notre arbre en forêt.

10  — Cela ne va malheureusement pas, mon enfant, car notre arbre n'est pas [un] vrai, il est en plastique.

11  Nous le remettrons soigneusement (Celui vient de nouveau bellement) dans sa boîte en carton et [le porterons] à la cave.

12 — Jusqu'en décembre de l’année prochaine ? Mais est-ce qu'il ne trouvera (reçoit) pas [le] temps long, tout seul ?

 

 

 

Notes

 

Ce sont les premiers mots du chant de Noël profane le plus ancien et le plus célèbre.

 

L'adverbe wia (comme, comment) n'a pas le même sens suivant qu'il est suivi d'un verbe, d'une part, d’un adjectif ou d'un adverbe, d'autre part : Wia sìngsch dü? (Comment chantes-tu ?) / Wia scheen sìngsch dü! (Comme tu chantes bien !). Ici, wia porte évidemment sur grian (voir leçon 25, note 2).

 

Blätter est le pluriel de s Blätt (feuille), qui désigne aussi bien une feuille végétale qu'une feuille de papier (voir leçon 64, phrase 3). Le diminutif s Blättla s'applique aux feuilles de papier à cigarettes ainsi qu’aux très fines lames de certains outils comme le rasoir mécanique et la scie à chantourner.

 

D Nodla (aiguille) est pareil au singulier et au pluriel, puisque c'est un féminin en -a. Le mot désigne tout ce qu'on appelle « aiguille » en français, même celles destinées au tricot et aux injections. Il existe même des Hornodla (épingles à cheveux, voir leçon 38, phrase 11). Rappelons que les deux tiers nord de l'Alsace, à partir d’Ensisheim, n'ont pas l’-a final des noms féminins au singulier. On y dit d Nodel, pluriel d Nodla (Remarquez la disparition d'un -a- au pluriel), comme d Blüem / d Blüema (fleur/-s, voir leçon 57) d Gàss / d Gàssa (rue/-s, voir leçon 32), d Kuch/d Kucha (cuisine/-s, voir leçon 46), etc.

 

Le singulier du dernier mot de cette phrase est dr Àscht (branche ; voir à la phrase suivante).

 

Le verbe wàchsa (pousser au sens de croître) peut prendre des préfixes. On a ainsi ufwàchsa (grandir en parlant d'enfants et de jeunes animaux) et, ici, nohwàchsa (pousser « après », c'est à dire en remplaçant des feuilles ou aiguilles tombées).

 

Dr Boda (sol) n'accepte pas là préposition uf (sur). On dit àm Boda lìega (être couché au sol) et àn dr Boda ghèia (tomber au sol, par terre). Vous aurez remarqué la différence entre le datif local et l'accusatif directionnel (voir leçon 35, N.2, remarques « a » et « b »).

 

Le verbe bìlda (former) est de la famille de s Bìld (image), pluriel d Bìlder (voir leçon 68, ligne 8), mais aussi de d Üsbìldung (la formation professionnelle) et de Ibìldung (prétention, fatuité). On dit de certaines personnes qu'elles ont meh Ibìldung às Üsbìldung (davantage de prétention que de formation).

 

La préposition noh (après) demande toujours le datif. Voilà pourquoi nous avons ici dr, datif de l'article défini au féminin singulier, devant le féminin Wiahnachta (voir leçon 35, N.3).

 

Pour d Làda (boîte en carton), voir leçon 13, note 4, et leçon 60, note 2. Quant à dr Pàppadeckel (carton, en tant que matière), mot apparemment cocasse, il est constitué de dr Deckel (couvercle, mais jadis aussi couverture d'un livre) et de d Pàppa (bouillie). Car chacun sait que le carton fabriqué à partir de pâte à papier.

 

L’expression lànga Zitt hàà (s’ennuyer, « avoir », c'est à dire trouver le temps long) peut aussi exprimer une certaine nostalgie : Ìch hàn lànga Zitt noh dìr (Je m'ennuie de toi) ou encore lànga Zitt noh dheima (l'ennui de la maison), qui se dit aussi s Heimweh (mal du pays).

 

 

 

 

Iawung

 

A Tànnabàuim ìsch nìt namlig às a Äpfelbàuim oder às a Bìrabàuim.

Denn ar bhàltet sina Nodla dr gànza Wìnter dura.

D Obstbaim bhàlta ìhra Blätter nìt s gànza Johr dura.

Un ìhra Blätter bliiwa aui nìt àllawil grian, àwer sa wara gaal un sogàr rot.

Wenn d Tànnanodla àn dr Boda ghèia, sìn sa trucka un dunkelbrüün.

Dernoh bìlda sa a rìchtiger Nodlateppig àm Boda, ìm Tànnawald.

 

 

Corrigé

 

Un sapin n'est pas pareil qu'un pommier ou qu'un poirier.

Car il garde ses aiguilles tout l'hiver durant.

Les arbres fruitiers ne conservent pas leurs feuilles toute l’année durant.

Et leurs feuilles ne restent (aussi) pas [non plus] toujours vertes, mails elles deviennent jaunes et même rouges.

Lorsque les aiguilles de sapin tombent à terre, elles sont sèches et brun foncé.

Alors elles forment un vrai tapis d'aiguilles par terre, dans la sapinière.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

En hiver, on ne travaille pas beaucoup au (dans le) jardin.

.. Wìnter ....... ma nìt …. ìm ..... .

 

Du printemps jusqu'à l'automne, on y (là-bas) a beaucoup de travail.

Vum ......... bis ìm ........ hàt ma därta vìel .......

 

Pour cela, on a besoin d'outils, une bêche, un râteau et un plantoir.

Fer ... brüücht ma ........, a …...., a …….. un a  Setzholz.

 

Le marteau, la pince et le tournevis n’ont pas à être au jardin.

Dr ......, d ...... un .. Strüüwaziager gheera nìt .. dr Gàrta.

 

Leur place est d'habitude surtout à la cave.

Ìhra ..... ìsch ìm Gwehnliga ................. ìm ……

 

Tous les enfants aiment jouer avec les outils de leurs parents.

Àlla ...... spìela .... mìt em Warkzig vu ìhra(na) ...... .

 

 

 

Corrigé

 

Ìm – schàfft -viel – Gàrta      Friahjohr – Spotjohr – Àrwet     dàs – Warkzig – Spàtta – Racha     Hàmmer – Zànga – dr – ìn    Plàtz – hàuiptsachlig – Kaller    Kìnder – garn – Eltra

 

 

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Àchtasachzigschta (68.) Stund

 

Stìlla Nàcht…

1 - Stìlla Nàcht, heiliga Nàcht, àlles schloft…

2 - Àwer mìr schlofa noh nìt, he, Pàpa, mìr bikumma jetz’ unsra Gschankla.

3 - Ja bìsch dü eigentlig aui s gànza Johr bràv gsìì, mi Kìnd?

4 - S gànza Johr ìsch a Bìtzi viel verlàngt, àwer ìn dr letschta Zitt: ja.

5 - Dernoh wann mìr amol lüega, wàs àss dìr s Chrìschtkìndla brocht hàt.

6 - Ìch hàn’s schu gsah, dert unter em Tànnabàuim: a Trottinettla.

7 - Un wàs ìsch sall, ìn dam vielfarwiga Packla dert’ unta lìnks?

8 - Dàs wara mìr glich gsah: a Büech, a Bìlderbüech ìwer d Wìlda Tiarer.

9 - Un dàs ìsch fer d Màma, denn sa hàt aui ebbis Natts verdiant.

10 - Jo, Schàtz, a pààr Ohrarìngla, un noch üs Guld derzüe, kè Bruch! Merci. ⑤⑥

11   Àwer wàrt, Mànn, ìch hàn aui ebbis fer dìch, tè, màch dàs amol uf. ⑦⑧

12 - E je! A Kràwàtta, àwer Àchtung, eina üs Siida; mei, ìch hàn a Freid! ⑨⑩

 

 

 

Douce (silencieuse) nuit

1 - Douce nuit, sainte nuit, tout [s'en]dort…

2 - Mais nous ne dormons pas encore, hein, papa, nous recevons maintenant nos petits cadeaux.

3 — Mais, au fait, as-tu vraiment (aussi) été sage toute l’année, mon enfant ?

4 — Toute l’année, c'est un peu beaucoup dire (exiger), mais ces derniers temps (dans le dernier temps), oui.

5 — Alors nous allons (voulons une fois) voir, ce que l'enfant Jésus t'a apporté.

6 — Je l'ai déjà vu, là-bas sous le sapin : une trottinette.

7 — Et qu'est [-ce que c’est que] cela, dans ce paquet multicolore là-bas en bas à gauche ?

8 - Nous allons le voir tout de suite : un livre, un livre d’images sur les animaux sauvages.

9 - Et ceci est pour Maman, car elle a aussi mérité quelque chose de beau (joli).

10 – Oh, chéri, une paire de boucles d'oreilles, et en or en plus, [ce n’est] pas de la camelote ! Merci.

11   Mais attends, [mon] mari, j'ai aussi quelque chose pour toi, tiens, ouvre un peu (une fois) ceci.

12 - Oh là ! Une cravate, mais attention, (une) en soie, dis donc, que je suis content (moi, j'ai une joie) !

 

 

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Notes

 

Ce sont les premiers mots du plus célèbre des noëls à caractère religieux. (le plus célèbre des chants de Noël)

 

Dans l'expression courante ‘s ìsch vìel verlàngt (c'est beaucoup demander), l'alsacien mais le participe passé verlàngt (exigé), alors que le français utilise l'infinitif.

 

L'enfant Jésus se dit s Chrìschtkìndla (mot à mot : petit enfant Christ). Notez que le -t de ce mot ne se prononce plus guère en beaucoup d’endroits.

 

L'emploi du futur grammatical est assez rare en alsacien (voir leçon 42, N.1b). En voici un : Dàs wara mìr glich gsah! (C'est ce que nous n'allons pas tarder à voir !), où l'adverbe de temps n'est pas l’habituel schu (déjà), mais glich (tout de suite).

 

Dr Rìng (anneau, bague) - pluriel d Rìng, diminutif s Rìngla (petit anneau) – et s Ohr (oreille, voir leçon 38, ligne 10) forment ensemble s Ohrarìngla (boucle d'oreille, quelle qu'en soit la forme et la taille).

 

Quand on veut faire plaisir à quelqu'un qui vous offre quelque chose, ne fût-ce qu'une bonne bouteille, on utilise fréquemment le jugement flatteur kè Bruch! mis pour Dàs ìsch kè Bruch! (Ce n’est pas de la camelote !).

 

Les pronoms personnels de cette réplique, ìch (moi, je) et dìch (toi) sont tous deux accentués pour bien marquer le contraste entre les deux protagonistes (Moi aussi, j'ai quelque chose pour toi). Apparemment, cela n'a rien d'extraordinaire, puisque les pronoms personnels français introduits par une préposition sont toujours accentuées (pour moi, avec toi, chez lui, etc.). Sauf que l'alsacien accentue généralement la préposition et la fait suivre de la forme atone du pronom : fer-mi (pour moi), mìt-dr (avec toi), bi-n-em (chez lui).

 

Nous avons vu que  ? (hein ?) est adapté du français (voir leçon 41, note 5). Il en va de même de tè! (tiens !). On entend parfois , dans le même sens.

 

Au pronom indéfini féminin eina (une) correspond le masculin einer (un) et le neutre eins (souvent employé pour désigner une jeune personne, par accord grammatical avec s Maidla et les prénoms féminins) : eins üs’m Ìnnera (une de l’  « intérieur », voir leçon 57, phrase 11).

 

Mei!, pluriel meine! est l’impératif du verbe meina (penser, estimer). Au début d'une phrase, il équivaut assez exactement à « Il faut que je te/vous raconte ! », lui-même trop long ici. Quand on lève le poing, l'index dressé et qu'on profère Mei, mei!, cela signifie : « Gare à toi ! »…

 

 

Iawung

 

“Stìlla Nàcht” ìsch a bekànnt Wiahnàchtsliad un aui a acht Volksliad.

Ìm Elsàss sìnga àlla Litt dàs Liad àn dr Wiahnachta.

D Kìnder mian àlla sìnga, sunscht bikumma sa kè Gschankla.

Ìn da großa Packla sìn Biacher un Spìeler far d großa Kìnder oder Spìelsàcha fer d kleina Kìnder.

D Ohrarìngla fer d Màma sìn ìn‘ma gànz kleina Packla, denn sa brüücha nìt vìel Plàtz.

Àwer sa sìn tiir gsìì, denn sa sìn acht, sa sìn üs Guld.

 

 

Corrigé

 

“Douce nuit” est un (chant de) Noël connu et également une authentique chanson populaire.

En Alsace, tous les gens chantent ce chant à Noël.

Les enfants doivent tous chanter, sinon ils ne reçoivent pas de petits cadeaux.

Dans les grands paquets, il y a des livres et des jeux pour les grands enfants ou des jouets pour les petits (enfants).

Les boucles d'oreilles pour la maman sont dans un tout petit paquet, car elles ne prennent pas (n'ont pas besoin de) beaucoup de place.

Mais elles (ils) étaient chères, car elles (ils) sont authentiques, elles (ils) sont en or.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Monter sur une échelle peut parfois être très dangereux.

Uf a ...... stiiga …. mangmol sehr…...… sìì.

 

Mais on est malheureusement obligé de préparer le sapin.

Àwer ma ..... leider .. Tànnabàuim ......

 

Un bel arbre n’est ni trop grand ni (et aussi pas) trop large.

A scheener .... ìsch nìt z’..... un aui nìt z ......

 

Naturellement, un arbre authentique est en vrai bois.

……….. ìsch a ...... Bàuim üs rìchtigem ……

 

Mais un [arbre] en plastique ne perd pas ses aiguilles.

Àwer ..... üs ....... verliart sina ..... nìt.

 

Et on n'est pas obligé d’[en] acheter un nouveau (neuf) chaque année,

Un ma ...... nìt .... Johr a Nèier ...... .

 

 

Corrigé

 

Leitra – kààt – gfahrlig      müeß – dr – rìschta      Bàuim – groß – breit     Nàtiirlig – achter – Holz    einer – Plastik – Nodla    brüücht – àlla – kàuifa

 

 

 

S Chrìschtkìndla jouait naguère encore un rôle important dans l'imaginaire des enfants alsaciens. Imaginez une toute jeune fille aux longs cheveux blonds, très belle et d'une douceur Angélique dans sa longue robe blanche. On ne comprend certes pas bien pourquoi il fallait une jeune fille pour incarner le fils de Dieu nouveau-né. Sans doute convenait il d'accélérer sa croissance pour le rendre opérationnel comme livreur de cadeaux. Et les cheveux longs correspondaient davantage à l'iconographie sacrée, qui représente traditionnellement un Christ à la chevelure généreuse. Comment, d'ailleurs, aurait-il pu, dans sa jeunesse, ne pas ressembler à un de ces anges blonds qui ornent nos églises baroques ? Quoi qu'il en soit, c'est le Chrìschtkìndla qui apportait les cadeaux aux enfants sages. Quelquefois en se présentant directement aux jeunes bénéficiaires. Mais, le plus souvent, en se contentant de déposer les paquets sur le seuil de la porte avant de passer son chemin, ni vu ni, surtout, (re)connu.

 

 

 

 

 

Niinasachzigschta (69.) Stund

 

Hìtta wìrd s Menaasch gmàcht!

 

1 – Jetzt' langt’s, ìweràll fàhrt Pàpier umma, do ìna ìsch a rìchtiger Sauistàll. ②③

2   Hìtta wìrd s Menaasch gmàcht, ‘s wìrd ufgrüümt, un ‘s kummt àlles àn si Plàtz.

3 - Àwer, Fràuiala, wìrsch doch nìt wälla afond màcha? Mìr han noch dr Zitt. ⑤⑥

4 - Nichs do! Ma kààt nia wìssa, äb uns nìt ebber a Visita wìll ku màcha.

5 - Aso schlìmm ìsch’s nìt mìt dara Unordnung; àwer ìch hìlf dìr garn.

6 - Èbè, dü holsch dr Stàuibsüüger üssa un gehsch dermìt dur s gànza Logis. ⑦⑧

7   Un ìch wìsch derwilscht d Kucha mìt em Basa un putz sa mìt em Schrubber.

8 - Junger, dü därfsch riahwig aui ebbis halfa, da bìsch groß gnüe. ⑨⑩

9   Nìmm dr Àbstaiblumpa un stàuib àlla Meewel àb, àwer grìndlig.

10 - Büe, gàng zèrscht ìns Bàdzìmmer, ge mìr dr Putzlumpa un dr Eimer hola.

11 - Aso sìn mìr dernoh riahwig bis ìm Friahjohr, wenn Oschterputz gmàcht wìrd.

12 - Dàs dat mi aui a Wunder namma, mìt èich, wu nit às Drack màcha!

 

 

 

Aujourd’hui, il va falloir faire (devient fait) le ménage !

 

1 — Maintenant, ça suffit, partout il traîne du papier, c’est une vraie porcherie, là-dedans.

2   Aujourd’hui, il va falloir faire le ménage, il va falloir ranger (devient rangé) et chaque chose retrouvera (tout vient à) sa place.

3 — Mais, [ma] petite femme, tu ne vas quand même pas vouloir faire [le ménage] à fond ? Nous avons encore le [du] temps.

4 - Je ne veux rien savoir (rien ici) ! On ne sait jamais (peut jamais savoir) si quelqu'un veut (pas) venir nous rendre (faire une) visite.

5 — Il (ce) n’est pas si terrible (grave avec) ce désordre, mais je t'aide volontiers.

6 — Eh bien, tu sors l’aspirateur et tu le passes dans tout l’appartement (vas par … avec).

7   Et moi, pendant ce temps, je balaie la cuisine avec le balai et je la nettoie avec le lave-pont.

8 - Et toi (jeune), tu peux (es autorisé à) aussi aider (quelque chose), tu es assez grand.

9  Prends le chiffon à épousseter et passe-le sur (époussette) tous les meubles, mais bien (à fond).

10 — [Mon] garçon, va d’abord à la salle de bains me chercher la serpillière et le seau.

11 - Ainsi, nous serons (sommes) tranquilles, après, jusqu’au printemps, quand se fera le nettoyage de printemps.

12 - Cela m'étonnerait (me prendrait un miracle), avec vous, qui ne faites (rien) que de la saleté.

 

 

 

Notes

 

Malgré la présence de wara (devenir, mais aussi auxiliaire), cette phrase n'est pas au futur, mais au passif, car s Menaasch (ménage) y est sujet subissant l'action. (N.2).

 

Pour le verbe ummafàhra (ici : traîner), voir leçon 45, note 9, sens b.

 

La porcherie sert volontiers de référence pour qualifier un ménage mal tenu. La « demeure d'animal » en général se dit dr Stàll – pluriel Stall. À partir de ce mot s’en créent beaucoup d'autres, en précisant simplement de quel animal il s'agit : Küestàll (étable), Rossstàll (écurie), etc. En français, nous avons un mot différent pour chaque habitat d'animal.

 

En alsacien, on dit que les objets « viennent » à telle ou telle place. Ici, chacun à sa place (voir leçon 46, note 10).

 

Fràuiala (ma petite femme) ne s'emploie guère que sans article, pour s'adresser à la personne (voir leçon 8, note 4). C'est un diminutif hypocoristique autant qu’hypocrite destiné à calmer les ardeurs de la dame (voir leçon 62, note 2).

 

Certains mots empruntés de longue date au français ne sont, à première audition, pas forcément identifiables comme tels. Ainsi à fond dans àfond màcha (faire le ménage à fond). De même, à la ligne 6, s Logis (appartement).

 

Le verbe süüga (aspirer, téter) n'est pas réservée aux seuls mammifères. Avec dr Stàuib (poussière) et grâce au suffixe -er (-eur, c’est-à-dire celui qui fait), il forme le nom composé dr Stàuibsüüger (aspirateur). D'un bébé qui tète, on dit : S Bubbala trìnkt (boit) et z trìnka gaa (donner à boire) signifie aussi « allaiter ». Pudeur oblige !

 

Vous souvenez-vous des adverbes démonstratifs formé de der et d'une préposition ? Voici dermìt (avec cela), déjà rencontré (voir leçon 28, N.3), et derwilscht (pendant ce temps, phrase 7), dont la préposition n'est plus tellement identifiable de nos jours.

 

Il n'est pas rare que l'on s'adresse aux enfants et adolescents en les appelant simplement « jeune », Junger pour un garçon, Jungs pour une fille, où nous retrouvons le genre neutre induit par s Maidla, comme pour les prénoms féminins.

 

Le verbe därfa (être autorisé à) est ici employé avec un zeste d'ironie (Il ne t'est pas interdit de nous aider !), qu'accentue encore l'adverbe riahwig (tranquillement, sans crainte).

 

D Oschtra (Pâques), qui se situe à la sortie de l'hiver, donne traditionnellement lieu à un grand nettoyage : dr Oschterputz (nettoyage de printemps), où l'on reconnaît aisément le verbe putza (nettoyer).

 

L'expression as nìmmt mi a Wunder (cela m'étonne, mot à mot « cela me prend un miracle ») est ici au conditionnel, grâce à l’auxiliaire düe (voir leçon 53, note 8, et leçon 61, note 8).

 

 

 

Iawung

 

Fer s Menaasch z'màcha, brüücht ma a Hüffa Zitt.

Waga dam müeß d gànza Fàmìlia mìtanànder dràà schàffa.

Zèèrscht müeßt jedes si eigena Bett màcha un si Zìmmer ufrüüma.

Un dernoh geht einer mìt em Stàuibsüüger dur s Logis.

Ebber Ànders wascht s Gschìrr un putzt d Kuche.

D Kìnder känna d Meewel àbstaiwa, àwer sa därfa nit àn dr Boda ghèia.

 

 

Corrigé

 

Pour faire le ménage, on a besoin de beaucoup de temps.

C'est pourquoi toute la famille doit y travailler ensemble.

D'abord, chacun doit faire son propre lit et ranger sa chambre.

Et puis l’un passe dans (va à travers) le logement avec l'aspirateur.

Quelqu'un d'autre lave la vaisselle et nettoie la cuisine.

Les enfants peuvent épousseter les meubles, mais ils ne doivent rien faire tomber (jeter) par terre.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Les feuilles des arbres sont le plus souvent vertes.

D ....... vu da Baim ... meischtens ......

 

Au printemps, elles sont d'abord toutes petites et vert clair.

.. Friaijohr sìn sa ...... gànz klei un ……

 

Plus tard, beaucoup deviennent vert foncé et ensuite jaunes et rouges.

Speeter .... vìel dunkelgrian un ...... gaal un … .

 

Et ensuite seulement, elles tombent lentement des branches [et] par terre.

Un dernoh .... ..... sa ....... vu da Äscht un àn dr …..

 

Seules (seulement) les aiguilles de sapin restent plus longtemps sur (à) l'arbre.

.... d Tànnanodla ..... länger .. Bàuim.

 

Mais avec le temps, elles tombent aussi (en bas) et forment un tapis au sol.

Àwer mìt dr .... ghèia sa ... àwa un ...... a ........ àm Boda.

 

 

 

Corrigé

 

Blätter – sìn – grian       Ìm – zèèrscht – heitergrian      wara – dernoh – rot     èrscht ghèia- làngsàm – Boda    Numma – bliiwa – àm   Zitt – aui – bìlda – Teppig

 

 

 

 

 

Sìwwazigschta (70.) Stund

 

Révisions et notes

 

L'alsacien vous est déjà assez familier, reconnaissez-le. Ou plutôt, faites-en l'expérience en écoutant parler des dialectophones. Cela, à chaque fois que l'occasion s'en présentera à vous. En prêtant bien l'oreille vous remarquerez aisément que dans toute phrase prononcée, vous reconnaîtrez au moins quelques éléments. De quoi saisir l'essentiel d'une conversation simple. Voilà qui est encourageant et qui doit vous inciter à poursuivre régulièrement vos efforts. Car vous savez à présent qu'ils ne seront pas vains. Quant aux explications ci-dessous elles vous paraîtront peut-être ardues, difficiles à comprendre à première lecture. C'est parce qu'elles contiennent beaucoup d'informations. Ne vous limitez pas à une seule lecture mais revenez-y à plusieurs reprises et aidez-vous des exemples donnés : tout finira par devenir limpide. Nous vous le promettons.

 

 

L’adjectif qualificatif

 

Un nom ou un pronom personnel désigne un être comme Fràui (femme) et Kàtz (chat), un objet comme Hüss (maison) et Büech (livre), une matière comme Wàsser (eau) et Stei (pierre), mais aussi une notion abstraite comme Summer (été) et Freid (joie). L’adjectif qualificatif, comme rot (rouge), hoch (haut) et tiir (cher), apporte une précision complémentaire. Il est essentiellement attribut ou épithète.

 

 

L’attribut

C'est l'adjectif relié au nom ou au pronom grâce à un verbe le plus souvent sìì (être) : Dia Kàtz ìsch wiss (ce chat est blanc).

Mais d'autres verbes sont possibles, comme bliiwa (rester) : Dr Stei blibt wàrm (la pierre reste chaude) ;

 ou encore wara (devenir) :S Wàsser wìrd tiir (l'eau devient chère) et schiina (sembler) : Ar schiint krànk (il semble malade)

 

Retenons que l'adjectif attribut est invariable. Il ne s'accorde pas, ce qui le rend facile à manier.

 

L'épithète

C'est l'adjectif placé juste avant un nom. Il est souvent lui-même précédé d'un article ou d'un autre mot jouant un rôle similaire. Contrairement à l'attribut, il prend souvent un suffixe, qui peut varier selon le genre, le nombre et le cas du nom, mais aussi selon l'article ou ce qui en tient lieu (y compris rien, le fameux « article zéro »). Les exemples ci-dessous vous en diront plus long de longues explications :

 

Après l'article défini

 

 

Masculin singulier

Féminin singulier

Nominatif

 dr àlta Mànn
 (le vieil homme)

 d junga Fràui
 (la jeune femme)

Accusatif

 dr àlta Mànn
 (le vieil homme)

 d junga Fràui
 (la jeune femme)

Datif

 ìm àlta Mànn
 (au vieil homme)

 ìn dr junga Fràui
 (à la jeune femme)

 

 

 

Neutre singulier

Pluriel

Nominatif

 s bràva Kìnd
 (l’enfant sage)

 d güeta Litt
 (les bonnes gens)

Accusatif

 s bràva Kìnd
 (l’enfant sage)

 d güeta Litt
 (les bonnes gens)

Datif

 ìm bràva Kìnd
 (à l’enfant sage)

 ìn da güeta Litt
 (aux bonnes gens)

 

 

 

NB

- Nous constatons que tous les adjectifs sans exception prennent ici le suffixe -e.

- La forme de l'épithète est la même lorsque, à la place de l'article défini, on a un adjectif démonstratif, proche :da àlta Mànn (ce vieil homme-ci)

ou lointain : salla junga Fràui (cette jeune femme-là).

 

 

Après l'article indéfini

 

 

Masculin singulier

Féminin singulier

Nominatif

 a àlter Mànn
 (un vieil homme)

 a junga Fràui
 (une jeune femme)

Accusatif

 a àlter Mànn
 (un vieil homme)

 a junga Fràui
 (une jeune femme)

Datif

 ìn’ma àlta Mànn
 (à un vieil homme)

 ìn’ra junga Fràui
 (à une jeune femme)

 

 

 

Neutre singulier

Pluriel

Nominatif

 a bràv Kìnd
 un enfant sage)

 güeta Litt
 (de bonnes gens)

Accusatif

 a bràv Kìnd
 un enfant sage)

 güeta Litt
 (de bonnes gens)

Datif

 ìn’ma bràva Kìnd
 (à un enfant sage)

 ìn da güeta Litt
 (à de bonnes gens)

 

 

 

NB

-          Au masculin singulier nominatif et accusatif l'épithète prend -er, que l'article indéfini ne possède pas lui-même, contrairement à l'article défini (voir plus hait, 1.2.1). C'est une compensation.

-          Au neutre singulier, nominatif et accusatif, l'épithète ne prend aucun suffixe, comme l’adjectif attribut (voir plus haut, 1.1.). Cependant, en bien des endroits d’Alsace on dit e bràvs Kìnd. Dans ce cas, nous constatons la reprise par compensation de l'article défini neutre, tout comme nous venons de le signaler pour le masculin.

-          Au datif, une préposition est nécessaire. Nous avons arbitrairement choisi la plus fréquente, ìn (dans, à), qui, en plus, se contracte avec l'article indéfini au masculin et au neutre.

-          Au pluriel indéfini nous avons déjà l'article « zéro » (voir leçon 3, note 1, et leçon 7, N.3)

-          La forme de l'épithète est la même lorsque, à la place de l'article indéfini, on a un adjectif possessif : mi àlter Pàpa (mon vieux père, dina junga Fràui (ta jeune femme), sauf au neutre : unser bràva Kìnd (notre enfant sage).

 

Sans article (article zéro)

 

C'est le cas des matières surtout – liquide, métaux, etc. - mais aussi des noms collectifs dépourvus de pluriel – Obst, Gmias et autres :

 

 

Masculin singulier

Féminin singulier

Neutre singulier

Nominatif

 roter Wii
 (du vin rouge)

 frìscha Mìlch
 (du lait frais)

 kàlt Wàsser
 (de l’eau froide)

Accusatif

 roter Wii
 (du vin rouge)

 frìscha Mìlch
 (du lait frais)

 kàlt Wàsser
 (de l’eau froide)

Datif

 mìt rotem Wii
 (avec du vin rouge)

 mìt frìscher Mìlch
 (avec du lais frais)

 mìt kàltem Wàsser
 (avec de l’eau froide)

 

 

 

N.B. :

-          Au masculin singulier nominatif et accusatif l'épithète prend -er, comme avec l'article indéfini. C'est le même phénomène de compensation.

 

-          Au neutre singulier, nominatif et accusatif, l'épithète ne prend aucun suffixe, comme avec l'article indéfini. Néanmoins, en bien des endroits d’Alsace, on a kàlts Wàsser. Dans ce cas nous constatons la reprise par compensation de l'article défini neutre, tout comme nous venons de le signaler pour l'article indéfini (voir ci-dessus 1.2.2., N.B.)

 

-          Au datif une préposition est nécessaire. Nous avons arbitrairement choisi mìt (avec), mais nous pourrions avoir waga (à cause de), vu (de), üs (hors de), bi (auprès de), etc.

 

-          La forme de l'épithète est la même lorsqu'elle est précédée d’adjectifs ou de locutions exprimant une quantité indéfinie : viel wisser Wii (beaucoup de vin blanc), a Bìtsi rosaroter Sàndstei (un peu de grès rose, voir leçon 32), y compris au neutre a Hüffa grian Obst (un tas de fruits verts).

 

 

 

Le passif des verbes

 

Soit la phrase simple : D Màma schribbt a Briaf (Maman écrit une lettre). Elle comporte un sujet, un verbe et un complément d'objet dit « direct » (sans préposition). Le sujet désigne la personne qui agit. On dit que le verbe est à la forme (ou voix) « active ».

Mais si, pour une raison ou une autre, nous voulons que a Briaf (une lettre) devienne sujet, c'est possible. Voici : A Briaf wìrd gschrìewa (Une lettre est écrite)

C'est ce que l'on appelle la forme (ou voix) « passive », car ici, le sujet n'agit pas, il subit l'action. Notez, en passant, que la traduction française est ambiguë en train d'être écrite ou terminée ? La première interprétation est la bonne (L'autre se dirait A Briaf ìsch gschrìewa, où le participe passé est employé comme attribut du sujet).

« Mais où a bien pu passer la maman ? » Justement la forme passive permet de ne pas préciser qui fait l'action. Par exemple, à la leçon 69, sous le titre Hìtta wìrd s Menaasch gmàcht (mot à mot aujourd'hui le ménage est (devient) fait), nous n’apprendrons que plus tard qui est mobilisé, c'est à dire toute la famille, comme il se doit. De toute façon, rien n'empêche de dire tout, y compris qui fait l'action (voir ci-dessous, N.3).

Pour l'instant observons comment l'actif est devenu passif dans notre exemple initial : Le complément (a Briaf) devient sujet, nous l'avons déjà dit, et le verbe schribt (écrit) est remplacé par wìrd gschrìewa (mot à mot : devient écrit).

Autrement dit, le verbe de l'actif, schribt, est remplacé par wara (devenir) mis au même mode - l'indicatif - et au même temps - le présent – wìrd, tandis que le verbe lui-même se mue en participe passé, gschrìewa, et migre vers la fin de la phrase. Le passif est une forme composée. Comment ne pas le confondre avec les autres temps composés, futur, passé composé et conditionnel ?

 

Comme le futur, il utilise - comme auxiliaire - le verbe wara ; mais tandis que le futur y ajoute l'infinitif du verbe principal, le passif se sert du participe passé

Justement, le passé composé, lui aussi, emploie le participe passé, mais avec, comme auxiliaire, hàà (avoir) ou sìì (être). En résumé et en y ajoutant les autres temps et modes :

 

Actif :

-          Présent : D Màma schribbt a Briaf.

                              (Maman écrit une lettre)

 

-          Passé : D Màma hàt a Briaf gschrìewa.

                       (Maman a écrit une lettre)

 

-          Futur : D Màma wìrd a Briaf schriiwa.

                       (Maman écrira une letter)

 

-          Conditionnel : D Màma tat a Briaf schriiwa.

                                     (Maman écrirait une lettre)

 

 

Passif :

-          Présent : A Briaf wìrd gschrìewa.

                          (Une lettre est (en train d’être) écrite)

 

-          Passé : A Briaf ìscg gschrìewa worra.

                        (Une lettre a été écrite)

 

-          Futur : A Briaf wìrd gschrìewa wara.

                      (Une lettre sera écrite)

 

-          Conditionnel : A Briaf rar gschrìewa wara.

                                   (Une letter serait écrite)

 

 

NB : ce tableau permet de confectionner d'autres phrases avec d'autres verbes, sachant que worra est le participe passé du verbe wara (devenir, mais, ici, auxiliaire tantôt du futur et tantôt du passif), qui se met lui-même au passé à l'aide de l’auxiliaire sìì et au conditionnel grâce à tat, conditionnel de l’auxiliaire tüe (faire).

 

 

 

Le complément d’agent

 

 

Le mot « agent » doit être compris ici comme « celui qui agit ».

Dans notre exemple, c'est d Màmma (maman). Comment remplacer cette précision dans une phrase au passif ? Tout simplement en l’introduisant par la préposition vu, qui prend alors le sens de « par » et qui, comme toujours, est suivi du datif. D'où : vu dr Màmma (par maman) mis avant le participe ou l'infinitif ou les deux. Concrètement :

 

A Briaf wìrd vu dr Màmma gschrìewa (Une lettre est écrite par maman)

A Briaf ìsch vu dr Màmma gschrìewa worra (Une lettre a été écrite par maman)

A Briaf wìrd vu dr Màmma gschrìewa wara (Une lettre sera écrite par maman)

A Briaf tat vu dr Màmma gschrìewa wara (Une lettre serait écrite par maman)

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser souvent

 

- Uf d Wiahnachta /uf d Oschtra

Pour Noël / pour Pâques

 

- Dàs ìsch nìt eifàch…

Ce n’est pas simple

 

- Dank a bìtzi noh!

Réfléchis un peu !

 

- As ìsch ana nit güet genüe.

Rien n’est assez bon pour eux.

 

- Bi dara Johreszitt…

À celle saison

 

- Stundalàng, tagalàng

Pendant des heures, des jours

 

- wuchalàng, monetalàng, johralàng

Pendant des semaines, des mois, des années

 

- Màchsch jo a Ross z’làcha!

Tu dis des sottises (Tu fais rire un cheval)

 

- Dü gfàllsch mìr!

Tu en as de bonnes ! (Tu me plais)

 

- D’Àffa stiiga, ‘s gìtt scheen Watter.

Les singes grimpent, il va faire beau.

 

- As kummt ku ragna.

Il va pleuvoir.

 

- As fàngt à ragna.

Il commence à pleuvoir.

 

- Wàs màchsch denna dü do?

Mais qu'est-ce que tu fais là (ici) ?

 

- Da müesch mi èxküsiara.

Il faut que tu m’excuses.

 

- Jetz’ hàsch noch Worta!

Ce n'est pas croyable !

 

- Da bìsch hìnter em Mond dheima.

Tu n’es vraiment au courant de rien !

 

- noh z’noh

Petit à petit

 

- Dàs ìsch luschtig!

Cela, c’est amusant !

 

- Àm Boda lìega

Être (couché) par terre.

 

- Àn dr Boda ghèia

Tomber à terre.

 

- Ar bikummt lànga Zitt.

Il commence à avoir le temps long.

 

- Dàs ìsch viel verlàngt

C'est beaucoup demander (demandé)

 

- Ìn dr letschta Zitt…

Ces temps derniers.

 

- Mìr wann amol lüega.

Voyons un peu ! (Nous voulons .. regarder)

 

- Dàs wara mìr glich gsah!

Ce sera vite vu (Nous allons tout de suite le voir)

 

- Dàs ìsch kei Bruch!

Ce n’est pas de la camelotte.

 

- Ìch hàn a Freid!

Que je suis contente ! (Moi, j'ai une joie !)

 

- As fàhrt ìweràll àlles umma.

Tout traîne partout.

 

- A rìchtiger Sauistàll

Une vraie porcherie

 

- Ma kààt nia wìssa, äb …

On ne sait jamais si …

 

- Aso schlìmm ìsch’s nìt!

Ce n’est pas si grave que cela !

 

- Da därfsch aui ebbis halfa.

Tu peux aussi aider un peu.

 

- Da bìsch groß genüe.

Tu es assez grand.

 

- Dàs dat mi a Wunder namma.

Cela m'étonnerait.

 

 

 

 

 

Einasìwwazigschta (71.) Stund

 

Ragawatter

1 - Lüeg amol dàs Watter àà: ‘s ragent ìn ei Loch ina!

2 - Ja, hìtta ragent’s numma eimol, denn as wìll gàr nìt hàlta mìt ragna.

3   D Dacher un d Stroßa sìn gànz nàss, un d Litt renna unter em Raga dura.

4 - Un bi dam Watter wìtt dü jetz’ unbedìngt noch schnall ìn d Stàdt geh?

5 - Wàs wìll i Ànderschts màcha, ìch müeß geh, ge d Gschanker umtüscha. ④⑤

6   Denn mina Ohrarìngla hewa nìt rìchtig, un ìm Jung si Trottinettla bramst nìt. (N.3)

7 - Lég mìndeschtens a Ragamàntel àà, un vergìss di Bàràbli nìt, sunscht wìrsch tropfnàss.

8   Un nochhar lìegsch ìm Bett mìt‘ra Grippe oder gàr mìt‘ra Lunganentzìndung.

9 - Brüüchsch dü ebbis, soll i dìr a Zittung mìtbrìnga, oder a Heftla oder Sigrettla? ⑨⑩

10 - Da weisch doch, àss i nìmma meh ràuiech, wiaviel Mol müeß i dìr dàs noch sàga?

11   Un gàng mìr awag mìt da Zittunga un mìt da Heftla; dia liaga jo sowìeso àlla wia gedruckt! ⑪⑫

 

 

 

Un temps de pluie

1 — Regarde un peu (une fois) ce temps : il pleut sans arrêt (dans un seul trou dedans).

2 — Oui, aujourd’hui il ne pleut qu'une fois, car il (ça) ne veut pas s’arrêter de (avec) pleuvoir.

3   Les toits et les rues (routes) sont tout mouillés, et les gens passent sous la pluie en courant (courent sous la pluie en-passant).

4 — Et par ce temps, tu veux absolument encore vite aller en ville ?

5 — Que puis-je (veux-je) faire d'autre, je dois aller échanger les cadeaux.

6   Car mes boucles d'oreilles ne tiennent pas comme il faut (vraiment), et la trottinette du gamin (jeune, gosse) ne freine pas.

7 — Mets au moins un imperméable et n'oublie pas ton parapluie, sinon tu seras trempée (goutte-mouillée).

8  Et après, tu seras (es couchée) au lit avec une grippe ou même avec une pneumonie.

9 — As-tu besoin de quelque chose, toi ? Dois-je t'apporter un journal ou une revue ou des cigarettes ?

10 — Tu sais pourtant que je ne fume plus, combien de fois faut-il que je te le (ceci) dise encore ?

11  Et ne me parle plus des journaux (éloigne-toi avec …) ni (et) des revues : ils (ceux-ci) mentent de toute façon tous comme ils respirent (comme imprimé) !

 

 

 

 

 

Notes

 

En raison de son sens, le verbe ragna (pleuvoir) est impersonnel et réduit à la seule 3e personne du singulier : as ragent (il pleut) au présent, et as hàt gragent (il a plu) au passé. On remarquera que, par rapport à l'infinitif ragna, un -e- s'est glissé entre les consonnes g et n, tandis qu'il n'y en a plus après n. (N.1)

 

Le singulier de d Dacher (les toits) est s Dàch. Beaucoup de noms neutres forment leur pluriel de cette façon : changement de voyelle (métaphonie) + suffixe -er. Ainsi, s Loch (trou) - de la phrase 1 – devient d Lächer. (N.2)

 

La préposition bi (chez, près de) commande toujours le datif (voir leçon 33, note 1). Ici, devant un nom ne désignant ni une personne (pour « chez ») ni un objet (pour « près de »), mais des conditions météorologiques, son sens est « pendant », « par ». Nous venons de faire une de ces petites enquêtes auxquelles nous nous livrons tous sans cesse, quoiqu’inconsciemment, y compris en français, pour savoir, grâce au contexte, dans quel sens un mot est employé.

 

Une démarche similaire à celle de la note précédente nous permet de comprendre qu'il ne faut pas prendre wälla (vouloir) au sens premier, ici, mais dans son acception de « que puis-je ». Et de fait, nous pourrions tout aussi bien avoir, en alsacien : Wàs kàn i … màcha? (Que puis-je faire ?).

 

Souvenez-vous de Wàs gìtt’s Nèis? (Qu’y a-t-il de neuf ?), où le pronom interrogatif neutre wàs est suivi d'un adjectif substantif (voir leçon 18, phrase 2). Ici, nous avons wàs … Ànderscht (quoi d’autre). Cette tournure est évidemment sœur de ebbis Güets (quelque chose de bien) (voir leçon 62, phrases 7) et de nit Bìlligs (rien de bon marché, voir ibidem).

 

Hewa (tenir) fait partie de ces verbes légèrement irréguliers qui changent leur -b- du singulier en -w- au pluriel entre voyelles, tandis que la voyelle accentuée est brève au singulier et longue au pluriel (voir leçon 42, N.1 ab) : ìch hébb (je tiens), da hébbsch (tu tiens)… mais mìr hewa (nous tenons). Au participe passé, ghébbt (tenu).

 

Dans un nom composé, l'élément de droite est la base : a Ragamàntel ìsch a Màntel, kè Raga (Un imperméable [pluie-manteau] est un manteau, pas une pluie). Mais le premier élément précise le type de … : A Wìntermàntel ìsch a Màntel fer dr Wìnter (Un pardessus est un manteau pour l'hiver ; voir leçon 55, note 6).

 

Sachant que d Enzìndung (inflammation) est à droite du mot composé et, par conséquent, en constituent la base et que d Lunga (poumons) apporte la précision du type d'inflammation, nous savons que le composé désigne une pneumonie. De même, on formera a Ohraenzìndung (otite), a Zàhnfleischenzìndung (gingivite, car dr Zàhn, pluriel d Zeehn, c’est la dent), un peu plus compliqué, car surcomposé, mais facile à interpréter à partir de ses éléments.

 

Voici un verbe ayant pour préfixe tonique mìt (avec) et pour radical de base brìnga (apporter), le tout voulant dire « apporter avec [soi] », donc « rapporter », par exemple quand on vient des courses ou d'un voyage.

 

Diminutif de s Heft (cahier), s Heftla désigne couramment une revue, un magazine, comme on dit de nos jours. Des composés sont possibles : s Fràuiaheftla (magazine féminin), s Sportheftla (revue sportive).

 

Comme uffa (vers en haut), àwa (vers en bas), inna (vers dedans), üssa (vers dehors), fera (vers devant) et hìntra (vers derrière), l’adverbe awag (en s’éloignant) exprime un mouvement à lui tout seul. Avec geh (aller), il forme le verbe awaggeh (s’éloigner). Quant à mìr, c’est le datif de ìch (je) : mot à mot : « éloigne-toi de moi ! » pour « laisse-moi tranquille ».

 

Quand on sait que, jadis, énormément de gens apprenaient à lire dans la Bible et que celle-ci était considérée comme sacrée, donc comme disant vrai, on comprend que, naguère encore, des personnes simples accordaient un grand crédit aux textes imprimés. Aussi, quand on disait de quelqu'un Ar liagt wia gedruckt (Il ment comme imprimé), cela voulait dire que c'était un fieffé menteur. Appliquée à des publications sorties de rotatives, l'expression en gagne encore en intensité ironique, puisqu'elles sont effectivement imprimées.

 

 

 

 

Iawung

 

Mangmol ragent’s numma ei Mol, àwer dr gànza Tàg!

Dernoh ìsch dussa àlles nàss, d Hiiser, d Dacher, d Gàssa un d Stroßa.

Sogàr d Litt wara nàss, wenn sa üssa gehn.

Zum Glìck gìtt‘s Ragamantel un Bàrabli.

Ma kààt aui mìt em Auto, mìt em Zug, mìt em Tràm oder mìt em Autobüs fàhra.

Àwer fer d Vèlo ìsch’s Ragawatter nìt ààgnahm un sogàr gfàhrlig.

 

 

Corrigé

 

Parfois, il ne pleut qu'une [seule] fois, mais toute la journée !

Alors tout est mouillé dehors, les maisons, les toits, les rues et les routes.

Même les gens se font mouiller (deviennent mouillés), s'ils sortent (vont dehors).

Heureusement, il existe des imperméables et des parapluies.

On peut aussi aller (rouler) en voiture, en train, en tramway ou en bus.

Mais, pour les vélos, le temps de pluie n’est pas agréable et même dangereux.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

La nuit, tout est silencieux et calme dehors, car les gens dorment.

Z ..... ìsch ....... àlles ..... un ......, .... d Litt ....... .

 

Mais à Noël et au Nouvel An, ils vont au lit tard.

Àwer .. dr .......... un .. ....... gehn sa .... ìn s .... .

 

Les parents offrent un tas de jolis paquets aux enfants.

. .... schanka ìn da ...... a .... natta ……….

 

Mais seulement s'ils ont été bien sages toute l’année.

…. …., wenn sa s gànza ..... scheen ……. …. sìn

 

Les enfants reçoivent des jouets, des jeux et des livres.

. Kìnder ........ Spìelsàcha, ...... un ………

 

Maman reçoit des boucles d'oreilles et papa une cravate.

. Màma bikummt .......... un .. ….. a …...…

 

 

 

Corrigé

 

Nàcht- dussa – stìll – riahwig – denn – schlofa     àn – Wiahnachta – àm Nèijohr – spot – Bett     D Eltra – Kìnder – Hüffa – Packla    Àwer numma – Johr – bràv gsìì   D – bikumma – Spìeler – Biacher    D – Ohrarìngla – dr Pàpa - Kràwàta

 

 

 

 

 

Zweiasìwwazigschta (72.) Stund

 

Hìtta wìrd bàcha

 

1 - Schàtz, wottsch dü aso güet sìì un mìr dr Kugelhupfmodel üssahola? ②③

2 - Wàs hàsch vor? Da hàsch geschtert Breetla, a Màrmorküecha un a Zwatschgawahja bàcha. ④⑤

3 - E, mìr mian ebbis ìm Hüss hà, fer wenn morna ebber uf Visita kummt.

4 - Un bìsch sìcher, àss da àlles hàsch, wàs da àn Wàr brüüchsch?

5   Hàsch Mahl un Butter un Eier un Zucker un Màndla un Bàckpulver? ⑧⑨

6 - Mànn, ìn a Kugelhupf kummt doch kè Bàckpulver, weisch denna dàs noh nìt?

7   Ma màcht Biarhewa drii, àwer dia fahlt mìr, un Mìlch hàn i aui keina meh.

8 - Wìtt, àss i dìr gàng ge hola, wàs dìr fahlt? Schribb mìr’s uf a Zeetel.

9 -  A Packla Biarhewa, a Liter Mìlch, àh, un hundertfufzig Gràmm Triiwala.

10 - Ìsch’s àlles, brüüchsch sunscht nichs meh, hàsch genüe z’Trìnka ìm Hüss?

11 - Dàs müesch dü àm beschta wìssa, denn dü kìmmersch dìch um dr Wii.

12 - Dernoh brìng i glich noch, zwei, drèi Flascha mìt, as ìsch jo nìt verlora!

 

 

 

 

Aujourd’hui, nous faisons (est faite) de la pâtisserie

 

1 - Chéri, voudrais-tu avoir la bonté de (être aussi bon et) me sortir le moule à kouglof ?

2 — Qu'as-tu [l'intention de faire] (devant) ? Hier, tu as fait des petits fours, un gâteau marbré et une tarte aux quetsches (prunes bleues oblongues).

3 — Ben, nous devons avoir quelque chose à la maison pour le cas où (si) quelqu'un viendrait en visite demain.

4 — Et es-tu sûre que tu as tout ce dont (que) tu as besoin comme ingrédients (marchandise) ?

5  As-tu [de la] farine et [du] beurre et [des] œufs et [du] sucre et [des] amandes et [de] la poudre à lever ?

6 — (Homme), dans un kouglof, [il] n'entre (vient donc) pas de levure chimique, ne sais-tu (donc) pas encore cela ?

7 — On y met [de la] levure de bière, mais celle-ci me manque, et [du] lait je [n’en] ai plus non plus.

8 — Veux-tu que j'aille te chercher ce qui te manque ? Inscris-le-moi sur un bout de papier.

9 — Un paquet [de] levure de bière, un litre [de] lait, ah, et cent cinquante grammes [de] (petits) raisins [secs].

10 - Est-ce tout, n'as-tu plus besoin de rien d'autre, as-tu assez à boire à la maison ?

11 - Cela, tu dois le savoir (le) mieux [que moi] car [c’est] toi [qui] t’occupes du vin.

12 - Alors, je rapporterai tout de suite encore deux, trois bouteilles, ce ne sera pas perdu.

 

 

Notes

 

Mot à mot : devient cuit-au-four (fait-de-la-pâtisserie). Le verbe bàcha (cuire au four, faire de la pâtisserie) fait également bàcha au participe passé (voir leçon 49, N.1). La présence de cette forme ambiguë et du verbe auxiliaire wara nous suggère soit un futur, soit un passif (voir leçon 70, N.2). En l'absence de sujet, il s'agit ici d'un passif impersonnel, forme à laquelle on peut mettre la plupart des verbes et qui correspondent au « on » impersonnel du français : Àn’ma Sunntig wìrd nìt gschàfft (Le dimanche, on ne travaille pas, mot à mot » … [il] n’est (devient) pas travaillé ».)

 

Wottsch (voudrais-tu) est le conditionnel du verbe de modalité wälla (vouloir). Ce mode verbal est beaucoup utilisé dans la formulation polie des demandes. Souvenez-vous de sa variante encore plus circonstanciée wottigtsch (voir leçon 63, N.1).

 

La pâtisserie numéro un de cette région et le kouglof, dont le nom est probablement dû à sa vague ressemblance avec le capuchon des moines (cucullus en latin). Il est fait de pâte levée cuite dans un moule conique de terre cuite à cannelures verticales, dit dr Model (moule). Ce dernier mot est emprunté au latin (modulus) et parent du français « modèle ».

 

Le verbe vorhàà (projeter, mot à mot « avoir devant ») illustre bien l'influence du préfixe sur le sens du verbe former grâce à lui.

 

Autres pâtisseries typiquement régionales, s Breetla (petit four) – diminutif de s Brot (pain) -, dr Küecha (gâteau) - dont certains bicolores, rappellent le marbre (dr Marmor) - , enfin d Wahia (tarte), terme spécifique en usage uniquement tout au sud du domaine alémanique, Suisse et Allemagne méridionale comprises. En Alsace, il ne dépasse pas Ensisheim. Au-delà, on dira Zwatschgaküecha (Zwatschekösche à Strasbourg).

 

Ebbis ìm Hüss hàà (avoir quelque chose à la maison), voilà une préoccupation importante pour tout(e) Alsacien(ne) qui se respecte, car on ne sait jamais qui peut frapper à votre porte. Sens aigu de l'hospitalité oblige.

 

Voici un emploi un peu particulier de la préposition àn (en matière de) : Wàs hàsch àn Wàr dheima? (Qu'as-tu à la maison comme ingrédients ?). Parfois, il ne s'agit que de la quantité : Wàs brüüchsch àn Zucker? (Combien te faut-il de sucre ?)

 

Au singulier s Ei (œuf) correspond le pluriel d Eier.

 

Le nom s Pulver (poudre) entre ici en composition avec Bàck, qui vient de bàcha (faire de la pâtisserie). En langage populaire, Pulver désigne parfois l'argent : Hàsch Pulver? (Tu as du fric ?).

 

Fahla (manquer) a déjà été rencontré dans Wu fahlt’s? (Qu'est ce qui ne va pas ? ; voir leçon 29, note 5).

 

Dr Zeetel (bout de papier) vient du mot latin schedula (feuille), mot auquel ressemble surtout le diminutif s Zeetala (petit bout de papier rectangulaire, « billet » en français d’Alsace).

 

Le verbe sìch kìmmra (s’occuper de) demande un complément introduit par la préposition um (« de », ici, au sens abstrait, mais généralement « autour », au sens concret).

 

 

 

Iawung

 

Àn‘ma Sàmschtig wìrd ìm Elsàss viel bàcha.

Àn dr Wiahnachta noch viel meh às sunscht s gànza Johr dura.

Ìn salwer bàchena Küecha ìsch viel güeta Wàr dìnna.

Ìn da kàuifta Kugelhäpf un Küecha ìsch viel güeta Luft dìnna.

Wenn ma z vìel Küecha un Breedla ìsst, wìrd ma schints dìck.

Àwer wenn ma viel Wii un hàuiptsachlig vìel Biar trìnkt, sìcher aui!

 

 

Corrigé

 

Le samedi, [on fait] beaucoup de pâtisserie (est faite) en Alsace.

À Noël encore beaucoup plus que [durant tout] le reste de (autrement toute) l’année (à travers).

Dans les (des) gâteaux faits (cuits) maison (soi-même), il y a beaucoup de bons ingrédients (bonne marchandise dedans).

Dans les kouglofs et gâteaux achetés, il y a beaucoup de vent (bon air dedans).

Si l’on mange trop de gâteau et de petits fours, on devient gros, paraît-il.

Mais si l'on boit beaucoup de vin et surtout beaucoup de bière, certainement aussi.

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Avant Pâques, la plupart des gens font le ménage à fond.

… dr ..... ..... d meischta .... grìndlig s ………

 

Avant tout, toute la maison ou tout l'appartement est rangé.

Vor ..... wìrd s ..... ...... oder d gànza ………. ufgrüümt.

 

Tous les vêtements, tous les livres et journaux sont mis (viennent) à leur place.

Àlla ....... , àlla ...... un Zittunga …… àn …..Plàtz.

 

À la cuisine et dans les chambres, plus rien ne doit traîner.

Ìn dr ...... un .. da ...... därf ... méh ……..

 

Et alors, on nettoie, depuis tout en haut jusqu'en bas, au sol.

Un ...... wìrd putzt, .. gànz ... bis ..... àm ……

 

On s'arrête seulement quand tout est propre partout.

….. wenn ìwerall ..... süüfer ...., wìrd …..

 

 

 

Corrigé

 

Vor – Oschtra màcha – Litt – Ménage      àllem – gànza Hüss – Wohnung     Kleider – Biacher – kumma – ìhra      Kucha – ìn – Zìmmer -  nìt – ummafàhra      dernoh – vu - owa – unta- Boda     Erscht – àlles – ìsch – ghàlta

 

 

 

 

 

Poteries et grès d‘Alsace : C’est au nord de l’Alsace, à Soufflenheim, non loin de Haguenau, que se fabriquent moules et terrines, plats et assiettes, bols et soucoupes en terre cuite vernissée, à la fois utilitaires et fort décoratifs. Couronne haute et cannelée, le moule à Kugelhupf est l’un des objets les plus typiques d’Alsace. Traditionnellement tout recouvert de couleur sombre - marron, bleu marine ou vert foncé - il est décoré en relief de petits points blanc et de volutes clairs évoquant surtout des fleurs et des oiseaux. Depuis quelque temps, on voit apparaître des fonds clairs - jaunes, roses, vert tendre - du plus lumineux effet avec leur décor plus foncé traité en ton sur ton. De la même façon se présente les plats, assiettes et autres, en particulier la grande terrine ovale destinée au Bäckaofa. Moules et terrines existent dans toute une gamme de tailles, dont l'alignement sur les étagères évoque un peu les poupées russes. Mais que vaut une description ? Le mieux est d'aller voir sur place. D'autant plus que, non loin de là, à Betchdorf, la même terre sert à confectionner des pots, pichets et plats très résistants, dits « de grès », selon un procédé ou le sel joue un rôle primordial. De couleur grise et sobrement décorés au bleu de cobalt, ces objets servent encore à la conservation des aliments - dont les œufs et la choucroute - ainsi qu'à servir des boissons tenues au frais, vin et bière.

 

 

 

 

 

Drèiasìwwazigschta (73.) Stund

 

Bim Garaschist

 

1 - Buschur, Herr Kurtz, hä, dàs ìsch a flotter Wàga, wu-n-i ni do verkàuft hàn?

2 - Ìhr känna’s sàga, Herr Wàlter, vu waga flot, a elander àlter Kàrra ìsch’s, sunscht nit.

3   Ìhr han mìr gsajt, ar sèig fàscht wia nèi, trotz sina fìmfaàchtzigtauisig Kilomèter. ④⑤

4 - Ja sìn’r ebba nìt z‘frìeda dermìt, fàhrt’r nìt güet un ìsch’r nìt ààgnahm?

5 - Fàhra düet’r schu, àwer ar hüeschtet d Gànza Zitt, àss ma meint, ar ìsch Lungakrànk.

6 - Dàs wìrd nit Schlìmms sìì, ar gheert vìllìcht gregelt; ìhr màcha jo Gàseel drii? ⑦⑧

7 - Wàs fer Gàseel? Benzin màch i drii, wia ìn àlla mina Waga vorhar, sither Johra?

8 - Dernoh nìmmt’s mi kei Wunder, àss’r hüeschtet: Da Wàga hàt denna a Dieselmotor!

9 - Dàs wìrd a Wart hà!  Àwer bramsa düet’r aui nìt rìchtig, wenn i schnall fàhr.

10   Do kànn i làng mìt lìnka Füeß uf d Kupplung tratta un d’Hàndbramsa ziaga…

11 - Ѐ àwer nei! Herr Kurtz, bramsa düet ma denna unta, mìtem rachta Füeß!

12 - Ja, dàs geht doch nìt: Ìch brüüch mi rachta Füeß, fer Gàs z’gaa!

 

 

 

Chez le garagiste

 

1 — Bonjour, Monsieur Kurtz, hein, c'est une chouette voiture que je vous ai vendue là (ici) ?

2 — Vous pouvez le dire, Monsieur Walter, (d'à cause de) chouette ? [Parlons-en !] C’est une misérable vieille guimbarde, [voilà tout] (sinon rien),

3  Vous m'avez dit [qu’] elle était (est) presque comme neuve malgré ses quatre-vingt-cinq mille kilomètres.

4 - Mais, [vous n'allez pas me dire que] vous n’en êtes (...) pas satisfait, ne marche (roule)-t-elle pas bien et n’est-elle pas agréable ?

5 - [Pour ce qui est de marcher], elle marche (marcher, elle [il] fait), mais elle tousse tout le temps, [si bien] que l’on croirait (croit) qu'elle est poitrinaire.

6 - Ce ne doit pas être grave, elle a peut-être besoin d'être réglée, vous y mettez bien du gazole ?

7 - Quel gazole ? J'y mets de l’essence (dedans), comme dans toutes mes voitures auparavant, depuis des années.

8 - Alors cela ne m'étonne pas, qu'elle tousse : cette voiture a (donc) un moteur diésel !

9 - Quelle importance ! (Ceci va avoir une valeur) Mais elle ne freine pas non plus correctement, quand je conduis (roule) vite.

10  Là, j'ai beau appuyer du pied gauche sur l'embrayage et tirer le frein à main…

11 — Mais ce n’est pas croyable, Monsieur Kurtz, c’est en bas qu’on freine (freiner fait-on donc en bas), au pied !

12 — Mais cela ne va (donc) pas : J'ai besoin de mon pied droit pour accélérer (donner gaz) !

 

 

 

Notes

 

Emprunté au français, ce nom de métier reste accentué à la française, tout à la fin. Mais le son français « g » devant « i » n'existant pas en alsacien, on lui a substitué la consonne ressentie comme la plus proche : ch.

 

Voici des pronoms atones : i mis pour ìch (je) et ni mis pour Ѐiech (à vous) (voir leçon 56, N.1 a et c).

 

Les prépositions vu (de, en provenance de) et waga (à cause de) nous sont connues. Ici, leur sens est particulier, car, ainsi réunies, elles expriment une remise en question et correspondent à l'expression française « tu parles (de) ! ».

 

Rapportant les paroles du garagiste, le client ne dit pas ar ìsch … nèi (elle [il] est neuve [neuf]), mais ar sèig … nèi, utilisant le subjonctif du verbe pour bien montrer qu'il ne prend pas à son compte l'affirmation. Ce subjonctif n'existe que dans le sud de la région et uniquement pour les verbes sìì (être) et hàà (avoir). En français, on ne peut le rendre que par l'indicatif, car le subjonctif français est d’un emploi tout différent. (N.4 et N.5)

 

La préposition trotz (malgré) demande toujours le datif en alsacien. De toute façon, sina (ses) est identique aux trois genres et aux trois cas (voir leçon 49, N.2, N.B. : waga sina Eltra [à cause de ses parents]).

 

A la question Fàhrt dr Wàga nìt? (La voiture ne roule-t-elle pas ?), on peut répondre simplement par Doch, ar fàhrt. (Si, elle roule.). Mais si l'on a une réticence quelconque, on dira plutôt Fàhra tüet’r, àwer… (mot à mot : Rouler elle fait, mais …, au sens de : Elle roule, certes, mais …). Concrètement, le verbe, lui, reste à l'infinitif et l'on se sert de l’auxiliaire tüe (faire) pour exprimer le temps, la personne, etc., bref pour assurer la conjugaison. C'est le même verbe que celui de tat (ferait), utilisé pour former le conditionnel (N.6). Son cousin anglais, le verbe to do (faire) sert d’auxiliaire conjugué dans toutes les phrases interrogatives et négatives. Remarquez l'air de famille évident entre les deux.

 

Mot à mot, le début de ligne signifierait « Ce ne sera rien de grave ». Car nous avons bien là un futur grammatical. Mais nous savons que le futur alsacien a le plus souvent une valeur modale (« Il s'avérera que ce n'est rien de grave. » ou « Ce ne doit pas être grave » ; voir leçon 42, N.1 b).

 

Curieux destin aussi que celui du verbe gheera (appartenir, au sens concret), qui marque souvent une obligation, comme ici, avec un participe passé Ar gheert gregelt (Il doit être réglé). Mais le verbe n'est pas toujours exprimé : Dü gheersch ìn s Bett (Ta place est au lit).

 

Voici une nouvelle proposition temporelle, sither (depuis), qui est souvent associée à àm et ìm : sither àm Sunntig (depuis dimanche), sither ìm Wìnter (depuis l’hiver), mais aussi sither Taga, Wucha, Moneta, Johra (depuis des jours, des semaines, des mois, des années).

 

As nìmmt mi kè Wunder, àss … (cela ne m’étonne pas que …, mot à mot : cela ne me prend pas un miracle que …).

 

Dàs wìrd a Wart hàà! (Quelle importance !) repose sur deux artifices :

a)       l'emploi modal du futur en wara, tel que nous l'avons analysé plus haut (voir ci-dessus, note 7) et qui a abouti au sens de « Cela a sans doute de l'importance (valeur) »,

b)      le recours à l'ironie (ou antiphrase), qui fait dire juste le contraire de ce que l'on veut exprimer. Pensez aux expressions françaises telles que « Me voilà bien avancé ! », « C'est malin ! » ou autres « Te voilà beau ! », « Bien sûr que je vais te croire ! ».

 

Ìch kàn làng … (J'ai beau …, mot à mot « je peux longtemps … ») s'emploie quand on fait quelque chose en vain, sans résultat.

 

Ѐ àwer nei! (Ce n'est pas Dieu possible !, mot à mot : « ben mais non ! ») permet d'exprimer toute la désolation du monde. C'est l'expression de la déception, de la tristesse et de la commisération.

 

 

 

 

Iawung

 

Fàscht a jeder Mànn hàt garn a flotter Wàga.

A modern Auto ìsch vìelmol ebbis rìchtig Schicks.

D gànz großa Waga kumma z tiir, denn sa brüücha a Hüffa Benzin.

Un ìn da kleina Waga ìsch meischtens nìt viel Plàtz.

Mìt ema Dieselmotor fàhrt ma viel bìlliger.

Àwer leider Gottes màcht er aui viel meh Kràch às d àndra.

 

 

 

Corrigé

 

Presque chaque homme aime avoir (a volontiers) une belle (chouette) voiture.

Une auto moderne est souvent quelque chose de vraiment élégant.

Les très (toutes) grandes voitures reviennent trop cher, car elles consomment (ont besoin d’) un tas d'essence.

Et dans les petites voitures, il n’y a, le plus souvent, pas beaucoup de place.

Avec un moteur diesel, on roule [de façon] beaucoup plus économique.

Mais, malheureusement, il fait aussi beaucoup plus de bruit que les autres.

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Quand il commence à pleuvoir, il n'est parfois pas près de (ça ne veut plus) s’arrêter.

....’s fàngt à ..... , wìll’s ... nìmma meh ………

 

Alors on dit qu'il pleut sans arrêt (dans un seul trou dedans).

Dernoh ....ma, … es ìn .. Loch ... ragent.

 

Par ce temps, on n'aime pas tellement aller en ville.

Bi dàm ...... geht ma ... aso .... ìn d ……..

 

Dans ce cas (Ici, là), on est obligé d'emporter au moins un parapluie.

Do ..... ma ......... . a ......... mìtnamma.

 

On peut naturellement aussi enfiler un bon imperméable.

Ma .... nàtiirlig ... a güeter .......... alìega.

 

Mais le mieux est de rester (on reste) à la maison, au lit.

.... àm ..... ...., ma blibt ....... , ìm …….

 

 

 

Corrigé

 

Wenn – ragna – àls – hàlta      sajt – àss – ei – ina     Watter – nìt – garn – Stàdt      müeß – mìndschens – Pàrapli    kààt – aui – Ragamàntel   Àwer – beschta ìsch – dheima – Bett

 

 

 

 

 

Viarasìwwazigschta (74.) Stund

 

D Làmpa brennt nìmma meh

 

1 - Mànn, kumm schnall ku lüega, wàs los ìsch: D Làmpa wìll nìmma meh brenna.

2 - Wàs fer a Làmpa? Wu bìsch eigentlig? Ìch fìnd di nìt: Zìnd doch s Liacht àà!

3 - Do bìn i, ìm Büro, denn d Bürolàmpa ìsch üsgànga, sa brennt nìmma meh.

4 - Vìllìcht ìsch’s d Bìra; ìch strüüb sa noochhar üssa un pràwiar sa ìn dr Kucha.

5   As kààt aui da kleina Schàlter sìì, do unta àm Làmpafüeß, oder dr Kàwel.

6 - Meinsch, ìsch’s nìt ehnder dr Stecker oder d Steckdosa därta àn dr Wànd?

7   Ja, àwer hàlt! Jetza kummt mìr gràd ebbis ii: Dina Bürolàmpa ìsch denna nèi.

8 - Ѐ jo ammel! Dü hàsch mìr sa doch èrscht vor a pààr Tag uf mi Nàmestàg gschankt.

9 - Nei, mi Schàtz, uf di Geburtstàg, wenn da di rìchtig bsìnnsch, àm elft’Àvrìl.

10 - Da hàsch racht, àwer vergìss nìt, àss i Leon heiß, dàs ìsch friahier aui  àm elft’Àvrìl gsìì.

11 - Àwer hìtta nìmma meh: Hìttzutàgs ìsch Leon àm zehnta Novamber.

12   Àm beschta ìsch, mìr riafa glich dr Elektriker àà, da kummt sa bstìmmt sofort ku repariara. ⑦⑧

13 - Ѐ je! Dernoh müeß i schnall wìdder d Sìcherunga, iistecka, wu n i vorig üsgsteckt hàn.

14 - Àh, waga dam brennt d Làmpa nìmma, wial gàr kè Strom uf dr Leitung ìsch!

 

 

La lampe ne s’allume (brûle) plus

 

1 - Dis (homme, mari), viens vite voir (regarder) ce qui se passe : La lampe refuse de s’allumer (ne veut plus brûler).

2 - Quelle lampe ? Où es-tu, au fait ? Je ne te trouve pas. Allume (donc) la lumière !

3 - Je suis ici, au bureau, car la lampe de bureau s’est éteinte, elle n’éclaire (brûle) plus.

4 — Peut-être est-ce l’ampoule, je la dévisserai tout à l'heure et l’essaierai à la cuisine.

5   Ce peut aussi être ce petit interrupteur, là en bas, au pied de la lampe, ou le cordon.

6 — Tu ne crois pas que c’est plutôt la fiche ou la prise là-bas, au mur ?

7  Mais attends (arrête) ! Maintenant, je me souviens justement de quelque chose : ta lampe de bureau est (donc) neuve.

8 — Mais bien sûr ! Tu me l’as (donc) offerte il y a à peine (seulement avant) quelques jours, pour ma fête.

9 - Non, mon chéri, pour ton anniversaire, si tu te souviens bien, le onze avril.

10 — Tu as raison, mais n'oublie pas que je m’appelle Léon, c'était aussi le onze avril dans le temps.

11 - Mais plus aujourd’hui : de nos jours, [la Saint-] Léon est le dix novembre.

12  Le mieux est que nous téléphonions tout de suite à l’électricien, il (celui-ci) viendra à coup sûr immédiatement la réparer.

13 - Oh là ! Alors je dois vite remettre [en place] (insérer) les fusibles, que j'ai sortis tout à l'heure.

14 — Ah, c’est pour cela que la lampe n’éclaire (brûle) plus, parce qu'il n'y a pas (du tout) de courant sur la ligne !

 

 

 

Notes

 

Qu'elles fussent à l'huile ou à pétrole, les lampes d'antan brûlaient. En alsacien, le verbe brenna (brûler) est resté pour dire qu'une lampe fonctionne. Le français a bien conservé « allumer » et « éteindre » !

 

Ne confondez pas üssageh (sortir) et üsgeh (s’éteindre). De ce dernier verbe vient S Liacht ìsch üs… (la lumière est éteinte), contraire de S Liacht ìsch àà... (la lumière est allumée), qui trouve son origine dans le verbe ààzìnda (allumer, voir phrase 2).

 

Pràwiara : seul l'accent tonique situé vers la fin permet de reconnaître cet emprunt au français « (é)prouver ».

 

À l'origine, ehnder avait la signification temporelle de « plus tôt » (friahier), utilisation que l'on rencontre encore ici et là en Alsace ; mais de nos jours, le sens en est généralement celui, plus abstrait, de « plutôt ». En français, la même évolution a été confirmée par des orthographe distinctes.

 

L'expression As kummt mìr ebbis i (Je me rappelle [soudain] quelque chose, mot à mot : « il vient à moi quelque chose dans [la tête] ») permet d'introduire un souvenir.

 

Un nombre ordinal - qui se termine toujours en -ta (-ième) – perd son -a final devant une voyelle qui suit : àm elfta März (le 11 mars), mais àm elft’Àwrìl (le 11 avril).

 

Le verbe simple riafa (appeler) sert à former le composé ààriafa (appeler au téléphone), dont le préfixe tonique àà se retrouve à la fin, juste avant la virgule.

 

Les noms de métier finissent souvent en -er, comme pour Metzger (boucher). Pourtant, il n'est pas rare que l'on dise dr Electricien, mais attention à la prononciation : élegdrissiè ! Du moins chez les gens maîtrisant mal le français.

 

Du verbe leita (diriger, conduire), on a dérivé le nom d Leitung (conduite, ligne), y compris pour d Wàsserleitung (conduite d'eau). L'expression familière Ar hàt a lànga Leitung (mot à mot : Il a une longue conduite) s'applique à quelqu'un qui ne comprend pas vite et illustre bien le caractère concret des images dialectales.

 

 

 

Iawung

 

Ìn jedem Zìmmer gìtt’s hìtta mìndeschtens ei Làmpa, mangmol mehrera.

Denn d Litt brüücha Liacht fer z’schàffa, fer z’assa un fer z’lasa.

Do hangt a Làmpa ìwer em Tìsch, un därta steht a àndra uf em Büro.

Wenn kè Strom uf dr Leitung ìsch, brennt kè Làmpa.

Dernoh  ìsch àlles dunkel, un mìr mian unsra Kerzabüschi üssahola.

Àwer dr Elektriker kummt sìcher boll, morna oder ìwermorna oder èrscht d nachsta Wucha.

 

 

Corrigé

 

Dans chaque pièce, il y a, de nos jours, au moins une lampe, parfois plusieurs.

Car les gens ont besoin de lumière pour travailler, pour manger et pour lire.

Ici, une lampe est suspendue au-dessus de la table, et là-bas, une autre est (debout) sur le bureau.

S'il n'y a pas de courant sur la ligne, aucune lampe n'est allumée.

Alors tout est sombre, et nous sommes obligés de sortir nos bougies.

Mais l'électricien viendra certainement bientôt, demain ou après-demain ou seulement la semaine prochaine,

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Pour faire de la pâtisserie, on a besoin de beaucoup de vaisselle et d'un peu d'ingrédients.

Fer .. bàcha brüücht .. viel ....... un a ….. Wàr.

 

Pour un kouglof ou pour un grand gâteau, il faut avoir un bon moule.

... a Kugelhupf .... a großer ..... . müeß ma a güeter ..... ..

 

Le (au) mieux est d’avoir déjà à la maison tout ce dont (qu’) on a besoin.

Àm ..... ìsch, ma hàt …. àlles ìm ..., wàs .. brüücht.

 

Par exemple du sucre et de la farine, des œufs, du beurre et du lait.

Zum Beispiel ...... un ...., Eier, ...... un Mìlch.

 

Sinon quelqu'un doit encore vite aller dans un magasin pour y faire des achats.

..... müeß ..... noch ....... ìn a ..… geh, .. ikàuifa.

 

Ainsi (avec cela), on perd inutilement beaucoup (un tas) de temps.

Mìt dam ........ ma ....... a Hüffa ....

 

 

 

 

Corrigé

 

z – ma – Gschìrr – Bìtzi       Fer – oder – Küecha – Model hàà       beschta – schu – Hüss – ma         Zum – Zucker – Mahl – Butter     Sunscht – ebber – schnall – Làda (ou Gschaft) - ge    verliart – ummasunscht – Zitt

 

 

 

 

Fìmfasìwwazigschta (75.) Stund

 

D großa Wäsch

 

1 - Hallo! Wer ìsch àm Àppàràt? Àh dü bìsch’s, Màma, ìch hàn di aui gràd wälla ààriafa.

2 - Dàs ìsch jetza natt vu dìr, àss da aui amol àn dina àlta Müeter dankt hàsch.

3 - Ìch hàn numma zèrscht noch schnall wella uf dr Knopf drucka fer d Wàschmàschìna ààz’màcha, denn sa ìsch voll.

4 - Àh! Dernoh hàsch dü hìtta großa Wäsch, wia-n-ìch friahjer àma Mantig.

5 - Ja, dü hàsch doch sallamols noch kè Màschìna ghàà; wàs hàsch dernoh gmàcht?

6 - Àm fìmfa z’Morga bìn-i uffgstànda un hàn s Fiir ààzunda, fers Wàsser z’wärma.

7   Un àm sìwanna hàn i fànga-n-à wascha, ei Stìckla Wäsch noh-n-em àndra, vu Hànd:

8   d Lintiacher, d’Hàndzwahla, d Tìschservietta, d Finettla, d Unterhosa, d Nàstiacher.

9 - Un d Tìschtiacher aui, Màma, un d Kìssaààzìg un d Hemder, dàs àlles gànz allei?

10 - Ja, weisch, Maidla, mìr han sallamols nìt genüe Gald ghà, fer ebber Fremds z’zàhla.

11 - Do han mìr’s, moderna Fràui, doch liichter, àwer mìr mian aui d Wäsch ufhanka.

12   Un àm And vum Liad, mian mìr sa noch glätta, z’Nàcht noh dr Àrwet. ⑧⑨

13 - Un hìttzutàgs hàt ma viel, dur dàs àss ma fàscht àlla Tàg d’Unterwäsch wachselt.

 

 

 

La grande lessive

 

1 - Allô ! Qui est à l'appareil ? Ah, c'est toi, Maman, je voulais justement aussi t’appeler.

2 — Ça alors (maintenant) c'est bien (joli) de ta part (de toi), que tu aies (as aussi une fois) pensé à ta vieille mère.

3 — J'allais (voulais) juste (seulement) d'abord encore appuyer sur le bouton pour mettre en marche la machine à laver, car elle est pleine.

4 — Ah, alors tu fais (as) [la] grande lessive, aujourd'hui, comme moi, jadis, le lundi.

5 — Mais, à l’époque, tu n'avais (donc) pas encore de machine ; comment (que) faisais-tu alors ?

6 — A cinq heures du matin, je me levais et [j’] allumais Le feu pour chauffer l’eau.

7  Et à sept heures je commençais à laver, une pièce [de] lessive après l’autre, à la main :

8  les draps, les serviettes de toilette (de main), les serviettes de table, les maillots (de corps), les caleçons, les mouchoirs.

9 - Et les nappes aussi, Maman, et les taies d'oreillers et les chemises, tout cela toute seule ?

10 — Ben, tu sais, [ma] fille, à l’époque nous n'avions pas les moyens (assez d'argent) de (pour) payer quelqu'un d'autre (étranger [à la famille]).

11 - Là (ici), nous autres, femmes modernes, avons moins d'efforts à fournir (l'avons plus facile), mais nous devons également étendre le linge.

12  Et, en fin de compte (de chanson), nous devons (encore) le repasser, le soir (la nuit) après le travail.

 

 

 

Notes

 

De la même famille que le verbe wascha, le nom d Wäsch désigne tout à la fois la lessive et le linge aussi bien de maison que de corps : d Unterwesch (sous-vêtements, phrase 13).

 

Comme bàcha (leçon 72, note 1), le verbe danka (penser) – qui commence par un d – ne saurait prendre l’augment g- au participe passé (voir leçon 49, N.1). De rares exceptions se rencontrent dans des expressions toutes faites, comme gedruckt (imprimé, voir leçon 71, phrase 11) et dr gedeckt Kànàl (le canal couvert) de Mulhouse, où se tient un grand marché trois fois par semaine.

 

Le verbe àà-màcha (mettre en marche, pour une machine) peut, dans d'autres contextes, signifier « fixer », « attacher ».

 

Le verbe àà-zìnda (allumer) - participe passé ààzunda (allumé) - s'applique aussi bien au feu qu’à toute lumière et aux appareils électroniques (voir leçon 74, note 2).

 

Au passé, le verbe ààfànga (commencer) devient As hàt a Büech ààgfànga (Elle a commencé un livre). Mais dès qu'il est suivi d'un autre verbe, on aura As hàt fànga-n-à hiila (Elle a commencé à pleurer). Par conséquent, ce verbe a deux passés composés.

 

Plusieurs de ces noms composés ont pour base s Tüech (toile, tissu), pluriel Tiacher. Zwahla (serviette), Servietta et Hosa (culotte) sont des féminins, donc identiques au singulier et au pluriel. Les autres singuliers sont dr Ààzug (la taie) et s Hemm (la chemise).

 

Ìch hàn’s liicht (mot à mot : Je l’ai léger, facile) signifie que « Les choses sont faciles pour moi ». Le contraire en est Ìch hàn’s schwar (mot à mot : Je l’ai lourd, difficile).

 

Voici encore une de ces expressions imagées dont le dialecte a le secret : Àm And vum Liad (en fin de compte ; mot à mot : à la fin de la chanson). Ce n'est pas pire que «au final ».

 

Dérivé de glàtt (lisse, plat), le verbe glätta (repasser) a servi à former s Glättisa (fer à repasser), souvent appliqué au tramway, par amusement. Le long du Rhin, on utilise le verbe bìgla (repasser) et s Bìgelisa (fer à repasser), à partir de Colmar, le verbe devient même béjla, comme Wàga (voiture) devient Wàja et Vogel (oiseau) devient Vojel.

 

A la place de wial (parce que) ou de denn (car), on peut utiliser dur dàs àss (du fait [par cela] que) pour introduire une explication. Le verbe sera à la fin, car àss (que) introduit une subordonnée.

 

 

 

 

 

Iawung

 

Àlla Morga noh dr Duscha wìrd d Unterwäsch gwachselt.

As wara àndra Chaussettla, a frìsch Finettla un a süüfra Unterhosa ààglìgt.

D drackiga Wäsch vu geschtert kummt sofort ìn d Waschmàschìna.

Àwer dia funktionniart numma, wenn Strom uf dr Leitung ìsch.

Friahier han d Fràuia mießa àn dr Bàch geh, fer d Wäsch z’wascha.

Zum Glìck gìtt‘s hìttzutàgs moderna Màschìna, wu sogàr a Mànn kààt uf dr Knopf drucka.

 

 

Corrigé

 

Tous les matins après la douche, on change de sous-vêtements (les sous-vêtements sont [deviennent] changés).

On met (il est [deviennent] mis) d'autres chaussettes, un maillot de corps frais et un caleçon propre.

Le linge sale d’hier est immédiatement mis (vient) dans la machine à laver.

Mais celle-ci ne fonctionne que s'il y a du courant (sur la ligne).

Jadis, les femmes étaient obligées d'aller au [bord du] ruisseau pour laver le linge.

Heureusement, il existe, de nos jours, des machines modernes, où même un homme est capable d' (peut) appuyer sur le bouton.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Le garagiste vend des voitures et les répare aussi.

.. Garagist ........ Waga un repàriart .. aui.

 

Les gens ne sont malheureusement pas toujours contents de (avec) lui.

D Litt sìn ...... nìt ....... ... ìhm z’frìeda.

 

Les autos neuves sont chères et les vieilles ne sont plus assez modernes.

. nèia Auto ... tiir, un d àlta sìn .... meh modern ..... .

 

De nos jours, presque toutes les voitures roulent bien et sont assez sûres.

Hìttzutàgs fàhra .... àlla .... güet un sìn …... sìcher.

 

Chaque voiture doit avant tout pouvoir freiner vite et bien.

A jeder …. müeßt ... àllem gschnall un .... känna bramsa.

 

Mais toutes les autos deviennent dangereuses quand on roule trop vite.

Àwer .... Auto .... gfahrlig, wenn ma .schnall .....

 

 

 

Corrigé

 

Dr – verkàuift – sa      leider – àllawil mìt      D – sìn – nìmma – genüe     fàscht – Waga – zìmlig    Waga – vor – güet      àlla – wara – z – fàhrt

 

 

 

 

Sechsasìwwazigschta (76.) Stund

 

In‘ra Àpothek

 

1 - Güeta-n-Owa, Màdàm Roth, wàs bliabt? Hàt Sa-n-a Rezapt vum Dokter?

2 - Nei, Herr Àpotheker, ìch némm nìt garn Pìlla ii, Zapflala, Kapsala un Sprìtza.

3 - Mìt wàs kàn i Ìhra ìn dam Fàll halfa; wàs brüücht Sa eigentlig, Màdàm Roth?

4 - Erschtens hàn i Blüetdruck, vum Harz, nìt viel, àwer trotzdam a Bìtzi; as sèig nìt schlìmm.

5 - Gega dr Blüetdruck wìrkt Knowlig àm beschta, àwer aui Spìnàt un Réschim. ④⑤

6 - Un dernoh hàn i’s uf dr Bruscht, ìch schnüüf schwar un hüescht a Bìtzala. ⑥⑦

7 - Fer d Bruscht sìn Raatig güet, àwer aui Làuiech, Zelleri, Krütt un Wullablüema…

8 - Un mina Lawra plogt mi aui vu Zitt zu Zitt, kè rìchtiga Lawerkrisa, numma-n-a Bìtzi Weh.

9 - Fer d Lawra dat I'ra Ràhna rota, un Bohna un Melona un Kerwalakrütt.

10 - Àppetit hàn i aui kè rìchtiger, wenn i àls numma gsìeh, wàs i kocht hàn!

11 - As heißt, Peterla sèig prima fer dr Àppetit un Tomàta un Aanis, frogt sa d Menscha üssem Midi.

12 - Sàga, güeter Mànn, hoffentlig zàhlt d Krànkakàssa dàs gànza Gmias zruck! ⑩⑪

 

 

 

À la (dans une) pharmacie

 

1 — Bonsoir, Madame Roth, que désirez-vous ? Avez-vous une ordonnance du médecin ?

2 — Non, Monsieur le Pharmacien, je n’aime pas prendre des cachets, suppositoires, gélules et piqûres.

3 — En (avec) quoi puis-je vous aider, dans ce cas ; de quoi avez-vous besoin, au juste, Madame Roth ?

4 - Premièrement, j'ai de l'hypertension artérielle [venant] du cœur, pas beaucoup, mais tout de même un peu ; [il paraît que] ce n’est pas grave.

5 — [L’] ail agit le mieux contre la tension, mais également [les] épinards et [le] régime.

6 — Et ensuite, j'ai les bronches prises (je l'ai sur la poitrine), je respire péniblement et Je tousse un peu.

7 — Pour la poitrine, [les] radis sont bons, mais aussi [le] poireau, [le] céleri, [le] chou et [le] bouillon blanc (fleur de laine).

8 — Et mon foie me tourmente aussi de temps en temps, pas de vraies crises de foie, seulement un peu mal.

9 — Pour le foie, je vous conseillerais [les] betteraves rouges et [les] haricots et [le] melon et [le] cerfeuil.

10 — Je n'ai plus bon (correct) appétit non plus, pour peu que (quand parfois seulement) je voie ce que j'ai préparé (cuisiné) !

11 — On dit [que le] persil est parfait pour l’appétit, et [les] tomates et [l’] anis, demandez aux (les) gens (humains) du Midi.

12 — Dites, [mon] bon monsieur, j'espère que la Sécurité sociale (caisse des malades) rembourse tous ces légumes.

 

 

 

Notes

 

Les usages changent, les mots restent. Le mot s Rezapt (ordonnance) a été emprunté au français alors que « recette » désignait encore une prescription médicale à faire préparer en l'officine du pharmacien.

 

Du verbe namma (prendre, en général) vient i-namma (prendre, au sens d'avaler un médicament ; mot à mot : prendre dans).

 

Le nom dr Druck (pression) - proche du verbe drucka (presser, pousser, imprimer) - est ici précisé par s Blüet (sang). Le tout désigne la pression artérielle et, par extension, l’excès de pression ou hypertension.

 

Le verbe wìrka (agir) est régulier. On en a tiré d Wìrkung (l’effet), mais aussi s Wark (œuvre), surtout s Kunschtwark (œuvre d'art).

 

L'adverbe güet (bien) a pour comparatif besser (mieux) et pour superlatif relatif àm beschta (le mieux), tous deux aussi irréguliers que leurs équivalents français. Il est vrai que, dans la langue maternelle, tout nous paraît évident, donc régulier.

 

Pour dire qu'il souffre, l'Alsacien dit Ìch hàn weh àn … . Pour dire que tel organe est malade, il dira Ìch hàn’s uf (je souffre de ; mot à mot : je l’ai sur …) ou ìch hàn’s àn (je souffre de ; mot à mot : je l’ai à …).

 

En cas de dyspnée, on dit Ìch schnüüf schwar (Je respire mal ; mot à mot : lourdement, difficilement). Familièrement, on demandera : Schnàppsch? (Tu happes [l’air] ?) ou Müesch schnàppa? (Tu es obligé de happer ?)

 

Le verbe rota (conseiller) forme son conditionnel à l’aide de l’auxiliaire düe (faire) : Ìch dat dìch rota (je te conseillerais). L'avantage de la forme dat et qu'on peut l'utiliser avec tous les verbes à l'infinitif, même avec ceux qui, par ailleurs, ont une forme spécifique de conditionnel. C'est pratique, non ?

 

Rappelons le double emploi de àls (parfois, jadis), le premier avec un verbe au présent, le second ou plutôt les deux réunis avec un verbe au passé. Généralement, le contexte permet de lever aisément l'ambiguïté.

 

L'adverbe hoffentlig (j'espère que) remplace à lui seul une proposition française. Il est dérivé du verbe régulier hoffa (espérer), d'où est également issue d Hoffnung (espoir, espérance).

 

Composé de zàhla (payer) et de zruck (en retour), le verbe zruckzàhla (rembourser) fait penser à zruckbrìnga (rapporter, voir leçon 44, phrase 12) et zruckkumma (revenir).

 

 

 

 

 

Iawung

 

Wohrschints geht kè Ménsch garn zum Dokter un dernoh noch ìn a Apothék.

Un niama bikummt garn Sprìtza ìn dr Àrm, ìn s Bei oder sogàr ìn dr Büch.

Dr Àpothéker verkàuift Pìlla un Kapsala ìn àlla Fàrwa : rot, grien, gaal, blàui, schwàrz un wiss.

Àwer viel Pflànza àb em Fàld oder üs em Wàld känna aui güet fer d Gsundheit sìì.

As heißt sogàr, a Bìtsi roter Wii sèig güet fer s Harz!

Noch besser ìsch, ma nìmmt gàr nichs i un blibt ìm Bètt, bis àss ma wìder gsund ìsch.

 

 

 

Corrigé

 

Vraisemblablement, personne (aucun humain) n'aime aller chez le médecin ni (et) ensuite encore à la pharmacie.

Et personne n'aime (recevoir) les (des) piqûres dans le bras, dans la jambe ou même dans le ventre.

Le pharmacien vend des cachets et des gélules de (en) toutes [les] couleurs : rouge, vert, jaune, bleu, noir et blanc.

Mas beaucoup de plantes des champs (venant du champ) et (hors) de ta forêt peuvent également être bonnes pour la santé.

On dit même qu'un peu de vin rouge est bon pour le cœur.

Il vaut (est) encore mieux ne rien prendre (on prend rien) du tout et rester (on reste) au lit jusqu'à ce qu’on soit (est) de nouveau guéri.

 

 

 

 

Fìlla dàs üs, wenn’s bliabt

 

Dans les magasins de la ville, on vend (ils vendent) de jolies lampes.

.. da Gschàfter .. dr Stàdt ........ sa natta ......

 

Elles sont magnifiques, mais souvent également très chères.

.. sìn ……….., àwer …….. aui sehr tiir.

 

En Alsace, on aime offrir quelque chose pour (sur) l'anniversaire.

Ìm ...... schankt ma .... ebbis .. dr Geburtstag.

 

Le plus souvent, on pense moins à la fête (jour du nom) des gens.

Meistens ..... ma ...... àn dr ........ vu da ....

 

On écrit une carte ou l'on téléphone [tout] simplement aux personnes.

.. schribt a ..... oder ma telefoniart ...... ìn da .......

 

À l'électricien, il faut lui téléphoner plusieurs fois pour qu'il vienne.

Ìm Elektriker ..... ma a pààr ... telefoniara …. àss ar ……..

 

 

 

 

Corrigé

 

Ìn – vu – verkàuifa – Làmpa         Sa – wunderscheen – vielmol        Elsàss – garn – uf         dankt – weniger – Nàmmestàg – Litt     Ma – Kàrta – eifàch – Persona    müeß – Mol – fer – kummt

 

 

 

Les pharmacies avaient plutôt mauvaise réputation jadis. Non point que les potions et autres remèdes ils fussent de mauvaise qualité. Mais cette pharmacopée était jugée fort coûteuse à une époque où n'existait point encore l'assurance maladie. Aussi les officines étaient-elles devenues le symbole même du commerce ruineux. Dàs ìsch a Àpothek (C'est une pharmacie) dit-on volontiers encore de nos jours de tout magasin réputé cher. Tournure d'autant plus paradoxale et anachronique que, grâce au tiers payant, bien des patients s'approvisionnent dans les pharmacies sans même bourse délier. Les temps changent, les expressions restent.

 

 

 

Sìwanasìwwazigschta (77.) Stund

 

Révisions et notes

 

Ceci est notre dernière leçon de révision. Mais quel chemin parcouru en quelques semaines, quels progrès réalisés ! Et, comme vous avez déjà pu vous en apercevoir, les annexes continueront encore longtemps à vous apporter une foule de renseignements de nature à enrichir et consolider votre connaissance du dialecte alsacien. La seconde vague en cours doit également jouer son rôle de maturation, jour après jour. Et, si vous en avez le loisir, n'hésitez pas à tout recommencer depuis le début. L'expérience de ceux qui l'ont pratiqué en prouve l'efficacité. Tout est dans l'endurance. ASSiMiL vous y encourage vivement et vous souhaite plein succès.

 

 

Verbes particuliers

 

Quelques verbes ont un radical se terminant par -el, -en ou -er.

Si, pour les besoins de la conjugaison, on ajoute un nouvel -e à la fin, celui qui précède l, n ou r disparaît.

C'est le cas à l'infinitif. Nous connaissons ainsi kìtzla (chatouiller), hàndla (agir, commercer), handla (de disputer, gronder), rachna (calculer), ragna (pleuvoir), zeichna (dessiner) et bewundra (admirer).

C'est ce qui explique les formes suivantes :

 

a)       Au présent de l’indicatif :

 

Singulier

pluriel

 ìch hàndel, da hàndelsch,

 ar/sa/as hàndelt

 mìr/ìhr/sìe hàndla

 ìch rachen, da rachensch,

 ar/sa/as rachent

 mìr/ìhr/sìe rachna

 ìch bewunder, da bewundersch,

 ar/sa/as bewundert

 mìr/ìhr/sìe bewundra

 

 

b)      Au participe passé : ghàndelt, grachent, bewundert.

 

 

 

 

Le pluriel des noms

 

Depuis le début (voir leçon 5, note 5), de nombreuses notes vous ont signaler les différences qu'il peut y avoir entre le singulier et le pluriel des noms communs. Il est temps, pour nous, de récapituler. Là où le français a recours à -s ou - plus rarement - à -x, l'alsacien dispose de deux moyens pour exprimer la pluralité : le suffixe (-a ou -er) et le changement de la voyelle tonique du radical (métaphonie). Les noms utilisent soit l’un ou l'autre de ces deux moyens, soit aucun des deux, soit - plus rarement - tous les deux. Voici pour chacun des trois genres et par ordre décroissant de fréquence, les manières dont se forme le pluriel :

 

 

a)       Le pluriel des noms féminins se termine par -a dans l'immense majorité des cas. Ici il convient de faire une distinction géographique :

-          Dans l'extrême sud de l'Alsace, jusqu'à Ensisheim environ, la plupart des féminins se terminent déjà en -a au singulier. Il n'y a donc aucune différence entre singulier et pluriel, et l'ambiguïté ne peut être levé que d'après d'autres indices contenus dans la phrase : D Blüema ìsch rot (La fleur est rouge) / D Blüema sìn rot (Les fleurs sont rouges).

-          Plus au nord, ce -e final a été perdu au singulier, et l'opposition entre singulier et pluriel fonctionne parfaitement : d Blüem (la fleur) / d Blüema (les fleurs).

-          En outre, un nombre significatif de féminins fonctionnent de même sur l'ensemble de la région : d Zittung (journal) / d Zittunga, d Fàrb (couleur) / d Fàrwa, où l’on note un changement de consonne sous l'influence de la voyelle (pensez à certains verbes comme bliiwa (rester) / ìch blibb).

-          Quelques noms féminins ont recours au seul changement de voyelle : d Hànd (main) / d Hand, d Bruscht (poitrine) / d Brìscht, d Stàdt (ville) / d Städt, d Küeh (vache) / d Kiah, d Müüs (souris) / d Miis

-          Enfin, une infime minorité de féminins se paie le luxe de recourir à la fois à la métaphonie et au suffixe : d Müeter / d Miatra, d Tochter / d Tächtra. Le « déplacement » de -e- entre le singulier et le pluriel n'est pas sans rappeler celui observé ci-dessus pour quelques verbes (voir N.1).

 

 

 

b)      Le pluriel des noms masculins n'est pas distinct du singulier pour la moitié d'entre eux environ. Il est vrai que l'article défini lui, est différent : dr Läffel (cuiller) / d Läffel, dr Fìnger (doigt) / d Fìnger. C'est le cas de la plupart des noms en -el et -er, mais aussi de bien d'autres comme Harìng (hareng), Humpa (boc), Film (film), Markt (marché), etc.

-          Un nombre significatif de masculins prennent le suffixe -e comme seule marque de pluriel : dr Barg (montagne) / d Barga, dr Briaf (lettre) / d Briafa, dr Leeb (lion) / d Leewa (notez le passage de -b- à -w- entre deux voyelles), etc.

-          D'autres, un peu moins nombreux, se contentent du changement de voyelle ou métaphonie : dr Àrm (bras) / d Arm, dr Bàlka (poutre) / d Balka, dr Màntel (manteau) / d Mantel, dr Nàgel (clou) / d Neegel, dr Ofa (le poêle) / d Eefa, dr Fluss (rivière) / d Flìss, dr Büch (ventre) / d Bich, sr Stüel (chaise) / d Stiahl, etc.

-          Enfin, quelques-uns cumulent le changement de voyelle et le suffixe -er : dr Mànn (homme) / d Manner, dr Wàld (forêt) / d Walder, dr Gott (dieu) / d Gätter, etc.

 

NB : nous savons que l'alsacien est riche de sa diversité, qui constitue l'un de ses principaux charmes. Aussi des variantes existent-elles dans ce domaine comme dans d'autres. Le record est sans doute détenu par dr Hund (chien), dont le pluriel est d Hunda ici, mais d Hìnd et même d Hund ailleurs : pas de quoi fouetter un chien.

 

 

c)       Le pluriel des noms neutres ressemble à celui des masculins :

-          Une grosse moitié ne prend pas de marque de pluriel autre que l'article défini, à commencer par tous les diminutifs en -la : s Packla (paquet) / d Packla, s Gleesla (petit verre)/ d Gleesla, mais aussi les noms finissant déjà en -er : s Masser (couteau) / d Masser, s Zìmmer (pièce d'habitation) / d Zìmmer,  et beaucoup d'autres : s Bei (jambe) / d Bei, s Hoor (cheveu) / d Hoor, etc.

-          Une petite moitié prend le suffixe er, soit en conservant la même voyelle : s Spìel (jeu) / d Spìeler, s Kleid (vêtement) / d Kleider … soit en la changeant : s Lànd (pays) / d Lander, s Glàs (verre) / d Gleeser, s Dorf (village) / d Därfer, s Hüss (maison) / d Hiiser, s Büech (le livre) / d Biacher. Dans la région de Colmar, les diminutifs prennent également ce suffixe : s Maidla (jeune fille) / d Maidler.

-          Un petit nombre enfin prend le suffixe -e uniquement, sans modifier la voyelle du radical : s Ohr (oreille) / d Ohra, s Johr (année) / d Johra…

Ces quelques indications vous aideront déjà à éviter des formes impossibles ou peu probables. Mais pour être sûr de soi, il n'y a pas de miracle : il faut mémoriser tous les noms rencontrés avec leur article défini et leur pluriel, comme la quarantaine citée ci-dessus dans le présent chapitre.,

 

 

 

 

Exprimer l’appartenance par le „génitif bavarois »

 

La manière courante d'exprimer une appartenance est de recourir à la préposition vu (de) suivi du datif : des pieds de la table) (les couleurs de cette fleur-ci). Mais ce tour simple s'applique mal aux êtres humains et autres animaux. Il est plus poli d'employer ce que, entre spécialistes, on appelle le « génitif bavarois », qui met en œuvre la préposition ìn (à) et, en plus, un adjectif possessif. En voici quelques exemples :

ìm Pàpa si Velo (le vélo de papa, mot à mot : à (au) papa son vélo)

Ìn dr Màma ìhra Wàga (la voiture de maman, mot à mot : à (la) maman sa voiture)

ìm Suhn si Trotinettla (la trottinette du fils mot à mot : au fils sa trottinette)

 ìn da Eltra ìhra Hüss (La maison des parents, mot à mot : aux parents leur maison)

 ìn dr Küeh ìhra Wàdel (la queue de la vache, mot à mot : à la vache sa queue)

Ce n'est pas que ce soit difficile, il suffit de s'y habituer. Car il est vrai que cela fait nettement plus chic.

 

 

 

 

 

 

Rapporter les paroles d‘autrui par le « discours indirect »

 

Pour rappeler les propos d’autrui il existe plusieurs moyens

-          On peut se contenter d'un verbe introducteur suivie d'une citation mot à mot : Ìhr han mìr gsajt : « Dr Wàga ìsch nèi ». (Vous m'avez dit : « La voiture est neuve »). C'est le « discours direct ».

- On peut aussi employer un verbe introducteur suivi de la subjonction àss (que) : Ìhr han mìr gsajt, àss dr Wàga nèi ìsch. (Vous m'avez dit que la voiture est neuve). C'est déjà du « discours indirect », puisque les propos ont été modifiés : le verbe est à la fin, c'est donc une subordonnée.

- Enfin on peut recourir à une modification de la forme même du verbe en le mettant au subjonctif : Ìhr han mìr gsajt, dr Wàga sèig nèi (Vous m'avez dit que la voiture était neuve). C'est une façon de montrer que l'on ne se prononce pas sur la véracité du propos rapporté. NB : En français, nous devons garder l'indicatif. Si celui-ci est ici à l'imparfait, c'est parce que le verbe de la principale (avez dit) est au passé. Une telle « concordance des temps » n'affecte pas le subjonctif du discours indirect alsacien.

Da hàsch mìr gsajt: « Ìch hàn kè Gald meh ». (Tu m'as dit : « Je n'ai plus d'argent. »)

Da hàsch mìr gsajt, àss da kè Gald meh hàsch. (Tu m'as dit que tu n'avais (as) plus d'argent.)

Da hàsch mìr gsajt, da häigsch kè Gald meh. (Tu m'as dit que tu n'avais (as) plus d'argent.)

Il est toujours possible, quoique lourd, de combiner les deux procédés :

Da hàsch mìr gsajt, àss da kè Gald meh häigsch.

 

 

Seuls les verbes sìì (être) et hàà (avoir) possède encore ce subjonctif du discours indirect. Et uniquement dans le sud de l'Alsace (voir N.5). Les autres verbes y suppléent par le conditionnel (voir N.6) :

Ìch hàn gheert, da tatsch garn reisa (J'ai entendu [dire] [que] tu aimais voyager).

Ar sajtìn àlla, ar kam boll heima. (Il dit à tout le monde qu'il rentrera bientôt).

 

 

 

 

Le subjonctif

 

En alsacien le subjonctif ne sert qu’au discours indirect, alors que le français emploie le sien dans des circonstances toutes différentes. Ils se correspondent tellement peu que l'on ne peut les traduire que par l'indicatif, dans un des sens comme dans l'autre.

Voici le subjonctif des verbes sìì (être) et hàà (avoir), les seuls qui existent encore :

 

 

Sìì (être)

Singulier :

1

 ìch

 sèig

(que je suis)

 

2

 da

 sèigsch

(que tu es)

 

3

 ar

 sèig

(qu’il est)

 

 

 sa

 sèig

(qu’elle est)

 

 

 as

 sèig

(que c’est)

Pluriel :

1

 mìr

 sèiga

(que nous sommes)

 

2

 ìhr

 sèiga

(que vous êtes)

 

3

 sa

 sèiga

(qu’ils/elles sont)

 

 

 

Hàà (avoir)

Singulier :

1

 ìch

 häig

(que j’ai)

 

2

 da

 häigsch

(que tu as)

 

3

 ar

 häig

(qu’il a)

 

 

 sa

 häig

(qu’elle a)

 

 

 as

 häig

(que ça a)

Pluriel :

1

 mìr

 häiga

(que nous avons)

 

2

 ìhr

 häiga

(que vous avez)

 

3

 sa

 häiga

(qu’ils/elles ont)

 

 

 

Mais n'oublions pas que ces deux verbes servent d’auxiliaires du passé à tous les verbes, si bien que l'emploi de ces formes est très fréquent :

As heißt, d Litt häiga friahier aui àn’ma Sàmschtig gschàfft. (On dit que les gens travaillaient aussi le samedi dans le temps.)

 

 

 

Le conditionnel

 

Tandis que l'indicatif passe pour le mode de la réalité et que le subjonctif permet de prendre des distances par rapport à la véracité des dires rapportés dans le discours indirect, le conditionnel est le mode du virtuel, de l'éventuel, du possible.

 

 

Les formes de conditionnel

 

Les verbes « sé », « ha », « wàre” et « tüe »

 

Ces verbes qui font très souvent office d’auxiliaire possèdent leur conditionnel propre :

 

 

Sìì (être)

Singulier :

1

 ìch

 war

(je serais)

 

2

 da

 warsch

(tu serais)

 

3

 ar

 war

(il serait)

 

 

 sa

 war

(elle serair)

 

 

 as

 war

(ce serair)

Pluriel :

1

 mìr

 wara

(nous serions)

 

2

 ìhr

 wara

(vous seriez)

 

3

 sa

 wara

(ils/elles seraient)

 

 

 

Hàà (avoir)

Singulier :

1

 ìch

 hatt

(j’aurais)

 

2

 da

 hattsch

(tu aurais)

 

3

 ar

 hatt

(il aurait)

 

 

 sa

 hatt

(elle aurait)

 

 

 as

 hatt

(ça aurait)

Pluriel :

1

 mìr

 hatta

(nous aurions)

 

2

 ìhr

 hatta

(vous auriez)

 

3

 sa

 hatta

(ils/elles auraient)

 

 

Wara (devenir)

Singulier :

1

 ìch

 wurd

(je deviendrais)

 

2

 da

 wurd

(tu deviendrais)

 

3

 ar

 wurd

(il deviendrait)

 

 

 sa

 wurd

(elle deviendrat)i

 

 

 as

 wurd

(ça deviendrait)

Pluriel :

1

 mìr

 wurd

(nous deviendrions)

 

2

 ìhr

 wurd

(vous deviendriez)

 

3

 sa

 wurd

(ils/elles deviendraient)

 

 

Tüe (faire)

Singulier :

1

 ìch

 tat

(je ferais)

 

2

 da

 tatsch

(tu ferais)

 

3

 ar

 tat

(il ferait)

 

 

 sa

 tat

(elle ferait)

 

 

 as

 tat

(ça ferait)

Pluriel :

1

 mìr

 tatta

(nous ferions)

 

2

 ìhr

 tatta

(vous feriez)

 

3

 sa

 tatta

(ils/elles feraient)

 

 

N.B. : Pour wara, il existe, dans le sud de la région, une seconde forme de conditionnel, plus complexe, donc plus expressive, mais pas forcément plus hypothétique :

Ìch wurdigt, da wurdigtsch, ar/sa/as wurdigt, mìr/ìhr/sìe wurdigta,

forme qui n’est pas sans rappeler les verbes de modalité.

 

 

 

N.B. : Pour wara, il existe dans le sud de la région une seconde forme de conditionnelle plus complexe donc plus expressive mais pas forcément plus hypothétique :

 ìch würdigt, da würdigscht, ar/sa/as würdigt, mìr/ìhr/sìe würdigta,

 forme qui n'est pas sans rappeler les verbes de modalité.

 

 

Les verbes de modalité

Le conditionnel des verbes de modalité – ou plus exactement leurs deux formes de conditionnel – sont étudiés à la leçon 63, N.1 d.

 

Le conditionnel des verbes de modalité - ou plus exactement leurs 2 formes de conditionnel - sont étudiés à la leçon 63, N 1 d.

 

 

Les verbes „kumma“ et „geh »

 

Quelques rares autres verbes ont gardé leur propre forme de conditionnel dont ces ceux-ci :

 

Kumma (venir)

Singulier :

1

 ìch

 kam

(je viendrais)

 

2

 da

 kamsch

(tu viendais)

 

3

 ar

 kam

(il viendrait)

 

 

 sa

 kam

(elle viendrait)

 

 

 as

 kam

(ça fviendait)

Pluriel :

1

 mìr

 kama

(nous viendrions)

 

2

 ìhr

 kama

(vous viendriez)

 

3

 sa

 kama

(ils/elles viendraient)

 

 

Geh (aller)

Singulier :

1

 ìch

 giang

(j’irais)

 

2

 da

 giangsch

(tu irais)

 

3

 ar

 giang

(il irait)

 

 

 sa

 giang

(elle irait)

 

 

 as

 giang

(ça irait)

Pluriel :

1

 mìr

 gianga

(nous irions)

 

2

 ìhr

 gianga

(vous iriez)

 

3

 sa

 gianga

(ils/elles iraient)

 

 

Tous les autres verbes

 

Mais l'immense majorité des verbes - et plus on va vers le nord de l'Alsace, plus ils sont nombreux – n’ont plus de conditionnel propre, c'est à dire sous forme d'un temps simple. Ils y suppléent en utilisant tat, etc. – conditionnel de tüe - tout en restant eux-mêmes à l'infinitif et à la fin de la proposition :

Dàs tat mìr ebbis màcha! (Cela me ferait de la peine [quelque chose]!)

Ma tat’s nìt meina! (On ne [le] croirait pas !)

 

 

 

Les emplois du conditionnel

 

L’expression du souhait et du regret

Le présent du conditionnel convient bien pour exprimer un souhait ou une requête :

Ìch giang garn a Bìtzi spàziara. (J'aimerais bien aller me promener un peu)

Ìch hatt garn a Wecka un a Laib. (J'aimerais un pain long et une miche)

NB : cette dernière formulation est très utile au marché et dans les magasins !

Le passé du conditionnel exprime volontiers un regret :

Ìch war aso garn uf Àmerikà gànga. (J'aurais tant aimé aller en Amérique.)

 

Sous forme exclamative, l'un et l'autre temps marque vraiment le regret :

Hatt i doch numma-n-a Humpa ! (Si seulement j'avais un demi !)

War i doch numma dheima blìewa ! (Que ne suis-je resté chez moi !)

 

 

 

 

 

L’expression de la condition

 

Comme son nom l'indique, la condition est le domaine privilégié du conditionnel :

 

Wenn i dr Zitt hatt, kam i zu dìr. (Si j'avais le temps, je viendrai chez toi )

Wenn i dr Zitt ghàà hatt, war i kumma.  (Si j'avais eu le temps, je serai venu(e).)

Le conditionnel se met dans les deux propositions, ce qui n'est pas le cas en français.

Il s’agit à chaque fois d’une éventualité jugée irréalisable, sinon on utiliserait l’indicatif :

Wenn i dr Zitt hàn, kumm i zu dìr. (Si j’ai le temps, je viendrai chez toi.)

 

 

Le discours indirect

 

Enfin, le conditionnel se met dans le discours indirect quand le subjonctif fait défaut :

Dr Nochber sajt, ar tat nìmm ràuicha. (Notre voisin dit qu'il ne fume plus.)

D Tànta schribbt, sa kam àm Sàmschtig zu uns un giang àm Mantig wìder furt. (Notre [la] tante écrit qu'elle viendra samedi chez nous et repartira lundi).

 

 

 

Quelques expressions à bien retenir et à utiliser souvent

 

- As ragent ìn ei Loch ina.

Il pleut sans arrêt.

 

- Vergìss di Bàràbbli nìt!

N'oublie pas ton parapluie.

 

- Wàs wìll i Ànderschts màcha?

Que puis-je faire d'autre ?

 

- Brüüchsch dü noch ebbis?

As-tu encore besoin de quelque chose ?

 

- Wiaviel Mol müeß i dìr dàs noch sàga?

Combien de fois dois-je te le répéter ?

 

- Sa liaga wia gedruckt.

Ils mentent comme ils respirent.

 

- Wàs hàsch vor? - Wàs han Ìhr vor?

Qu'est-ce que tu projettes / vous projetez ?

 

- Bìsch sìcher, àss / Sìn Ìhr sìcher, àss

Es-tu certain(e) / Êtes-vous certain(e)s que

 

- Hàsch, wàs da brüüchsch?

Às-tu ce qu'il te faut ?

 

- Weisch denna dàs nìt?

Mais tu ne sais pas cela ?

 

- As ìsch nìt verlora.

Ce n'est pas perdu.

 

- Dàs nìmmt mi a Wunder / kè Wunder.

Cela m'étonne / ne m'étonne pas.

 

- Dàs wìrd a Wart hà.

Qu'est-ce que cela peut faire ?

 

- Kumm (Kumma) gschnall ku lüega!

Viens (Venez) vite regarder !

 

- Jetza kummt mìr gràd ebbis i.

Je me souviens soudain de quelque chose.

 

- Wenn i mi rìchtig bsìnn.

Si je me souviens bien.

 

- Uf dr Nàmestàg ebbis schanka.

Offrir quelque chose pour la fête.

 

- Uf dr Geburtstàg ebbis schanka

Offrir quelque chose pour l'anniversaire.

 

- Wer ìsch àm Àppàràt?

Qui est à l'appareil ?

 

- Dàs ìsch natt vu dìr.

C’est gentil de ta part.

 

- Vu Hànd wascha.

Laver à la main.

 

- Àm And vum Liad.

En fin de compte.

 

- Ìn dam Fàll, …

Dans ce cas, …

 

- As ìsch nìt schlìmm.

Ce n'est pas grave.

 

- As sèig nìt schlìmm.

Il paraît que ce n'est pas grave.

 

- Ìch hàn’s uf dr Bruscht.

Je souffre de la poitrine.

 

- Ìch hàn’s àm Harz / àm Màga

Je souffre du cœur / de l'estomac

 

- D Krànkakàssa zàhlt àlles / nichs zruck.

La Sécurité sociale (ne) rembourse tout / rien

 

 

 

 

Àchtasìwwazigschta (78.) Stund

 

Dàs ìsch Europà!

 

1 - Mi Pàpa schàft ìn dr Schwitz un mina Màma aui, schu johralàng. ②③

2 - Un mina Eltra schàffa do, ìn dr Stàdt, nìt witt vu dheima.

3   Dernoh mian àwer dina Eltra àlla Tàg zweimol mìt em Auto ìwer d Granza fàhra?

4 - Ja, àwer àm Zoll düürt’s hìtta nìmma meh aso làng àss friahier, s’geht viel schnaller.

5   Un uf dr frànzeescha Sitta vu dr Granza steht ìwerhàuipt numma noch salta-n-a Douanier.

6 - Verdiana dina Eltra därt ana aui Euro oder vìllìcht sogàr Dollar?

7 - Do laar un dert’ laar? Nei, sa verdiana Schwitzer Frànka, dia sìn aui zìemlig viel wart. ⑧⑨

8 - Mina Tànta schàfft ìm Ditschlànd; sa brüücht numma ìwer dr Rhii fàhra.

9   Un därta gsìeht ma gàr nichs meh vun‘ra Granza un vu’ma Zoll.

10 - Aso ìsch’s aui, wenn ma uf Belgia fàhrt un uf Hollànd oder uf Schweda.

11 - Oder gega dr Süda, uf Itàlia un uf Spània: dàs ìsch s hìttiga Europà!

12 - Un mìtem Euro kààt ma ìweràll zàhla, ohna àss ma Gald brüücht wachsla.

13 - Numma nìt ìn dr Schwitz, denn därta koschtet dr Schokàlà àllawil noch Frànka.

 

 

 

Ça, c’est l’Europe !

 

1 - Mon père travaille en Suisse et ma mère aussi, depuis des années.

2 - Et mes parents [à moi] travaillent ici, en ville, non loin de la maison.

3  Mais, dans ce cas, tes parents doivent chaque jour passer la frontière deux fois en voiture ?

4 - Oui, mais, à la douane, cela ne dure plus, aujourd’hui, aussi longtemps que jadis, cela va bien (beaucoup) plus vite.

5   Et du côté français de la frontière, il n’y a de toute façon plus que rarement un douanier.

6 — Tes parents gagnent-t-ils des euros, là-bas (en face), ou peut-être même des dollars ?

7 - Vide ici et vide là (-bas) ? Non, ils gagnent des francs suisses, qui valent également assez cher (sont … assez beaucoup de valeur).

8 — Ma tante travaille en Allemagne ; il lui suffit (elle a seulement besoin) de passer (rouler par-dessus) le Rhin.

9 - Et là-bas, il n’y a plus trace (on ne voit plus rien du tout) d'une frontière ni (et) d’une douane.

10 – Il en est de même (ainsi c'est aussi) quand on va (roule) en Belgique et aux Pays-Bas ou en Suède.

11 - Ou vers le Sud, en Italie et en Espagne : c’est [cela,] l’Europe d’aujourd'hui !

 

 

 

 

 

Notes

 

Comme les noms de localités et ceux de la plupart des pays, les noms de continents ne prennent pas d'article en alsacien (voir leçon 21, N.6).

 

L'alsacien distingue bien, d'une part, dr Vàter (père) et dr Pàpa (papa), d'autres part d Müeter (mère) et d Màma (maman). Mais l'emploi de Vàter et de Müeter est nettement plus rare que leurs équivalents français, car on les ressent comme distants.

 

L'expression schu johralàng (depuis des années ; mot à mot : déjà des années durant) pourrait être remplacé par sither Johra (mot à mot : depuis années), plus proche de la construction française, mais moins usuel. Il en va de même des mois, semaine, jours et heures (voir leçon 70, N.4, lignes 6 et 7).

 

Pour insister sur le possessif, par exemple dans mina Eltra, il suffit de l'accentuer plus fortement que le nom qui suit. Ce n'est pas possible en français, où l'on ajoutera la forme tonique du pronom : mes parents à moi.

 

Employé concrètement, dernoh (après cela, ensuite) a un sens temporel. Mais les emplois abstraits sont nombreux, au sens de conséquence logique (dans ce cas, alors ; voir leçon 17, note 6, et leçon 28, N.3).

 

Comme les facteurs, les coiffeurs et les dentistes, les douaniers sont fréquemment désignés par le terme français, surtout dans le sud de l'Alsace. Mais on peut entendre dr Zällner (douanier), à l'occasion, formé d'après dr Zoll (douane).

 

L'alsacien distingue (judicieusement) verdiana (mériter, gagner par son travail) et gwìnna (gagner au jeu ou par les affaires, donc sans trop de mérite).

 

Demandez à un alsacien s'il a des dollars. Il vous répondra « Ja, do laar un därt laar » en retournant ses poches vides.

 

Le nom dr Wart (valeur) parfois employé comme adjectif attribut : viel / wenig (ou plutôt nìt viel) wart sìì (avoir beaucoup / peu de valeur).

 

Guère plus doués en géographie que leurs concitoyens dit de l'Intérieur, les Alsaciens appellent Hollànd (Hollande) un pays qu’ils devraient désigner par Nìederlànd (Pays-Bas), le réduisant ainsi à ses deux provinces occidentales voisines de la mer du Nord. Ce n'est pas gentil à l'égard d'un peuple dont la langue est très proche de l'alsacien.

 

L'adjectif hìttig (d’aujourd'hui) est dérivé de l’adverbe de temps hìtta (aujourd'hui) à l'aide du suffixe -ig, typique des adjectifs et adverbes. On forme de même geschtrig (d’hier) sur geschtert (hier). Souvenez-vous de vìelfarwig (multicolore ; voir leçon 32, phrase 9) formé à partir de d Fàrb (couleur), pluriel d Fàrwa (voir leçon 41, phrase 3).

 

 

 

Iewung

 

Viel Fràuia un Mànner gehn àlla Morga friaih uf dr Zug oder uf dr Autobüs.

Oder se fàhra mìt ìhrem eigena Wàga allei uf d Àrwet.

Hunderta dervu schàffa schu johralàng ìn dr Schwitz oder ìm Ditschland.

Därta känna sa namlig d Fàwrìka, d Gschafter un d Büro güet brüücha.

Denn d Elsasser un d àndra Menscha, wu schu lang bi uns wohna, schàffa garn.

As stìmmt awer aui, àss sa därta viel meh verdiana às do, gànz eifach wial sa därta besser zàhlt wara.

 

 

Corrigé

 

Beaucoup de femmes et d’hommes vont tous les matins tôt [prendre] (sur) le train ou (sur) le car.

Ou [bien] ils vont (roulent) seuls au travail dans (avec) leur propre voiture.

Des centaines d’entre eux travaillent déjà depuis des années en Suisse ou en Allemagne.

Là-bas, les usines, les magasins et les bureaux en ont bien l'usage (peuvent bien les utiliser).

Car les Alsaciens et les autres gens (humains) qui demeurent chez nous depuis longtemps aiment travailler.

Mais il est exact, aussi, qu'ils gagnent bien davantage là-bas qu'ici, tout simplement parce qu'ils y sont mieux payés.

 

 

 

Fìlla das üs, wénn’s bliebt

Pour téléphoner à (appeler) quelqu'un, on a besoin d'un appareil.

Fer ..... ààz'riafa ...... ma a .......

 

Les enfants ne (y) pensent pas toujours à (pour) appeler leurs parents.

D Kìnder ..... nìt ....... dràà, fer .... ..... ààz’riafa.

 

Jadis, toutes les femmes devaient faire la lessive à La main.

……. han .... ..... d Wäsch .. .... mießa ..... .

 

Car, à l'époque, il n'existait (ça donnait) pas encore de machines à laver.

.… as hàt ......... noch .. Waschmàschìna … .

 

Aujourd'hui, ce travail n'est de (encore) loin plus aussi pénible.

.... ìsch ... Àrwet noch .... nìmma meh …….. ……

 

Mais il existe encore assez de choses que l’on doit faire à la main.

…. as gìtt .... .... Sàcha, .. ma vu Hànd …. ….

 

 

 

Corrigé

 

ebber – brüücht – Àppàràt     danka – àllawil – ìhra Eltra       Friahier – àlla Fràuia – vu Hànd – màcha     Denn – sallamols – kè – gaa     Hìtta – dia – làng – aso schwar    Àwer – noch gnüe – wu – müeß màcha

 

 

 

 

 

Le travail frontalier revêt une importance capitale en Alsace. Nombreux sont en effet les femmes et les hommes qui se rendent quotidiennement en Allemagne ou en Suisse pour y gagner leur vie. Et, grâce à l'évolution des taux de changes au cours des trente dernières années, ils l’y gagnent bien mieux que leurs collègues travaillant en France. Ce phénomène, numériquement significatif, permet réellement de limiter le chômage en Alsace même au cours des crises économiques. Mais il pose de sérieux problèmes aux entreprises alsaciennes, qui voient ainsi leur échapper une main d'œuvre de grande qualité. Combien de jeunes gens, ouvriers ou artisans, combien de jeunes filles, vendeuses, coiffeuses, préparatrices en pharmacie, se font ainsi happer dès la fin de leur formation professionnelle, surtout celles et ceux à qui leurs parents ont transmis le dialecte alsacien. Car, que ce soit en Suisse ou en Allemagne proche, l’alémanique couramment utilisé dans la rue, sur le lieu de travail et dans les magasins est pratiquement le même que dans les communes voisines d’Alsace.

 

 

 

 

Niinasìwwazigschta (79.) un letschta Stund

 

Wia màcha mìr jetza witterscht?

 

1 - D Beschta Sàcha han àlla-n-a And, un dàs do ìsch hìtt unsera letschta Stund.

2 - Àwer dàs wìll noch làng nìt heißa, àss i üssglehrt bìn: Ìch màch witterscht! ③④

3 - Ja sowìeso, denn èrschtens müeß d zweita Walla witterschtgfiahrt wara,

4   un zwàr regelmaßig, àlla Tàg, bis àn s And vum Büech.

5 - Un hìnter dara Sitta gìtt’s noch a Hüffa z’lehra: denn bim Assimil lehrt ma viel!

6 - Dàs stìmmt! Un zweitens därft kei Glagaheit verlora geh, elsasserditsch z’heera un z’reda. ⑥⑦

7 - Ja wu gìtt’s dàs hìtta noch, vìllìcht uf dr Stroß oder ìn da Gschafter?

8 - Wurum nìt? Àwer aui uf em Markt, bi da Büüra, wu noch ìhra eigana Wàr verkauifa,

9   un ìm Elsassertheàter, wu àllawil wìdder flotta, luschtiga Stìckla gspìelt wara. ⑧⑨

10 – D Unterelsasser reda noch meh ditsch às d’Owerlànder: Dàs ìsch doch komisch.

11 - Un ma versteht sa liicht, wia ma d Schwitzer un d Ditscha nawa dràà güet versteh.

12 - Ja, un ìch hàn sogàr schu gmerkt, àss dia àlla uns aui prima verstehn:

13   Do merkt ma èrscht, àss s Elsasserditscha wìchtig ìsch.

14 - Wenn sìn d Elsasser wìdder stolz uf ìhra Sproch un reda, wia-n-ana dr Schnàwel gwachsa-n-ìsch?

15   Àlso, màcha’s güet un lehra bràv witterscht, denn Ìhr wara gsah: As lohnt si!

16 - Dàs wìll i hoffa! Àdie denna, un vielmol merci … ìm Assimil!

 

 

 

Comment continuerons-nous, à présent ?

 

1 - Les meilleures choses ont toutes une fin, et aujourd’hui, ceci est notre dernière leçon.

2 - Mais cela ne veut de loin (encore longtemps) pas dire (signifier) que j'ai fini d'apprendre : je continue !

3 — Oui, de toute façon, car premièrement il faut que la seconde vague soit poursuivie (menée plus loin),

4   à savoir régulièrement, chaque jour, jusqu'à la fin du livre.

5 — Et après (derrière) cette page, il y a encore un tas [de choses] à apprendre : car avec (chez l’) Assimil, on apprend beaucoup !

6 - C'est exact ! Et deuxièmement, aucune occasion d'entendre et de parler l’alsacien ne doit être perdue (se perdre).

7 - Mais où cela existe [-t-il] encore de nos jours, peut-être dans la rue (sur la route) ou dans les magasins ?

8 — Pourquoi pas ? Mais également au (sur le) marché, auprès des paysans qui vendent encore leurs propres produits (marchandise).

9   et au (dans le) théâtre alsacien, où on ne cesse de jouer (sont toujours de nouveau jouées) des (petites) pièces chouettes et amusantes.

10 — Les Bas-rhinois parlent encore davantage l'alsacien que les Haut-rhinois : c’est (quand même) étrange.

11 – Et on les comprend aisément, comme on comprend bien les Suisses et les Allemands du voisinage ([d’] à côté).

12 - Oui, et j'ai même déjà remarqué que tous ces gens (ceux-ci) nous comprennent parfaitement.

13  [C’est là que l’] (ici) on remarque seulement que l'alsacien est important.

14 — Quand les Alsaciens seront [-ils] de nouveau fiers de leur langue et parleront comme dans leur enfance (comme le bec leur a poussé) ?

15  Allons (donc), portez-vous bien (faites-le bien) et continuez à apprendre sérieusement (apprenez gentiment plus loin), car vous verrez : cela en vaut la peine (c'est profitable) !

16 - Je l'espère bien (ceci, je veux espérer) ! Adieu (donc), et mille (beaucoup de) fois merci … à (l’) Assimil !

 

 

 

 

Notes

 

L’adverbe witt (loin) a comme comparatif witterscht (plus loin), ici préfixe séparable du verbe witterschtmàcha (continuer, mot à mot : faire plus loin, voir phrase 3). Avec un verbe de modalité, nous aurions les deux parties réunies à la fin ; par exemple dans Wia känna mr witterschtmàcha? (Comment pouvons-nous continuer ?). De même au passé : Wia hàsch witterschtgmàcht? (Comment as-tu continué ?).

 

Le pronom démonstratif proche dàs (ceci) est ici renforcé par l'adverbe de lieu do (ici ; voir leçon 63, N.2).

 

Le verbe heißa (s’appeler [voir leçon 1, phrase 2]) s’emploie aussi dans des expressions impersonnelles comme as heißt (on dit, il paraît, voir leçon 76, phrase 11) et dàs heißt (cela signifie, c’est-à-dire).

 

Üs nous est connu comme préposition marquant un mouvement de sortie (voir leçon 37, phrase 9) ou la matière (voir leçon 32, phrase 7). Le préfixe verbal üs exprime l'achèvement de l'action : üsglerht (qui a fini ses études, son apprentissage).

 

Connaissant le verbe fiahra (mener, conduire, voir leçon 30, phrase 2) et compte tenu de ce que nous savons de witterscht (voir note 1 ci-dessus), nous comprenons witterschtfiahra (poursuivre, continuer). Le participe passé witterschtgfiahrt (continué) et l’auxiliaire wara forment ensemble le passif (voir leçon 70, N.2). Mais pourquoi l’auxiliaire est-il à l’infinitif ? Simplement à cause du verbe de modalité müeßa (devoir).

 

Les deux infinitifs introduits par la préposition z’ complètent ici le nom d Glagaheit (l'occasion de). Remarquez la distance - impensable en français - qui sépare ce nom de ses compléments (voir, ci-dessus, traduction, phrase 6).

 

L'ensemble verbal verlora-geh (être perdu ; mot à mot : perdu aller) est ce qu'interdit le verbe de modalité därfa (avoir le droit), grâce à la négation contenue dans (aucun).

 

Le nom s Stìck (morceau) et son diminutif s Stìckla ne sont pas réservés aux pièces de boucherie (voir leçon 24, phrase 6, et leçon 33, phrase 8), mais peuvent aussi être bijou (voir leçon 47, phrase 2 et note 3, où resurgit la gourmandise, avec la pâtisserie). Ici, il s'agit certes encore de pièces, mais de pièces de théâtre : un régal d'un autre niveau et bien plus diététique.

 

Voici un bel exemple de passif : D Stìckla wara gspìelt (les pièces sont [deviennent] jouées).

 

On emploie indifféremment Unterelsasser ou Unterlander pour les Bas-Rhinois, Owerelsasser ou Owerlander pour les Haut-Rhinois. Unta (en bas) et owa (en haut) se réfèrent uniquement à l’altimétrie sans aucune idée de prééminence. Dans cette phrase, ditsch est mis pour elsasserditsch (voir leçon 66, phrase 4, où Tànnabàuim est repris par Bàuim, et note 3).

 

Il suffit d'un peu de bonne volonté et d'un minimum d'entraînement. Et de surcroît, la compréhension de l’allemand standard est pratiquement acquise d'office.

 

 

 

Iawung

 

Ho jé, mìr sìn leider Gottes schu àm And vu dam Büech ààkumma.

Un jetza wìssa mìr nìmma meh rìchtig, wia àss mìr solla witerschtmàcha, fer noch a Bìtsi ebbis z’lehra.

Àwer eins ìsch sìcher : Mìr därfa joo nìt eifach hàlta un fer àllawil do steh bliiwa.

Wenn ma rìchtig ufpàsst un süecht, gìtt’s àlla Tàg genüe Glagaheita fer Elsàsserditsch z’heera reda.

Antwader uf em Màrkt oder ìn’ma Autobüs, vìllìcht àwer aui gànz eifach bim Beck, ìn dr Metzga oder ìn da àndra Gschafter.

Un ìch, wu dàs Büech gschrìewa hàn, wìnsch Ìhna ìn àlla jetza noch gschnàll àlles Güeta. Salüt binander ! Màcha-n-aso witterscht !

 

 

Corrigé

 

Oh, là, là ! Nous sommes malheureusement déjà arrivés à la fin de ce livre.

Et maintenant nous ne savons plus vraiment comment (nous devons) continuer à (pour) apprendre encore un peu quelque chose.

Mais une chose est certaine : nous n'avons surtout pas le droit d'arrêter simplement et [en] rester (debout) là (ici) pour toujours.

Si l’on fait vraiment attention et [qu'on] cherche, il y a (ça donne) tous les jours des occasions d'entendre parler [l’]alsacien.

Soit au marché soit dans un bus, mais peut-être aussi tout simplement chez le boulanger, à la boucherie ou dans les autres magasins.

Et moi, qui ai écrit ce livre, je vous souhaite maintenant encore vite à tous plein de bonnes choses (tout de bien). Salut à tous (ensemble) ! Continuez ainsi !

 

 

 

 

Fìlla dàs zum lètzte Mol üs, wénn-’s bliabt

 

Il était une fois une dame, qui vint à la (dans une) pharmacie.

‘s .... amol a ..... gsìì, .. ìn a Apothek ….. ìsch.

 

Mais, auparavant, elle n'était pas (allée) chez le médecin en consultation.

Sa ìsch àwer ...... nìt ... …….. Sprachstund ... .

 

Car elle n'aime pas les piqûres et n'aime pas non plus prendre des cachets.

.... sa hàt ... garn ........ un ….... aui nìt …….. …….. i.

 

Par conséquent, elle n'a (aussi) pas [non plus] reçu d'ordonnance du médecin.

Also hàt .. aui .. Rezapt … Dokter ………..

 

Le pharmacien lui a conseillé quelques fleurs et feuilles comme tisanes,

Dr ........ ... ìhra a pààr ...... un ……… àls ... grota.

 

Mais personne ne sait si la Sécurité sociale lui remboursera tout cela un jour (une fois).

Àwer ..... weiß, .. d ........... ìhra ... àlles a... zruckzàhlt.

 

 

 

Corrigé

 

ìsch – Màdàm – wu – kumma (ou « ku »)        vorhar – bim Dokter – dr – gsìì         Denn – nìt – Sprìtza – nìmmt – garn Pìlla      sa – kè – vum – bikumma (ou « biku »)    Àpotheker hàt – Blüema – Blätter – Tee     niama – äb – Krànkakàssa – dàs – mol

 

 

 

Le théâtre alsacien reste plus populaire et plus vivant que jamais. Dans chaque ville et presque dans chaque village d’Alsace, une ou plusieurs troupes présentent à un public fidèle et enthousiaste une ou plusieurs pièces au cours de chaque saison. Depuis plus d'un siècle, le répertoire - le plus souvent comique - ne cessent de s'enrichir. Tous bénévoles, tous dévoués et souvent talentueux, les auteurs, acteurs, souffleurs, metteurs en scène, régisseurs, créateurs de décors, techniciens, accessoiristes, habilleuses, coiffeuses, maquilleuses et autres consacrent – chaque année et durant plusieurs mois - tous leurs loisirs à donner le meilleur d'eux-mêmes. Le contenu des pièces dépasse souvent la recherche de simples effets comiques, offrant un reflet de ce qu’était et de ce qu'est encore la vie familiale et sociale en Alsace. Ces temps derniers, des efforts particuliers sont même faits pour aborder les vrais problèmes de la société contemporaine. Car ce n'est pas parce qu'un théâtre s'exprime on dialecte qu’il ne saurait traiter que de sujets futiles. Les ancêtres des autochtones actuels ne furent pas des demeurés. Ils ont dû et ils ont su faire face aux guerres incessantes, aux invasions de toutes parts et au bouleversement économique les plus complexes. Tout cela se retrouve sur scène, un peu partout en Alsace, chaque fin de semaine. Il ne faut pas hésiter y aller le plus souvent possible, même si, au début, on ne comprend pas forcément toutes les subtilités. Il serait bien dommage de ne pas persévérer.

 

 

 

 


 

Précis de grammaire alsacienne

 

Les notions de grammaire vous sont données pour vous aider à comprendre et à vous exprimer. Tout au long du livre et à chaque leçon, des notes vous apportent des précisions et explications ponctuelles tandis que les leçons de révision présentent les règles de façon plus systématique. Plutôt que de tout reproduire ci-dessous nous vous inviterons souvent à consulter lesdites notes en vous donnant les références nécessaires. Dans le présent chapitre nous nous efforçons de répondre aux questions que vous vous poserez. Car notre préoccupation comme la vôtre est avant tout pratique. Consultez-le abondamment. Mais n'oubliez pas de le lire lentement. Car ces notions sont faites pour être comprises, non pour être apprises. Les savoir par cœur ne vous servirait à rien.

 

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Pour parler, l’on utilise des phrases. Chaque phrase permet d'exprimer une idée, constatation - affirmative ou négative - interrogation (question) où injonction (ordre ou demande voire supplique).

 

La phrase simple

 

La phrase simple ou proposition indépendante est l'unité d'expression par excellence. Sa structure fondamentale est la suivante : on nomme un être, un objet ou une notion, sous la forme d'un groupe nominal, et on dit ce qu'il fait, ce qu'il subit, comment il est, etc. à l'aide d'un groupe verbal.

 

1.    Un groupe nominal

 sert à nommer un être – a kleina Kàtz (un petit chat) -, un objet – da runda Tìsch (cette table ronde) ou une notion – dina Gsundheit (ta santé). Il a souvent pour noyau un nom ou substantifKàtz, Tìsch - lequel peut être accompagné d'un articlea … - ou d'un adjectif tenant lieu d'article – da, dina … -, d’un adjectif qualificatifkleina, runda …-, parfois de plusieurs, mais aussi d'un complément du nom et même d'une proposition subordonnée relative. Fréquemment, un simple pronom tient lieu, à lui tout seul, de groupe nominal.

 

 

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1.1        Les noms

 - encore appelés substantifs - peuvent être de deux sortes : les noms propres et les noms communs.

 

1.1.1        Les noms propres

 désignent un être où objet précis identifié une fois pour toutes : Seppala (Jojo), Stroßburg… Il est utile, pour vous, de distinguer parmi eux :

1.1.1.1         Les noms propres de personnes, animaux, œuvres,

 etc., qui sont précédés de l'article défini – dr Seppala - sauf dans deux cas : quand on s'adresse à la personne – Fernand ! - ou que le nom est utilisé comme attribut avec le verbe heißa (s'appeler) : Ìch heiß Odile (Je m'appelle Odile). Les titres sont assimilables aux noms propres : d Màdàm Fuchs, dr Dokter Wolf (voir leçon 8, note 4).

 

1.1.1.2         Les noms propres géographiques –

 localités, villes et villages, pays et continents - sont généralement employés sans article, sauf pour l’Alsace elle-même – s Elsàss -, ses pays limitrophes – s Frànkrìch (la France), s Ditschlànd (l'Allemagne), d Schwitz (la Suisse) - et les noms de cours d'eau, de mers, de lacs, de montagnes, etc : dr Rhii (le Rhin), dr Großa Belcha (le Grand Ballon) (voir leçon 10, note 5, et leçon 21, N.6).

 

1.1.2        Les noms communs

 évoquent des catégories d'êtres, d'objets ou de notions : Fràui (femme), Hüss (maison), Àngscht (peur). Ils commencent par une majuscule. Chacun d'entre eux a un genre, un nombre et un cas grammaticaux.

 

1.1.2.1         Le genre

 fait partie du nom, qui est masculin, féminin ou neutre. Il convient de mémoriser tout nom avec son genre, ce qui n'est possible qu'en le faisant précéder de son article défini (voir ci-dessous 1.2.1.2).

 

 

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1.1.2.2         Par nombre,

 on entend la distinction entre le singulier et le pluriel. Pour chaque nom, il existe une manière précise de former le pluriel :

-          suffixe : Fràui (femme) / Fràuia (femmes),

-          métaphonie (changement de la voyelle accentuée) : Wàga (voiture) / Waga (voitures),

-          métaphonie et suffixe : Mànn (homme) / Manner (hommes),

-          rien (aucune différence au nom) : Blüema (fleur) / Blüema (fleurs), (voir leçon 5, note 5, leçon 10, note 6 et leçon 77, N.2).

 

1.1.2.3         Le cas

 sert, en principe, à indiquer le rôle du nom dans la phrase, sa fonction. Il s'agit du nominatif (cas du sujet et de l’attribut), de l'accusatif (cas du complément d'objet dit « direct » en français), du datif (cas du complément d'attribution) et du génitif (cas du complément du nom mais très rare en alsacien, voir leçon 31, note 4, leçon 28, N.2, et leçon 42, N.3).

 

1.1.2.4         Les noms composés

 sont très fréquents ; ce sont des noms devant lesquels on « colle » une précision : Màntel (manteau), Ragamàntel (imperméable, mot à mot pluie-manteau).

 

1.1.2.5         Les noms dérivés

 comportent un suffixe qui en modifie le sens : Büech (livre), Biachla (livret) ou Büür (paysan), Birena (paysanne), (voir leçon 3, note 2, et leçon 11, note 5)

 

1.1.2.6         Les noms issus de substantivations :

il s'agit de verbes ou d’adjectifs précédés d'un article et désignant des êtres ou des concepts ; à ce titre, ils sont dotés d'une majuscule.

 

1.1.2.6.1        Les noms d'origine verbale

 peuvent être des infinitifs ou des participes dits « passés » :

1.1.2.6.1.1       Les infinitifs substantivés

 sont tous neutres : s Assa (nourriture, repas), s Lawa (la vie) (voir leçon 48, note 8).

1.1.2.6.1.2       Les participes substantivés

 se comportent exactement comme les adjectifs substantivés (voir 1.1.2.6.2. ci-après) : a Gfàngener (un prisonnier), a Gstudiarter (un savant).

 

1.1.2.6.2        Les noms d'origine adjectivale

 ou adjectifs substantivés sont précédés :

-          soit d'un article, définidr Jung (le gamin), s Junga (la gamine) - ou indéfinia Junger (un gamin), a Jungs (une gamine). Sa « terminaison » est alors la même que celle d'un adjectif épithète (voir leçon 70, N.1), sauf au neutre, où le -s que nous appellerons « colmarien » ne saurait manquer : a Jungs.

 

-          soit de ebbis (quelque chose de…), nichs ou nit (rien de…), ebber (quelqu’un de…) ou encore niama (personne de…), auquel cas il prend le suffixe -s : ebbis Bessers (quelque chose de meilleur ou : quelqu'un de bien situé), nichs Nèis (rien de neuf…) (voir leçon 11, phrase 5, et leçon 18, note 4…).

 

 

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1.2        L'article et les autres déterminants

 (adjectifs pouvant tenir lieu d'articles) sont chargés d'indiquer non seulement le genre inhérent au nom, mais aussi quel est, dans la phrase, son nombre, son cas et sa définitude (défini ou non ?).

 

1.2.1        L'article

 proprement dit est un petit mot placé devant le nom, dont le seul rôle consiste à apporter des précisions grammaticales, ce qui est loin d'être purement formel, puisque qui dit « grammaire » dit aussi « signification » (voir leçon 7, N.3, et leçon 35, N.3).

Les types d'articles sont au nombre de deux, l’indéfini et le défini.

 

1.2.1.1         L'article indéfini

 s’emploie devant les noms qui désignent un être, un objet etc., dont on pense que l'interlocuteur n'est pas (encore) en mesure de l’identifier : a Zug (un train… mais lequel ?).

 

1.2.1.2         L’article défini

 est utilisé lorsque l'interlocuteur est censé savoir de qui ou de quoi il s'agit précisément : dr Tìsch (la table, celle dont il vient d'être question ou que nous avons sous les yeux).

 

1.2.1.3         Les rôles de l'article :

 outre le fait de faire d'emblée la distinction ci-dessus, l'article indique également le genre (1.1.2.1), le nombre (1.1.2.2) et le cas (1.1.2.3) du nom qu’il précède (voir leçon 28, N.2, et leçon 49, N.3).

 

1.2.2        Les déterminants

 (adjectifs à fonction d'articles). Il n'est pas rare que d'autres mots se substituent à l'article, apportant les mêmes précisions que lui, mais aussi un supplément d'information qui leur est propre. Ce sont :

 

1.2.2.1         Les adjectifs démonstratifs,

 dont on peut dire qu'ils « montrent (verbalement) du doigt » l’être, l'objet, etc. désigné par le nom. Ils le qualifient de proche ou de lointain, que ce soit dans l'espace ou dans le texte : dia Wìrtschàft do (cette auberge-ci) /salla Wìrtschàft därta (cette auberge-là ou là-bas). Cette nuance est plus nettement marquée en alsacien qu'en français contemporain (voir leçon 63, N.2).

 

 

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1.2.2.2         Les adjectifs possessifs,

 qui indiquent une relation - fréquemment d'appartenance, mais pas forcément – existant entre l'être, objet, etc. désigné par le nom et les personnes impliquées dans la conversation (1ère et 2e personnes) ou non (3e personne) : mi Vàter (mon père), dina Müeter (ta mère), sina Tochter (sa fille à lui), ìhra Suhn (son fils à elle) (voir leçon 49, N.2).

 

1.2.2.3         Les adjectifs interrogatifs,

 qui, au début d'une question, signalent que l'on est en quête d'un renseignement sur l'identité d'un être etc. – weller Beck ? (quel boulanger ?) - ou sur le type d'objet – wàs fer a Weckla ? (quel genre de petit pain ?) (voir leçon 64, note 6 et leçon 65, note 3).

 

1.2.2.4         Les adjectifs de quantité

 (souvent dits « indéfinis ») sont soit imprécis soit précis.

 

1.2.2.4.1        Les adjectifs de quantité imprécis,

 vrais adjectifs indéfinis, sont soit au singulier, comme a manger… (maint…), qui s'accorde en genre, soit au pluriel, comme wenig(peu de…), a pààr(quelques…), mehrera(plusieurs), viel(beaucoup de), a Hüffa(un tas de…). Notons que wenig, viel et a Hüffa s'emploient au singulier devant les noms de matière : viel Sàlz (beaucoup de sel).

 

1.2.2.4.2        Les adjectifs de quantité précis

 sont de deux types :

 

1.2.2.4.2.1       Les adjectifs numéraux cardinaux,

 de ei – tonique – ou a - atone -, l’article indéfini (un), a tàuisig (mille) et bien au-delà. Précis au plan numérique, ils sont pourtant indéfinis, puisqu'ils ne permettent pas d'identifier les êtres, objets, etc. comptés – drèi Monet (trois mois… oui, mais lesquels ?) (voir leçon 14, N.1, et leçon 28, N.1).

 

1.2.2.4.2.2       L’article négatif – atone

 – ou kei – tonique – (aucun, pas de …) et àlla (tous), qui sont non seulement précis numériquement, mais également définis, puisqu'il s'agit de tout ou de rien – Litt (pas de gens), àlla Menscha (tous les humains) : dans les deux cas, on sait qui en fait partie (voir leçon 12, note 6). Ici, il convient d'ajouter les adjectifs numéraux ordinaux : àm zweita Tàg (le deuxième jour), ìn dr zehnta Reiha (dans la dixième rangée). Ils ne désignent à chaque fois qu'un seul être (sauf en cas d'ex aequo !, où l'article se met au pluriel), mais l'identifie du même coup (voir leçon 14, N.1).

 

 

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1.3        L’adjectif qualificatif

 complète la signification du nom (voir leçon 70, N.1).

 

1.3.1        Les degrés

 de l’adjectif sont des formes permettant de préciser l'intensité de la « qualité » et de comparer celle-ci à celles d'autres êtres ou objets similaires.

 

1.3.1.1         Le positif

 est la forme de base de l'adjectif : siaß (sucré, doux), groß (grand).

 

1.3.1.2         Le comparatif

 permet d'exprimer l'égalité, la supériorité ou l'infériorité de la qualité.

 

1.3.1.2.1        Le comparatif d'égalité

 a recours au positif (1.3.1.1), que l'on fait précéder de a-so (aussi, autant) – a-so groß (aussi grand) - parfois renforcé par un adverbe, gràd (justement) ou exàkt (exactement) : exàkt a-so àlt (exactement du même âge).

 

1.3.1.2.2        Le comparatif de supériorité

 utilise le suffixe -er (plus) – siaßer (plus sucré) -, souvent avec inflexion de la voyelle du radical : greeßer (plus grand), älter (plus âgé). Tout comme en français, quelques adjectifs ont des comparatifs irréguliers : güet (bon) / besser (meilleur) (voir leçon 17, note 4, leçon 19, note 7, et leçon 25, note 6).

 

 

1.3.1.2.3        Le comparatif d'infériorité

 se contente de nier l'égalité grâce à nìt (ne … pas) – nìt a-so zittig (pas aussi mûr) -, ce qui devrait logiquement être ambigu dans les deux langues. Mais l'usage a tranché en faveur de l'infériorité (voir leçon 10, note 3).

 

1.3.1.2.4        Le complément du comparatif

 est le même pour les trois. Il est introduit par às (que) : Sa ìsch a-so natt às , (Elle est aussi jolie que toi,) àwer bìsch viel scheener às ìch. (mais toi, tu es bien plus belle / beau que moi.) (voir leçon 31, note 5).

 

 

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1.3.1.3         Le superlatif

 marque le degré extrême de la qualité… ou du défaut.

 

1.3.1.3.1        Le superlatif absolu

 intensifie, mais ne compare pas. Il utilise sehr (très) ou gànz (tout) : Mina Àrwet ìsch sehr schwar (Mon travail est très difficile), un Ìch bìn gànz dumm (et je suis tout bête).

 

1.3.1.3.2        Il existe un « superlatif lexical »,

 qui ne relève pas vraiment de la grammaire, mais joue un rôle similaire : c'est une manière très imagée d'exprimer le degré suprême. Il suffit de confectionner un adjectif composé évocateur : Is-kàlt (très froid mot à mot : glace-froid) Fiir-rot (rouge vif mot à mot : feu-rouge), Kohla-schwàrz (noir profond mot à mot : charbon-noir), Schnee-wiss (blanc comme neige), Gràs-grian (vert criard mot à mot : herbe-vert), Hüss-hoch (très haut mot à mot : maison-haut), gulda-gaal (jaune vif mot à mot : d’or-jaune). Notons que ces composés sont largement « lexicalisés », c'est à dire figés par l'usage, s’écrivant en réalité en un seul mot et commençant par une minuscule, puisqu'il s'agit d'adjectifs : iskàlt, fiirrot, etc. Ils ne sont pas sans évoquer ceux en heiter- (clair) et dunkel- (foncé) (voir leçon 17, note 2).

 

1.3.1.3.3        Le superlatif relatif

 est, lui, parfaitement grammatical. On emploie l'article défini - pour raison d'identification - et on ajoute le suffixe -scht à l'adjectif : dr heechschta Barg (la plus haute montagne) (voir leçon 18, note 3).

 

1.3.1.3.4        Le superlatif adverbial

 (en àm + superlatif en -scht) s'emploie surtout comme attribut (voir ci-dessous 1.3.2.1 et 2.2.2.1) ; sa forme est celle que voici : Da Barg ìsch àm heechschta. (Cette montagne est la plus haute.) (voir leçon 36, note 4).

 

1.3.1.3.5        Le complément du superlatif relatif

 s'introduit grâce à la préposition vu (de, d’entre) : dr heechschta Barg vu àlla (la plus haute montagne de toutes).

 

1.3.2        Les fonctions de l’adjectif

 sont essentiellement au nombre de deux, attribut et épithète.

 

1.3.2.1         L’adjectif attribut

 ne fait pas partie du groupe nominal. Nous ne devrions donc pas en traiter ici. Nous le faisons par commodité. Car si l'attribut exprime bien une qualité du nom, c'est par l'intermédiaire d'un verbe comme sìì (être), wara (devenir), bliiwa (rester), schiina (paraître)… : Da bìsch miad (Tu es fatigué(e)).

 

 

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1.3.2.1.1        La place de l’attribut

 n'étant pas au sein du groupe nominal, on le trouve généralement après le verbe à mode personnel (qui est, lui, en seconde position) et souvent à la fin. Si l'attribut se trouve en tête de phrase, il occupe la première place à lui tout seul, car il compte comme élément à part entière (voir leçon 14, N.3) ; en outre, dans cette position inhabituelle, il est fortement accentué pour raison d'insistance (voir leçon 37, note 3 et leçon 51, note 10).

 

 

1.3.2.1.2        La forme de l’attribut

 ne pose jamais problème, car il est invariable, ce qui veut dire qu'il ne s'accorde en rien, contrairement à ce qui se passe en français. Pour cette raison, on le considère souvent comme un adverbe - mot invariable par excellence -, ce qui est d'autant moins surprenant que beaucoup d’adjectifs peuvent aussi être adverbes sans changer de forme : güet signifie bon au bien selon le contexte (voir leçon 22, note 5).

 

 

1.3.2.2         L’adjectif épithète

 fait partie du groupe nominal.

 

1.3.2.2.1        Sa place

 est entre l'article (ou autre déterminant : 1.2.2) et le nom : a nèia Kucha (une cuisine neuve). Il peut même y en avoir deux et davantage : a scheena nèia Kucha (une belle cuisine neuve). Cet exemple nous montre que la place de l'adjectif épithète n'est pas fixe en français, en alsacien, si.

 

1.3.2.2.2        La forme

 de l'épithète varie également. C'est ce qu'on appelle sa déclinaison. En pratique, l’épithète est le plus souvent pourvu du suffixe -a, quelquefois de -er et d'autres fois encore de rien (suffixe « zéro »). Cela dépend de l'article - défini où indéfini - et aussi du genre, du nombre et du cas du substantif (voir toutes les précisions à la leçon 70, N.1)

 

 

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1.4        Le complément du nom

 remplit une fonction similaire à celle de l'épithète : apporter un complément d'information sur l'être, l'objet ou la notion que désigne le nom noyau du groupe, assez souvent une relation d'appartenance. Il s'agit d'un autre groupe nominal imbriqué dans le premier, de nos jours normalement après le nom lui-même.

 

1.4.1        Les êtres inanimés :

 Quand le nom du groupe complément du nom ainsi rajouté désigne une chose ou une notion, bref, un « être inanimé », le lien avec le nom qui précède est exprimé par une simple préposition, le plus souvent vu (de) : dr Stolla vum Stüehl, le pied de la chaise ; mais pas toujours. L'alsacien aime bien donner des précisions de lieu, de temps ou autres : d Làmpa ìm Büro (la lampe du [dans le] bureau), s Assa àm Sunntig (le repas de [au] dimanche), a Briaf üs Àmerikà (une lettre d'Amérique [issue de]) (voir leçon 26, note 1).

 

1.4.2        Les êtres animés :

 Quand on veut exprimer l'appartenance à un être vivant, humain ou autre, on peut également utiliser vu, bien entendu (voir 1.4.1), mais il est plus idiomatique recourir à une construction souvent appelée « génitif bavarois ». En voici la recette : prenez le nom désignant le « possesseur », avec son article défini (puisqu'il est identifié), que vous mettez au datif, car vous allez placer la préposition ìn (à) devant l'ensemble ; vous obtiendrez donc, selon le genre et le nombre ìm Pàpa (masculin : au papa), ìn dr Màmma (féminin : à la maman), ìm Kìnd (neutre : à l'enfant) ou ìn da Litt (pluriel : aux gens). Prenez maintenant le nom à préciser - respectivement dr Kéttel (la veste), dr Rock (la robe), dr Màntel (le manteau) ou d Sorga (les soucis) - et affectez-le de l'adjectif possessif accordé avec le « possesseur » : si, sina (son, sa, ses, pour le masculin et le neutre), ìhra (son, sa, ses, leur, leurs, pour le féminin et le pluriel). Enfin, mettez le tout à la queue leu leu et voici le résultat : ìm Pàpa si Kéttel (la veste de papa, mot à mot : au papa sa veste), ìn dr Màma ìhra Rock (la robe de maman, mot à mot : à la maman sa robe), ìm Kìnd si Màntel (le manteau de l'enfant, mot à mot : à l'enfant son manteau), ìn da Litt ìhra Sorga (les soucis des gens, mot à mot : aux gens leurs soucis) (voir leçon 77, N.3).

 

 

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1.5        La proposition subordonnée relative

 a également pour rôle de compléter un nom, dont on dit que c'est son antécédent dans la proposition principale. Seulement, avec elle, nous quitterions le domaine de la phrase simple ou proposition indépendante. Nous les évoquerons donc plus loin au début du chapitre consacré à la phrase complexe (voir ci-dessous, 4.1).

 

 

1.6        Les pronoms

 tiennent lieu de groupes nominaux, à eux tout seuls. Comme eux, ils comptent comme éléments de la phrase (voir leçon 14, N.3) et peuvent remplir les fonctions de sujet, de complément d'objet, etc. (voir leçon 12, note 2, et leçon 14, N.2).

 

 

1.6.1        Les pronoms personnels

 désignent directement soit le locuteur (1e personne), soit l'interlocuteur (2e personne) soit encore tout le reste (3e personne) (voir leçon 14, N.2, leçon 22, note 8, leçon 23, note 3, et leçon 56, N.1). Chaque pronom personnel a une forme tonique, insistante - (toi, tu …) – et une forme atone, courante – da (tu …). Après un verbe ou une subjonction, le pronom personnel est enclitique, c’est-à-dire se prononce comme s'il faisait partie du mot qui le précède : nous l’indiquons par un trait d'union : Wàs hàt-sa gsait, wu sa-di gsah hàt ? (Qu’a-t-elle dit quand elle t'a vu ?).

 

 

1.6.2        Les pronoms démonstratifs

 sont strictement identiques aux adjectifs démonstratifs (1.2.2.1). Ainsi da équivaut aussi bien à ce … ci, adjectif, qu’à celui-ci, pronom. Et salla peut désigner cette … là-bas et celle-là. La seule différence est que les adjectifs se trouvent en début de groupe nominal et que les pronoms remplacent un tel groupe (voir leçon 63, N.2).

 

1.6.3        Les pronoms possessifs

 ressemblent beaucoup aux adjectifs possessifs (voir 1.2.2.1, et leçon 49, N.2). Seuls changent le masculin et le neutre - forcément au singulier -, au nominatif et à l'accusatif, deux cas dont les formes sont identiques :

 

 

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masculin

neutre

adjectif

pronom

adjectif

pronom

mi Vàter

miner
(le mien)

mi Kìnd

mins
(le mien)

di Vàter

diner
(le tien)

di Kìnd

dins
(le tien)

si Vàter

siner
(le sien à lui)

si Kìnd

sins
(le sien à lui)

ìhra Vàter

ìhrer
(le sien à elle)

ìhra Kìnd

ìhres
(le sien à elle)

unser Vàter

unsrer
(le nôtre)

unser Kìnd

unsers
(le nôtre)

èier Vàter

èirer
(le vôtre)

èier Kìnd

èiers
(le vôtre)

ìhra Vàter

ìhrer
(le leur)

ìhra Kìnd

ìhres
(le leur)

 

 

 

 

1.6.4        Les pronoms interrogatifs

 sont très proches des adjectifs interrogatifs : au lieu d'avoir : wèller... ? (quel... ? ) / wella... ? (quelle... ? ) / wèll... ? (quel... ?, neutre), on a, en pronom : weller ? (lequel ? ) / wella ? (laquelle ? ) / wells ? (lequel ? , neutre).

Quant à l'interrogation sur le type de ..., wàs fer a... ? (quelle sorte de... ? ) pour les trois genres, cède la place à wàs fer einer ? / wàs fer eina ? / wàs fer eins ?, pas vraiment traduisibles en français (un de quel genre? / une de quel genre ?) (voir leçon 64, note 6 et leçon 65, note 3).

 

 

1.6.5        Les pronoms indéfinis

 sont, pour la plupart d'entre eux, identiques aux objectifs de quantité ou « indéfinis » (1.2.2.4). Seuls changent ei (un) et kei (aucun) toniques (car a et atones ne sauraient être pronoms), devenant respectivement : einer (l'un), eina (l'une), eins (l'un, neutre) et keiner (aucun), keina (aucune), keins (aucun, neutre).

Les nombres cardinaux peuvent s'utiliser pronominalement sans changement. Quant aux nombres ordinaux, ils peuvent être substantivés (transformés en noms) en les faisant précéder d'un article défini et les affectant d'une majuscule : dr Erscht (le premier), d Fìmfta (la cinquième), s Hundertschta etc. Notez encore qu’ils ne prennent pas de -a final au masculin, mais en possèdent un au féminin et au neutre, ainsi qu’au pluriel (à condition qu’ex-aequo il y ait !)

 

 

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2         Un groupe verbal

 a pour rôle de préciser ce que fait l'être, l'objet ou la notion qu'évoque le groupe nominal de la phrase, ce qui lui arrive, comment il est, etc. Ce groupe est constitué d'un verbe - en une ou plusieurs parties fréquemment éloignées les unes des autres - et, accessoirement, d’adverbes, d'autres groupes nominaux souvent introduits par des prépositions (groupes prépositionnels) et même d'autres propositions, subordonnées, celles-là.

 

 

2.1        Les éléments verbaux

 du groupe sont de complexité variable, pouvant aller du simple verbe en un seul mot au groupe de plusieurs constituants verbaux.

 

2.1.1        Les éléments verbaux simples

 peuvent, à leur tour, être subdivisés en verbes simples, réduits au seul radical, et verbes à préfixe (encore dits « préverbes ») :

 

2.1.1.1         Les verbes simples

 peuvent l'être à deux titres. D'une part, ils n'ont que le radical, tout au plus muni des désinences (terminaisons) exigées par leur accord avec le sujet grammatical de la phrase : ìch màch (je fais), da màchsch (tu fais), ar màcht (il fait), mìr màcha (nous faisons)… D'autre part, ces verbes sont à un temps simple, indicatif présent, subjonctif (du discours indirect) où impératif, car tous les autres modes et temps sont composés, à l'exception de quelques verbes ayant conservé des formes simples et spécifiques de conditionnel (voir leçon 63, N.1d). Bien entendu, les verbes dits simples s'emploient également aux « temps » composés (voir ci-dessous).

 

 

2.1.1.2         Les verbes à préfixes

 (ou préverbes), légèrement plus complexes, ont des comportements différents selon que le préfixe est atone, donc fixe, ou tonique, donc détachable.

 

2.1.1.2.1        Les préfixes atones

 (be-, bi-, emp-, ìwer-, g-, ver-) ne modifient en rien le comportement du verbe, du moins aux temps simples évoqués ci-dessus (2.1.1.1), si ce n'est qu'il ne sauraient être accentués sur la première syllabe : bewundera (admirer), bikumma (recevoir), ìwertriiwa (exagérer)…

 

 

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2.1.1.2.2        les préfixes toniques

 (à-, àb-, àna-, àwa-, dràà-, dura-, awag-, ferig-, furt-, i-, noh-, uf-, uffa-, um-, umma-, üs-, üssa-, vor-, zruck-, züe-) - pour ne citer que les plus caractéristiques de ceux utilisés dans la présente méthode (voir les verbes correspondants dans la Liste des verbes figurant en annexe) - ne restent unis au radical que lorsque celui-ci est à la fin de la proposition, donc au participe passé (pour les seuls verbes ne prenant pas l'augment g- ; pour les autres, voir la remarque « a » ci-dessous) : Dr Zug ìsch ààkumma (Le train est arrivé), à l'infinitif (sans z’ ; pour ce qui se passe quand il faut z’, voir remarque « b » ci-dessous) : Mìr känna üsstiiga (Nous pouvons descendre [du train]), et dans des subordonnés : d Màdàm, wu üs’m Gschaft üssakummt (la dame qui sort du magasin). Mais cette belle unicité disparaît dans les indépendantes et principales, du moins aux « modes » et « temps » concernés (voir 2.1.1.1. ci-dessus), puisque le préverbe tonique se loge à la fin tandis que le radical et sa désinence sont en seconde (ou première) position : D Màdàm kummt üs’m Gschaft üssa (La dame sort du magasin).

 

Remarques :

a)       Les nombreux verbes qui peuvent prendre l’augment g- au participe passé (voir leçon 49, N.1) gardent cet augment collé au radical de base : lüega (regarder) / glüegt (regardé) – züelüega (regarder faire) / züeglüegt (regardé faire). L’augment se trouve donc intercalé entre le préfixe tonique et le radical.

b)      De même, la préposition z’ s’insère entre le préfixe tonique et le radical du verbe de base : fer z’lüega (pour regarder) / fer züe-z’lüega (pour regarder faire) (voir leçon 46, note 9).

 

 

2.1.1.3         Les temps simples

 des verbes sont le présent de l'indicatif, l'impératif, le subjonctif et le conditionnel simple d'un nombre réduit de verbes (voir leçon 42, N.1).

 

 

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2.1.1.3.1        L'indicatif présent

 se forme à l'aide de suffixes grammaticaux. Ainsi, pour màcha (faire) :

 

singulier

pluriel

1e personne

 

ìch màch_
(je fais)

mìr màcha
(nous faisons)

2e personne

 

màchsch
(tu fais)

ìhr màcha
(vous faites)

3e personne

masculin

ar màcht
(il fait)

sa màcha
(ils / elles font)

 

féminin

sa màcht

(elle fait)

 

 

neutre

as màcht
(ça fait)

 

 

 

(Pour des verbes moins réguliers, voir leçon 14, N.2, leçon 21, N.3 et N.4, leçon 63, N.1, et leçon 77, N.1).

 

Remarque : On constate que les désinences du singulier sont consonantiques, celle du pluriel vocalique (voir leçon 42, N.1a). Cela explique qu'un certain nombre de verbes ont une voyelle brève au singulier et une voyelle longue au pluriel, parfois avec une différence de timbre entre les deux : ìch hébb (je tiens), mìr hewa (nous tenons) (voir leçon 42, N.1b et leçon 52, note 9).

 

 

2.1.1.3.2        Pour donner un ordre

 ou formuler une demande, on ne peut que s'adresser à un interlocuteur. Voilà pourquoi l'impératif ne concerne que la deuxième personne du singulier et celle du pluriel. A quoi il faut ajouter les trois formes de politesse de l'alsacien. Soit pour le verbe kumma (venir) :

 

singulier

pluriel

 

politesse

kumm
(viens !)

kumma
(venez !)

à la française

kumma
(venez !)

 

 

à l’allemande

kumma Sa
(venez !)

 

 

à l’italienne

kummt Sa
(venez !)

 

 

 

 

 

 

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2.1.1.3.3        Le subjonctif

 alsacien, - dont le rôle est totalement différent de celui du français - ne s'emploie que pour rapporter les paroles d’autrui (discours indirect) et ne concerne que deux verbes en tout, hàà (avoir) et sìì (être), du moins comme temps simple, car ces deux verbes servent également d’auxiliaires du subjonctif passé à tous les autres verbes (voir leçon 77, N.4 et N.5). Pour le reste, c’est le conditionnel – et notamment tat… (ferais…), conditionnel du verbe tüe (faire) – qui y supplée (voir leçon 77, N.6).

 

 

2.1.1.3.4        Un conditionnel

simple existe pour les mêmes verbes hàà (avoir) et sìì (être) (voir leçon 77, N.6), ainsi que pour les verbes de modalité (voir leçon 63, N.1d) et le verbe tüe (faire). Le conditionnel de ce dernier - tat, tatsch, tat, tata (ferais …) - sert même d’auxiliaire du conditionnel et du subjonctif présent à tous les autres verbes.

 

2.1.2        Les éléments verbaux complexes

 sont de loin les plus nombreux ; ce sont soit les modes et temps composés (voir leçon 42, N.1), soit les emplois mettant en œuvre les verbes de modalité, soit enfin d'autres formations plus complexes encore.

Pour les voix (actif et passif), modes (indicatif, subjonctif, conditionnel) et temps (futur, passé) composés, nous distinguerons :

 

2.1.2.1         Le passé composé,

 correspondant à la fois à l'imparfait, au passé simple et au passé composé français et constitué du présent soit de hàà (avoir), soit de sìì (être) – employé l'un ou l'autre comme auxiliaire du passé (voir leçon 14, N.2, et leçon 42, N.2) - et du participe passé du verbe conjugué (voir leçon 49, N.1).

 

2.1.2.2         Le plus-que-parfait

 - plutôt rare, mais possible - formé de l’auxiliaire, lui-même au passé composé, et du participe passé du verbe concerné :

 

a)       avec l’auxiliaire hàà (avoir) :

-          présent : Mìr sàga nichs. (Nous ne disons rien.)

-          passé composé : Mìr han nichs gsait. (Nous n’avons rien dit.)

-          plus-que-parfait : Mìr han nichs gsait ghàà. (Nous n’avions rien dit.)

 

 

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a)       avec l’auxiliaire sìì (être) :

-          présent : Mìr bliiwa do. (Nous restons ici.)

-          passé composé : Mìr sìn do blìewa. (Nous sommes resté(e)s ici.)

-          plus-que-parfait : Mìr sìn do blìewa gsìì. (Nous étions resté(e)s ici.)

 

 

2.1.2.3         Le futur

 grammatical - souvent emphatique - introduit par le présent de wara (devenir), qui joue ici le rôle d’auxiliaire du futur et est lui-même suivi de l'infinitif du verbe conjugué (voir leçon 42, N.1b et leçon 54, note 9).

 

2.1.2.4         Le passif,

 formé, lui aussi, de l’auxiliaire wara (devenir), mais avec le participe passé du verbe conjugué (voir leçon 28, N.5, et leçon 70, N.2).

 

2.1.2.5         Les verbes de modalité

 - plus précisément därfa (être autorisé à), känna (pouvoir), meega (aimer bien), müeßa (être obligé de), solla (devoir) et wälla (vouloir) - sont très fréquemment utilisés pour introduire un autre verbe à l'infinitif, sans aucune espèce de préposition établissant le lien entre les deux (voir leçon 63, N.1).

 

2.1.2.6         Les autres formations complexes

 mettent le plus souvent en œuvre « deux verbes qui se suivent et dont le second est à l'infinitif » - comme le dit si bien la plus célèbre des règles de l'orthographe française - tandis que le premier est à un mode personnel.

 

2.1.2.6.1        C’est le cas de brüücha

 (avoir besoin de) et halfa (aider), dont le comportement est proche de celui des verbes de modalité, puisqu'ils introduisent volontiers un autre verbe sans que cet infinitif-là ne soit précédé d'aucune préposition : Da brüüchsch nit sàga (Tu n'as rien besoin de dire), Àwer hìlf mìr, s Ménage màcha (Mais aide-moi [à] faire le ménage). C'est vrai aussi pour lossa ou lo (laisser), (voir leçon 66, note 6).

 

2.1.2.6.2        D'autres verbes nécessitent la préposition z’,

 pour : Vergìss nìt, Brot mìt-z’brìnga! (N'oublie pas de rapporter du pain !) (voir ci-dessus 2.1.1.2.2; remarque b).

 

 

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2.1.2.6.3        Seul le verbe geh demande ge

 en lieu et place de z’ : Sa gehn àlla Tàg ge schàffa. (Ils vont travailler tous les jours.) (Pour Tàg, singulier mis pour un pluriel, voir leçon 25, note 4).

 

2.1.2.6.4        Et le verbe kumma,

 venir, emploie ku : Kumm gschnall ku lüega! (Viens vite voir (regarder) !) Parfois, on utilise ge même avec le verbe kumma ; c'est le cas lorsque ce que l'on va faire doit se passer ailleurs : Kummsch mìt-mer ge ikàuifa? (Viens-tu avec moi faire des achats ?).

 

2.1.2.6.5        Le verbe gheera

 a plusieurs significations suivant ce qui le suit :

-          appartenir, quand Il est suivi d'un pronom au datif ou d'un groupe nominal introduit par ìn + datif : Dàs Büech gheert mìr / ìn mim Pàpa (Ce livre [m’]appartient à moi / à mon père).

-          devoir être…, quand il est suivi d’un verbe au participe passé (à sens passif) : Dr Motor gheert gregelt (Le moteur doit être réglé).

-          avoir sa place, avec un adverbe ou un complément directionnel : D Warkzigkìschta gheert därt’àna / ìn dr Kaller (La caisse à outils doit être [rangée] là-bas / à la cave). Ceci n'est apparemment qu'une variante elliptique de l'emploi précédent : l'indication de la direction se suffisant à elle-même, on omet d'exprimer le verbe au participe, brocht (apporté), gstellt (posé) ou autre.

 

2.2        Les éléments non verbaux

 du groupe verbal. Pour que phrase il y ait, il suffit de mettre en relation un groupe nominal sujet – fût-il réduit à un simple pronom - est un groupe verbal - même consistant en un tout petit verbe simple : Sa labt (Elle vit). Bien entendu, on peut enrichir l'un et l'autre des deux éléments. Le premier en ayant recours à des articles, adjectifs, noms, compléments du nom et autres propositions relatives (voir ci-dessus de 1. à 1.6.5). Le second en lui ajoutant des adverbes, des attributs, des compléments d'objet, des compléments circonstanciels et même des propositions subordonnées. Voici :

 

 

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2.2.1        Les adverbes

 sont très pratiques, car non seulement ils sont relativement courts et totalement invariables, mais encore ils sont capables d'exprimer toutes sortes de nuances. À vrai dire, ils font davantage partie du lexique que de la grammaire, puisqu'il ne se déclinent point ni ne se conjuguent. Mais comment les ignorer ici, alors que nous nous penchons sur les différents constituants de la phrase en général et du groupe verbal en particulier ?

 

2.2.1.1         Les adverbes de manière

 sont au groupe verbal ce que les adjectifs qualificatifs sont au groupe nominal. Beaucoup de mots peuvent d'ailleurs remplir l'une et l'autre fonction, comme nous l'avons signalé plus haut (voir 1.3.2.1.2), y compris au comparatif. Quant au superlatif adverbial, il est introduit par àm, équivalent de « le » français : S Maria sìngt àm scheenschta (Marie chante le mieux, mot à mot : au plus bellement) (voir ci-dessus 1.3.1.3.4). Outre scheen, güet et natt (trois manières de dire bien), on a ainsi schnall (vite), làngsàm (lentement), tiaf (profondément), tiir (chèrement), lütt (fort, au plan sonore), strang (sévèrement), liab (aimablement) et tant d’autres encore.

 

2.2.1.2         Les adverbes de lieu

 permettent de situer dans l'espace l'action d'une phrase ou l'état décrit par elle : do (ici), därta (là-bas), owa (en haut), unta (en bas), dìnna (à l’intérieur), dussa (à l’extérieur), hìnta (à l’arrière), vorna (à l’avant), dheima (à la maison, au sens statique), etc. ainsi que les adverbes démonstratifs de lieu (voir leçon 28, N.3, et leçon 56, N.2).

 

2.2.1.3         Les adverbes de direction

 indiquent vers où se dirige un mouvement décrit par la phrase : do àna (vers ici), därtàna (vers là-bas), uffa (vers en haut), àwa (vers en bas), inna (vers dedans), üssa (vers dehors), heima (à la maison, au sens dynamique de direction), etc. (voir leçon 21, N.5, et leçon 56, N.3).

 

2.2.1.4         Les adverbes de temps

 situent l'action, l'évènement où l'état dans le temps : hìtta (aujourd’hui), geschtert (hier), morna (demain), ìwermorna (après-demain), vorhar (auparavant), vorig (tout à l'heure), nochhar (ensuite), glich (tout de suite), sofort (immédiatement), boll (bientôt), nia (ne … jamais), àllawil (ou ìmmer) (toujours)…

 

 

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2.2.1.5         Les adverbes de quantité

 vont de la mesure à la démesure : wenig (peu), a Bìtzala (un tout petit peu), a Bìtzi (un peu), viel (beaucoup), meh (davantage), a Hüffa (un tas de)...

 

2.2.1.6         Les adverbes d'intensité :

 fescht (solidement, fortement), zìmlig (assez), sehr (très), küüm (à peine)…

 

2.2.1.7         Les adverbes modalisateurs

 nuancent le degré de certitude ou d’incertitude d'une assertion (sa « valeur de vérité ») : vìllìcht (peut-être), schiints (à ce qu’il paraît), wohrschints (probablement), sìcher (sûrement), nìt (ne … pas), doch (tout de même)…

 

2.2.1.8         Les adverbes appréciatifs

 expriment un « jugement de valeur » à propos de ce que dit la phrase : leider (malheureusement), hoffentlig (espérons-le), glìckligerwiis (heureusement), hàlt (puisqu’il le faut)…

 

2.2.1.9         La place des adverbes

 dans la phrase : Des adverbes, il en existe tant et tant ; le tout est de les faire entrer dans une catégorie logique, comme nous nous sommes efforcés de le faire ci-dessus. Quant à leur place, elle dépend surtout de leur lien avec le verbe.

 

2.2.1.9.1        Nous en avons que leur sens

 unit tellement au verbe qu'ils sont assimilables à un préverbe (préfixe) tonique. Il est naturel que ceux-là se retrouvent le plus souvent en fin de proposition : Dr Suhn brìngt s Brot heima (Le fils apporte le pain à la maison).

 

2.2.1.9.2        D'autres servent à

 exprimer une simple circonstance et peuvent donc aisément se trouver en tête de phrase pour « planter le décor » : Dussa brialt a Küeh (Dehors, une vache mugit), Mona morga ìsch wìder Schüela (Demain matin, il y aura de nouveau classe).

 

 

2.2.2        Les attributs

 sont exigés par les verbes dits « d'état » (ou « copules ») sìì (être), bliiwa (rester), wara (devenir), schiina (sembler), etc. Ce sont des adjectifs - parfois difficiles à distinguer des adverbes (voir 1.3.2.1.2) – mais aussi des groupes nominaux et même des pronoms.

 

 

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2.2.2.1         L'adjectif attribut

 a été décrit plus haut, à propos des emplois de l’adjectif (voir 1.3.2.1). Ajoutons simplement qu'il a tendance à se placer en fin de proposition. Quand il occupe la première place, il est fortement accentué, car il s'agit alors d'une réelle insistance (emphase, voir leçon 37, note 3).

 

2.2.2.2         Le groupe nominal attribut

 est au nominatif, car ce qu'il désigne est identifié au sujet : Dr Jean-Paul ìsch / wìrd / blibbt unser Facteur (Jean-Paul est / devient / reste notre facteur).

 

2.2.2.3         Les pronoms attributs

 s'emploient surtout après dàs (ceci), et sall (cela), pronoms démonstratifs neutres sujets : Dàs ìsch miner (C'est le mien). Avec les pronoms personnels, la chose se corse, car le verbe s'accorde avec le pronom personnel attribut :

-          Pronoms toniques :

Dàs bìn ìch (C’est moi),

Dàs bìsch (C’est toi),

Dàs ìsch ar (C’est lui),

Dàs ìsch sìe (C’est elle),

Dàs ìsch as (C’est elle, neutre),

Dàs sìn mìr (C’est nous),

Dàs sìn Ìhr (C’est vous),

Dàs sìn sìe (Ce sont [!] eux).

 

-          Pronoms atones :

Dàs bìn i (C’est moi),

Dàs bìsch (C’est toi),

Dàs ìsch na (C’est lui),

Dàs ìsch sa (C’est elle),

Dàs ìsch’s (C’est ça ou C’est elle, en cas de prénom féminin forcément neutre),

Dàs sìn m’r (C’est nous),

Dàs sìn ‘r (C’estvous),

Dàs sìn sa (Ce sont eux).

 

Remarques : En français, le verbe s'accorde également avec l’attribut, mais à la seule 3e personne du pluriel. En outre, le français ne possède pas de pronom personnel atone pouvant être attribut : vous imaginez Ce suis-je, etc. ? En alsacien, les pronoms personnels atones attributs sont de vrais enclitiques (prononcés comme s'ils faisaient partie du mot précédent). A la 2e personne du singulier, il disparaît même complètement, comme dans les questions (voir leçon 56, N.1). Enfin, à la 3e personne du masculin, c'est la forme atone de l'accusatif que l'on emploie et non celle du nominatif : nous n'avons pas trouvé d'explication à ce curieux phénomène.

 

 

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2.2.3        Les groupes nominaux compléments :

 Bien plus nombreux que les verbes copules (voir 2.2.2) sont les verbes demandant des compléments à l'accusatif, au datif ou prépositionnels.

 

2.2.3.1         Le complément à l'accusatif

 est celui demandé par les verbes dits « transitifs », souvent des verbes d'action signifiant en gros faire quelque chose. Et c'est précisément ce quelque chose qui s'exprime à l'aide d'un groupe nominal à l'accusatif.

 

2.2.3.1.1        Pour les groupes nominaux à noyau substantival

 (nom), il n'y a rien à ajouter à ce qui a déjà été exposé ci-dessus à propos du groupe nominal sujet (voir 1.1 à 1.5), puisque le nominatif et l'accusatif sont identiques. Tout au plus peut-on préciser que le groupe nominal complément d'objet tend à se situer vers la fin de la proposition, surtout lorsqu'il commence par un article indéfini. Les rares fois où il est placé en première position, il est fortement accentué sous l'effet d'une certaine emphase, tout comme l’attribut ainsi placé (voir ci-dessus 2.2.2.1).

 

2.2.3.1.2        Pour les pronoms,

 il convient de distinguer les pronoms personnels de tous les autres. Ce sont en effet les seuls à avoir un accusatif différent du nominatif (voir leçon 56, N.1). Signalons que, à l'accusatif, seuls les pronoms personnels toniques peuvent occuper la première place d'une proposition, toujours pour raison d'insistance.

 

2.2.3.2         Le complément au datif,

 complément d'objet indirect ou complément d'attribution, n'est guère usité en alsacien. On lui préfère nettement un groupe prépositionnel introduit par la préposition ìn (dans, à) (voir ci-dessous 2.2.4). Seuls les pronoms atones sont couramment utilisés au datif pur (sans préposition) : Da hàsch mìr’s gsait. (Tu me l'as dit.), Ìch hàn dìr’s gaa. (Je te l’ai donné.) (voir leçon 28, N.2, et leçon 56, N.1).

 

 

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2.2.4        Les groupes prépositionnels compléments

 sont légion. La diversité de leurs formes et de leurs significations n'a d'égale que celle des prépositions elles-mêmes.

 

2.2.4.1         Les prépositions

 sont ces petits mots que l'on place devant des groupes nominaux, pronoms compris, pour en faire des groupes prépositionnels aptes à compléter les verbes, mais également les groupes nominaux en guise de compléments du nom (voir ci-dessus 1.4.1 et leçon 35, N.2).

 

2.2.4.1.1        Les prépositions régissant l'accusatif

 sont en nombre restreint :  dur (à travers), fer (pour), gega (contre), ohna (sans), um (autour de) : Sa làuifa dur dr Gàrta (Ils / Elles traversent [marchent à travers] le jardin), Ar kààt ohna dìch nichs màcha (Il ne peut rien faire sans toi).

 

2.2.4.1.2        Les prépositions régissant le datif

 sont un peu plus nombreuses : bi (chez, près de [localisation]), mìt (avec), noh (après), sither (depuis), trotz (malgré), üs ([hors] de), vu ([venant] de), waga (à cause de), zu ou züe (tonique) (chez, près de [direction]) : Waga-n-em Raga mian mìr dheima bliiwa. (A cause de la pluie, nous devons rester à la maison.), Noh dr Àrwet han mìr frèi. (Après le travail, nous sommes [avons] libres), Kummsch morna züe m’r ? (Viendras-tu me voir demain ?).

 

Remarque : En alsacien, lorsqu’une préposition introduit un pronom personnel, elle est le plus souvent accentuée (tonique) tandis que le pronom est atone et s'appuie sur elle en véritable enclitique (voir le dernier exemple ci-dessus). En revanche, il peut arriver que ce soit l'inverse, plus rarement et uniquement pour des raisons d'insistance : Kummsch morna zu mìr ? (Est-ce moi que tu viendras voir demain ?). En cela, l'alsacien diffère du français, de l’allemand et de bien d'autres langues, qui n’accentuent jamais la préposition, mais toujours le pronom personnel qui la suit. (Vous imaginez « avec-me » ou « après-le » ?).(voir leçon 57, note 1).

 

 

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2.2.4.1.3        Les prépositions mixtes

 font appel à l'intelligence et, à cet égard, constituent un excellent test. Car ce n'est pas de façon automatique et arbitraire qu'elles demandent le datif ou l'accusatif, comme c'est le cas des autres prépositions (voir ci-dessus 2.2.4.1.1. et 2.2.4.1.2) : c'est pour bien distinguer la localisation (au datif) de la direction (à l'accusatif). Ces prépositions - à signification essentiellement spatiale - sont au nombre de neuf : àn (à), ìn (en, dans), ìwer (au-dessus de), hìnter (derrière), nawa (à côté de), uf (sur), unter (sous), vor (devant), zwìscha (entre) : Stell di Wàga zwìscha dia zwei Baim, denn zwìscha dana zwei Baim ìsch noch a Plàtz frèi (Gare (place) ta voiture entre ces deux arbres, car entre ces deux arbres, il reste (y a encore) une place libre).

 

Remarque : Mais attention ! La distinction significative des deux cas ne fonctionne que dans les emplois concrets et spatiaux de ces prépositions : au sens temporel et plus généralement « figuré », elles régissent le plus souvent le datif : Schribbsch ìn da Eltra ? (Ecris-tu à tes (aux) parents ?) (voir ci-dessus 2.2.3.2), parfois l’accusatif : Mìr wàrta uf di (Nous t’attendons).

 

2.2.4.2         Les compléments

 les plus divers peuvent ainsi être confectionnés, notamment grâce aux prépositions et aux cas qu'elles régissent. Nous avons pris le parti de les classer selon le type d'information qu'ils apportent pour enrichir la phrase, tout comme nous l'avons fait plus haut pour les adverbes (voir 2.2.1).

 

 

2.2.4.2.1        Les compléments de lieu

 sont traditionnellement subdivisés en quatre sous-groupes :

 

2.2.4.2.1.1       La localisation

 (ubi ? latin : "lieu où l'on est") a déjà été évoquée plus haut à propos des prépositions mixtes, qui régissent le datif pour la circonstance : Viel Fìsch schwìmma ìm Wàsser (Beaucoup de poissons nagent dans l’eau), Uf em Markt kàuifa mìr Gmias (Au [sur le] marché, nous achetons des légumes). Mais toute localisation ne suppose pas le datif : Ìch hàn garn a Kràwàtta um dr Hàls. (J'aime avoir une cravate autour du cou) (um exige toujours l’accusatif, voir 2.2.4.1.1).

 

 

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2.2.4.2.1.2       La direction

 (quo ? latin : "lieu où l'on va") a également déjà été largement abordée plus haut, puisqu'elle fait grand usage des prépositions mixtes, elle aussi, mais suivies de l'accusatif : Ghèi nìt ìn s Wàsser, wenn da uf dr Markt gehsch ! (Ne tombe pas dans l'eau quand tu vas au marché !). Mais, à part les prépositions mixtes, l'accusatif n'a pas l'exclusivité de la direction : Wenn gehsch zum Dokter ìn d Sprachstund ? (Quand iras-tu chez le médecin, en consultation ?), car lorsque la même préposition ne peut pas régir les deux cas, la langue s'arrange pour avoir deux prépositions différentes pour distinguer localisation et direction, par exemple bi et zu (voir 2.2.4.1.2 et leçon 38, note 3).

 

 

2.2.4.2.1.3       La provenance

 (unde ? latin : "lieu d'où l'on vient") est surtout le domaine de vu (de, origine) et de üs (de, avec idée d’extraction) : Sa kumma vum Großa Belcha, àwer sa sìn üs da Àlwa (Ils viennent du Grand Ballon, mais ils sont [originaires] des Alpes).

 

2.2.4.2.1.4       Le passage

 (qua, latin : "lieu par où l'on passe") s'exprime surtout à l'aide de dur (par, à travers), mais aussi de ìwer (par-dessus) et d'autres : Mìr fàhra liawer ìwer dr Barg às dur s Tünnel (Nous préférons passer (roulons plus volontiers) par-dessus la montagne plutôt que par le tunnel).

 

Remarque : A tout cela il faut ajouter les noms géographiques (voir leçon 21, N.6).

 

 

2.2.4.2.2        Les compléments de temps

 sont nombreux ; il convient de distinguer l'indication d'un moment plus ou moins précis et celle d'une durée.

 

2.2.4.2.2.1       L'expression du moment

 a été largement étudiée, qu'il s'agisse de la manière de dire l'heure et les grandes subdivisions de la journée (voir leçons 34 et 35, N. 1), les jours de la semaine (voir leçon 15 et 16), les mois ou les saisons (voir leçon 25). Rappelons simplement, en guise de résumé, que la préposition contractée àm introduit les jours, les heures entières, la demie et les quarts, mais que ìm se charge des mois et des saisons.

 

2.2.4.2.2.2       La durée

 peut s'exprimer sans aucune préposition : zeh Minüta (dix minutes), zwei Stund – pour ce singulier, voir leçon 25, note 4 – (deux heures), dr gànza Tàg (toute la journée). Voilà pour la durée pure sans recours à aucun repère. Mais on peut aussi se référer soit au début d'une durée, soit à sa fin, soit encore aux deux extrémités : sither em Janner (depuis janvier), sither àm Mantig (depuis lundi), bis àn Àllerheiliga (jusqu’à la Toussaint), bis ìm Wìnter (jusqu’en hiver), vum Àwrìl bis ìm Septamber (d’avril à septembre), vum Àfàng bis àn s And (du début à la fin).

 

 

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2.2.4.2.3        Les compléments de cause

 sont l'affaire de la préposition waga (à cause de) (voir leçon 13, phrase 7, et ci-dessus 2.2.4.1.2) : Leg ebbis uf dr Kopf à, waga dr Sunna (Mets quelque chose sur la tête, à cause du soleil). La préposition bi exprime parfois une relation similaire, du moins quand il s'agit de conditions météorologiques : Bi dam Watter bliiwa mìr Iiawer dheima. (Par (auprès de) ce temps, il vaut mieux que nous restions (nous restons plus volontiers) à la maison). Mais aussi àn (à, ici : de, pour une maladie) et unter (sous, ici : de, pour une souffrance morale) : Ìch liid àn Asthma un liidsch unter Liaweskummer (Je souffre d'asthme et toi, tu souffres de chagrin d'amour). Voici une expression que l'on entend souvent : Ma müeß hàlt àn ebbis starwa! (Il faut bien mourir de quelque chose !).

 

 

2.2.4.2.4        Le complément de conséquence,

 plutôt rare, s'exprime par z’ dans : Mìr han uns z’Tot glàcht. (Nous étions morts de rire (nous nous sommes ri à mort)).

 

2.2.4.2.5        Les compléments de but

 utilisent volontiers fer (pour) : Màch dàs fer dina Fàmìlia ! (Fais-le (ceci) pour ta famille !). Mais c'est surtout devant un verbe à l'infinitif que l'on trouve fer suivi de z’ :  Mìr schàffa fer Gald z’verdiana (Nous travaillons pour gagner de l’argent) (voir leçon 39, note 9). Enfin, n'oublions pas uf (sur, ici au sens de à, pour) : (Ìch trìnk) uf di Wohl ! ([Je bois] à ta santé !), qui remplace volontiers Gsundheit ! ([à ta/à votre] santé !), quand on lève un verre.

 

 

2.2.4.2.6        Les compléments de moyen

 ne sauraient se passer de mìt (avec) : Mìr baschla garn mìt dr Saga un mìt em Strüwaziager (Nous aimons bricoler avec la scie et (avec) le tournevis). Mais nous avons aussi vu l'expression toute faite vu Hànd wascha (laver à la main) (voir leçon 75, phrase 7).

 

 

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2.2.4.2.7        Les compléments de manière

 sont très proches du moyen et souvent difficile à en distinguer. Aussi n'est-il pas étonnant de retrouver mìt, ici encore : Dina Kàtz frìsst mìt güetem Àppetit. (Ton chat mange de bon appétit.).

 

2.2.4.2.8        Les compléments d'accompagnement,

 emploient mìt (avec) enfin au sens le plus concret qui soit : Wàrt a Bìtsi uf mi, ìch kumm mìt d’r ìn sall Gschaft (Attends-moi un peu (sur-me), je viens avec toi (avec-te) dans ce magasin-là).

 

2.2.4.2.9        Les compléments de concession

 sont le domaine de la préposition trotz : Trotz dina viela Fahler hàn i di doch garn (Malgré tes nombreux défauts (fautes), je t'aime quand même).

 

2.2.4.2.10    Le complément d'agent

 peut être considéré comme une sorte de complément circonstanciel, puisqu'il est éminemment facultatif dans une phrase à la voix passive. Deux prépositions se partagent ici la tâche : principalement vu (de, par), surtout pour désigner l'auteur d'une action : Dàs Büech ìsch vu mìr gschrìewa worra (Ce livre a été écrit par moi). Mais quand il s'agit d'une chose, dur (par) est assez fréquent : D Wäsch wìrd dur d Waschmàschìna süüfer gwascht (Le linge est proprement lavé par la machine à laver) (Voir leçon 70, N.3).

 

 

 

Voilà ! La mise en œuvre de tous les moyens grammaticaux décrits jusqu'à présent doit vous permettre de confectionner des phrases simples… déjà assez compliquées, en tout cas riches. Mais il y a mieux encore ! Car jusqu'à présent, nous n'avons pensé qu'en termes de proposition indépendante, phrase à un seul verbe à mode personnel. Il suffira d'y ajouter l'une ou l'autre proposition subordonnée pour qu'elle devienne automatiquement proposition principale et que l'ensemble soit une phrase complexe.

 

 

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La phrase complexe

 

3         Indépendante ou principale,

 la proposition a les mêmes caractéristiques générales :

-          Un seul verbe à mode personnel placé en seconde (ou première) position.

-          Autres éléments verbaux éventuels (infinitif, participe, préverbe tonique) à la fin.

-          Un seul élément non verbal en tête (sujet, complément circonstanciel, adverbe …).

Remarques :

-          Il arrive qu'un complément soit placé « hors construction », c'est à dire après la « fin » normale de la proposition, pour raison d'insistance (voir leçon 46, note 8).

-          Une subordonnée peut précéder la principale ; elle joue alors le rôle de premier élément de celle-ci et est immédiatement suivie du verbe à mode personnel de la principale (voir leçon 36, note 8).

 

 

4         La proposition subordonnée

 possède des spécificités (voir leçon 42, N.3) :

 

-          Un mot introducteur (subjonction, adverbe relatif, pronom ou adverbe interrogatif)

-          Un seul verbe à mode personnel placé à la fin, après un éventuel participe, souvent avant un infinitif.

Remarques :

-          Une subordonnée peut être accrochée à la fin de la principale, insérée en son milieu ou même la précéder.

-          Une subordonnée peut, en principe, avoir elle-même une autre subordonnée et ainsi de suite, mais c'est plutôt rare pour un langage exclusivement parlé.

-          Certaines « subordonnées » complément d'objet n’ont pas de mot introducteur et leur verbe est en seconde position, comme pour une indépendante, ce qui simplifie les choses.

 

 

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4.1        La proposition subordonnée relative

 a déjà été évoquée plus haut (voir 1.5) et doit être considérée comme partie intégrante d'un groupe nominal. Ne l'appelle-t-on pas « proposition adjective » ? Nous n'en traitons qu'ici parce que c'est, malgré tout, une subordonnée. Son rôle consiste à compléter l'information contenue dans un groupe nominal, nom ou pronom figurant dans la principale et appelé antécédent (mot qui veut dire « celui qui précède »).

 

4.1.1        L'antécédent

 ne fait pas partie de la relative : c'est un groupe nominal - nom avec tous ses satellites ou simple pronom - figurant dans la principale et dont la relative a pour mission de compléter l'information.

 

4.1.2        Le pronom relatif

 est le représentant de l'antécédent dans la subordonnée. À ce titre, il est censé s'accorder avec lui en genre et en nombre, mais se trouver au cas qu’exige sa fonction grammaticale dans la subordonnée (et qui est rarement la même que celle de l'antécédent dans la principale). Seulement voilà, pour nous, les choses se simplifient considérablement, car le rôle de pronom relatif est joué par wu, adverbe, donc invariable. Enfin, le plus souvent …

 

 

4.1.2.1         Le « pronom » relatif sujet

 est wu (ici : qui) quel que soit l'antécédent : Gsìehsch salla àlta Fràui, wu därtìwer d Stroß geht ? (Vois-tu cette vieille dame-là, qui traverse la rue, là-bas ?), Hunda, wu viel balla, bissa nìt ([Des] chiens qui aboient beaucoup [ne] mordent pas) (proverbe alsacien).

 

 

4.1.2.2         Le « pronom » relatif complément d'objet

 est également wu (ici : que) : S Räckla, wu da hìtta ààglégt hàsch, ìsch gàr nìt ìwel (La petite robe que tu as mise aujourd'hui [n']est pas mal du tout.), Wia heißt dàs natta Maidla, wu mìr vorig gsah han? (Comment s'appelle cette jolie jeune fille que nous avons vue tout à l'heure ?).

 

4.1.2.3         Les (vrais) pronoms relatifs sans antécédents :

Lorsque l'antécédent est un simple démonstratif à portée générale, on l’omet très souvent, ce qui a pour effet d'échanger l’adverbe relatif wu contre de vrais pronoms relatifs, afin de préciser s'il s'agit d'une chose – wàs (que) – ou d’une personne – wer (qui). Remarque : Chose ou personne ? Et les animaux, qui, pour nous autres, ne sont ni des choses ni des humains ? Rien n'est en effet grammaticalement prévu pour eux, ce qui est, une fois de plus, révélateur de mentalités.

 

 

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-          Pour une chose : weisch dàs, wu da wìtt (Tu sais ce que tu veux) se dira plutôt : weisch, wàs da wìtt. Profitez de l'occasion pour noter l'expression courante que voici : Màch, wàs da wìtt ! (Fais [ce] que tu veux !), mais n'en abusez point, car votre autorité pourrait en souffrir !

 

-          Pour une personne : Da, wu wìll, kààt. (Celui qui veut peut) devient couramment : Wer wìll, (da) kààt ! (Qui veut, peut !) (proverbe alsacien).

 

4.1.2.4         Le pronom relatif complément prépositionnel :

Nous venons de le constater (4.1.2.3), quand on a wu, adverbe relatif invariable, rien ne permet d'exprimer la distinction entre êtres vivants et choses, donc encore moins entre genres. Il est tout aussi malaisé d'exprimer des relations demandons une préposition (avec qui …, pour qui …).

La solution consiste à ajouter à wu la préposition voulue et un pronom personnel au cas demandé. Astucieux, non ? Därta sìtzt a Mànn, wu-n-i làng mìt’m gschàfft hàn (Là-bas est assis un homme avec qui j'ai longtemps travaillé) (que j'ai longtemps travaillé avec lui)). Ìsch dàs da Büe, wu da fer na dur s Fiir giangsch ? (conditionnel de geh, voir leçon 77, N.6.1.3) (C’est lui (cela), le garçon pour qui (que pour lui) tu traverserais les flammes (passerais à travers le feu) ? ). Ce tour s'emploie surtout pour les personnes, car pour les objets, on se contente d'un adverbe démonstratif (voir leçon 28, N.3) : Wu hàsch d Bohrmàschìna ànaglégt, wu da gràd dermìt baschelt hàsch ? (Où as-tu posé la perceuse avec laquelle tu as bricolé à l'instant ?).

 

4.1.3        L'adverbe relatif de lieu :

C'est vraiment cela, le sens premier de wu : Därta, wu d Sunna ufgeht, (Là-bas, où le soleil se lève …) (l'antécédent est un adverbe). Parfois, un adverbe démonstratif vient préciser la notion de lieu : Dàs ìsch s Hüss, wu-n-i johralàng drìnna gwohnt bìn (C'est la maison où j'ai longtemps habité (là-dedans)).

 

 

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4.1.4        L'adverbe relatif de temps :

C'est encore wu ! : Sallamols, wu mìr noch jung gsìì sìn, … (À l'époque où nous étions encore jeunes …).

 

Remarque : En domaine bas-rhinois et tout particulièrement à Strasbourg, où l'influence allemande a toujours été très vive en matière linguistique, les relatives sont différentes : wu sujet ou objet devient wi et, s'il faut une préposition, on y utilise le pronom relatif der, die, dàs, que l'on accorde, évidemment, et devant lequel on n'hésite pas à mettre la préposition : Dr Mànn, mìt dèm ich gschàfft hàn. (L'homme avec qui j'ai travaillé).

 

 

4.2        Les subordonnées complétives

 sont des propositions subordonnées faisant fonction de complément d'objet (parfois même de sujet) du verbe de la proposition principale.

 

4.2.1        Leur mot introductif

 (indice de subordination) le plus fréquent la subjonction àss (que) : Ìch glàuib , àss da krànk bìsch (Je crois que tu es malade). Sa sàga, àss sa miad sìn un àss sa Hunger un Durscht han (Ils disent qu'ils sont fatigués et qu'ils ont faim et soif), Àss da mìr a Kràwàtta gschankt hàsch, màcht mìr a großa Freid. (Que tu m’aies offert une cravate me fait bien plaisir (une grande joie)). Dans cette dernière phrase, la subordonnée complétive est sujet de màcht, verbe de la principale.

 

4.2.2        Après les verbes dit « d'opinion »

 – sàga (dire), danka (penser), meina (être d'avis), glàuiwa (croire)…-, on renonce souvent à toute subjonction, et le verbe se met en seconde position, comme pour une indépendante : Ìch glàuib, hàsch a Vogel (Je crois [que] tu as un grain. (un oiseau)). Ce tour est surtout fréquent au discours indirect - quand on rapporte les paroles d’autrui - en particulier avec le verbe au subjonctif alsacien spécifique : Ar sait, ìch häig nichs gschàfft, denn ìch sèig füül (Il dit [que] je n'ai rien fait (travaillé) car je suis paresseux.) (voir leçons 38, note 9 et 77, N.5). À la réflexion, il existe un moyen de rendre, en français, la distanciation marquée par ce subjonctif-là : il suffit de traduire le verbe introducteur par « Il prétend »  ou « Selon lui ».

 

 

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4.2.3        Les subordonnées interrogatives

 sont également des complétives, puisque les questions qu'elles posent sont directement compléments du verbe froga (demander, questionner), parfois réfléchi (voir leçon 63, N.3) : sìch froga (se demander). Ici, il faut bien distinguer :

-          les interrogations dites « totales », qui mettent tout en question et attendent une réponse par ja (oui) ou nei (non) ou encore vìllìcht (peut-être), pour les Alsaciens à l’âme normande (voir leçon 21, N.2) ; la subjonction est toujours äb (si), parfois prononcé ob : Ìch frogg mi, äb’s morna kàlt wìrd (Je me demande s'il va faire (devenir) froid demain).

 

-          les interrogations dites « partielles », qui ne demande qu'un simple complément d'information : D Màma froggt, wer àss ààgrüefa hàt (Maman demande qui a téléphoné), Sa wìssa nonìt, wenn àss sa känna kumma (Ils ne savent pas encore quand ils pourront venir), Sàgg mìr doch andlig, wurum àss da hiilsch ! (Dis-moi donc enfin pourquoi tu pleures !). On remarquera que, à l'exception de äb (si), tous les mots interrogatifs sont doublés de la subjonction àss. Ne pas la mettre ferait négligent (voir leçon 38, note 2).

 

4.3        Les subordonnées circonstancielles

 permettent de préciser toutes les circonstances possibles et imaginables, tout comme le font les adverbes (voir ci-dessus 2.2.1) et les compléments circonstanciels (voir ci-dessus 2.2.4.2), mais avec une précision encore plus grande, puisque l'on dispose, ici et à chaque fois, de toute une proposition pour le faire.

 

4.3.1        Les subordonnées locales

 nous ramènent une fois de plus à wu (où) : Wu-n-i ànakumm, pràwiar i fer z’reda, wia d Litt vu därta. (Où [que] j'arrive, j'essaye de parler comme les gens de là-bas.). On peut à juste titre considérer les subordonnées locales comme des relatives dont l'antécédent n'est pas exprimé dans la principale (voir ci-dessus 4.1.2.3 et 4.1.3) : Ìweràll, wu-n-i ànakumm (Partout où j'arrive…).

 

4.3.2        Les subordonnées temporelles

 servent à « situer » dans le temps l'action exprimée par la proposition principale par rapport à un autre fait exposé dans la subordonnée et qui sert de référence. On a ainsi trois possibilités :

 

 

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4.3.2.1         La simultanéité

 des deux actions : leesch d Zittung, wahrend àss ìch s Gschìrr wasch (Tu lis le journal pendant que moi, je lave la vaisselle), Mìr schàffa so làng àss mìr känna (Nous travaillons aussi longtemps que nous [le] pouvons).

 

4.3.2.2         L'antériorité

 de l'action principale : D Sunna ìsch ufgànga, vor ebb i verwàcht bìn (Le soleil s'est levé avant que je [ne m'] éveille). A force d'avoir vor ebb (avant que), il arrive que l'on n’emploie plus que ebb tout seul dans le même sens. Il est vrai qu'une confusion avec l'interrogation indirecte totale (voir ci-dessus 4.2.3) n'est guère possible : Ìch verwàch àlla Morga, (vor) ebb dr Wecker àm hàlwer Sìewena schallt (Je [me] réveille tous [les] matins avant que le réveil [ne] sonne à six heure et demie) (voir leçon 52, note 6).

 

4.3.2.3         La postériorité

 de l'action de la principale : Nohdam àss ma-n-a Duscha gnumma hàt, léggt ma süüfra Wäsch àà (Après avoir (qu’on a) pris une douche, on met du linge propre).

 

Remarques :

-          La simultanéité, l'antériorité et la postériorité ne sont pas forcément exprimées par la subjonction, qui – comme wenn (quand, lorsque) - peut être relativement neutre à cet égard, tandis que d'autres éléments se chargent de préciser le type de relation temporelle : Wenn da heima kummsch, assa mìr z’Mittàg (Quand tu rentreras, nous déjeunerons), Wenn mìr (ou We’mìr) friahier àls Schüela ghàà han, sìn mìr luschtig gsìì (Quand parfois nous n'avions pas classe [école], jadis, nous étions joyeux).

 

-          Nous nous devons de faire une mention toute spéciale de wu - encore lui ! – temporel : (quand, lorsque), qui introduit une subordonnée dont le verbe est au passé (à la rigueur au présent dit « de narration ») et exprime un fait unique : Wu mi Pàpa ìn dr Kriag hàt müeßa (geh), hàt d gànza Fàmìlia fànga-n-à hiila (Quand mon père a dû [partir] à la guerre, toute la famille s'est mise à pleurer), Wu-n-i mi Porte-monnaie wìll üssahola, ìsch’s nìmma meh do. (Lorsque je veux prendre (sortir) mon porte-monnaie, il n'est plus là). Cette dernière phrase est au présent de narration destiné à rendre plus vif un récit par ailleurs au passé. C'est une astuce stylistique ou, en termes plus choisis, une « figure de rhétorique » (voir leçon 52, note 7).

 

 

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4.3.3        Les subordonnées causales

 répondent aux questions commençant par wurum? (pourquoi ?), et sont introduites par wial (parce que) : - Wurum bìsch aso stìll? – Wial i do ìnna doch nichs z’sàga hàn. (Pourquoi es-tu tellement silencieux[se] ? - Parce que je n'ai (de toute façon) rien à dire dans cette maison (là-dedans)). Ne pas confondre la subjonction avec le verbe vouloir : - Wurum wìtt nit ? – Ìch wìll nit, wial i nit wìll ! (- Pourquoi ne veux-tu rien ? - Je ne veux rien parce que je ne veux rien [na !]).

 

4.3.4        Les subordonnées consécutives

 commencent par àss, mais la conséquence est souvent annoncée dans la principale par aso (tellement) : Ìch war garn aso klei, àss mi niama meh gsach (conditionnel du verbe gsah). (J'aimerais être (serais volontiers) tellement petit que plus personne [ne] me voie (verrait).). Sa trìnka-n-aso viel, àss sa boll voll sìn (Ils boivent tant qu’ils seront bientôt ivres).

 

4.3.5        Les subordonnées finales

 expriment un but, une finalité, à l'aide de fer àss (pour que, afin que) – parfois àss seul, lorsque le contexte est assez univoque : Dr Goalman léggt Handschig àà, fer àss’r si d Fìnger nìt verbrennt, wenn’r d Bàlla müeß fànga oder wenn’r sa ààriart. (Le gardien de but met des gants pour ne pas se brûler (pour qu'il ne se brûle pas) les doigts lorsqu'il doit attraper le ballon où lorsqu'il le touche).

Remarques : En français, lorsque le sujet de la subordonnée désigne la même personne ou chose, etc. que celui de la principale, on doit utiliser pour suivi de l'infinitif ; en alsacien, non. Cette phrase-exemple est volontairement complexe pour finir en beauté et vous montrer de quoi vous serez dorénavant capable, vous aussi.

 

 

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4.3.6        Les subordonnées conditionnelles

 expriment la condition à laquelle le fait évoqué par la principale est censé se réaliser. La subjonction en est wenn (si) : Wenn i hìnecht dr Zitt hàn, riaf i di zwìscha niin ou zeh (ou zwìscha da Niina un da Zehna) àà (Si j'ai le (du) temps, ce soir, je t'appelle entre neuf et dix [heures] (ou entre les neuf et les dix)). L'indicatif nous montre clairement que l'éventualité est parfaitement plausible (« potentiel »). Il n'en est pas de même avec l'emploi du conditionnel présent (voir leçon 77, N.6) : Wenn i dr Zitt hatt, tat i di ààriafa (Si j'avais le temps, je t'appellerais), où la chose semble déjà bien irréalisable (« irréel du présent ») ; et encore moins avec le conditionnel passé : Wenn i dr Zitt ghàà hatt, hatt i di ààgrüefa (Si j'avais eu le temps, je t'aurais appelé[e]), véritable « irréel du passé »), où l'on ne peut plus qu’exprimer un regret pour se faire pardonner.

Remarques : L'alsacien utilise strictement le même mode et le même temps dans la principale et dans la subordonnée conditionnelle, tandis que le français emploie l’indicatif imparfait ou plus-que-parfait dans cette même subordonnée. Allez comprendre pourquoi…

Notons encore que wenn conditionnel et wenn temporel (voir ci-dessus 4.3.2.3) ne sont pas toujours faciles à distinguer, ce qui rend la traduction en français malaisée (voir leçon 36, phrases 1, 9 et 11). Cela explique sans doute que bien des Alsaciens utilisent volontiers si alors que, parfois, l'on attendrait quand ou lorsque, parce qu'il ne s'agit pas d'une condition : Si tu rentres, je t'emmène chez le coiffeur. pour Quand tu rentreras… . Il y a de nombreuses observations subtiles de ce genre à faire lorsque l'on se donne la peine de bien écouter ses compatriotes dialectophones.

 

 

4.3.7        Les subordonnées concessives

 sont chargées d’exprimer un obstacle qui devrait entraver la réalisation de ce qu'évoque la principale, sans toutefois y parvenir, un empêchement inefficace, en quelque sorte : As geht ge tànza, obwohl àss’s krànk gschrìewa-n-ìsch (Elle va danser bien qu'elle soit portée (écrite) malade), Saller Wàckes därta geht àlla Sunntig ìn d Kìrch, obwohl àss’r wìeder àn Gott noch àn dr Tèifel glàuibt (Ce voyou-là va à l'église tous les dimanches, bien qu'il ne croie ni en Dieu ni au diable).

 

 

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4.3.8        Les subordonnées comparatives

 servent à exprimer une comparaison, mais elles ne le font que rarement de façon complète et explicite ; au contraire, l'ellipse semble le plus souvent être de mise. On y emploie wia (comme) ou às (que) : Dr Suhn màcht àlles wia si Pàpa (àlles màcht) (Le fils fait tout comme son (le) père (fait tout)), Do schmeckt’s wia (‘s) àm Meer (schmeckt) (Ici, ça sent comme [ça sent] au bord de la mer). Il en va de même après un adjectif ou un adverbe au comparatif : Ìsch da Barg do heecher, gràd aso hoch oder nìt aso hoch às saller Barg därta (hoch ìsch) ? (Cette montagne-ci est-elle plus haute, exactement aussi haute ou moins haute que cette montagne-là (est haute) ?). Cette subordonnée comparative elliptique est exactement ce que, plus haut, nous avons appelé le complément du comparatif (voir 1.3.1.2.4). Voilà l'une des raisons pour lesquelles às (que) ne doit pas être considéré comme préposition, mais comme subjonction (ou conjonction de subordination) ; l'autre raison étant que às peut être suivi aussi bien d'un nominatif que d'un datif où d'un accusatif, puisque, contrairement à une préposition, il ne régit aucun cas.

 

4.3.9        Les subordonnées modales

 n'influent pas sur la « valeur de vérité »  (vrai ou faux) de la phrase. On les appelle ainsi parce qu'elles expriment le moyen ou la manière dont se passe ce qu'exprime la principale. Plutôt rares, elles commencent par ìndam àss (mot à mot : en ceci que) et correspondent en gros à ce que les grammairiens du français appellent le « gérondif » : Ma màcht güeta Àrwet, ìndam àss ma si dummelt (On ne fait pas du bon travail en se dépêchant (en ceci que l'on se dépêche)).

 

 

À présent, vous disposez de suffisamment de moyens pour pouvoir vous exprimer en alsacien. Bien entendu, cette petite grammaire n'est pas plus exhaustive que ne l’est le vocabulaire contenu dans les lexiques de cet ouvrage. Il y faudrait des centaines et des centaines de pages. A vous d'enrichir encore vos connaissances en écoutant sans cesse ce qui se dit en alsacien autour de vous. Ce faisant, faites comme l'auteur de cette méthode : prêtez davantage l'oreille à la manière dont les personnes s’expriment qu’à ce qu'elles disent ; car c'est bien plus intéressant.

 

 

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Table des matières

 

 

1.    Un groupe nominal

1.1        Les noms

1.1.1        Les noms propres

1.1.1.1         Les noms propres de personnes, animaux, œuvres,

1.1.1.2         Les noms propres géographiques –

1.1.2        Les noms communs

1.1.2.1         Le genre

1.1.2.2         Par nombre,

1.1.2.3         Le cas

1.1.2.4         Les noms composés

1.1.2.5         Les noms dérivés

1.1.2.6         Les noms issus de substantivations :

1.1.2.6.1        Les noms d'origine verbale

1.1.2.6.1.1       Les infinitifs substantivés

1.1.2.6.1.2       Les participes substantivés

1.1.2.6.2        Les noms d'origine adjectivale

1.2        L'article et les autres déterminants

1.2.1        L'article

1.2.1.1         L'article indéfini

1.2.1.2         L’article défini

1.2.1.3         Les rôles de l'article :

1.2.2        Les déterminants

1.2.2.1         Les adjectifs démonstratifs,

1.2.2.2         Les adjectifs possessifs,

1.2.2.3         Les adjectifs interrogatifs,

1.2.2.4         Les adjectifs de quantité

1.2.2.4.1        Les adjectifs de quantité imprécis,

1.2.2.4.2        Les adjectifs de quantité précis

1.2.2.4.2.1       Les adjectifs numéraux cardinaux,

1.2.2.4.2.2       L’article négatif – atone

1.3        L’adjectif qualificatif

1.3.1        Les degrés

1.3.1.1         Le positif

1.3.1.2         Le comparatif

1.3.1.2.1        Le comparatif d'égalité

1.3.1.2.2        Le comparatif de supériorité

1.3.1.2.3        Le comparatif d'infériorité

1.3.1.2.4        Le complément du comparatif

1.3.1.3         Le superlatif

1.3.1.3.1        Le superlatif absolu

1.3.1.3.2        Il existe un « superlatif lexical »,

1.3.1.3.3        Le superlatif relatif

1.3.1.3.4        Le superlatif adverbial

1.3.1.3.5        Le complément du superlatif relatif

1.3.2        Les fonctions de l’adjectif

1.3.2.1         L’adjectif attribut

1.3.2.1.1        La place de l’attribut

1.3.2.1.2        La forme de l’attribut

1.3.2.2         L’adjectif épithète

1.3.2.2.1        Sa place

1.3.2.2.2        La forme

1.4        Le complément du nom

1.4.1        Les êtres inanimés :

1.4.2        Les êtres animés :

1.5        La proposition subordonnée relative

1.6        Les pronoms

1.6.1        Les pronoms personnels

1.6.2        Les pronoms démonstratifs

1.6.3        Les pronoms possessifs

1.6.4        Les pronoms interrogatifs

1.6.5        Les pronoms indéfinis

2         Un groupe verbal

2.1        Les éléments verbaux

2.1.1        Les éléments verbaux simples

2.1.1.1         Les verbes simples

2.1.1.2         Les verbes à préfixes

2.1.1.2.1        Les préfixes atones

2.1.1.2.2        les préfixes toniques

2.1.1.3         Les temps simples

2.1.1.3.1        L'indicatif présent

2.1.1.3.2        Pour donner un ordre

2.1.1.3.3        Le subjonctif

2.1.1.3.4        Un conditionnel

2.1.2        Les éléments verbaux complexes

2.1.2.1         Le passé composé,

2.1.2.2         Le plus-que-parfait

2.1.2.3         Le futur

2.1.2.4         Le passif,

2.1.2.5         Les verbes de modalité

2.1.2.6         Les autres formations complexes

2.1.2.6.1        C’est le cas de brüücha

2.1.2.6.2        D'autres verbes nécessitent la préposition z’,

2.1.2.6.3        Seul le verbe geh demande ge

2.1.2.6.4        Et le verbe kumma,

2.1.2.6.5        Le verbe gheera

2.2        Les éléments non verbaux

2.2.1        Les adverbes

2.2.1.1         Les adverbes de manière

2.2.1.2         Les adverbes de lieu

2.2.1.3         Les adverbes de direction

2.2.1.4         Les adverbes de temps

2.2.1.5         Les adverbes de quantité

2.2.1.6         Les adverbes d'intensité :

2.2.1.7         Les adverbes modalisateurs

2.2.1.8         Les adverbes appréciatifs

2.2.1.9         La place des adverbes

2.2.1.9.1        Nous en avons que leur sens

2.2.1.9.2        D'autres servent à

2.2.2        Les attributs

2.2.2.1         L'adjectif attribut

2.2.2.2         Le groupe nominal attribut

2.2.2.3         Les pronoms attributs

2.2.3        Les groupes nominaux compléments :

2.2.3.1         Le complément à l'accusatif

2.2.3.1.1        Pour les groupes nominaux à noyau substantival

2.2.3.1.2        Pour les pronoms,

2.2.3.2         Le complément au datif,

2.2.4        Les groupes prépositionnels compléments

2.2.4.1         Les prépositions

2.2.4.1.1        Les prépositions régissant l'accusatif

2.2.4.1.2        Les prépositions régissant le datif

2.2.4.1.3        Les prépositions mixtes

2.2.4.2         Les compléments

2.2.4.2.1        Les compléments de lieu

2.2.4.2.1.1       La localisation

2.2.4.2.1.2       La direction

2.2.4.2.1.3       La provenance

2.2.4.2.1.4       Le passage

2.2.4.2.2        Les compléments de temps

2.2.4.2.2.1       L'expression du moment

2.2.4.2.2.2       La durée

2.2.4.2.3        Les compléments de cause

2.2.4.2.4        Le complément de conséquence,

2.2.4.2.5        Les compléments de but

2.2.4.2.6        Les compléments de moyen

2.2.4.2.7        Les compléments de manière

2.2.4.2.8        Les compléments d'accompagnement,

2.2.4.2.9        Les compléments de concession

2.2.4.2.10    Le complément d'agent

3         Indépendante ou principale,

4         La proposition subordonnée

4.1        La proposition subordonnée relative

4.1.1        L'antécédent

4.1.2        Le pronom relatif

4.1.2.1         Le « pronom » relatif sujet

4.1.2.2         Le « pronom » relatif complément d'objet

4.1.2.3         Les (vrais) pronoms relatifs sans antécédents :

4.1.2.4         Le pronom relatif complément prépositionnel :

4.1.3        L'adverbe relatif de lieu :

4.1.4        L'adverbe relatif de temps :

4.2        Les subordonnées complétives

4.2.1        Leur mot introductif

4.2.2        Après les verbes dit « d'opinion »

4.2.3        Les subordonnées interrogatives

4.3        Les subordonnées circonstancielles

4.3.1        Les subordonnées locales

4.3.2        Les subordonnées temporelles

4.3.2.1         La simultanéité

4.3.2.2         L'antériorité

4.3.2.3         La postériorité

4.3.3        Les subordonnées causales

4.3.4        Les subordonnées consécutives

4.3.5        Les subordonnées finales

4.3.6        Les subordonnées conditionnelles

4.3.7        Les subordonnées concessives

4.3.8        Les subordonnées comparatives

4.3.9        Les subordonnées modales